Histoire de Montfort (Basses Alpes)

 

par M. l'abbé Andrieu

 

Note : la numérotation des notes de bas de page a été modifiée par rapport à l’originale. Les notes ne sont plus numérotées par page physique, mais à la suite des paragraphes ou des chapitres concernés, selon l’intérêt (numérotation en séquence, de 1 à n, sur l’ensemble de l’étude).

 

CHAPITRE Ier. Description physique

 

Montfort est aujourd'hui une des plus modestes communes du canton de Volonne. Posé comme un nid d'aigle au sommet d'un rocher qui domine la vallée de la Durance, en face du confluent de la Bléone, il justifie ainsi son étymologie de Mons fortis, ou Castrum de monte forti. Au siècle passé [XIXème], on l'a désigné sous les divers qualificatifs de Montfort les Sisteron, Montfort les Peypin, Montfort les Peyruis, tirés des pays environnants. Son altitude au-dessus du niveau de la mer est d'environ 500 mètres.

 

Le village, bâti en amphithâtre, parait, de loin, être une agglomération considérable ; en réalité, il n'y a pas plus de trente feux, beaucoup de maisons étant inhabitées. C'est le résultat de cette tendance qu'ont tous les pays élevés à redescendre dans la plaine.

 

Cependant l'autorité municipale ne néglige pas d'apporter les améliorations qui peuvent rendre le séjour du village et plus commode et plus agréable. Dans ces derniers temps, elle a fait ouvrir une large rue, sorte de boulevard auquel les habitants ont donné le nom un peu prétentieux de Chemin neuf, et qui offre une charmante promenade de deux cents pas.

 

Une amélioration non moins utile, c'est la création d'une citerne publique contenant environ cent mille litres. La fontaine, en effet, est assez distante du pays. Souvent à sec ou insuffisante en été, elle fournit, de plus, une eau qui n'a jamais passé pour très-potable. En 1678, les consuls décidèrent d'y faire des réparations, parce que les bestiaux qui s'y abreuvaient étaient atteints de maladie (1).

 

Montfort était, jadis, un lieu fortifié. Des remparts entouraient le village, alors moins étendu, et se reliaient aux fortifications du château. De tout ce qui en reste, la partie Nord est la mieux conservée, bien qu'elle paraisse la plus ancienne ; le mur a encore plusieurs mètres d'élévation. Cela s'explique par la position, qui devait rendre ce point moins exposé aux attaques de l'ennemi.

 

Du haut de la colline, on jouit, en se tournant vers l'Orient, d'une perspective qui excite l'admiration de tous les étrangers.

 

Immédiatement au-dessous des maisons, s'élève une belle plantation d'oliviers, qui fait au village comme un marchepied de verdure perpétuelle. Au pied de l'Olivette, passe la route nationale de Gap à Marseille, aujourd'hui déserte par suite de la construction de la voie ferrée. Puis commence le Plan, qui se déroule jusqu'à la Durance, en se terminant par des bosquets de chênes verts. Du côté du midi, la vue s'étend jusqu'aux montagnes d'Aix ; en face, la vallée de la Bléone ; un peu plus bas, sur la gauche de la Durance, se dressent les gigantesques rochers des Mées, qui semblent vous défier par leurs formes orgueilleuses.

 

Le terroir de Montfort est de figure irrégulière ; il ressemble assez bien à un fer de cheval. Ses limites ont souvent varié.

 

Lorsque, en 1474, les communautés de Provence votèrent au roi René 18 florins par feu (2), à titre de don gracieux, Montfort contribua pour 27 florins, somme supérieure à celles que fournirent plusieurs communautés de la viguerie de Sisteron, parmi lequelles Château-Arnoux. L'affouagement de 1776 le réduisit à quatre cinquièmes de feu. Aujourd'hui, sa superficie est de 1 207 hectares.

 

En ce qui concerne la partie géologique, nous ne saurions mieux faire que de reproduire la note qu'a bien voulu nous adresser M. l'abbé Michalet, vicaire de St Flavien, à Toulon, dont le nom est avantageusement connu dans le monde scientifique.

 

« De la Durance à Montfort, dit notre géologue, on trouve d'abord des alluvions quaternaires dues certainement aux déplacements du lit de la rivière ; puis un tertiaire d'eau douce formé uniquement de poudingues dont les noyaux calcaires, et parfois siliceux, sont réunis par un ciment très-consistant. Je n'ai pas recueilli, et on n'a pas, je crois, signalé, jusqu'ici, de fossiles dans ces dépôts sur lesquels est bâti Montfort.

 

Presque aussitôt après le village, en allant toujours de l'Est à l'Ouest, et sans lambeau aucun de crétacé supérieur (sénonien, turonien) qui serve de trait d'union, on rencontre un banc de calcaire cénomanien très-compacte, de couleur très brune, pétri d'Ostrea Columba (Deshayes) et aussi, je crois, de la variété élargie de cette espèce que M. Coquand a appelée Ostrea Mermeli. Mais les échantillons que j'ai pu en recueillir sont de conservation bien insuffisante. Il en est de même d'un Trigonia qui est probablement le Coquandi (d'Orbigny).

 

Ce banc n'a pas plus d'un mètre d'épaisseur moyenne, et fait place à des calcaires jaunâtres très-marneux qui appartiennent encore au cénomanien. J'y ai recueilli un Nautilus, voisin du Nautilus triangularis (Montfort) (3), et d'assez nombreux exemplaires de l'Ammonites Rotomagensis (Lamark) d'une très médiocre conservation et d'un Inocérame un peu mieux conservé, mais pas assez, cependant, pour qu'on puisse le rapporter sûrement à l'angulatus (d'Orbigny), dont il paraît se rapprocher beaucoup.

 

Ces calcaires reposent toujours en parfaite concordance de stratification sur des marnes noires d'abord peu fossilifères et ne contenant guère que le Belemnites semi-canaliculatus (Blainville), mais dont les couches plus profondes renferment, en ammonites, à peu près toute la faune aptienne. Une seule course rapide m'a permis d'y recueillir :

 

Ammonites nisus (d'Orbigny) ;

Ammonites Gargasensis (d'Orbigny) ;

Ammonites Cornuelianus (d'Orbigny) ;

Ammonites Ricordeanus (d'Orbigny) ;

Ammonites Fissicostatus (Phillips) ;

Ammonites Duvalii (d'Orbigny), en très grande quantité ;

Ammonites Emerici (Raspail) ;

Ammonites Guettardi (Raspail), très nombreux exemplaires ;

Ammonites Dufrenoyi (d'Orb), aussi très abondante espèce.

 

Ces ammonites sont ferrugineuses et, par conséquent, le plus souvent d'une très belle conservation. Avec elles, on retrouve de nombreux et beaux échantillons du Belemnites semi-canaliculatus. J'y ai ramassé aussi des fragments indéterminables de scaphites et d'ancylocéras.

 

A ces marnes fortement entamées par la dénudation succède le néocomien avec tout le développement, sans doute, qu'il a dans les Basses Alpes ».

 

Nous regrettons que l'auteur de cette note n'ait pu compléter ses recherches ; mais la coupe qu'il donne du terrain de Montfort est suffisante pour en faire connaître la constitution géologique.

 

Le terroir de Montfort est composé, pour les cinq sixièmes, et peut-être plus, de bois et de hermes. Il est coupé en tous sens par de nombreux et profonds ravins. A cause de son aridité, il est propre à peu près uniquement à la culture du blé, de la vigne, de l'olivier, du figuier et de l'amandier. Il y avait autrefois des prairies et des jardins le long de la Durance. Ce quartier fut emporté par la rivière vers la fin de 1791 ou au commencement de 1792. Un rapport du 28 février 1792, fait par deux experts nommés par le conseil, estime à 1 864 livres le dommage causé.

 

Outre la Durance, les propriétaires de Montfort avaient encore à se défendre, à cette époque, contre un ennemi d'un genre tout différent : c'étaient les sangliers. En 1743, ces animaux faisaient de tels ravages dans les terres que le premier consul dut acheter de la poudre et des balles pour une battue générale.

 

Le pays ne se prête à aucune industrie. Cependant une délibération du 20 septembre 1789 nous apprend que plusieurs nobles (4) verriers avaient établi une verrerie au Logis de la Combe. L'entreprise ne réussit pas et fut abandonnée.

 

Montfort n'est pas, et n'a jamais été, un lieu considérable. Quelques personnes du pays nous ont parlé, il est vrai, d'une ville plus ou moins importante qui aurait été remplacée par le modeste village actuel. Mais rien ne justifie cette manière de voir, dont voici la cause probable. Diverses pièces des archives municipales qualifient Montfort de ville, entre autres une reconnaissance de la seigneurie et directe de Gaspard de Glandèves faite par la communauté, en 1547. Un lecteur peu lettré qui aura trouvé cette désignation dans les archives, ou ailleurs, ignorant qu'elle avait anciennement une signification tout autre que celle d'aujourd'hui, l'aura interprêtée dans le sens d'une population nombreuse, et son erreur aura passé dans le public, toujours disposé à accepter ce qui flatte son amour-propre communal ou national. Cette origine est d'autant plus probable que les personnes dont il s'agit se basent sur de vieilles écritures.

 

En 1378, Montfort comptait vingt-cinq feux, ce qui suppose un chiffre de population peu différent de celui de nos jours.

 

Un recensement très complet, que nous croyons de l'année 1695, indique une trentaine de feux, savoir : cinq familles de rentiers ou mégers ; huit de ménagers ; sept de travailleurs ; cinq de veuves avec enfants, et trois de mendiants, en tout cent soixante âmes (5).

 

En 1791, la population s'élevait à cent quatre vingt seize âmes.

 

Le recensement de 1881 a donné le chiffre de cent quatre vingts, y compris les campagnes au nombre de vingt deux.

 

Nous donnons à l'Appendice les noms des divers quartiers du terroir (6). Nous les avons classés sous les sections du plan cadastral ; mais le plan est loin de les contenir tous. Ceux que nous avons ajoutés ont été tirés d'un cahier d'allivrement de 1781, ou nous ont été appris par le peuple.

 

Notes

(1) On la fit sourdre plus bas. Gaspard de Cornand, seigneur du lieu, céda un coin de son jardin. Le travail fut livré à forfait à Jean Rounin, maçon de Châteauneuf. Etienne Corbon, vicaire, donna bénévolement trois livres pour faciliter les accords (Archives municipales)

(2) Le feu, pris comme unité de valeur territoriale, valait environ 55 000 francs. Montfort était donc estimé 44 000 francs, peu de temps avant la Révolution. La livre cadastrale valait 1 000 francs

(3) Nom d'un géologue

(4) Les verriers jouissaient de divers priviléges. Quant à la noblesse de la profession même, elle fut l'objet de longues et vives contestations. Finalement, cette question fut réglée par une ordonnance royale du 14 décembre 1604, qui ne reconnut le titre de nobles qu'aux verriers remplissant certaines conditions, mais déclara qu'un gentilhomme pourrait se livrer à cette industrie sans déchoir de son rang

(5) Voir à l'Appendice, pièce V

(6) Voir à l'Appendice, pièce I

 

CHAPITRE II. Origines

 

Les documents les plus anciens que nous connaissions sur Montfort remontent au milieu du XIIème siècle. Ce castrum fut bâti vraisemblablement à l'époque des invasions, ce qui, du reste, lui est commun avec la plupart des pays situés sur des hauteurs.

 

A quatre kilomètres du village, sur la roule des Mées à Mallefougasse, se trouve un quartier fort intéressant appelé de St Donat. Outre la belle chapelle romane qu'on y admire encore, bien d'autres choses méritent l'attention du visiteur et peuvent aiguillonner sa curiosité. La colline porte sur divers points des vestiges de constructions, qui s'effacent de jour en jour. De nombreuses tombes ont été rencontrées un peu partout : autour de la chapelle, dans les champs et jusque dans les bois. Il y a quelques années, on abattit un chêne plusieurs fois séculaire ; un squelette fut trouvé sous les racines, avec une ampoule à côté de la tête. On a découvert aussi des trous circulaires, en forme de jarre, qui étaient apparemment des silos ; ils mesuraient 0,60 m de diamètre au sommet, sur 1,50 m de profondeur. Les uns étaient simplement creusés dans la terre ; les autres étaient revêtus de maçonnerie. Dans quelques-uns il y avait des traces de cendres et de charbon.

 

Tout cela fait supposer que St Donat a été jadis habité.

 

Il n'est peut-être pas jusqu'au nom de Mardaric que prend le vallon au-dessous de cet endroit, qui n'en soit un indice.

 

Un honnête cultivateur, unique habitant du quartier, a prétendu nous donner même le nom de l'ancien village : il a entendu dire à ses devanciers qu'il s'appelait Région ! C'est évidemment le Ragion dont parlent Pierre Louvet (7), le Père Columbi (8) et d'autres. Ces auteurs font de Ragion le lieu où se retira saint Donat d'Orléans pour vivre dans la solitude, et le placent au pied de la montagne de Lure, dans la Combe de St Donat, à 17 lieues d'Embrum, indications qui conviennent toutes parfaitement à notre quartier. La tradition locale ne serait donc pas défavorable ; malheureusement elle nous paraît incertaine dans son origine. Remonte-t-elle aux premiers temps, ou s'est-elle formée sur l'opinion de quelque écrivain à une époque plus ou moins rapprochée de nous ? Nous ne voulons ni ne pouvons rien décider à cet égard ; qu'il nous suffise de constater le fait, sans y attacher plus d'importance (9). Nous avons mieux que cela à offrir à nos lecteurs.

 

Dans un état analytique des droits du roi dans les localités du bailliage de Sisteron, fait en 1332, figure par deux fois, à la suite du Castrum de Monte forti, un Castrum de Sancto-Donato, qui n'est accompagné d'aucune indication de droits, sans doute parce qu'à cette époque il n'existait plus (10). A notre humble avis, ce Castrum de Sancto-Donato était simplement le nouveau nom de Ragion devenu chrétien, grâce aux prédications de Saint Donat.

 

Une charte sans date, mais que l'on a fixée approximativement à 1150 (11), mentionne le droit qu'avaient quelques gens de Peyruis de ramasser des glands « là où était naguère (jadis ?) le lieu de Montfort (in loco in quo castrum modò fuit Montis fortis), au quartier de l'Eousière (legebant glandes in Auseriâ) ». Ceci nous paraît lever toute difficulté ; c'est, de plus, une révélation. Le castrum ou lieu de Montfort n'existait plus au milieu du XIIème siècle : voilà ce qui est nettement indiqué dans le texte. Il ne s'agit pas, toutefois, d'une destruction pure et simple, puisque à la même époque, d'après la même charte, Montfort payait le droit d'albergue au comte de Forcalquier. La conclusion qui s'impose, c'est donc que Montfort avait changé de place ; reste à en préciser le premier emplacement. Or, après ce que nous avons dit plus haut, où le mettre sinon à St Donat ? Si l'on éprouve encore quelque hésitation à adopter cette conclusion, elle devra tomber, quand on saura que près de St Donat, du côté de Peyruis, il y a un quartier appelé de nos jours l'Eousière, comme dans la charte.

 

Pourquoi ce document parle-t-il de Montfort et non de St Donat ? Parce que les deux castrum n'ont pas coexisté ; les habitants de l'un ont donné naissance à l'autre, et l'agglomération a changé de nom en changeant de lieu. L'origine des deux dénominations est évidente, comme celle de leur substitution. Ainsi que cela s'est vu pour bien d'autres localités, Ragion, converti aux lumières de l'Evangile par Saint Donat, quitta son nom payen pour prendre celui de son apôtre (12).

 

Plus tard, quand les habitants durent se réfugier ailleurs, le lieu de leur retraite reçut le nom commun de mont fort, qui en disait bien la nature et répondait aux préoccupations générales des esprits.

 

Il est plus difficile, pour ne pas dire impossible, de dire quelles causes ont amené ce déplacement. St Donat fut détruit, probablement incendié, à en juger par le nombre considérable de pierres brûlées, éparses sur la colline et dans les environs (13). Mais par quelles mains ? A quelle époque ? Un simple accident n'aurait pas suffi pour déterminer une malheureuse population à s'éloigner du sol natal, surtout à abandonner la plaine pour aller s'établir sur les hauteurs. Il faut, sans doute, en chercher la cause dans l'invasion de quelqu'une de ces hordes de barbares qui ont fréquemment foulé le sol provençal, depuis le commencement du Vème siècle jusque vers la fin du Xème, surtout si l'on considère que notre Ragion était sur la voie romaine d'Embrun à Apt, par conséquent sur le passage des envahisseurs. Les Lombards, en particulier, les Saxons, les Hongrois et principalement les Sarrasins ont suivi cette voie. Dans ces conditions, il ne faut pas songer à préciser une date ; tout au plus pourrait-on placer l'événement avec quelque vraisemblance dans la première moitié du Xème siècle, époque où les Sarrasins étendirent et firent sentir le plus cruellement leur odieuse domination dans toute la Provence.

 

L'expression modo, employée par la charte de 1150, ne permettrait pas, à la vérité, de le reculer jusqu'à des temps aussi éloignés, si on prenait ce mot dans sa signification rigoureuse. Mais il faut évidemment l'entendre dans un sens large : la nature du sujet le demande, sans parler de l'exactitude seulement approximative avec laquelle a dû s'exprimer un scribe qui n'avait nullement en vue d'écrire l'histoire, n'ayant pris la plume qu'à propos d'une enquête de droits comtaux. Ensuite, entre la fin de la domination sarrasine (975) et le milieu du XIIème siècle, on chercherait inutilement, dans l'histoire de Provence, un événement auquel on puisse rattacher celui qui nous occupe.

 

Quoiqu'il en soit de l'époque de la destruction de St Donat, le fait subsiste, et les infortunés qui survécurent au désastre durent songer à prévenir de nouvelles attaques en cherchant un refuge plus assuré. Pour cela, l'emplacement du village actuel était naturellement désigné à leur choix. Ce lieu, en effet, outre qu'il était facile à défendre, avait l'avantage, tout en les préservant des dangers d'une trop grande proximité de la route, de ne pas les éloigner de la Durance, qui était à la fois une défense et un moyen de communication par les radeaux.

 

Pour ne rien omettre sur un sujet aussi intéressant que difficile, nous mentionnerons une opinion assez vague, répandue dans le public, suivant laquelle un village aurait existé jadis autour de la chapelle de sainte Madeleine. Mais nous ne connaissons rien sur quoi on puisse l'appuyer. Sans doute, il n'y a de vrai en cela que l'existence d'un premier village, et l'on se trompe sur l'emplacement, qu'il faut mettre à St Donat, comme nous venons de le prouver.

 

Notes

(7) Vies et légendes des saints Thyrse, Marins et Donat, par Pierre Louvet (Marseille, 1677). Nous devons la communication de cet opuscule très rare à l'obligeance de M. Paul Arbaud, d'Aix

(8) Opuscuta varia (1668), page 105

 (9) Nous ne voudrions pas qu'on se méprît sur notre pensée. Notre doute porte sur la preuve de tradition, et non sur le fait de l'emplacement de Ragion dans la Combe de St Donat, qui nous paraît certain. Nous traiterons ce point plus au long dans un autre travail

(10) Archives des Bouches du Rhône, registre B, 1058. En cette circonstance, les habitants de Montfort jurèrent ne devoir au roi que le droit de focage (27 juillet 1332)

(11) Telle est l'opinion de MM. les archivistes des Bouches du Rhône. Pour la charte, voir Archives des Bouches du Rhône, B. 281, n° 27

 (12) Le fait se renouvela plus tard à propos du même saint. Lorsque, à l'approche des Sarrasins, il fallut mettre ses reliques à l'abri d'une profanation, on les transporta, après diverses étapes, à Jovinzieu, qui devint St Donat, aujourd'hui chef-lieu de canton dans le département de la Drôme

(13) Sur certains points, le rocher dont est formée la colline est littéralement calciné jusqu'à plusieurs centimètres de profondeur

 

CHAPITRE III. Histoire féodale

 

1° Premiers Seigneurs connus

 

Suivant quelques auteurs (14), la terre de Montfort faisait partie de celles qu'Etiennette, fille de Gilbert, comte de Provence, apporta en dot à Raymond Ier de Baux. Le mariage se fit entre les dates extrêmes de 1109 et 1116, probablement après 1112, si on regarde comme vraisemblable qu'il n'eut pas lieu avant celui de Douce, soeur aînée d'Etiennette, avec Raymond Bérenger de Barcelone (15).

 

Ce serait donc à celle époque que Montfort aurait pris place parmi les terres baucenques. On ne peut s'empêcher, toutefois, de s'étonner qu'auparavant cette terre fît partie du comté de Provence et non de celui de Forcalquier, où elle était enclavée. Sans doute les anomalies de ce genre ne sont pas rares, même de nos jours ; aussi, avons-nous d'autres raisons pour douter de l'exactitude de Bouche sur ce point particulier.

 

Une enquête faite vers 1150, sous Guillaume II, ou IV, établit que le droit d'albergue avait été payé par Montfort à Bertrand Ier, comte de Forcalquier, ou à son père Guillaume. II est vrai que le même Bertrand Ier, petit-fils de la comtesse Adélaïde, s'était emparé de Montfort (et de St Martin) par la force et qu'il avait contraint les habitants à lui jurer 60 sous d'albergue (coegit jurare) ; mais on ne dit pas que le comte ait enlevé ou disputé ce droit à un autre (16). Ce pouvait être là une simple affaire de seigneur à vassaux.

 

De plus, nous voyons un Raymond d'Agout remettre, en décembre 1182, à Guillaume, comte de Forcalquier, les châteaux de Montfort, Château-Arnoux et Piouzin, en garantie d'une somme de 5,000 sous, que le comte lui avait prêtée (17).

 

Donc, une chose au moins est certaine, c'est qu'en 1182 Montfort n'appartenait pas aux de Baux, car nous n'avons aucune raison d'admettre une coseigneurie avec les d'Agout. Raymond, dans ce cas, n'aurait pas remis la terre purement et simplement, mais en partie. S'il est permis de douter que Montfort fit partie de la dot d'Etiennette, il est certain que cette terre appartenait aux de Baux dès l'année 1255. En cette année, les frères Guillaume et Bertrand de Baux convinrent que les habitants de Montfort et autres lieux seraient exempts de péage à leur passage sur le territoire de Meyrargues. Hugues de Baux confirma ce privilège le 1er janvier 1289 (18).

 

Le même prêta hommage au roi de Naples pour sa terre de Montfort en 1309,1315 et 1320. Son père, Bertrand II de Baux, avait eu un différend avec ses vassaux du lieu de Montfort ; nous ignorons à quel propos. Nous savons seulement que les sentences prononcées par le juge de Sisteron et le juge-mage de Provence avaient été frappées d'appel, et que le roi Charles Ier donna commission à l'archevêque d'Arles de juger l'appel (13 mai 1272) (19).

 

Notes

(14) Honoré Bouche, I, 354. Edition de Laplane : Histoire de Sisteron, I, 161

(15) D'après Gaufridi (I, 70), Etiennette était fille aînée de Gilbert et fut mariée à Raymond de Baux avant la mort de son père, arrivée en 1109. Il se base sur le traité de paix (1150) qui suivit la première guerre baucenque et où il est dit, à propos de Stéphanie ou Etiennette : Quia Gisbertus pater suus et mater sua Gerisbergua eam maritaverant et hereditaverant. Mais, outre que ce texte n'est ni sûr ni suffisant, Gaufridi nous paraît aller contre le sentiment commun

 (16) Archives des Bouches du Rhône, B. 281, n° 27

(17) Archives des Bouches du Rhône, B. 291. Les châteaux sont remis avec tous leurs revenus, et le comte ne pourra ni bâtir ni améliorer sans l'agrément de son débiteur

(18) Voluit, cessit et concessit pro se et suis successoribus quùd omnes et singuli homines qui sunt et pro tempore futuro erunt in locis de Monteforti, de Tartona et de Vergonis, sint perpetua et fore debeant, et corum successores, liberi, franchi et omnino immunes aprestatione, datione, perceptione, requisitione pedagii et exactionis et usatici in castro Meyranicarum et ejus territorio, et quòd possint et debcant omnes et singuli de dictis locis amodo cum suis mercaturis, mercantiis, et cum suis animalibus seu bestiis oneratis vel non oneratis, ire et reddire per dictum castrum Meyranicarum et ipsos franchos, liberos facit perpetuo et immunes. Archives des Bouches du Rhône, B. 15, folio 269

(19) Giudice, Codex diplomaticus, II, 99. L'auteur ne fait que mentionner la pièce, qui est en Italie

 

2° Confiscation et donation de la terre

 

Le dernier membre de la famille de Baux qui posséda la seigneurie de Montfort fut le neveu d'Hugues, François, duc d'Andrie, à qui elle fut confisquée par la reine Jeanne pour crime de félonie. Il avait pris les armes contre sa souveraine. Foulque d'Agout, seigneur de Reillanne et du Luc, était alors grand sénéchal de Provence. Le 17 septembre 1376, Foulque nomme Mathieu Guiramand, notaire d'Aix, clavaire et receveur des droits et revenus possédés par François de Baux dans tous ses domaines de Provence, dont il s'est saisi nouvellement au nom de la Cour, par commandement exprès de la reine (20). L'année suivante et le 22 mars, il ordonne de faire la recherche des droits et revenus du duc d'Andrie dans tous ses domaines. Les deux commissaires nommés, Hugues Bernard, rational des comtés de Provence et de Forcalquier, et Mathieu Guiramand, clavaire royal, arrivèrent à Montfort le 10 avril 1378 et procédèrent à l'enquête prescrite. Il existe aux archives municipales de Montfort une copie de l'inventaire qui fut fait à cette occasion. Elle est très fautive, et nous l'avons collationnée avec l'original, qui est aux archives des Bouches du Rhône. Nous donnons cette pièce, ainsi amendée, à la fin de notre travail, ainsi qu'un extrait des comptes du clavaire à la même époque (21).

 

Le 25 mai 1379, la reine Jeanne donna à Foulque d'Agout la terre de Montfort, conjointement avec celle de Volonne : « avec hommes, vassaux, châteaux forts, droits, revenus, moulins, fours, prés, forêts, bois, eaux ou cours d'eaux, tènements, territoires et autres droits, raisons et toutes appartenances ... en leur entier état, et aussi le mère et mixte impère, avec le droit de glaive, et autrement, en la manière et forme que le même François (de Baux) tenait de notre Cour les susdits châteaux et terres (22) ». Cet acte est daté du château de l'Oeuf, à Naples. Il devint plus tard une des bases de la défense de la communauté contre les prétentions des seigneurs. Ceux-ci réclamaient la tasque ; la communauté répondait que dans l'acte de donation de la reine Jeanne il n'y avait pas la clause habituelle des inféodations faites par les comtes de Provence : cum omnibus serviciis, tasquis, censibus, pedagiis et aliis juribus quepercipere solebant.

 

Notes

(20) Archives des Bouches du Rhône, B. 1632, folio 1

(21) Appendice, pièces II et III

(22) Necnon cum meri et mixti imperii et gladii potestate, et aliter co modo et forma quibus idem Franciscus dicta castra seu terras a curid nostrâ tenebat. Archives des Bouches du Rhône, R. 5, folios 190 et 199

 

3° Suite des Seigneurs

 

Foulque prit possession de la terre de Montfort peu de temps après la donation. Il mourut à Arles le 29 décembre 1385, et ses obsèques furent honorées de la présence du roi Louis II et de la reine mère. Son fils Raymond, qui lui succéda dans la seigneurie de Montfort, reçut hommage de la communauté le 19 janvier suivant. Etait-il du nombre des seigneurs voisins de Sisteron qui, à l'entrée de Raymond de Turenne en Provence (1389), enhardis par l'exemple, se soulevèrent et se livrèrent au pillage des pays d'alentour ? L'auteur de l'Histoire de Sisteron cite parmi eux un d'Agout ; mais ce pouvait être le seigneur de Mison, qui portait le même nom. Ce que nous savons, c'est que Raymond d'Agout, seigneur de Sault et de Montfort, traita avec le vicomte de Turenne (23). Lorsque les troupes du comte d'Armagnac passèrent à Sisteron (1391), allant guerroyer en Lombardie, le bailli et les syndics de Sisteron, ayant à leur tète Raymond d'Agout, se portèrent au-devant du comte pour lui offrir les présents d'usage, c'est-à-dire des torches et des bougies (24). Ce fait nous apprend que les d'Agout, comme la plupart des seigneurs voisins, avaient leur résidence et le droit de cité à Sisteron. Le séjour de Montfort, en effet, ne devait guère être bon qu'en temps de guerre, la nature en ayant fait un excellent lieu de défense. En temps de paix, il n'en était plus de même : Montfort n'avait pas de quoi satisfaire le goût de la société et des plaisirs, qu'amène infailliblement l'oisiveté. Sisteron était donc le rendez-vous de la noblesse environnante. Pourtant, on se tromperait si l'on se représentait les habitations seigneuriales à la ville comme des maisons de luxe. Il n'y a, pour se convaincre du contraire, qu'à lire le trait suivant que nous empruntons encore à M. de Laplane.

 

Quand le roi Louis II de Sicile vint visiter Sisteron en 1408, il fit à Réforciat d'Agout (25) l'honneur de descendre chez lui, dans sa maison de la Saunerie. Or, dans l'appartement destiné au roi, on avait répandu une couche de paille en guise de lapis. Pour siège, on offrit au monarque une escabelle construite avec des avirons de radeau. La même pièce servait à la fois de salon de réception, de salle à manger et de chambre à coucher.

 

Trois ans après sa venue à Sisteron, Louis II fit don des régales de Montfort et autres lieux à Fouque ou Fouquet d'Agout, à Phanelle, son épouse, à Raymondet, leur fils, et à leurs héritiers (26). C'est ce même Fouquet, chambellan du roi, qui se fit de son temps quelque célébrité par ses démêlés avec la ville de Sisteron. Dans l'acte de donation fait par la reine Jeanne, il y avait, d'après Ed. de Laplane, une clause imposant quelques services à un certain nombre d'habitants de Sisteron (27). Fouquet y vit une occasion de revendiquer la directe universelle, et il ne négligea rien pour faire triompher ses prétentions. Il demanda aux Sisteronnais le droit de péage, bien qu'ils en fussent exemptés par une charte de Guillaume IV (1202). Il paraît bien que la ville le redoutait, car elle semblait prendre à tâche d'user envers lui de bons procédés. Ainsi, à l'époque de son mariage, elle offrit à sa femme une belle coupe de vermeil du prix de 42 florins. Cela n'empêcha pas Fouquet de poursuivre ses revendications. Il allait planter ses poteaux jusqu'aux portes de la ville. Un jour, il fit sommer Sisteron par un héraut d'armes d'avoir à le reconnaître pour son seigneur. Plainte fut alors portée au roi, qui imposa silence aux prétentions de son chambellan.

 

Raymond d'Agout reçoit hommage de la communauté le 23 juin 1430 (28). C'est sans doute Raymondet, le fils du précédent. Un Fouque d'Agout fait hommage au roi de sa terre de Montfort en 1462. Le même, ou un autre du même nom, prête hommage, le 19 mai 1489, pour ses terres de Rognes, Volonne, Angles, Vergons, St Auban. Cette fois, Montfort ne figure pas, et la raison en est que celle terre avait été donnée la même année, sans doute avant le 19 mai, à Louis de Justas, seigneur de Reillanne. Selon toute apparence, la donation fut faite par un membre de la famille d'Agout ; mais nous n'en sommes pas sûr, n'ayant pu avoir connaissance de la teneur de l'acte, bien que nous sachions où il se trouve (29).

 

La famille de Justas possédait depuis 1206 la terre de Peypin et la moitié de celle d'Aubignosc, qu'elle avait reçues du comte de Forcalquier. Paul de Justas de Rodolphia, seigneur de Montfort, fit un arrangement avec la communauté. Vers la fin du XVème siècle, des difficultés s'étaient élevées sur l'étendue des droits seigneuriaux. Pour y mettre un terme, une transaction fut passée le 1er décembre 1501 (30). Par cet acte, les droits seigneuriaux furent ainsi réglés en substance :

 

1° Une corvée de boeufs au temps des semences ;

2° Deux sétiers de blé et quatre hémines d'avoine pour chaque habitant possédant charrue ;

3° Une journée pour bêcher la vigne ;

4° Le paiement, par la communauté, de 40 florins de Provence.

 

Moyennant quoi, le seigneur ne pouvait plus rien exiger. Les choses allèrent sur ce pied jusqu'à Gaspard de Glandèves, sénéchal aux siège et sénéchaussée de Sisteron, seigneur de Niozelles, Mirabeau, etc, dont le père, Hélyon de Glandèves, était devenu seigneur de Montfort par son mariage avec Jeanne de Justas, dernier rejeton de celle famille (31). La communauté fit une reconnaissance à Gaspard le 15 novembre 1537. Dix ans plus tard, le 5 février 1547, ce seigneur, abusant de son grand crédit, extorqua, dit le procureur de la communauté, de quatre manants idiots et illettrés soi-disant syndics, une nouvelle reconnaissance contenant plusieurs droits indus. Celle reconnaissance demeura lettre morte jusqu'à Jean de Vitalis II, des ancêtres duquel nous avons maintenant à parler.

 

Gaspard de Glandèves avait donné une fille en mariage à noble Jean de Mairan, seigneur de Vaison, habitant la ville d'Arles. Celui-ci devait une somme considérable à Jean de Vitalis, bourgeois d'Aix. Gaspard de Glandèves, qui était aussi le débiteur de Vitalis par suite d'un emprunt, lui hypothéqua la moitié de sa terre de Montfort le 7 juillet 1558, et l'autre moitié le 4 juillet 1560. C'est ainsi que Jean de Vitalis devint seigneur de Montfort. Il ne vivait plus en 1597, car le 20 septembre de celle année un acte de partage divisa la seigneurie en trois parts : André Vitalis, fils de Jean, en eut un tiers, et demoiselles Claudine de Pignollis, femme de Jean des Blancs, et Suzane de Pignollis, de la ville d'Apt, eurent les deux autres tiers. Malheureusement nous ne connaissons pas la teneur de l'acte dans ses détails. André épousa Rachel de Villeneuve, à qui il colloqua la terre de Montfort. Devenue veuve, Rachel posséda la seigneurie jusqu'à sa mort, arrivée entre 1634 et 1640, et laissa pour héritier son fils, Jean de Vilalis II. Celui-ci passa avec la communauté la fameuse transaction de 1652, qui le reconnut seigneur pour les deux tiers et qui fut la source d'un procès interminable.

 

Notes

(23) Archives des Bouches du Rhône, B, 589

(24) Histoire de Sisteron, par Edouard de Laplane

(25) Deuxième fils de Raymond, et le même qui, lors de l' invasion de Raymond de Turenne, fut chargé du commandement des troupes en Provence, en l'absence du sénéchal. Accusé de trahison (à tort, assure-t-on) il fut condamné à la peine capitale, et exécuté à Tarascon (1415). Sa famille obtint de l'ensevelir à Sisteron, dans le couvent des Cordeliers, où était sa sépulture

(26) Voir à l'appendice, pièce IV

(27) Nous n'avons pas trouvé cette clause dans l'acte de la donation faite par la reine Jeanne à Foulque d'Agout. D'autre part, les services dus par Sisteron aux d'Agout sont certains, puisqu'ils furent rachetés en 1586 pour la somme de 31 500 livres. Le comte de Sault, Louis de Montauban, héritier des d'Agout, alla à Sisteron pour traiter cette affaire et y mourut d'une maladie contagieuse.

Edouard de Laplane aura lu cette clause ailleurs.

(28) Archives municipales. La pièce qui nous apprend cet acte de reconnaissance est une copie incomplète ; la fin manque, ainsi que les signatures. C'est sans doute un extrait privé in parte quâ tiré pour l'usage do la communauté dans son procès avec le seigneur. On y lit le passage suivant sur la manière dont l'hommage était rendu : Homines supra particulariter nominati separatim et divisim vel unus posl alium flexis genibus et manibus junctis et positis inter manus ipsius domini Raymondi et sine capucitio et loricâ (?) gratis et sponte pro se et suis hoeredibus, etc. homagium ligium et instrumentum oris osculo debitaefidelilalis et supra sancta Dei evangelia ... La pièce est datée : Anno Incarnalionis 1430, die 23 mensis junii

(29) Chez Me Beraud, notaire à Aix, successeur d'Imbert Bourrilly (1480-1515)

(30) Cette transaction n'est pas dans les archives de Montfort. Nous en avons trouvé seulement une analyse sommaire dans diverses pièces produites au procès Cornand

(31) Jeanne testa on faveur de son mari le 7 novembre 1516

 

4° Procès

 

Nous avons dit plus haut que la reconnaissance générale passée à Gaspard de Glandèves était restée lettre morte. En 1651, c'est-à-dire plus de cent ans après, Jean de Vitalis II en demanda l'exécution, menaçant ses vassaux d'un procès, sous prétexte qu'il était de la religion prétendue réformée (ainsi parle le procureur de la communauté). Il voulait qu'on lui passât une nouvelle reconnaissance, et une sentence du lieutenant du siège de Sisteron (23 décembre 1651) lui donna gain de cause. Fort de cette sentence, et plus encore de son autorité, Vitalis obtint par surprise (ce mot est encore du procureur, qui, on le comprend, est un peu suspect dans la question ; d'un autre côté, nous ne prétendons point qu'il eût tort), Vitalis obtint, disons-nous, le 6 janvier 1652, une transaction qui le reconnaissait seigneur pour les deux tiers et lui accordait une tasque générale au quinzain (32). Quand les vassaux eurent connaissance de cet acte, ils se récrièrent et refusèrent d'en ratifier les conditions. L'appel fut porté en justice. La communauté alléguait, entr'autres raisons, que la transaction ayant été passée au château sous les yeux du seigneur, les signataires n'avaient pas eu leur pleine liberté. Le seigneur répondait que les habitants s'étaient d'abord réunis chez le curé, après la messe, à cause du mauvais temps, au nombre de plus des deux tiers, lui-même étant absent, et qu'après mûre délibération, le curé et le notaire s'étaient rendus au château pour la rédaction de l'acte.

 

Sur ces entrefaites, Jean de Vitalis vint à mourir (février 1655). Son neveu d'alliance, Gaspard de Cornand, avocat au parlement de Grenoble, continua le procès. La communauté s'étant pourvue contre la transaction de 1652, pour cause de nullité, fraude et dol, il obtint que le pourvoi fût porté par-devant la cour de Grenoble, parce qu'il était avocat à celle cour, dit le procureur, et qu'il professait la religion réformée (33). On voit par là que ce seigneur profitait du conflit de juridiction qui avait éclaté entre les cours de Grenoble et d'Aix. Nous ne donnerons pas tous les détails connus de ce procès, qui seraient par trop longs et fastidieux.

 

Après plusieurs arbitrages, après maintes sentences rendues tantôt à Sisteron, tantôt à Aix ou à Grenoble, la cour d'Aix, définitivement saisie de l'affaire, prononça, le 20 mai 1702, un arrêt annulant la trop célèbre transaction de 1652, et replaçant la communauté dans son état primitif envers ses seigneurs. Alors, ce semble, tout aurait dû être terminé. Nullement : le procès fut repris sous une autre forme. Charles de Cornand, fils et héritier de Gaspard, exagéra tellement les droits des anciens seigneurs, que la communauté refusa de les reconnaître. De là, nouveau recours à la justice, nouvelles sentences suivies de nouveaux appels. Enfin, le 18 juin 1718, le parlement d'Aix cassa la sentence du 23 décembre 1651, mit à néant l'appel de la communauté, et condamna celle-ci à payer les arrérages des censes, services, droits et redevances courus depuis le 15 juin 1689, jour où elle avait obtenu un sursis au paiement. Le même arrêt déboutait le seigneur de plus grands arrérages à lui adjugés par la sentence du 22 mars 1715.

 

Charles de Cornand étant venu à mourir, son fils Jean Moïse fit signifier l'arrêt. Malgré ces longueurs, le conseil, infatigable dans la défense des intérêts de la communauté, était disposé à continuer la lutte ; il le montra, en décidant d'envoyer à Aix maître Alexandre Ricaudi, avocat postulant au siège de Sisteron, pour consulter les deux ou trois plus fameux avocats (sic), et voir s'il ne serait pas bon de relever appel de la sentence du parlement (délibération du 11 avril 1719). Il paraît que le voyage de Me Ricaudi ne se fit pas, ou que la consultation ne fut pas favorable, car le 7 juin 1722, le conseil accepta de nouveau, de concert avec la dame de Montfort (34) deux arbitres qui régleraient l'exécution de l'arrêt. Le 14 juillet suivant, on soumit au conseil la décision des arbitres. Il avait été convenu de payer à Madame de Montfort : 1° 6 000 livres d'arrérages ; 2° les 2 000 livres de dépens à elle adjugées ; 3° 15 charges de blé pour l'année courante, et, à l'avenir, une tasque au quinzain sur les grains, raisins, légumes. Les arbitres avaient renvoyé au mois de septembre la discussion d'un article dont nous ne savons pas l'objet. Madame demandait sur ce point la somme de 2,000 livres, sinon elle ferait procéder aux exécutions de l'arrêt. Le 17 septembre, le conseil, pour mettre un terme à cet état de division, consentit les 2 000 livres, soit, en tout, 10 000 livres, payables en 18 années. Quant aux quinze charges de blé, à cause de la mauvaise récolte, elles furent réduites à quatorze, moitié seigle, moitié blé, et payables en argent au prix courant.

 

Lorsqu'il fut question de passer l'acte d'arrangement, Madame déclara qu'elle n'y consentirait pas avant la prestation d'hommage et une reconnaissance générale et particulière. Le conseil décida à l'unanimité (Délibération du 11 octobre), que les hommage et reconnaissance seraient accordés tant en corps de communauté par les consuls que par chaque particulier en ce qui le concernait. L'acte de transaction fut passé le 10 novembre 1722 (35).

 

Voici quels étaient les droits seigneuriaux en 1749 : la juridiction haute, moyenne et basse ; le droit de lods en cas de vente, à raison de deux sols par florin, dont deux tiers à la dame de Montfort, et un tiers au chevalier de Château-Arnoux ; la tasque au quinzain sur les grains et raisins, et une corvée par habitant.

 

Ainsi finit ce procès, qui avait duré trois quarts dème siècle. De la lecture des pièces produites par la communauté, il ressort que celle-ci faisait porter la défense de ses droits sur deux points principaux : le refus de la tasque, et la propriété de la terre gaste. Il en découle encore une autre conclusion : c'est que la communauté n'était pas, comme on pourrait le croire, à la merci des caprices seigneuriaux. Elle ne manquait ni de courage, ni de moyens, ni de défenseurs pour faire valoir ses droits, et telles pièces de son procureur sont presque des modèles du genre (36).

 

Le 7 mai 1702, il s'était tenu à Sisteron une réunion des consuls de la viguerie à propos de quelques difficultés qui s'étaient élevéesconcernant le recouvrement du droit de cosse. Il fut réglé que ce droit ne serait pas recouvré en nature, moyennant la redevance annuelle de cinq livres cinq sols que payerait chaque communauté.

 

NOTA. Le droit de cosse était perçu par la ville de Sisteron sur les grains vendus au marché. Il était, croyons-nous, fixé au trentième.

 

Notes

(32) La tasque consistait dans une certaine quantité de blé, de vin, de fruits du de légumes, qui devait être payée au moment de la récolte. Ce droit féodal s'appelait champart dans le nord de la France

(33) Gaspard de Cornand revint au giron de l'Eglise catholique, sans doute lors de la révocation de l'édit de Nantes

 (34) La veuve de Charles de Cornand, Marie de Boniface de Fombelon. Son apparition au procès suppose la mort de son fils, Jean Moïse

(35) ll y est accordé une tasque générale au quinzain sur tous les grains, excepté les haricots

 (36) Nous mentionnerons brièvement un autre procès encore plus long que Montfort eut à soutenir contre François de Foresta, seigneur de Rougiers, et ses héritiers. Ce seigneur possédait à Montfort plusieurs biens roturiers. Il réclamait à la communauté, nous ignorons à quel titre, la somme de 11 670 livres. Selon l'usage des plaideurs, le procès donna occasion aux parties de se reprocher mutuellement leurs griefs. La communauté accusait le seigneur de Rougiers de la traiter durement et d'abuser de son crédit. De son côté, ce seigneur accusait la communauté d'avoir soudoyé des assassins pour attenter à sa vie. En 1608, la Cour d'Aix condamna la communauté par défaut à payer 8 050 livres. Jean Guillaume de Flotte de Montauban, comte de la Roche, baron de Montmaur, qui avait épousé Anne, fille du seigneur de Rougiers, continua le procès. En 1704, Jean Joseph de Flotte, son fils, le reprit, et nous voyons qu'une sentence du 26 août de là même année, lui adjugea la somme de 2 640 livres, la communauté ayant été reconnue débitrice de cette somme lors de la vérification des dettes. Appel fut relevé de cette sentence par la communauté ; mais nous ne savons quel en fut le résultat

 

5° Derniers seigneurs

 

Reprenons maintenant la suite des seigneurs que nous avons laissée pour arriver à l'issue du procès. Jean de Vitalis Il mourut sans testament au commencement de l'année 1655 (37). Ses héritiers furent : Marguerite de Vitalis, sa soeur, pour la moitié ; Olympe et Marguerite Bosonnier, ses nièces, filles d'Isabeau de Vitalis, son autre soeur, pour l'autre moitié. La première, Marguerite de Vitalis, vendit sa part à Louis de Leydet, seigneur du Planet. Gaspard de Cornand, avocat au parlement de Grenoble, épousa Olympe, et fut nommé curateur de sa belle-soeur. Puis, il acheta les droits de Monsieur de Leydet, et devint ainsi possesseur de toute la part de son oncle Vitalis, c'est-à-dire des deux tiers de la terre. L'autre tiers était possédé depuis quelque temps, partie par Marc Antoine de Vente, marquis de Pennes, baron de Peyruis, et partie par Sébastien d'Abon. Dame Renée de Forbin, fille du marquis de Janson, et veuve de Marc Antoine de Vente, vendit, le 17 octobre 1689, à son gendre, Paul de Fortia, seigneur des Pilles, gouverneur du château d'If, la terre de Peyruis et tout ce qu'elle possédait à Montfort.

 

Sébastien d'Abon, coseigneur pour le quart de la vingtième et demi vingtième de la terre, habitait Montfort, où il vivait modestement. Il était seigneur d'Entraix et de Faucon. Il épousa Angélique de Chatal, dont il eut trois enfants, savoir : Joseph, gentilhomme chez Mgr le Camus, évêque de Grenoble ; Camille, sa fille aînée, et Geneviève, qui fut mariée à Alexis d'Isoard de St Etienne, le 25 janvier 1722. Le premier, Joseph, mourut jeune, laissant pour héritier un fils, Etienne François. Les d'Abon vendirent plus tard leurs droits à la famille de Clapiers (38).

 

Nous voyons un descendant des de Fortia faire hommage au roi, le 23 janvier 1778. Mais cette famille pressentant l'orage de la Révolution, vendit toutes ses possessions avant qu'il éclatât (39).

 

Revenons aux de Cornand. Gaspard ne vivait plus en 1694. Sa veuve, Olympe Bosonnier, habitait le château de Montfort avec ses trois enfants : Charles, qui épousa Marie de Boniface de Fombeton, et mourut vers 1718 ; Moïse et Marguerite. Celle-ci épousa Etienne du Moulard, du lieu de Méreuil, le 11 octobre 1703 (40). Charles de Cornand laissa un fils, Jean Moïse, qui ne dut pas lui survivre longtemps, car nous ne le voyons figurer qu'une fois au procès. Dès 1722, c'est sa mère, Marie de Boniface de Fombeton, qui soutient les droits de sa famille, et c'est elle qui vit la fin de ces désastreuses plaidoieries. Ici le fil de la succession des seigneurs nous échappe. Tout ce que nous apprennent les archives municipales, c'est qu'en 1746, demoiselle Olympe de Bardel est dame de Montfort, et qu'en 1759, le marquis d'Hugues est qualifié son donataire. A partir de cette époque jusqu'à la Révolution, François Armand Léonor d'Hugues, colonel d'infanterie, marquis de Vaumeilh, baron de la Motte, seigneur de Turriers, Astoin, la Penne, etc, ou ses héritiers, furent coseigneurs de Montfort pour les deux tiers. Le marquis prêta hommage au roi le 14 février 1778. A la révolution, il émigra et ses biens furent confisqués.

 

Quelques seigneurs de Montfort, par exemple les Cornand, signaient Montfort St Donat. Nous voyons là non une simple qualification, mais un souvenir du Castrum de St Donat. Voici quelles étaient les armoiries des différentes familles qui ont possédé, en tout ou en partie, la seigneurie de Montfort.

 

Baux : de gueules, au comète à seize raies d'argent.

Agout : d'or, au loup ravissant d'azur, lampassé, armé et vilainé de gueules.

Justas.

Glandèves : fascé d'or et de gueules de six pièces.

Vitalis.

Cornand.

Vente : échiqueté d'or et de gueules.

Fortia : d'azur à une four ronde crénelée de quatre pièces d'argent, maçonnée de sable, et posée sur un tertre de sinople.

Abon : fascé émenché d'or et d'azur, les extrémités arrondies.

Bardel : d'azur au serpent tortillé en rond ou en colimaçon d'argent, à un chef de gueules, chargé de trois étoiles d'or.

Hugues : d'azur, à un lion d'or, chargé de trois fasces de gueules brochant sur le tout, et surmonté de trois étoiles d'or.

 

Notes

(37) Sa veuve, Hortense de Castellane, épousa l'année suivante Pierre de Jaufrei, lieutenant particulier au siège de Sisteron (d’après un acte de 1656. Me Toppin, notaire à Volonne)

(38) Au XVIIIème siècle, les coseigneurs se multiplièrent à Montfort. Nous pouvons citer : Blaise d'Oisin, Paul de Meyronnet, de Clapiers-Colongues, chevalier de Château-Arnoux, etc. Une famille de Montfort, très-ancienne, a vécu aux Mées jusque vers la fin du dix-septièmème siècle. Elle avait sans doute pris son nom de notre Montfort, mais il nous a été impossible de découvrir des traces d'une seigneurie effective. Elle embrassa le parti de la Réforme, et s'expatria après la révocation de l'édit de Nantes (Histoire de la ville des Mées, par M. Esmieu). Nous voudrions bien savoir de quelle famille était le chevalier qui commandait le château de Nice, quand la flotte française unie à la flotte turque alla faire le siège de celle ville (1543). Déjà la ville était tombée au pouvoir des assiégeants ; le château seul résistait encore. Sommé de se rendre, le commandant répondit par ces nobles paroles : Je me nomme Montfort ; mes armes sont des pals, et ma devise : Il me faut tenir. Il tint, en effet, et si bien que le siège dut être levé (Papon). Ce courageux soldat était-il de la famille dont nous venons de parler ? Les armoiries n'étaient pas les mêmes : la famille des Mées portait d'azur, à un lévrier rampant d'argent, au collier de sable bordé d'or

(39) Le marquis des Pilles vendit la Cassine à M. Gayde, aïeul de M. l'abbé Gayde, actuellement supérieur du grand séminaire

(40) En 1737, elle vint faire une visite à Montfort, et le premier consul dépensa 26 sols en poudre et en donna 27 à des ménétriers pour lui faire la bienvenue (sic). Ajoutons que les auditeurs des comptes admirent la dépense de la poudre, et qu'ils rejetèrent celle des ménétriers

 

CHAPITRE IV. Histoire municipale et civile

 

1° Administration

 

L'origine des franchises municipales de la plupart des villes de Provence étant inconnue, on ne s'attend pas, assurément, à ce que nous la fassions connaître pour notre modeste Montfort, Ce lieu dut subir la condition générale de la province, c'est-à-dire jouir de ses libertés de bonne heure, s'il ne les a pas toujours eues. Pour la même raison, la manière dont la communauté géra ses affaires dut varier et se perfectionner avec le temps, mais plus lentement que dans les pays importants ; car c'est surtout dans les centres populeux que les rouages administratifs s'usent vite et qu'ils éprouvent le besoin de nouveaux perfectionnements. La pénurie des archives municipales est cause que nous ne savons rien sur ce sujet intéressant avant les temps modernes: nous n'avons pas de délibération du conseil antérieure à 1620. Au milieu du XVIème siècle, nous voyons la communauté représentée par des syndics dans une transaction avec le seigneur. Le titre de syndic fit place à celui de consul peu de temps après (41).

 

Montfort avail deux conseils : l'un, ordinaire ; l'autre, général. Celui-ci ne se réunissait que pour traiter les affaires de majeure importance. Il devait se composer de tous les chefs de famille payant une cote. Nous avons compté jusqu'à 23 membres présents à une séance. Le conseil s'assemblait de l'autorité du bailli et sur la convocation des consuls. Les séances avaient lieu habituellement à l'issue de la messe ; elles se tenaient tantôt dans une maison, tantôt dans une autre, quelquefois en plein air, par exemple au Colombier, durant l'hiver, quand le temps était beau. Les forains, c'est-à-dire ceux qui n'habitaient pas le pays, mais y avaient des biens, étaient représentés au conseil par un ou deux membres choisis par eux chaque année. Les consuls, au nombre de deux, premier et second, étaient élus pour un an et n'étaient pas rééligibles. Les consuls sortants présentaient, chacun, deux candidats pour les remplacer.

 

Le conseil votait sur ces candidats, et celui qui obtenait la majorité relative était élu. L'élection se faisait toujours à la fin de l'année, ordinairement le 26 décembre. Le lieutenant du juge comptait les « ballotes ». Le conseil pouvait écarter les candidats présentés. Ainsi, le 26 décembre 1681, il usa de ce droit contre les deux candidats présentés par le second consul, parce qu'ils n'avaient aucun fonds sur leur cote au cadastre. Une autre fois il rejeta un candidat pour ce motif qu'il était fermier du seigneur.

 

Outre les consuls, il y avait les auditeurs des comptes, le greffier, le garde-terres et le garde-vignes. Les auditeurs étaient nommés le même jour que les consuls. Ils étaient au nombre de deux, et l'on en prenait toujours un, le plus souvent l'un et l'autre, hors du pays. Les forains avaient le droit de leur en adjoindre un troisième. Le greffier ou secrétaire était aussi choisi à la même époque, et il était rééligible. Il faisait la convocation du conseil, en cas de décès ou d'absence des consuls, comme cela arriva en 1752. Une fois élus, tous ces fonctionnaires, à l'instar des consuls, prêtaient serment entre les mains du bailli ou lieutenant du juge. En rémunération de leurs fonctions ou à titre d'indemnité, ils recevaient tous une petite somme, qu'ils appelaient leurs gages : les consuls avaient 3 livres chacun ; le greffier 12 ; les auditeurs, 10 à 20 ; le garde-terres, 30 à 50 (42).

 

Notes

(41) Il y avait longtemps que ce titre avait disparu légalement, puisque Charles VIII l'avait aboli en 1496. Mais les usages d'un peuple ne changent pas du jour au lendemain ; il fallut près d'un siècle pour que le nom de consul fût définitivementadopté par le langage populaire

(42) Nous donnons à l'Appendice la liste de tous les consuls et maires que nous avons trouvés (Voir pièce IX)

 

2° Impôts

 

Le budget était volé chaque année par le conseil, et la taille était exigible par quartiers.

 

Dans les comptes de 1660, les recettes figuraient pour une somme de 1 105 livres 13 sols 9 deniers, et les dépenses pour 1 207 livres 5 sols 3 deniers.

En 1661 : Recettes, 726 1. 3 s. 9 d. — Dépenses, 477 1. 17 s. 9 d.

En 1664 : id., 889 1. 3 s. 9 d. — id., 810 1. 9 s. 4 d.

En 1736 : id., 1 881 1. 4 s. 1 d. — id., 2 080 1. 3 s. 2 d.

 

Le 15 juillet 1792, les sieurs maire et officiers municipaux exposent aux administrateurs du directoire du district de Sisteron qu'ils ont dû payer en 1791 un impôt foncier de 1 427 livres, et une mobilière de 346 livres ; que le revenu général du terroir s'élevant seulement à 5 104 livres, comme

il appert de la matrice du rôle des impositions, ils ne s'attendaient pas à payer plus du cinquième ou du sixième de ce revenu, et que, s'il n'est pas apporté une réduction considérable, la plupart des citoyens seront obligés de déguerpir (sic).

 

Le budget contenait toujours un article affecté à l'entretien des routes. Un détail intéressant à propos des moyens de communication : en 1722, le consul Gaspard Girard va un jour à Volonne pour voir s'il partait quelque radeau pour envoyer un député à Aix, attendu, qu'on ne pouvait encore aller sur terre à ladite ville (43).

 

Il y avait des charges auxquelles le seigneur n'était pas tenu de contribuer, par exemple : les gages du régent des écoles, du chirurgien, de la sage-femme ; les réparations de l'église et des fontaines ; les frais des procès concernant les libertés et les priviléges personnels des habitants. Mais il devait contribuer aux gages des consuls et greffiers, aux réparations des chemins et, en général, à toutes les dépenses qui regardaient l'utilité du fonds. Les forains n'étaient soumis qu'aux charges et contributions regardant les deniers du roi, du pays, ou l'utilité du fonds. Le recouvrement de la taille se faisait par le moyen d'un trésorier, ainsi que le paiement des dépenses. Cette charge était donnée à bail au plus offrant, pour un an, et rapportait de 60 à 80 livres. Le titulaire était toujours un étranger (44). A la fin de l'année, il présentait ses comptes aux auditeurs en présence des consuls de l'année courante ou de ceux de l'année précédente ; l'un des consuls était impugnant, c'est-à-dire qu'il attaquait l'administration du trésorier, et l'autre avait pour rôle de la défendre sous le titre de soutenant. Les auditeurs vérifiaient les comptes article par article. Si une dépense n'était pas justifiée ou suffisamment motivée, elle était laissée à la charge du trésorier. Une copie du compte annuel était envoyée à la comptabilité ; une autre restait dans les archives de la communauté, et une troisième était laissée entre les mains du trésorier.

 

Le cahier des comptes était divisé en deux chapitres : entrée ou chargement, et issue ou décharge ; autrement dit, recettes, et dépenses. Dans le chapitre de décharge entraient toutes les dépenses, même les sommes payées au prieur et les pensions féodales, ainsi que les deniers du roi et du pays.

 

Notes

(43) Parcelle des vacations du consul. Nous lisons ailleurs qu'en 1749 il n'y avait ni pont ni bac sur la Durance

(44) Cet office fut créé héréditaire par arrêt du mois d'avril 1691, avec un sol par livre

 

3° Prix commerciaux

 

Il n'est pas sans intérêt de connaître la valeur qu'avaient autrefois certains objets de commerce, comme les denrées, etc. Voici un échantillon de prix cueilli dans les XVIIème et XVIIIème siècles

 

Blé, 18 livres la charge (8 doubles) ;

Avoine, 12 sols la panai (16 litres) ;

Raisins, 22 sols le quintal (40 kilogr.) ; 15 sols en 1685 ;

Vin, 30 sols la coupe (45).

 

En 1680, le consul vendit deux agneaux provenant de la petite dîme, au prix de 2 livres 3 sols 6 deniers les deux, et deux pourceaux, 2 livres 9 sols.

 

En 1707, pour la somme de 21 sols on avait deux paires de pigeons et une paire de poulets.

 

En 1744, Montfort dut fournir pour le service du roi, dans la guerre d'Italie, de moitié avec Châteauneuf, un mulet harnaché dont le prix, harnais compris, s'éleva à 155 livres, soit 77 livres 10 sols pour chaque communauté (46).

 

Notes

(45) La coupe était, comme aujourd'hui, de 20 litres, puisqu'elle contenait 8 pots pesant ensemble 50 livres, c'est-à-dire 20 kilogrammes

(46) Voir à l'Appendice la pièce III pour le prix des journées au XIVème siècle

 

4° Instruction

 

L'enseignement était donné aux enfants par un instituteur on appelait le régent. Une délibération du 19 avril 1733 lui on ne le titre de maître d'école. Le conseil lui allouait une comme qui variait entre 50 et 100 livres. Le régent ne lépendait que de l'autorité locale et dans la mesure de ses engagements, qu'il prenait pour six mois ou un an. Souvent le vicaire était obligé d'accepter cette charge, soit par défaut de candidat, soit sur les instances des pères de famille. Nous pouvons citer nommément les vicaires Jean Chaudony et Audibert.

 

Un tableau de recensement dressé vers 1750 nous fait connaître la richesse du pays en bestiaux. Sur vingt particuliers qui y figurent, seizepossèdent des moutons : 33 au maximum ; un seul n'en a que 4. Tous ensemble en ont 273, plus 2 boeufs, 1 mulet et 16 bourriques.

 

5° Guerres de religion

 

On sait qu'à l'époque des guerres de religion la ville de Sisteron fut l'objectif des deux partis, à cause de sa position naturelle, qui en faisait une clef de la Provence. Cela étant, les pays d'alentour en subirent les tristes conséquences ; Montfort surtout, qui, voyant passer et repasser les combattants sur son territoire, fut souvent leur objectif secondaire, soit comme position stratégique, soit comme halte (47).

 

Les Protestants, commandés par un soldat de fortune nommé Verdelet, parvinrent à s'emparer de Montfort, grâce peut-être à la connivence du seigneur, qui, ainsi que nous l'avons vu, s'était jeté dans leur parti. Une fois maître de la place, Verdelet s'y fortifia le mieux qu'il put et profita de son titre de commandant pour améliorer ses affaires personnelles. Le comte de Carcès vint l'y assiéger en 1575, après avoir pris les châteaux d'Espinouse et de Gaubert. Suivant M. l'abbé Feraud (Histoire des Basses Alpes, page 700), Forcalquier dut fournir pour les travaux du siège un certain nombre de pionniers et la poudre nécessaire. A la vue de l'ennemi, Verdelet, saisi de peur, demande à parlementer. Le comte accepte sans peine et envoie dans ce but le seigneur de St Etienne. Etonné de cette facilité, Verdelet reprend courage ; il va jusqu'à s'imaginer qu'elle est due à la crainte d'un échec. Cette pensée l'exalte au point qu'avant même de renvoyer le parlementaire il donne l'ordre de tirer sur les assiégeants. Le comte, justement offensé d'un procédé qui violait effrontément les lois les plus connues de la guerre, ordonne sur-le-champ de bombarder le château vigoureusement et sans relâche. Alors le commandant, reconnaissant sa sottise, revient à la voie des négociations. Dans l'espoir que ses richesses pourront le sauver, il offre de se rendre en montrant une bourse pleine d'or. Vain espoir : le comte, qui veut faire un exemple, rejette la proposition, s'empare du château et fait pendre Verdelet à un arbre avec les principaux de la garnison (48).

 

Le souvenir de ce siège n'est pas entièrement effacé dans le pays. On montre l'endroit où les assiégeants avaient établi leurs batteries, du côté de St Auban, au quartier des Blaches. La tradition populaire parle aussi du châtiment de la pendaison.

 

Notes

(47) Lucrèce Bermonde, mère et administraresse (sic) d'Anne Melchionne et Suzanne Imbertes, filles du cappitaine Imbert, jadis rentier audit lieu, fit une demande aux syndics pour ce qu'elle avait fourni aux soldais passant et séjournant durant les années 1567, 1568, 1571, 1573, 1574, 1578, temps de troubles. (Archives municipales)

(48) Gaufridi, Histoire de Provence, II, 562

 

6° Peste de 1720

 

Montfort n'échappa point à la panique causée par la nouvelle des ravages que la peste exerçait à Marseille et jusque dans nos contrées. Il prit certaines précautions, soit pour sa propre préservation, soit pour obéir aux mesures de sûreté générale prescrites par l'autorité supérieure. Du 28 août au 17 novembre 1720, quatre hommes armés, munis de poudre et de balles, surveillèrent les rives de la Durance, à 20 sols par jour chacun. De plus, le village fut entouré d'une barrière que deux hommes gardèrent depuis le 1er août 1720 jusqn'au 6 janvier 1722. La communauté avait dû fournir deux soldats pour la ligne du Valdon (sans doute pour Verdon).

 

L'année 1721 est inscrite dans le registre des actes avec l'en-tête lugubre : Année de la contagion en Provence. Après un tel début, on s'attend à voir se dérouler la longue liste des victimes du fléau. Il n'en est rien heureusement : Montfort grâces à Dieu, n'eut pas à souffrir beaucoup puisqu'on ne compte que deux décès dans le courant de l'année ; encore faut-il probablement les attribuer à d'autres causes que la peste.

 

7° Période révolutionnaire

 

Les histoires qu'on a faites de la Révolution française sont surtout l'histoire de cette révolution à Paris ; aussi, aime-t-on à apprendre de l'histoire locale ce qui se passa alors dans les plus humbles villages de France. Nous n'avons que fort peu de chose à dire sur Montforf. Mais souvent les plus minces détails intéressent, parce qu'ils sont comme un écho affaibli des grands événements de la capitale. C'est à ce titre que nous allons citer des faits presque insignifiants par eux-mêmes.

 

Par délibération du 29 mars 1789, le conseil députe J.-B. Amayenc, premier consul, et Arnoux, greffier, résidant à Peyruis, à l'assemblée générale qui doit se tenir à Sisteron, le 1er avril, et leur confie le cahier des doléances, plaintes et remontrances. On sait que, sous le souffle de réforme sociale qui agitait les esprits, plusieurs bandes de malfaiteurs parcouraient les provinces, les livrant au pillage et à l'incendie. Dans les archives de Montfort, on trouve une trace de ces odieux excès. Le 31 juillet 1789, M. de Tournade, commandant de la ville de Sisteron, ordonne aux habitants d'Aubignosc, Châteauneuf et Montfort d'obéir à M. d'Aubignosc pour tout ce qu'il leur commandera dans la circonstance présente pour le service du roi et la sûreté publique.

 

Le même jour, M. Brun d'Aubignosc donne ses ordres pour le cas où les ennemis arriveraient par Peyruis ou par Mallefougasse. Des hauteurs dominantes, les gens de Montfort devront les harceler à coups de fusil pour donner le temps aux secours de Sisteron d'arriver, ainsi qu'aux gens de Châteauneuf et de Château-Arnoux. Plus on aura de tambours, mieux ce sera. Un bûcher sera préparé sur le sommet de la montagne, du côté qui plonge sur le bassin de la Forest (49), et un homme posté auprès, jour et nuit, avec une lanterne allumée. Aux premiers coups de fusil, le feu sera mis au bûcher. Des sentinelles feront le guet sur les hauteurs, une ou deux, aux abords du village, et seront relevées d'heure en heure. En cas d'attaque, les fusiliers se diviseront par pelotons. Le premier peloton tirera d'abord, puis il ira se poster après le dernier, où il rechargera ses armes, et ainsi des autres. « Par là, dit l'ordre, vous arriverez jusqu'à nous, et si vous êtes attaqués dans votre village, vous sonnerez le tocsin. Vous lâcherez dans la campagne tous vos chiens ». En post-scriptum, ordre de ne communiquer celle lettre qu'aux principales personnes, afin que le secret ne s'ébruite pas.

 

Quelques jours après, la communauté reçoit des consuls de Peyruis communication d'un avis donné par le seigneur et les consuls de Grambois (Vaucluse), et annonçant qu'une troupe de brigands armés a attaqué et ravagé le lieu de Cadenet. Qu'on se mette en sûreté ! Rien ne prouve que Montfort ait été mis dans la nécessité d'utiliser ces moyens de défense.

 

Le 5 juillet 1790, le conseil se réunit pour délibérer sur les avantages apportés par la suppression du régime féodal. On décide de notifier à M. d'Hugues les décrets de la Constituante, en vertu desquels le pays entend se décharger de la banalité du four, des corvées, censes, services personnels, sans indemnité, et avec rachat pour les services réels. La communauté étant liée envers le seigneur par la transaction du 10 novembre 1722, le règlement se fera sur cette base.

 

« On pourra même, pour la continuation de la bonne intelligence qui a toujours régné entre ledit seigneur et la communauté, et dont la communauté désire la conservation, au cas qu'il élève quelque difficulté sur les interpellations ci-dessus, lui offrir la voie de la médiation et d'arbitrage ».

 

Pour n'avoir pas à revenir sur cette période, nous relaierons ici un incident qui aurait sa place marquée dans l'histoire religieuse : nous voulons parler de la conduite du vicaire relativement au serment demandé par la constitution civile du clergé. Le vicaire qui était alors à Montfort, s'appelait Etienne Chaudony. Le 13 février 1791, jour de dimanche, à l'issue de la messe paroissiale, et dans l'église, en présence du conseil et des fidèles, il déclare qu'en exécution du décret de l'Assemblée nationale du 27 novembre dernier, sanctionné par le roi le 26 décembre et publié à Montfort le 6 février, il s'empresse de prêter le serment civique. Et de fait, après un discours où il avait exprimé son sincère dévouement à la nouvelle constitution, il prononce, à haute et intelligible voix, et la main levée, le serment solennel de veiller sur les fidèles de la paroisse, d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale.

 

Le 22 mai suivant, encore à l'issue de la messe, en présence du corps municipal et des fidèles, messire Chaudony, après avoir protesté de son respect à l'Assemblée nationale et à ses décrets, fait la rétractation non de son serment, mais de sa signature apposée au procès-verbal qui en a été fait, parce qu'on n'avait pas inséré dans cet acte les restrictions qu'il avait mises, puis il renouvelle son serment en ces termes : Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'a été confiée, d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir, en tout ce qui est de l'ordre politique, la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi, exceptant les objets qui dépendent de l'autorité spirituelle.

 

Après plusieurs observations du maire et des officiers municipaux, messire Chaudony retira sa rétractation le dimanche suivant, sauf à lui, dit le procès-verbal, de se pourvoir devant le district. Ces tergiversations et ces distinctions montrent qu'il y eut de sa part un peu de faiblesse, au moins dès les premiers temps, mais il finit par refuser le serment civique tel qu'on l'exigeait. En effet, dans les comptes du trésorier de l'an 1792, messire Chaudony est qualifié de ci-devant curé réfractaire. Ce titre l'honore. Nous tirons du budget voté le 7 octobre 1793 un extrait qui semble être une anomalie pour l'époque. Parmi les dépenses figurent les suivantes :

 

Pour l'entretien du presbytère et de l'église 18 livres ;

Pour réparation à la maison curiale 40 livres ;

Pour faire brûler la lampe du St Sacrement 100 livres ;

Pour cierges pour le St Sacrement 90 livres.

 

Le directoire du district de Sisteron approuva ces dépenses, excepté la seconde, qu'il réduisit de 40 à 20 livres. Cela prouve que le pays ne partageait pas le délire qui régnait ailleurs contre la religion. Nous serions même tenté de voir dans ce budget, voté en pleine Terreur, une sorte de protestation, car dans aucun budget précédent on n'avait voté des sommes aussi élevées.

 

Cependant, quelque bonnes que fussent les dispositions, la résistance au mouvement imprimé d'en haut était difficile, et quand l'exécution d'une loi, même injuste, était demandée, on se soumettait. Ainsi, en 1794, le maire de Montfort porte les ornements de l'église à Sisteron, ainsi que les pactes et chiffons (sic) de la commune.

 

Déjà, le 15 thermidor an II, le directoire du district avait fait vendre à l'encan le mobilier du château, le marquis Hugues ayant émigré. Le premier jour, la vente s'éleva à 63 livres 10 sols ; le lendemain elle atteignit 393 livres, et l’on réserva, pour l'usage des troupes et des hôpitaux, du linge et divers objets pouvant valoir ensemble 108 livres. On dressa aussi un état des bâtiments du château et du domaine de Jas-de-Ricaud, propriété seigneuriale. Les commissaires délégués passèrent cinq jours à Montfort.

 

Le 22 ventôse an III, le conseil vote 40 livres pour l'entretien du temple de la raison.

 

Le 8 vendémiaire de la même année, la somme de 60 livres est passée au citoyen Mouret, officier de santé, domicilié à la commune de Roche-Arnoux (Château-Arnoux), pour être venu à Montfort une fois par semaine toute l'année 1793 jusqu'au 3 février 1794, vieu étille (sic, pour vieux style).

 

Le 7 messidor an IV, le conseil, sur l'ordre de deux délégués envoyés par l'administration du département, se réunit pour faire l'estime des biens déclarés nationaux. Il délibère de conserver comme propriété communale, au service du bien public, la maison curiale qui est nécessaire soit pour maison commune, soit pour institut des écoles, soit pour le prêtre commissionnaire, attendu que fous les citoyens sont du même culte. Les mots soulignés sont effacés dans la délibération, et la rature est approuvée à la fin. Il faut voir là, sans doute, l'effet d'une influence étrangère au conseil.

 

On trouvera, à l'appendice (50) le procès-verbal de la formation d'un corps de volontaires pour la défense de la constitution et le compte rendu de deux fêtes civiles qui furent célébrées à Montfort durant celle période, où il y eut tant de mal mêlé au bien. Pour laisser au sujet plus de naturel, nous avons copié les pièces officielles sans y changer un iota.

 

Notes

(49) Le Forest d'Aubignosc

(50) Pièces VII et VIII

 

8° Armoiries

 

Les armoiries de Montfort sont : de gueules à trois tours crénelées d'or, maçonnées de sable ; deux en chef et une en coeur ; celle-ci, soutenue d'une montagne d'argent, herbée de sinople, mouvante de la pointe de l'écu.

 

CHAPITRE V. Histoire religieuse

 

Montfort dépendait, au spirituel, du monastère bénédictin de Ganagobie ; nous ignorons depuis quelle époque. Un religieux de ce couvent, ordinairement le sacristain, avait le titre de prieur et était, par suite, chargé du service paroissial.

 

1° Revenus du prieuré

 

Le prieur percevait la dîme. A ce propos, il eut souvent des démêlés avec la communauté. Nous connaissons la réclamation de dom Deyrolles, qui soutenait que la dîme devait lui être payée au quatorzain au lieu du vingt-quatrain. Par transaction, il accepta au vingtain, à condition qu'il ne serait tenu ni de mettre un secondaire pour le service religieux, ni de fournir le prédicateur du Carême, ni de faire les aumônes accoutumées (2 août 1582). La dîme fut perçue sur ce pied jusqu'en 1619, année où dom Antoine Firmin renouvela la demande du quatorzain. En 1639, même réclamation de la part de dom Pierre Gassaud. L'année 1645, le Parlement de Provence cassa la transaction de 1582.

 

Quelque temps après (31 mai 1655), dom Pierre Gassaud vendit aux consuls et communauté de Montfort, pour la somme annuelle de 45 livres, la dîme des agneaux, chevreaux, pourceaux, chanvres et raisins, avec réserve des grains, légumes et poulets. Ce fut l'origine de nouveaux démêlés.

 

Dom Scipion Gassaud, successeur du précédent prieur, demanda l'annulation du contrat, s'appuyant sur ce que dom Pierre Gassaud avait traité sans nécessité ni mandat et au détriment de l'église ; qu'il avait aliéné un bien ayant caractère spirituel et que l'acte n'avait pas été homologué en cour de Rome. Ceci se passait au commencement du XVIIIème siècle. Enfin, par le conseil de Joseph le Camus, seigneur de Peypin, que les parties avaient choisi pour arbitre, il fut convenu que la transaction de 1655 serait nulle. Le droit de dîme serait payé suivant l'ancienne coutume et pourrait l'être en espèces. La communauté, à litre d'indemnité, ne paierait pas les arrérages de deux années (90 livres), et de plus le prieur lui compterait 100 livres dans trois mois. Quant à la 24e donnée chaque année par le prieur à titre d'aumône aux pauvres, il fut réglé que la communauté ne pourrait réclamer aucun arrérage et qu'à l'avenir les fermiers de la dîme donneraient tous les ans, à saint Barthélemy, douze panaux de seigle, qui seraient distribués en pain aux pauvres, à la fête de Noël, par les consuls en exercice, en présence du vicaire. L'acte authentique fut passé le 6 mars 1716, et les parties jurèrent respectivement, le prieur ad pectus (la main sur la poitrine), d'en observer toutes les clauses.

 

En 1757, on fit offre à la dîme du prieuré pour 650 livres ; en 1788, pour 653 livres.

 

2° Fondation de la vicairie

 

Jusqu'au XVIIème siècle, le couvent de Ganagobie fut directement chargé du service religieux, non que les moines fissent eux-mêmes le service, au moins vers la fin ; mais le prêtre qui en était chargé par eux n'avait qu'un titre provisoire, temporaire, et ses obligations particulières étaient uniquement

réglées par les accords faits avec le monastère. Dom Michel Deyrolles, sacristain prieur, établit un vicaire perpétuel, messire Allard, prêtre de Peyruis, à qui il constitua : 1° une terre de trois charges de semence, au quartier de la Barrière (51) ; 2° une autre d'égale contenance, dite depuis champ dou preyré à Fontpiga ; 3° la moitié de la grande dîme de tous les grains ; 4° toute la dîme du vin, des agneaux, chevreaux, pourceaux ; 5° une terre à la Cassine, à diviser par moitié (12 mars 1601). Le vicaire s'engageait à acquitter les messes de fondation et à payer la moitié des décimes ordinaires et

extraordinaires. Il entra en possession le jour de saint Luc (18 octobre).

 

Un des successeurs d'Allard, Joseph Isoard, remit, le 15 février 1754, au prieur, l'état des terres défrichées depuis 1686 (52), soit 39 250 cannes, et lui en demanda les novales. Le prieur en supprima 13 579 cannes comme étant incultes. Le reste valait en moyenne 5 sols la canne (estimation du prieur), et, en supposant un revenu de 5 %, cela aurait fait 20 livres. En prenant le 14e, qui était la quotité de la dîme, les novales auraient rapporté un revenu de 22 livres.

 

Notes

(51) Ces détails sont tirés de pièces modernes, qui donnent des extraits plus ou moins longs du litre original. Dans celui-ci, le quartier de la Barrière ne devait pas être désigné sous ce nom, que nous croyons postérieur à 1720 (voir à l'appendice, pièce I)

(52) Date de la première déclaration royale sur les novales et la portion congrue

 

3° Ancienne église paroissiale

 

La chapelle qu'on voit à demi-ruinée, près du cimetière, a servi d'église paroisiale jusqu'au XVIIIème siècle. Elle était dédiée à Ste Madeleine.

 

Le sacristain de Ganagobie devait, à titre de prieur, veiller l'entretien de l'église, au moins partiellement. Celle obligation, plus ou moins bien déterminée, fut aussi un sujet de litige. Dom Michel Deyrolles mit fin à un procès intenté au prieur par la communauté au sujet de quelques réparations à faire. Entre autres obligations, il accepte celle de fournir une porte de noyer, dûment clavelée, avec sarailhe (sic), et celle de donner en pain aux pauvres une charge de métadier à Noël, et une de blé à Pâques. Le prieur jura, sur sa poitrine, à la manière accoutumée des moines, de garder cette transaction (25 février 1574).

 

Le procès-verbal d'une visite pastorale faite par Mgr Poncel, évêque de Sisteron, le 25 avril 1672, nous apprend que l'église de Ste Madeleine était dans un état de dénuement complet. L'évêque la trouva non blanchie, dépavée en plusieurs endroits, sans tabernacle, ni armoire, ni sacristie. Le clocher seul était en bon état, portant une cloche d'un quintal (53). Mgr Poncet ordonna que le vicaire résiderait perpétuellement à Montfort, où il devrait dire la messe les dimanches et fêtes, les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine, et faire le service aux frais du prieur. Il prescrivit, en outre, diverses réparations, dont un tiers aux frais du prieur, et le reste à la charge de la communauté.

 

Le 22 mai 1683, visite de Mgr Louis de Thomassin. Il fut reçu également à Ste Madeleine, qui est toute seule au milieu des champs (54). Il y administra le sacrement de Confirmation à une cinquantaine de personnes. Il demanda la réparation de l'ancoule (contrefort) qui soutient l'arceau du sanctuaire, près de la petite porte, et la réduction du cimetière de manière qu'on n'eût plus à le traverser pour arriver à la porte de l'église.

 

Une autre preuve que le mobilier de l'église était plus que modeste, c'est qu'en 1681 le consul Louis Girard alla à Forcalquier demander à M. le prieur de lui bailler son soleil (ostensoir) pour faire la procession le jour de la Fête-Dieu (55). Le prieur rejeta la demande.

 

Notes

(53) Le clocher s'élevait sur l'arcade du sanctuaire. Il n'en reste plus trace

(54) Procès verbal de la visite

(55) Le prieur était alors dom Pierre Gassaud. On s’explique que le consul soit allé à Forcalquier, et non à Ganagobie, par le fait que ce religieux avait à Forcalquier un frère qui servait parfois de procureur au couvent. Ainsi, dans un arrentement de la dîme fait par le même prieur en 1658, une clause exigeait que le fermier portât à Forcalquier le blé dû au monastère

 

4° Nouvelle église

 

Nous connaissons l'époque précise à laquelle Ste Madeleine cessa d'être église paroissiale. Le 2 février 1696, considérant que depuis longtemps, à cause de l'éloignement de cette église, de la difficulté du chemin et d'autres inconvénients, la communauté désire qu'on bâtisse une église dans le lieu, même, le conseil, sur l'exposé des consuls et vu l'autorisation épiscopale en date du 27 janvier dernier, vote 150 livres pour la construction d'une nouvelle église et décide que chaque habitant fournira six journées ; si quelqu'un refuse, on fera faire lesdites journées à ses frais. Messire Etienne Corbon, vicaire perpétuel du lieu, présent à la séance, promet de contribuer à la dépense pour 100 livres et s'engage, en outre, à faire cuire un four de chaux. Le charroi du sable sera concédé à forfait ; le tout, sous la conduite et charité ordinaire du sieur vicaire. Au bas de la délibération, deux coseigneurs, de Cornand et d'Abon, promettent de contribuer, eux aussi, à la dépense, mais pour cette fois seulement et sans engagement pour l'avenir.

 

Deux ans après, le conseil, considérant qu'il serait temps de faire achever l'église qui est déjà voûtée, afin que ce qui est fait ne tombe pas en ruine par l'incommodité du temps, délibère de prendre chez le trésorier la somme nécessaire pour terminer le travail. Avant la fin de l'année, l'église fut mise en état de servir au culte (56).

 

Note

(56) La construction de l'église avait été confiée à Jacques Barou, maître maçon de Volonne. En 1703, on acheta et monta une cloche ; il y en avait deux avant la Révolution

 

5° Confréries

 

Montfort avait, en premier lieu, la Confrérie du Corpus Domini ou du St Sacrement, gouvernée par deux marguilliers renouvelables tous les ans. Nous connaissons les marguilliers qui l'ont administrée de 1772 à 1780 : c'étaient invariablement les deux derniers consuls sortis de charge. Cette confrérie possédait, derrière le château, des noyers, dont le produit était destiné à l'entretien de la lampe. La fabrique en jouit de nos jours. Il y avait ensuite la confrérie si répandue du St Rosaire. Messire Tiranny (57), chanoine de Sisteron, missionnaire, prêchant à Montfort, établit celle confrérie dans la nouvelle église, sur la demande des consuls et sur les offres, et non autrement, faites par eux, de se procurer incessamment un tableau du St Rosaire (58), d'assigner un autel, d'entretenir les ornements et le luminaire, aux frais et dépens de la confrérie, et, subsidiairement, de la communauté (délibération du 10 janvier 1699). Cette confrérie avait, comme la première, des marguilliers, mais ils n'étaient pas renouvelés chaque année. Elle avait, en outre, deux prieuresses, nommées également pour un an et pouvant être conservées ou remplacées.

 

Enfin, nous devons mentionner la Confrérie du glorieux St Donat, qui avait, elle aussi, ses marguilliers. Les mêmes gardaient parfois leur charge durant plusieurs années (59).

 

Notes

(57) L'ami intime du Père Berthet, le célèbre fondateur des missionnaires : de Ste Garde, et fondateur lui-même des missionnaires de la Croix, qui fusionnèrent avec les premiers

(58) Le tableau demandé est sans doute celui qui est actuellement à le tribune. L'autel fut érigé aussi, mais il a disparu dans des réparations précédentes

(59) En 1775, les marguilliers Sébastien Corbon et Jean Girard, qui étaient en fonctions depuis 1769, tendirent leurs comptes après avoir fait l'ornement du buste du saint et le tableau et le cadre, et se déchargèrent encore de la somme de 35 livres 16 sols, et de 3 livres et demie de cire. Le tableau doit être celui qui est maintenant dans l'église ; il a été apporté de St Donat. Michel Girard et Joseph Amayenc, successeurs des précédents, firent faire une bannière de St Donat et des portes aux niches de l'église (papiers de la famille Chamberlan)

 

6° Fondations

 

Etienne Corbon, vicaire perpétuel de Montfort, et Claude Corbon (apparemment frère d'Etienne), prêtre et recteur de la chapelle de St Jacques, dans l'église paroissiale de Château-Arnoux, offrent au conseil de lui bailler en pension, présentement, la somme de 1 000 livres, et même celle de 500 livres un peu plus tard, pour les employer au paiement des dettes de la communauté, à la condition de faire célébrer une messe tous les dimanches et fêtes dans l'église nouvellement construite dans l'enclos dudit lieu. Si, par quelque cas imprévu, ce service ne pouvait se faire, les fondateurs veulent que la somme apensionnée soit distribuée, moitié aux pauvres de Montfort, moitié à ceux de Château-Arnoux (60), sous la direction des sieurs vicaire et consuls. Le conseil accepta (15 décembre 1699).

 

Note

(60) Une pièce porte Châteauneuf le Charbonnier ; c'est sûrement une faute. Les frères Corbon étaient originaires de Château-Arnoux, où l'un d'eux avait du service, et où l'autre se relira à la fin de ses jours

 

7° Presbytère

 

Dans sa visite du 25 avril 1672, Mgr Michel Poncet s'était aussi occupé du logement du vicaire. Quelques années après, messire Etienne Corbon demanda qu'en exécution de la sentence épiscopale on lui bâtit une maison curiale et qu'on la meublât, pour une fois, de meubles de bois et de vaisselle.

 

Voici quelle fut la réponse du conseil : Messire Corbon ne peut ignorer que le prieuré de Montfort soit monacal, et par le moins qu'il n'y ait eu par le passé une maison cloastrale, que le prieur, qui est le curé primitif, a dû entretenir ; et s'il s'est voulu abstenir de sa fonction et de faire son service, en fondant un vicaire, il a dû aussi le loger et rétablir la maison cloastrale, qu'il a laissé démolir ... que les précédents vicaires depuis un siècle n'ont jamais recherché la communauté pour la maison curiale ... que ledit messire Corbon a moins de sujet que ses prédécesseurs de faire cette recherche, parce qu'il n'habite pas sur le lieu et ne fait aucun service que de dire la sainte messe le dimanche et qu'après se retire au lieu de Château-Arnoux, et si par intervalles il vient audit Montfort, c'est pour aller à la chasse, tenant chien couchant, et prive par ce moyen les paroissiens de tout secours spirituel. Le conseil ajoute que, pour obliger le vicaire à la résidence, il a inutilement payé les deux tiers de la rente d'une maison (61) (délibération du 6 janvier 1682).

 

Le conseil était bien sévère pour un vicaire qui devait ensuite faire tant de bien au pays et y laisser une mémoire bénie. Disons à sa décharge qu'il adopta plus tard la reconstruction de la maison curiale (délibération du 14 décembre 1687). Le travail fut donné à forfait pour le prix de 300 livres, dont le tiers à la charge du prieur.

 

La terrasse, qui fait le plus bel agrément du presbytère, a été construite sous le vicaire Joseph Isoard. Celui-ci ayant demandé la construction d'une écurie, avec terrasse par dessus, pour entretenir un cheval, à cause des bastides, le conseil vota 100 livres ; mais le vicaire devait faire les avances de cette somme, qui ne lui serait remboursée qu'en quatre ans à partir du commencement des travaux (62). Il paraît que le conseil ne fut pas fidèle à ses engagements, puisque nous voyons messire Isoard demander, en 1746, qu'on paie le travail fait ou qu'on l'autorise à l'achever. Le conseil décida l'achèvement (délibération du 22 mai).

 

Notes

(61) Le prix total de la rente était de six livres !

(62) Délibération du 11 janvier 1734 (papiers de la famille Chamberlan)

 

CHAPITRE VI. Monuments, ruines

 

Les monuments de Montfort, comme on le pense bien, ne sont pas modernes. Tous plus ou moins vieux, les uns ne sont plus que des ruines, et les autres sont fatalement condamnés à le devenir dans un avenir plus ou moins prochain.

 

1° Vieux château

 

La crête du rocher qui porte le village était autrefois couronnée par le château fort (fortalitium), lequel a été détruit à l'époque des guerres de religion par le comte de Carcès, comme celui des Mées. Il était flanqué de plusieurs tours rondes (probablement au nombre de trois), dont on peut juger par les vestiges de l'une d'elles. On voit aussi les restes d'une maçonnerie très épaisse, de forme carrée, que le peuple désigne sous le nom de Poudrière. Tout cela va peut-être disparaître pour faire place à une maison d'école.

 

Près de là, se trouve le nouveau château, qui n'offre rien de remarquable, si ce n'est le millésime de 1574, qu'on lit sur le linteau de la porte Nord.

 

2° Sainte Madeleine

 

Le style de la vieille église paroissiale est de l'époque de transition : l'ogive paraît timidement dans la voûte. Les murs sont ornés d'arcades surhaussées, dont les retombées s'appuient sur les bases des pilastres qui portent les arcs-doubleaux. Au-dessus, court un cordon de pierre, qui sert, en passant, de tailloir aux pilastres ; l'arête inférieure est arrondie.

 

L'édifice a, dans sa plus grande longueur, 16,50 m sur 5 m de largeur. Il n'a que deux fenêtres très étroites : une à la façade, et l'autre au fond de l'abside. A l'extérieur, il est déparé par d'énormes contreforts, irréguliers dans leur forme comme dans leur disposition. La porte est carrée ; au dedans, elle est surmontée d'un arc surbaissé, et au dehors d'un arc en plein cintre formant tympan.

 

Dans ce tympan, apparaissent les traces d'une mauvaise fresque. De prime abord, on reconnaît que la dégradation doit en être attribuée à la main de l'homme plus qu'à la vétusté ou aux intempéries de l'air. Néanmoins on parvient à distinguer le sujet du tableau. Le personnage du milieu est une femme soutenue dans les airs par quatre anges, deux de chaque côté. Nous pensons que l'artiste (?) a voulu représenter sainte Madeleine au moment où les anges la transportaient de la Ste Raume au sommet du Pilon. A droite, sont restées quelques lettres de ces mots : Sancta Maria Madalena ; à gauche, cette date : Anno MCCCCC, XVIll mensis aprilis (l'an 1500, le 18 avril). C'est évidemment la date d'une réparation.

 

3° St Donat

 

La chapelle de St Donat est plus vaste, plus belle et mieux conservée que la précédente. Son style et son aspect la feraient supposer aussi plus ancienne, au moins pour quelques parties. Elle a trois nefs ; mais, dans le plan primitif, elle ne devait en comporter qu'une. Car les arceaux des nefs latérales et les colonnes qui les supportent sont plus récents ; ils semblent avoir été ajoutés après coup.

 

Voici les dimensions de l'édifice : de la porte au fond de la grande abside, 23 m ; largeur totale, 9 m ; hauteur, 12 m sous clef de voûte. Les nefs latérales sont très étroites ; elles ont à peine 1,50 m. Les fenêtres sont nombreuses (6 ou 7), étroites (0,90 m sur 0,25 m à l'extérieur), avec fort évasement en dedans, et ouvertes au midi, excepté celle de la façade, qui est au couchant et géminée. Elles sont toutes cintrées. En outre, chaque abside avait sa petite fenêtre, ouverte ou simulée.

 

Le transept est un peu allongé, ce qui donne à la chapelle une forme imparfaite de la croix latine. La porte est carrée et surmontée d'un arc en plein cintre. Il n'y a trace d'ogive nulle part.

 

L'escalier du clocher est pratiqué dans une tour carrée dossée à l'arc triompha], auquel elle sert de contrefort. Jusqu'à la Révolution, la chapelle de St Donat a été un but de pèlerinage pour la paroisse. Les Vandales de 93 entreprirent de la démolir. Mais ils ne purent qu'enlever le toit et détruire la partie haute des murs jusqu'à la voûte ; encore durent-ils le faire nuitamment, car le jour ils avaient été dérangés dans leur sinistre besogne par quelques courageux chrétiens qui, postés sur les hauteurs environnantes, les avaient délogés à coups de fusil. La chapelle a été restaurée ; mais elle est devenue propriété privée.

 

A quelques pas de cette chapelle, se dresse la carcasse d'une autre plus petite, mesurant à peine 8 m sur 3,50 m. On la croit antérieure à la grande.

 

4° Couvent

 

Si, de la chapelle de St Donat, on porte ses regards vers le levant, au delà du torrent qui vient de Châteauneuf, on aperçoit dans le bois, à une certaine hauteur, un point blanchâtre, qui dit bien peu de chose à ceux qui n'ont pas la curiosité de s'en approcher. C'est encore un reste de vieille chapelle, une partie de l'abside (63). Là, était ce qu'on appelle le Couvent.

 

Le visiteur qui arrive à cet endroit éprouve une vive surprise à la vue de celle vaste excavation qui mesure près de 100 m de tour, avec une profondeur moyenne de 5 à 6 m. Du fond, s'élèvent des arbustes de toutes sortes, avec des figuiers, des chênes, etc, et des pans de murs en ruines.

 

Le creux où règne ce pêle-mêle est taillé sur le dos de la colline, dans une roche de calcaire bleuâtre. Il était rempli par des substructions au-dessus desquelles s'élevait le monastère supposé. C'est sans doute à ces substructions, dont quelques débris nous sont parvenus, qu'est dû le nom de Couvent des Crottes.

 

Le débris le plus considérable est celui où l'on voit plusieurs marches d'un escalier en limaçon fort étroit et, à l'extérieur, la naissance d'une voûte. Un autre morceau de maçonnerie montre quelques assises de pierres disposées on feuille de fougère, et rappelant l'opus spicatum des Romains. Tandis que toutes les vieilles chapelles dont nous avons parlé plus haut étaient parfaitement orientées, celle du couven était tournée vers le Nord. Ses murs latéraux devaient reposer l'un, sur le bord du rocher, ainsi que l'ensemble du chevet et l'autre, sur la plus haute voûte des substructions.

 

Au pied de la montagne, du côté par où l'on peut accéder u couvent, il y a un endroit appelé lou Pont dei mounjas ou mounjés). Sur ce point, le lit du Mardaric est resserré par le rocher. Du côté du chemin actuel, le roc porte les traces non douteuses d'un pont ou passerelle ; de plus, à la suite d'une crue, nous avons trouvé à côté trois ou quatre mètres de vieille maçonnerie mise à jour par les eaux.

 

Tout cela, joint à la tradition, rend certaine l'existence, au temps jadis, d'un couvent qui fut détruit vraisemblablement à la même époque et dans la même circonstance que le village de Ragion, ou plutôt St Donat.

 

Quel était ce couvent ? Qui l'a fondé ? Quels moines l'habitaient ? Etait-ce un monastère proprement dit, ou une maison ospitalière ? Problème historique que nos recherches ne ous ont pas encore permis de résoudre. Peut-être parviendrons-nous à jeter un peu de jour sur cette intéressante question, si nous pouvons mener à terme les fouilles que nous avons entreprises. Les premiers travaux ont amené la découverte de nombreuses tombes, de plusieurs bas-reliefs et autres ornements d'architecture, qui remontent, d'après d'éminents archéologues, au XIème siècle. Nous n'en dirons pas davantage, étant obligé d'y revenir plus tard.

 

Note

(63) Elle a été renversée depuis que nous avons écrit ces lignes

 

CHAPITRE VII. Curiosités naturelles

 

Sous ce titre, nous rangerons deux particularités qui, sans prétendre à l'illustration, méritent qu'on en parle. Ce sont les orgues et un banc de fossiles.

 

1° Banc de fossiles

 

Ce banc, que nous avons déjà indiqué au commencement de notre travail, est remarquable par son étendue : nous l'avons suivi sur une longueur de plus de 6 km sans en avoir trouvé le terme. Il forme la crête d'un coteau qui court du Nord Est au Sud Ouest, parallèlement à celui sur lequel est bâti le village. La couche de fossiles est formée uniquement d'Ostrea Columba, que quelques-uns ont pris pour la Gryphea arcuata. La quantité de ces mollusques est énorme : dans un fragment de moins d'un décimètre cube, nous en avons compté près d'une centaine, variant de la grosseur d'une lentille à celle d'un oeuf de perdrix. Une chose à remarquer, c'est que ces pétrifications occupent dans la roche un espace rigoureusement limité, 0,50 m à 0,60 m d'épaisseur. Hors de ces limites, il est difficile de trouver un seul fossile.

 

2° Sorgues

 

Ce sujet nous ramène dans l'intéressante vallée de St Donat. A la saison des pluies, des sources jaillissent par centaine le long du Mardaric, en aval et en amont de la chapelle, un peu partout : sur le chemin, dans le lit du torrent, sur ses bords et au-dessus, jusqu'à une certaine hauteur. Mais, pour que le phénomène se produise, il faut des pluies excessives. Il y a cinq ou six ans qu'on ne l'avait pas vu.

 

Durant l'automne de 1882, les sorgues ont coulé deux fois. La pluie torrentielle du 27 octobre, qui amena la terrible crue de la Durance, détermina aussi l'apparition des mystérieuses sources. La pluie avait cessé de tomber vers le milieu de la nuit ; les sorgues commencèrent à couler le lendemain matin à dix heures. Les plus basses en niveau se montrèrent les premières, puis les autres, successivement, jusqu'aux plus élevées. Quelques-unes débitaient un volume d'eau considérable ; toutes ensembles, environ deux mètres cubes. Pour exprimer que les sorgues coulent ou ne coulent pas, le peuple, dans son langage simple et expressif, dit qu'elles veillent ou qu'elles dorment.

 

Elles ont eu veillé, dit-on, plusieurs mois. Cette fois, elles se sont endormies de bonne heure. Le 3 novembre, elles avaient baissé de moitié. Le 7, la plus basse et l'une des plus abondantes., qui sort dans le lit du Mardaric, continuait seule couler, mais assez pour former encore un cours d'eau infranchissable à un piéton. A son tour, elle s'endormit dans la nuit du 8 au 9 ; elle avait coulé 12 jours. Le 15 décembre, après de nouvelles et abondantes pluies, les sorgues ont fait une nouvelle apparition, pour se rendormir près une veille d'une dizaine de jours.

 

Vers la mi-février, nous avons été témoin d'un phénomène inverse. Nous avons dit que la plus basse sorgue a sa bouche ans le lit même du Mardaric. A cette époque, le torrent, ordinairement à sec, avait été alimenté par quelques journées de pluie, et ses eaux entraient avec avidité par l'ouverture de la sorgue restée béante. Il restituait ainsi à l'invisible réservoir souterrain une partie des richesses qu'il en avait reçues. D'après ces observations, on voit que ces sources ne méritent pas le nom d'intermittentes, au moins dans le sens généalement attribué à ce mot. Davantage, l'eau n'est pas salée, quoi qu'on en ait dit. Sa température, à l'orifice des sorgues, était de 14°, tandis que celle des cours d'eau voisins était à peine de la moitié.

 

Les explications locales qui ont été données jusqu'ici de ce phénomène ne nous semblent pas satisfaisantes.

 

Note rectificative

 

Le chapitre II de ce travail était imprimé quand nous avons pu voir le texte original de la charte indiquée à la page 11. C'est une enquête sur les droits d'albergue du comte de Forcalquier. Le passage qui concerne Montfort doit être rétabli ainsi :

 

où a été bâti naguère le lieu de Montfort (in loco in que castrum modo situm est Montisfortis).

 

Cette lecture, toute différente qu'elle soit, nous conduit aux mêmes conclusions. En effet, ce texte, que nous avions appliqué à la localité de St Donat, se rapporte au lieu actuel de Montfort. Sur ce point, aucun doute n'est permis. Non seulement Eousière est un nom commun qui peut s'appliquer à tout quartier complanté de chênes-verts, comme il y en a un près de St Donat, et aussi sous le village de Montfort, du côté de la Durance ; mais ici le quartier est précisé par la désignation d'une limite, le riou de Verseylle, appelé aujourd'hui plus couramment le vallon du Fournas. II s'agit donc bien du Montfort actuel.

 

D'autre part, l'auteur de la charte faite remarquer en passant que ce castrum a été bâti à une époque récente (modo situm est). Or, cela nous conduit à nos premières déductions. C’est-à-dire que le vieux Montfort (St Donat) a été détruit depuis peu, ou que le nouveau a été bâti naguère, le même raisonnement peut en être tiré, puisque la disparition de la première localité a amené la construction de l'autre.

 

Aux preuves déjà données, ne pourrions-nous pas ajouter une probabilité de plus, tirée de l'indication de limites que nous fournit la même charte ? Au milieu du XIIème siècle, le terroir de Peyruis venait jusqu'au riou de Verseylle (homines de Petrosio colebant proedia, nomine territorii ejusdem casri (de Petrosio) usque ad predictum rivum (de Verseylle) ; et comme Château-Arnoux avait la même limite, le terroir de Montfort se trouvait excessivement réduit du côté de la Durance, qu'il ne confrontait pas, tout rapproché qu'en est la village. Une telle délimitation, assez inexplicable pour quiconque connaît le pays, se comprend facilement, si l'on admet que Montfort était un nouveau venu et qu'antérieurement il était plus éloigné de la rivière.

 

Si cette preuve n'apporte pas une grande force à notre thèse, du moins les autres restent intactes.

 

PIÈGES JUSTIFICATIVES

 

I. Noms des quartiers

 

SECTION A, DES FOURNIEUX. — Belle-Etoile ; Combe de saint Donat ou Vieille Combe, suivie jadis par la voie romaine ; Pas doù Vése (Pas de l'Osier) ; Pas de la Figuicro (Pas du Figuier) ; Vallon du Buis ; Coulet des Juans ; Louvière, ou mieux L'Eouvière, de eouve ou couse.

 

SECTION B, DES CHAMANS.— Constances ; Pré Long ; La Nouvelle Combe, suivie par la nouvelle route, laquelle à son tour a été remplacée par celle du Plan ; La Garde ; Pré de la Cour, faisant partie du domaine de la cour des comtes de Provence ; Melez, sic dans le plan cadastral, mais le peuple dit les Moulets ; Bellet, Aco de Bellet ; Marinier, Marini dans le plan ; Esclapes ; La Barrière (ce nom vient peut-être de la barrière ou palissade qu'on avait élevée durant la peste de 1720) ; Jas de Sivis (dans le cahier d'allivrement, on lit Jas de Silvy, et Jas de Silvis) ; Pou fige ou Ponfige, et peut-être Font pige, comme nous avons trouvé une fois ; Chantepouline, ou Chantepauline, ou peut-être Champ de Pauline ; Patarète ; Pré-Clos ; Pivachier ou Puyvachier ; ND ; Pas de Soupète ; La Nation (biens seigneuriaux qui furent déclarés de la nation).

 

SECTION C, DU PLAN. — Jas Vieux ; Font de Mari ou d'Amari ; Les Alexis ou Longues Socques (longues vignes) ; La Cadenière ; Eychour ou Eyssour, sans doute à cause d'une sorgue qui jaillit dans ce quartier ; Vigne Roumette ; Broule ; Les Gréses (terrain grès, d'alluvion) ; Redortier ; Croix du Moulin ; Plaine de l'Hôpital.

 

SECTION D, DES TOURDEAUX. — Molières ; Chantemerle ; Vallon de Gravin, d'Aigrevin dans le plan ; Vigneron ; Lousière (eousière) ; Font l'Eousière ; Pré l'Intra ou de l'Intrat ; Gouerja doù Meou (Gorge du Miel) ; Vérinhosc ; Chapollet.

 

L'inventaire fait par les maîtres rationaux en 1378, et que nous donnons ci-après, désigne les quartiers de : La Condamine, la Draye, la Coste, le Colet, la Casse (de Château-Arnoux).

 

II. Inventaire des droits et des biens possédés à Montfort par la cour de Provence, en 1318 (64)

 

Note

(64) Le texte original est en latin. Nous le traduisons et y ajoutons des numéros pour donner plus de facilité au lecteur

 

L'an de Notre Seigneur 1378, et le 10 du mois d'avril, sont arrivés à Montfort les susdits commissaires (Hugues Bernard et Mathieu Guiramand). Ainsi que l'avait déjà constaté maître Mathieu Guiramand, ils ont trouvé que la cour possède dans cette localité les biens ci-dessous désignés, qui appartenaient jadis au duc d'Andrie (François de Baux) :

 

Et d'abord, un château, solidairement avec ledit lieu (fortalitium in solidum cum dicto castro), avec toute la juridiction du mère et mixte impére. Ce château contient le mobilier que voici :

 

Dans une chambre. — 1° Un grenier pour le blé, de la capacité de 100 setiers ; 2° un autre de 50 setiers ; 3° quoddam serinerium (?) ; 4° un autre serinerium avec une petite caisse ; 5° un petit cuvier (tinellum) ; 6° quatre mesures pour le blé ; 7° une arbalète avec un baudrier ; 8° une épée avec un bouclier ; 9° deux chapeaux de paille de Pampelune (?) (capelli panpalone) ; 10° trois plats de peu de valeur ; 11° une boîte contenant divers papiers ; 12° un dressoir pour la vaisselle (dreyssatorium).

 

Dans la salle. — 1° Un pétrin (mastra) ; 2° une poële à frire, avec deux crémaillères en bon état (una sartago, cum duobus bonis cumasclis) ; 3° une broche (aste) ; 4° un escabeau pour s'asseoir, avec une grande table et deux petites (tauleyronis) ; 5° une paire de vieux bancs.

 

Dans la dépense. — 1° Trois coffres sans couvercles ; 2° deux ais ; 3° une paire de chaînettes ; 4° une marmite (quoquobum) de médiocre valeur.

 

Dans le cellier. — 1° Une table à manger ; 2° deux cuves pour les raisins (Une bulhetorie) ; 3° quatre vases (ou fûts) vides ; 4° les douves d'un fût (dogannam uniusvasis) ; 5° une grande marmite (ou chaudron).

 

Dans la salle de dessus. — 1° Un cuvier sans valeur ; 2° un brassard (?) de cuir pour porter les lances (ou piques).

 

En outre, la cour possède les droits et biens suivants :

 

1° Le droit de fournage, qui se vend communément 3 florins.

2° La cour avait jadis un moulin qui maintenant est détruit ; c'est pourquoi les gens (gentes) vont moudre près de Sisteron.

3° Les droits de leyde et des bans, qui se vendent 1 florin.

4° Le droit de tasque, qui se vend 30 ou 40 setiers.

5° Des corvées, de la manière suivante :

Celui qui a des boeufs doit deux corvées pour semer le blé, et une pour l'avoine.

Chaque homme doit une corvée pour bêcher les vignes du seigneur, et une pour récolter les foins, c'est-à-dire que quiconque a une faux doit une corvée pour faucher les prés de la cour, pourvu qu'il sache faucher (si tamen sciat sequare) ; une corvée aussi pour la moisson, et une pour la vendange.

La cour est tenue de donner du vin à ceux qui font les corvées.

6° La communauté donne pour la taille, chaque année, à Noël, 20 florins d'or de Florence.

7° Tout homme possédant une charrue, c'est-à-dire deux boeufs, donne à la mi-août, deux setiers de blé annone, mesure de Sisteron, et quatre hémines d'avoine, entassées (comolas) et mesurées comme pour le bladage dans le pays (ad mensuram blasagii dicti castri).

8° Celui qui n'a qu'une demi-charrue, c'est-à-dire un boeuf, donne un setier d'annone, deux civadiers et deux hémines et demie d'avoine, même mesure que ci-dessus.

9° Les brassiers paient un setier d'annone, et deux hémines d'avoine.

10° Quiconque a une maison doit donner, chaque année, à Noël, une bonne poule et autant de pain qu'il en faut à un homme dans un repas.

11° La cour a le droit de chasse dans le bois dit au Jans (?), droit qui se vend 2 florins, et le droit sur l'herbe appelée loros (65), un demi-florin.

12° Le droit de pulvérage sur tout troupeau de bêles à laine (grege averis lanati) allant paître en Provence : un mouton, quand il descend, et un chevreau ou un agneau à son retour dans la montagne. Mais ce n'est censé un troupeau que quand il y a plusieurs chiens et plusieurs bergers (et est sciendum quod vocatur grex averis quum ibi sunt plures canes et diversi pastores).

13° Une vigne de 80 fosserées, sise au quartier de Pivachier (puay vachiar).

14° Une maison qui appartenait à Philippe Paradis et qui est dévolue à la cour pour cause d'homicide.

15° Un pré de deux setérées, derrière le village.

16° Non loin de là, un autre pré de huit setérées.

17° Un autre de quatre setérées. Le revenu de ces prés a toujours servi à l'usage de la maison.

18° Diverses ferrayes (66) qui suffiraient pour une bonne charrue de quatre boeufs.

19° Divers services en argent, au sujet desquels il n'y a pas d'état particulier indiquant pourquoi ils ont été établis. Ils s'élèvent à 40 sous 2 deniers et 1 obole de coronats. Nous donnons plus bas la liste sommaire des personnes qui les paient.

20° Des services en blé pour lesquels il n'y a pas non plus d'état. Ils se paient à la mi-août et rendent 14 setiers d'annone.

21° Isnard Girard paie la tasque d'une vigne sise au quartier des Alexis (Alixiorum).

22° Jacques Girard paie le même droit pour deux vignes situées au même quartier.

23° Monet Rodolphe fait le cinquième des fruits d'une vigne située au même quartier.

 

La cour n'a pas, à Montfort, de chevauchées ou droits comtaux, ni de péage. Cependant les droits et revenus de ce lieu, tous ensemble, ne sont inquantés (vendus à l'encan) que 60 florins, lesquels, d'après l'enquête, n'en valent pas 80 de la monnaie courante.

 

Enfin, nous avons trouvé au château, chez Pierre Rostan, qui doit en rendre compte, la quantité suivante de grains provenant de la récolte de l'an passé et de celle de l'année présente : à un endroit, 497 setiers de blé annone ; 8 setiers de seigle (consiliginis) ; ailleurs, 151 setiers d'annone ; 47 d'épeautre (speute), et six de gessette (garorarum).

 

Suivent les propriétés :

 

1° Une ferraye de 67 héminées, appelée la Condamine, sous le village, confrontant de trois côtés le chemin public, et, de l'autre, la terre de Bertron Silvestre.

2° Près de là, une terre de 24 setérées ou environ, appelée la Draye, confrontant le chemin sur trois côtés, et, de l'autre, la terre d'Isnard Rostan.

3° Une terre de 5 setérées, appelée la Coste, derrière le village, confrontant le chemin et le pré de la cour.

4° Tout près, une terre de 7 setérées, appelée le Pradal, confrontant le pré de la cour et h terre de Guillaume Chabrier.

5° Une terre de 9 setérées, sise au Colet (al Colet), près du chemin et de la terre de Pierre Quiblier.

6° Une terre de 5 setérées, au quartier de Chamans (en Chamans), confrontant le défens de Chamans et la terre de Pons Girard.

7° Tout près, une terre de 3 setérées, confrontant le chemin qui va à Chamans et la terre de Pons Girard.

8° Une terre de 18 setérées, appelée lo Casert, sise au champ de Bérenger (in campo Berengerii), près du chemin public et de la terre d'Isnard Bérard.

9° Une terre de 5 selérées, sise au quartier du Moulin, près du riou de Verzelha et du chemin public.

10° Près de là, une terre de 60 selérées, appelée la Casse, sur le terroir de Château-Arnoux, confrontant le chemin et le même riou.

11° Une terre de 20 setérées, sise sur le même terroir, au quartier de Pralonlt confrontant ledit Pré-Long (Pratum lont) et la terre d'Isnard Silve.

12° Une terre de 60 setérées, appelée la Condamine de Rore bel, sur le terroir de Peyruis (Peyruays), près du chemin el de la Condamine du Puy (67).

13° Une terre de 3 setérées, sur le même chemin, au-dessous de la Blache (subtus Blacham), confrontant Isnard Bérard et Pierre Mathieu.

14° Au même quartier, une terre de 5 setérées, confrontant Durand Bues (Buas) et Pierre Bonnet.

15° Encore sur le terroir de Peyruis, quartier du Moulin-Vieux (al Molin vial), une terre de 9 setérées, confrontant Bertron Sauvestre et le moulin,

16° Quelques terres gastes qui ne sont ni labourées ni cultivées, et qui ne l'ont pas été de longtemps.

 

Voici les noms et prénoms des personnes qui paient des services, d'après la relation faite par Pierre Rostan, qui passe pour être le mieux au courant des droits et biens de la cour, vu qu'il recueille lesdits services depuis vingt ans et plus, bien qu'on ne trouve pas trace de reconnaissances faites durant ce temps.

 

Et d'abord ceux qui paient des services en argent, à St Michel :

 

Bertrand Tumie (Tumin ?), 22 deniers.

Barthélémy Tumie, 4 deniers coronats.

Raybaud Bonardel, 6 deniers coronats.

Isnard Girard, 7 deniers et 1. obole.

Michel Chabrier, 11 deniers.

Isnard Rostan, 3 sols.

Reymond Rodolphe, 23 deniers.

Isnard Silve, fils de Raymond, 3 sols 5 deniers et 1 obole.

Jacques Chanosse, 14 deniers.

Guillaume Chabrier, 6 deniers.

Raymond Imbert, 5 deniers.

Sanche (Sancia) Chanosse, 8 deniers.

Vincent Mirabeau, 6 deniers.

Guillaume Augier, 12 deniers.

Isnard Chabrier, 20 deniers.

Jacques Bremond, 20 deniers.

Pierre Chabrier, 12 deniers.

Isnard Gille, fils de Pierre, 2 sols.

Jacques Girard, 2 sols.

Pierre Rostan, 4 6 derniers.

Isnard Escudier, 3 sols.

Huguette (Huga) Escudier, 1 obole.

Guillaume Arnoux, 6 deniers.

Nicolas Bellon, 3 deniers.

Les héritiers de Martin Bellon, 3 deniers.

Pierre Quiblier, 42 deniers.

Hugues Gaysole, 43 deniers.

 

Voici ceux qui paient des services en blé, à la mi-août :

 

Jean Mirabeau, 1 civadier.

Vincent Mirabeau, 5 civadiers.

Jacques Girard, 4 civadiers et demi.

Raymond Imbert, 1 setier.

Bertrand Rostan, 2 civadiers.

Isnard Chabrier, 1 setier et un demi-civadier.

Pons Girard, 3 civadiers.

Jacques Bermond (ou Bremond), 2 setiers et un demi-civadier.

Isnard Girard, 2 civadiers et demi.

Isnard Silve, fils de Pierre, 4 setier et 3 civadiers.

Pierre Mirabeau, 1 setier et un demi-civadier.

Isnard Rostan, 2 civadiers.

Sanche Chanosse, 3 setiers.

Isnard Escudier (68), 3 civadiers.

Huguette Escudier, 3 civadiers.

Raymond Rodolphe, 2 civadiers.

 

Nous avons trouvé enfin 333 setiers de blé annone provenant du premier van, 70 du deuxième, 14 du troisième, et 14 de rebut. Le tout s'inquante 80 florins par an (69).

 

Notes

(65) Nous pensons qu'il s'agit d'une espèce de sumac bon pour la teinture ou la tannerie, probablement le fustet

(66) Terres pour faire du fourrage

(67) Podii, très probablement Puy-Oisin ou Piozin, localité détruite qui se trouvait entre Augès et Peyruis

(68) Scutifer ; plus haut, il est appelé Isnardus Escuderii, comme un autre est appelé Silvestre et Sauvestre

(69) Archives des Bouches du Rhône, B. 182

 

III. Extrait des comptés du clavaire (1378)

 

Le clavaire ou percepteur était Jean de Jarente, successeur de Mathieu Guiramand. Entre autres recettes figurent les suivantes :

 

1° Pour le prix de l'herbe appelée lo ros, 12 sols.

2° Pour le service des poules, à savoir pour 24 poules, suivant le nombre de feux qui a été trouvé à Montfort, non compris le bailli (juxta numerum focorum repertorum ibidem, excluso baiulo) ; pour chaque poule, y compris le service du pain, 18 deniers. Total : 2 florins 4 sols.

3° Pour la taille, 20 florins de Florence, valant 23 florins 5 sols et 4 deniers de la monnaie courante.

Quant aux dépenses, ce sont, en grande partie, des journées de travail faites dans les terres de la cour. On y voit que les hommes et les femmes recevaient indistinctement 2 sols 10 deniers par jour pendant la moisson, quelquefois moins ; 46 deniers pour charrier, fouler les gerbes, vanter le blé (pro berriando, garbiando, calcando, ventando blada). Le clavaire a donné un setier de blé pour laver la cuve des raisins et y porter de l'eau (pro lavando tinam et aquam ducendo ad ipsam tinam) ; 10 sols de Provence par jour, y compris la nourriture, à celui qui a vanné le blé ; 4 deniers par jour à chaque homme de corvée ; 16 sols 6 deniers de Provence, pour la nourriture des hommes qui faisaient les corvées. Enfin le clavaire a gardé pour ses gages la somme de 75 florins, plus 5 florins pour avoir fait le compte de l'année courante (pro positione rationis) (70).

 

(70) Archives des Bouches du Rhône, B. 1633, f ° 66 pour les recettes, et 94 pour les dépenses

 

IV. Donation des régales

 

Louis II, par la grâce de Dieu roi, etc, considérant les services à Nous rendus par magnifique Foulque d'Agout, seigneur de Forcalquier, Notre chambellan, conseiller et bienaimé féal, et par magnifique Phanette d'Agout, son épouse, et par Raymondet d'Agout, seigneur de Sault, leur fils, chambellan, page (servitorem conlinuum) et commensal de Notre illustre et très-cher fils, Notre premier-né, Louis, comte de Guise ...., donnons, concédons aux mêmes, père, épouse et fils, et à leurs héritiers, ensemble et séparément, par pure libéralité et par grâce spéciale, les régales hautes et basses qui existent dans leurs propres lieux, terres, châteaux ou localités suivantes, à savoir : Forcalquier ..., Ongles ..., Montfort..., avec toutes juridictions, etc.

Donné en Notre ville d'Aix, l'an du Seigneur 1 441, le dernier jour du mois de septembre, Ve indiction, de Notre règne le 27e (71).

 

(71) Archives des Bouches du Rhône, B. g, f ° 221

 

V. Location de la boulangerie « panaterii » pour la communauté de Montfort (8 avril 1540)

 

Les préliminaires de cet acte sont en latin, et le reste est en patois de l'époque.

 

Jean Silve et Pierre Rostan, syndics de Montfort, au nom de la communauté et avec l'agrément du conseil, louent maître Damien Bremond pour fournir du pain à la communauté d'ici à St Jean Baptiste.

 

« Soys de tenir de pan de annono cum pactis subtus (aux conditions ci-dessous) :

Que la villa li bayta de présent sinq saumadas de annono per pres de cinquanta florens, soys des florins per saumada, losquals sinquanta florens ledit Me Damian deu pagar a sanct Juhan Baptista.

Hem deu vendre la heure dau pan tant que lasd. Cinq saumadas duraran, miech gros per lieura, et quant lasd. Cinq saumadas auran fin, vendra la lieura dou pan, soys fin a doze florins et miech la saumada, a micch gros per lieura.

Item, quant passara doze florins e miech la saumada, nou deniers la lieura et ausar lo pres de la lieura segond lo cors dou bla, et aussi bayssar si lo bla bayssava, tara per tara.

Item sera tengut de tenir, provesir lo luoc de pan de annono suffisant, a dicho de dous homes de ben dau luoc, et jurara ben allea (?) durant lod. terme deysi a sanct Juhan.

Item sera tengut faire lo pes, sos pena que lo pan sera confiscat ».

 

Fait dans la maison Girard, témoins : A. Reguis, de Chateau-Arnoux, et Anth. Lieutaud, fils de François, de Châteauneuf.

« 1542, e le XXVII de may, la précèdent nota a este canselee de voloyr de Juhan S, de Laugier Richaud, sandicz modernes de Montfort ».

(Notaire, G. Fulconis, 1540, f ° 51. Etude de Me Toppin, à Volonne)

 

VI. Recensement de la population

 

Ce tableau n'a pas de date ; mais il est de 1695, à une année ou deux près. Nous le donnons tel quel, avec son ordre et sa classification. Les chiffres placés après les noms indiquent l'âge.

 

Etienne Corbon, vicaire perpétuel, 45 ans.

Olympe Bosonnier, veuve de Cornand. Ses enfants : Charles, 25 ans ; Moïse, 18 ; Marguerite, 22. Un valet, André Astier ; une servante, Françoise N.

Sébastien d'Abon. Ses enfants : Joseph, 24, Camille (fille), 21, et Geneviève, 20.

 

Rentiers, mégers

 

1. Barthélémy Girard, fermier de Mmee de Montfort (Ol. Bosoier). Sa femme : Louise Reymond. Leurs enfants : Jean, 2 ; Louis, 8 ; Marguerite, 18, et Catherine, 14.

2. Antoine Rogier, autre fermier de Mme de Montfort. Sa femme : Madeleine Gaubert. Leurs enfants : André, 15 ; François, 13 ; Claude, à la mamelle, et deux filles de 40 et 7 ans.

3. Gaspard Bonnet, fermier de M. des Pilles. Sa femme : Anne N. Leurs enfants : Pierre, 20, marié avec N. Boyer ; Lazare, 6 ; Cécile, 9.

4. Dominique Ferrand, deuxième fermier de M. des Pilles. Sa femme : Pèlerine Richaud. Leurs enfants : Thomas, 2 ; Jacques, à la mamelle. Un valet : Gaspard Girard, de Châteauneuf.

5. Jean Gautier, troisième fermier de M. des Pilles. Sa femme : Catherine Richaud. Leur enfant : Balthazar, à la mamelle.

 

Ménagers

 

1. Gaspard Maurel. Sa femme : Marie Reymond. Leurs enfants : Louis, 6 ; Barthélémy, à la mamelle ; Françoise, 2 ; Suzanne, 9.

2. Louis Silvi. Sa femme: Honorade Sumian. Leurs enfants : Léon, 22 ; Gaspard, 49 ; Mathieu, 46 : Jean Pierre, 2 ; Sébastien, 9 ; Charles, 7 ; Jeanne, 44 ; Louise, 5.

3. Toussaint Chamberlan. Sa femme : Madeleine Sumian. Leur fils : Gaspard, 25, marié à Victoire Chabrier ; un garçon issu de ce deuxième mariage.

4. François Girard. Sa femme : Marie Gaubert. Leurs enfants : Jean, 20 ; Catherine, 45 ; Jeanne 42.

5. Gaspard Girard. Sa femme : Jeanne Girard. Leur fille : Madeleine 48. Leur belle-fille, veuve avec trois enfants.

6. Pierre Rounin. Sa femme : Hortense Girard. Leurs enfants : Jean-Antoine, 25 ; François, 42 ; Gaspard, 40 ; Jean, 8 ; Jacques, à la mamelle ; Marguerite, 20 ; Françoise, 18 ; Marthe, 6.

7. Jean Reymond. Sa femme : Honorade Maurel. Leurs enfants : Antoine, 15 ; Jean, 42 ; Claude, 8 ; Gaspard, 6 ; Anne, à la mamelle.

8. Melchior Magnan. Sa femme : Claudette Reymond. Leurs enfants : Louis, 25 ; François, 20 ; André, 45 ; une fille de 42 ans. Melchior Magnan avait, en outre, un frère célibataire : Arnoux, 40.

 

Travailleurs

 

1. Jean Antoine Bonnet. Sa femme : Anne Reymond. Leurs enfants : Jean, 42 ; Françoise, à la mamelle.

2. Louis Girard. Sa femme : Louise Raimond. Leurs enfants : Claude, 25 ; Martin, 48 ; Marc Antoine, 42 ; Hélène, 42.

3. Gaspard Chabrier. Sa femme : Marie André. Un enfant à la mamelle.

4. Louis Girard, fils de François. Sa femme : Françoise Gaubert. Leurs enfants : Catherine, 5 ; Jeanne, à la mamelle.

5. Biaise Amayene, valet aux Mées. Sa femme : Anne Sumian. Leur fille : Honorade, à la mamelle.

6. Louis Rey. Sa femme : Honorade Raimond. Leur fille : Françoise, 4 4.

7. Jean-Louis Roux. Sa femme: Catherine Gaubert. Leur fils : Claude, 12.

 

Veuves de travailleurs

 

1. Claire Arnaud, veuve de Jean Astier. Ses enfants : Claude, 20 ; Jean, 18.

2. Françoise Reymond, veuve de Jean Maurel. Ses enfants : Pierre ; Marguerite, 20. Pierre a épousé Claire Tiran, dont il a une fille à fa mamelle.

3. Esprite Magnan, veuve de Jean Boyer. Ses enfants : Charles, 24 ; Roch, 20 ; Suze, 42.

4. Françoise Girard, veuve de Gaspard Chabrier. Ses enfants : Jean, 20 ; Suzanne, 45 ; Jeanne, 12 ;

5. Isabeau Magnan, veuve de Sébastien Aslier. Ses enfants : Toussaint, 26 ; André, 23 ; Jean, 20 ; Baptistine, 17 ; Suzanne, 15.

 

Mendiants

 

1. Gaspard Selon. Sa femme : Madeleine Reymond. Leurs enfants : Jean, 8 ; Angélique, 12 ; Françoise, 5 ; une troisième fille à la mamelle.

2. Anne Amayenc, veuve de Noël. Ses enfants : Honorade, 45 ; Françoise, 10.

3. François Lieutard, veuf. Ses enfants : Georges, .10 ; Guillaume, 5 ; Catherine, 20 ; Jeanne. 15 ; Anne, 12.

 

A la ferme de M. Franc, bourgeois de Peyruis : Louis Rey, laboureur ; Antoine Brunet, berger ; Gaspard Bonnet, porcher, et Lucrèce Rabanin, servante.

 

(Archives municipales de Montfort)

 

VII. Formation d'un corps de volontaires (10 juillet 1991)

 

Monfort, district de Sisteron (département de Basse Alpes)

 

« Immédiatement après que la munisipalité de cette commune de Montfort a receu le troixs du courant unne letre des messieurs les aministrateurs conposant le diretoire du département des Basses-Alpes datee du premier jeullet mil sept cent nounente un, amsemble un décret de lassemblee. nationalle du veingt un jeuin 1791 qui ordonne qui soit établi un registre à la meson commune qui servira a l'inscristion de tous les citoyens qui se présenteront et même ceuxs qui composent les conpanies établies par notre proclamations du sixs décembre 1790 et que le présent décret a eté publié chaque jour jeusques au dimenche suivant comme est dit par la présente letre du département.

« Ce jourdhui mil sept cent quatre veingt onze dixs jours du moys de jeullet, nouns avons formé un corps de volonteres pris sur la totalité des gardes nationalles soit des hommes mariés ou garsons qui sera mentioné son âge et profftion.

« La garde nationalle du royome sera misse an nativité suivant les disposition énoncée dans les articles ci âpres.

« An concequence tout citoyen et fils du citoyen an état de porter les arme et qui voudra les prendre pour la defence de letat et le mentient de la constitution se fera inscrire, immédiatement après la publication du présent décret dans sa munisipalité, laquelle se conformera auxs articles mentionés et conformés du décret daté comme est dit si dessus an date du veingt un jeuin 1791 ».

 

Suit la liste de 42 hommes, dont 26 mariés. Puis le document finit ainsi :

 

« Nous maires et offisiers munisipauxs de cete commune de Monfort, nouns avons fait le resgitre comme est dit par le decret de l'assemblée nationalle du 21 jeuin 1791 et pour renplir les ordonnences nouns avons trenscrit sur le présent, registre tous les hommes et garsons qui compose la garde nationalle de cette commune de Monfort suivant le regitre et proclamation du sixs décembre 1790, issi tous les citoyens mariés et garsons issi presans nous ont declare que lors de la fédération du quatorze jeullet 1790 qui ont preté le serment de soutenir et de mentenir la constitution comme est dit par assemblée nationalle et sentionee par le roy et de prendre les armes au premier signal pour obeir a l'ordonnence, et nous sommes soussigné qui a seu ».

 

Chamberlan, maire, J.-B. Amayen mp, Gallissian, Noël Roux, Joseph Ronin, M. Girard, Chabrier, J.-L. Chabrier, Mathieu Rous, Etinen Chamberlan, Girard, S. Corbon,

 

« Nous Sebastien Corbon, comandant de la compagnie des gardes nationalles de ce lieu de Montfort cejourdbuit quatorze novembre mil sept cents quatre vingts onze en présence du corpts municipal et de tous les citoyens ici asambles je me décharge a la charge dont ma etté confiée et sougette (72) que mon seuseur (73) remplise son devoir avec touttes les réquisition possible, et tout de suite a etté nomé pour mon seuseur Donna Chabrier provisoirement ».

S. CORBON, officier mp

 

(Archives municipales de Montfort)

 

Notes

(72) Souhaite

(73) Successseur

 

VIII. Fêtes révolutionnaires

 

1° Décadis.

 

« Liberté. Egalité.

« Du vingt pluviose an sixs de la république frenseze une, indivisible, la munisipaiité de cete commune de Monfort a invité tous les citoyens de célébrer la faite de decadis ou il sera plante larbre de la liberté qui vivasse de même sera fait la rejouissence de la pais faite avecq lanpereur ce même jour tous les citoyens se sont rendeus au lieu destine ou a été planté larbre de liberté aveq ces rasines afin qui vivasse, après il a été chanté des hinnes patriotiques et vive la liberté de suite il a eté fait un feu de joy pour célébrer la faite de la pais faite avec lenpereur ou il a été fait des farendoltes an criant au tourt de larbre de la liberté vive mille et mille fois la republique vive convention et le diretoire vive le general bonne parte, vive nos braves armées et les conquetes faites dans l'italie et vive le dixs-huit frutidor et vive la république »

 

CHAMBERLAN, agt mp.

 

2° Souveraineté du peuple

 

« Du trente ventose an sixs de la republique frenceze une, indivisible suivant la loy du treze pluviose dernier an sixs article premier qui ordonne que la faite de la souverenete du peuple sera célébrée le trente ventose dans toutes letendue de la republique par l'article troixs de la même loy la munisipalité auret choisi douze citoyens parmi les pleus âgés et concelibateres, que ces douze pleus ansiens auret nomé quatre jeunes gens qui ont porté une baoniere a la main, par larticle quatre de la meme loy une anseinte a été forme et sous larbre de la liberte a été élevé un autel de la patrie entoré de verdure et surmonté dun drapeau tricolor le livre de la constitalion a été plassé ; sur lautel il a été chante des hinnes patriotiques et a été fait la leture de la proclamation du diretoire de même les villars (74) ont marche portant a la main une baguete blanche les jeunes gens ont depose leur bannières du coule de lautel et les ansiens dages ont réuni leurs baguetes an un faisau et Ion lié avecq un ruban tricolor, un des veillars a monté sur le degré de lautel et a prononsé la sovereneté du peuple est inalieanable, le prinsipal fontionere publicq dans lordre constitutionel a repondu le peuple a seu par son courage reconqueri ces droits trop lontems meconnu et tout le contenu de larticle, un des veillars ses avencé et a demendé que la proclamation du diretoire soit reinprimee et envoyée auxs instituteurs afein qui soit gravee dans la mémoire de ses élevés, il a été fait une fontene de vin afein daregre (75) le peuple, lapres midi le veillars ont dresé le bal de la dense et le peuple a fait des farendolles sur le soir a eté fait un feu de joy à loneur de la faite.

A Monfort le trente ventose an sixs de la république frenseze une, indivisible ... »

 

CHAMBERLAN, agt mp.

REYNAUD, adjoint.

 

(Archives municipales de Montfort)

 

Notes

(74) Vieillards

(75) D'allegrare, réjouir

 

IX. Liste des consuls et des maires

 

1° Consuls connus

 

1540. — Jean Silve, Pierre Rostan.

1542. — Juhau Sensaudy (?), Laugier Richaud.

1547. — Jean Girard, François Girard.

1550. — Pierre Rostang, Antoine Chabrier.

1560. — Damian Jourdan

1587. — Pierre Chabrier, David Magnan.

1588. — Antoine Girard dit Carquois, Joseph Girard.

15S9. — Antoine Girard dit Bovet, Joseph Girard.

1590. — Jean Chabrier, Mary Rabanin.

1593. — Pierre Chabrier, Pierre Roustan.

1594. — Damian Ricaud, Jean Ricaud.

1599. — Jean Chabrier dit Gros,

1600. — Jean Lombard, Jean Chevaly,

1607. — Damian Ricaud, Michel Magnan.

1608. — Jean Ricaud, Jean, Girard.

1609. — Franc Chevaly,

1610. — Gaspard Richaud,

1614. — Michel Silvy,

1612. — Mary Rabanin, Pierre Chabrier.

1613. — Marcellin Girard

1614. — Michel Silvi,

1617. — Jean Girard, Michel Silvy.

1618. — Marcellin Girard, Pierre Girard.

1620. — Michel Silvy

1621. — Gaspard Richaud, Joseph Ricaud.

1622. — Marcellin Girard,

1623. — Michel Silvi, Jean Ricaud.

1624. — Gaspard Richaud, Jean Ricaud dit Besson.

1625. — Pierre Girard, Pierre Magnan.

1626. — Marcellin Girard, Jean Chabrier.

1627. — Jean Ricaud, Gaspard Richaud.

1628. — Pierre Girard, Jean Ricaud.

1629. — Joseph Ricaud, Pierre Magnan.

1630. — Michel Silvy. Honoré Sumian,

1633. — Jean Girard,

1634. — Pierre Girard, Joseph Ricaud.

1637. — Pierre Girard, Jean Magnan.

1638. — Pierre Girard, Jean Magnan (?).

1639. — Jean Magnan, Pierre Sumian.

1640. — Claude Girard, Mare Antoine Silvi.

1641. — Pierre Bonnet, Pierre Magnan.

1644. — Pierre Girard, Jean Girard.

1645. — Claude Girard, Antoine Ronin.

1646. — Viton, Jean Chabrier.

1647. — Claude Girard, Pierre Girard.

1648. — Jean Viton, Claude Girard.

1649. — André Sumian, Jean Chabrier (originaire de Vallavoire).

1650. — Pierre Girard, Jean Viton.

1651. — Claude Girard, Marc-Antoine Silvi.

1652. — Jean Chabrier, André Sumian.

1653. — Pierre Girard, Jean Arnaud.

1654. — Claude Girard, Ballhazar Reymond.

1655. — Jean Chabrier, Marc Antoine Silvi.

1656. — André Sumian, Jean Maurel.

1657. — Claude Girard, Noël Girard.

1658. — Balthazar Reymond, Gaspard Girard.

1659. — Jean Chabrier, Jean Maurel.

1660. — André Sumian, Louis Girard.

1661. — Gaspard Girard, Noël Girard.

1662. — Jean Maurel, Balthazar Reymond.

1663. — Claude Girard, Jean Antoine Martel.

1664. — André Sumian, Noël Girard.

1665. — Jean Maurel, Jean Chabrier.

1666. — Balthazar Reymond, François Girard.

1667. — Claude Girard, Melchio Mragnan.

1668. — André Sumian, Louis Girard.

1669. — Gaspard Girard, Louis Silvi.

1670. — Noël Girard, Jean Chabrier.

1671. — Claude Girard, Balthazar Sumian.

1672. — Louis Silvi, François Girard.

1673. — Gaspard Girard, Melchior Magnan.

1674. — Noël Girard, Toussaint Chamberlan.

1675. — Claude Girard, Jean Sumian.

1676. — Louis Silvi, François Girard.

1677. — Etienne Marquis (76)

1678. — Toussaint Chamberlan, Gaspard Chabrier.

1679. — Gaspard Girard, Gaspard Maurel.

1680. — Louis Silvi, François Girard.

1681. — Louis Girard, Barthélémy Girard.

1682. —Toussaint Chamberlan, Gaspard Chabrier.

1683. — Gaspard Maurel, Pierre Rounin.

1684. — François Girard, Jean Louis Roux.

1685. — Louis Silvi, Barthélémy Girard.

1686. — Gaspard Girard, Melchior Magnan.

1687. — Toussaint Chamberlan, Jean Reymond.

1688. — François Girard. Jean-Louis Roux.

1689. — Louis Silvi, Pierre Rounin.

1690. — Gaspard Girard, Melchior Magnan.

1691. — Toussaint Chamberlan, Jean-Louis Roux.

1692. — François Girard, Barthélémy Girard.

1693. — Pierre Rounin, Jean Boyer.

1694. — Gaspard Girard, Jean Reymond.

1695. — Toussaint Chamberlan, Toussaint Astier.

1696. — Jean-Louis Roux, Barthélémy Girard.

1697. — Louis Silvi, Louis Girard.

1698. — Gaspard Girard, Jean Raymond.

1699. — Toussaint Chamberlan, Gaspard Chabrier.

1700. — Gaspard Maurel, Gaspard Bonnet.

1701. — Louis Girard, Jean Chabrier.

1702. — Jean Silvi, Jean-Louis Roux.

1703. — Toussaint Chamberlan. Gaspard Chabrier.

1704. — Gaspard Morel, André Girard.

1705. — Louis Girard, Claude Roux.

1706. — Jean Chabrier, Jean Silvi.

1707. — Jean-Antoine Bonnet, Charles Boyer.

1708. — Jean Ricaud, Jean Girard, dit Bidde (77).

1709. — Louis Girard ; Claude Astier.

1710. — Gaspard Chabrier, Jean Silvi.

1711. — Toussaint Chamberlan, Claude Roux.

1712. — Jean Chabrier, Jean-André Girard.

1713. — Jean Reymond, Charles Boyer.

1714. — Louis Girard, Martin Girard.

1715. — Gsspard Chabrier, Gaspard Silvi.

1716. — Jean-Antoine Bonnet, Claude Roux.

1717. — Jean Silvi, Antoine Viton.

1718. — Jean Chabrier, Gaspard Girard.

1719. — Sébastien Silvi, Charles Boyer.

1720. — Toussaint Chamberlan, Claude Roux.

1724. — Louis Girard, Gaspard Silvi.

1722. — Pierre Rounin, Gaspard Girard.

1723. — Jean Chabrier, Charles Boyer.

1724. — Toussaint Chamberlan, Joseph Girard.

1725. — Claude Roux, Sébastien Silvi.

1726. — Jean Chabrier, Sébastien Amayenc.

1727. — Jean Chabrier, Jean Bonnet.

1728. — Louis Girard, Joseph Girard.

1729. — Sébastien Silvi, Charles Boyer.

1730. — Claude Roux, Louis Girard.

1731. — Jean Silvi, Jean Bonnet.

1732. — Jean Chabrier, François Aubergier,

1733. — Sébastien Silvi, Charles Boyer.

1734. — Charles Girard, Louis Girard.

1735. — id.

1736. — id.

1737. — id.

1738. — Louis Maurel, Jean Roux.,

1739. — Jean Chabrier, Louis.Maurel.

1740. — Jean Chabrier, Jean Girard.

1741. — Jean-Antoine Viton, Pierre Roux.

1742. — Sébastien Silvi, J.-Joseph Girard.

1743. — id.

1744. — id.

1745. — J.-Girard (78).

1746. — id.

1747. — id.

1748. — J.-Girard.

1749. — id.

1750. — id.

1751. — id.

1752. — id.

1753. — Pierre Amayenc, Charles Girard (79).

1754. — id.

1755. — id.

1756. — id.

1757. — id.

1758. — Jean Amayenc, Sébastien Girard.

1759. — Jean Roux, Charles Courbon.

1760. — Louis Girard, Michel Girard.

1761. — Marie Chabrier, Charles Girard.

1762. — Sébastien Girard, Joseph Magnan.

1763. — Roux, Tirant.

1764. — Charles Corbon, Jean Roux.

1765. — Charles Girard, Jean Boyer.

1766. — Mathieu Viton, Jean Bonnet.

1767. — Antoine Tirant, Pierre Roux.

1768. — Henri Magnan, Charles Corbon.

1769. — Joseph Gueyrard, Jean Ronin.

1770. — Toussaint Gaubert, Louis Girard.

1771. — Jean Joseph Chabrier, Jean Bonnet.

1772. — Charles Corbon, Louis Ronin.

1773. — Jean-Baptiste Amayenc, Jean-Joseph Gaubert.

1774. — Toussaint Gaubert, Louis Girard.

1775. — Jean-Joseph Chabrier, Jean Ronin.

1776. — Sébastien Corbon, Louis Girard.

1777. — Louis Ronin, Jean Joseph Gaubert.

1778. — Toussaint Gaubert, Louis Ronin.

1779. — Louis Giraud, Jean Gueyrard.

1780. — Louis Girard, Sébastien Corbon.

1781. — Jean-Joseph Gaubert, Jean-Baptiste Amayenc.

1782. — Jean-Joseph Chabrier, Michel Girard.

1783. — Roch Roux, Claude Magnan.

1784. — Louis Girard à feu Jean (sic), Louis Girard, fils de Charles.

1785. — Jean-Baptiste Amayenc, Sébastien Corbon.

1786. — Jean Chamberlan, Noël Richaud.

1787. — Jean Baptiste Bonnet, Toussaint Gaubert.

1788. — Louis Girard, Claude Magnan.

1789. — Jean-Baptiste Amayenc, Sébastien Corbon.

 

Notes

(76) Bourgeois de Sisteron et forain. Il n'accepta pas la charge de consul et son collègue géra seul

(77) D'après une parcelle de vacation : Charles Boyer. Pierre Amayenc. Y aurait-il eu, cette année, élection de nouveaux consuls par suite de la mort des deux autres ?

(78) A partir du commencement de 1715 jusqu'au mois de mai 1753, il n'y eut qu'un seul consul, et toujours le même

(79) Nommés par commission royale, ces deux consuls restèrent en fonction jusqu'à la fin de 1757, époque où la communauté fit, par ordre, les élections consulaires suivant les anciennes coutumes

 

2°. Maires

 

En 1790, une ordonnance du roi ajourna les élections consulaires pour attendre le règlement de la nouvelle organisation des municipalités, auquel travaillait l'Assemblée constituante. Le 4 février, le conseil général de la communauté nomma un maire, deux officiers municipaux, un procureur et six notables. Voici la listes des maires.

 

Jean Antoine Chambellan, élu le 14 février 1790, au troisième tour de scrutin. Il fut réélu le 13 novembre 1791 et resta en fonction jusqu'en 1793.

Joseph Chabrier, nommé en 1793.

Jean Antoine Chamberlan est nommé maire le 1er fructidor an III, par un arrêté du représentant du peuple, Isnard, envoyé dans les Bouches du Rhône, Basses Alpes, etc, à partir du 45 brumaire an IV, il exerça ses fonctions sous le titre d'agent municipal jusqu'à l'an VI, avec Michel Girard pour adjoint.

Gallissian figure comme agent municipal en fructidor an VI.

Michel Girard est nommé agent municipal par 22 voix sur 34 votants, le 10 germinal an VII. Avant de procéder au vote, les membres du bureau prononcèrent le serment de haine à la royauté.

Jean François Amayenc fut nommé l'année suivante et garda ses fonctions jusqu'à la fin de 1807.

Jean Antoine Chambellan, nommé par arrêté préfectoral du 45 décembre 1807, fut maire jusqu'à 1813.

Roux, en 1813,

François Benezet Chambellan, 1814-1824.

Joseph Ronin, nommé par arrêté préfectoral du 16 juin 1821, démissionna fin 1824.

François Aguillon, nommé par arrêté du 14 janvier 1825, resta jusqu'en 1841.

Jean Claude Ronin, nommé par arrêté du 30 mars 1841, démissionna en janvier 1847.

Antoine Chamberlan, nommé par arrêté du 13 avril 1847, démissionna bientôt après.

Jean Baptiste Chambellan, fils de Benezet, était maire en avril 1848.

Louis Viton, maire en septembre 1848.

Michel Trabuc, 1849-1852. Il mourut dans l'exercice de ses fonctions, le 23 novembre 1852.

Jean Baptiste Chambellan, nommé par arrêté du 2 décembre 1852, jusqu'à 1858.

Edouard Garcin, 2 mars 1858 au 21 janvier 1860.

Louis Viton, nommé le 21 janvier 1860 par arrêté du préfet.

Auguste Trabuc, nommé en 1861, démissionna en 1865.

Louis Viton, nommé par arrêté du 7 juin 1865. Après la révolution du 4 septembre 1870, il est nommé président de la commission municipale. Le 14 mai 1871, le nouveau conseil l'élit maire.

Barthélémy Richaud, 1872-18 mai 1884.

Ferdinand Bonnet, maire actuel.

 

X. Liste des vicaires et des curés

 

Jean Robert desservait la paroisse en 1550.

Claude Monier, de Lurs, la desservait en 1574.

Alexandre Isnard, en 1600.

Gaspard Allard, 1er vicaire perpétuel, 1601.

Gaspard Rogier, en 1649.

Pierre Bremond, en 1652.

Claude Richaud, de Volonne, de 1665 à 1677.

Etienne Corbon, de Château-Arnoux, 1677-1740. Par testament du 12 décembre 1719, il laissa 25 livres de rente aux pauvres de Montfort. Il mourut l'année suivante dans son pays natal, où il s'était retiré depuis qu'il avait quitté Montfort.

Gaspard Richaud, 1740-1720.

Brunel, provicaire, d'octobre 1720 à juillet 1721.

Jean Escoffier, vicaire, 1721-1732.

Joseph Isoard, 1732-1756. Il mourut à Montfort, le 22 mars 1756, et fut enseveli dans la chapelle de Sainte-Madeleine.

André Richaud, 1756-1765. Il mourut également dans la paroisse et fut enseveli au cimetière, au pied de la croix.

Fauchier, provicaire, 1765-4767.

Jean Chaudony, 1768-1777. Il alla de Montfort à Château-neuf, avec le titre d'archiprêtre.

Audibert (Denis-Bonaventure), 1777-1782. Il mourut à Montfort, le 5 mars 1782, âgé de 44 ans.

Escoffier, 1782-1788. A partir de 1787, il signe prieur curé. Cette date correspond en effet à la suppression des monastères de l'observance de Cluny, dont faisait partie celui de Ganagobie.

A. Davin, procuré jusqu'à la fin de 1788.

Etienne Chaudony, vicaire de Châteauneuf, procuré de Montfort jusqu'au 1er juin 1789, époque à laquelle il fut nommé curé. Il était encore à Montfort quand éclata l'orage de la Révolution. Il quitta la paroisse avant la fin de 1794.

Latil, procuré, 1791-1792 (79). Le 10 juin 1792, le conseil délibère de demander pour curé le sieur Fouchier, qui fait le service et dont les citoyens paraissent contents. La demande du conseil fut agréée, et messire Fauchier desservit à titre de curé, jusqu'au mois de janvier 1793. Le 2 de ce mois il remit au maire les registres des actes ; conformément à la loi du 20 septembre 1792. L'inventaire qui fut fait à cette occasion nous apprend que les registres remontaient à l'année 1622. Le premier cahier comprenait les années 1622 à 1630 et était rédigé en latin. Ceux que l'on possède encore ne vont pas au delà de 1665.

 

Chaudony,1793-179

Escoffier, 1799-1803

Doneaud, 1804-1806

De 1806 à 1811, le service fut fait par messire Astier, curé de Châteauneuf

De 1811 à 1817, par M. Fabre, curé, de Château-Arnoux

Lombard, 1817-1826

Service par bis jusqu'en 1828

Raymond, 1828-1834

Silve, 1831-1836

Espariat, 1836-1838

Borély, 1838-1844

Laforest, 1844-1865. Décédé à Montfort, le 8 avril 1865

Gayde, 1865-1867. Actuellement, supérieur du Grand-Séminaire

Monge, 1867-1879

Abrard, 1870-1874

Imbard, 1871-1 872

Bertrand 1872-1875

Ribolta, 1875-1880

Garcin, 1880-1884

Andrieu, 1881-1883

Service par bis jusqu'à décembre 1884

Girard, 1884

 

Note

(79) Durant le temps paschal de l'année 1792, M, Mévolhon, vicaire épiscopal, se soumit (sic) à desservir lui-même la paroisse. On donna 15 livres à Jean Amayenc pour être allé le chercher à Digne

 

FIN

 

TABLE ALPHABETIQUE (extrait)

 

Remarque : cet extrait comporte des références aux pages concernant des lieux ou des personnages sans rapport apparent ou direct avec Montfort, mais qui se retrouvent dans l’histoire d’autres lieux appelés Montfort. Ces références sont indiquées en rouge.

 

NOTA. Le chiffre mis après quelques noms de personnes, est celui de l'année en laquelle on les rencontre. O. M. = Ordre de Malte ; n = Noble. V. = Voir

 

Abon S. (d'), 115, 311

Amédée VII de Savoie, 448, 457

— Amédée VIII, 450

— Amédée de Savoie, prince d’Achaïe, 450, 454

Agout (d') 78, 81, 82, 272

— Ph. et R., 1411, 272

Alais, comte (d'), 169, 185, 186

Armagnac (d'), 81

Armes (droit de porter des), 452

Armoiries, 89, 116, 117, 118, 134, 138, 197, 216, 515

Barberousse à Toulon, 629

Bernardi, 1790, 337

— Noël, noble, 1641, 143

— A., noble, 1646, 278

Baux B. (de), 78, 79

— F. (de), duc d'Andrée, 79, 80, 264

— H. (de), 79

— R. (de), 77

Béatrix, comtesse de Forcalquier, 331

Beaufort, voir Roger

— M. et J. (de), 1572, 185

Bellomonte R.-G. (de), 8

Carte vicinale des Bassses Alpes, 373

Cartulaire de Seyne, 449,

Champart ou Tasque, 111, 113

Charles I, d'Anjou, 9, 79, 450

Château-Arnoux, 78, 215, 253, 262

— (Le chevalier de), 114

Châtelard (le), 15, 59, 279, 448

Confréries de Montfort, 252

Consuls de Montfort (liste des), 317

Consuls de St Paul, 455

Créqui G., duc de Lesdiguières, 413

Curés de Montfort, 326

Dîme de Montfort, 217

Eglises de Montfort, 251

Esparron, hospitalier, 1283, 168

Esparron (de), V., 16, 345, 483

Espinouse, 182

Forcalquier, 61, 64, 154, 272, 462

— L. (de), 1258, 10

— (comte de), 78, 167

Foresta F. (de), 114

Fort J. et M.-A., 514

Fortia P. (de), 1689, 115

Fouilles de St Donat, 193, 391, 570, 571

Gaëls, peuple, 26

Ganagobie, 216, 406, 512, 516, 571 (notice, 518)

Généalogie de Gassendi, 280

Guiraud de Beaumont R., noble, 1258, 8, 9

Incendie de Montfort, 39

Jas (le) de Ricaud, à Montfort, 215

Jeanne (la reine), 187, 450, 495, 506

Lesdiguières (duc de), 142, 413

Lieux (noms de), à Montfort, 263

Malijai (de), 570

Manosque, 59, 62, 63, 118, 161

Mardaric (Merdaric), rivière de Montfort, 36, 260

Maires de Digne, 146

— de Montfort, 324

Mées (les), 18, 184, 185

Municipalité de Montfort, 177

Montblanc, précepteur, O. M., 169

Montfort, histoire, 29, 77, 110, 176, 193, 211, 251, 310, 391

— Prieuré, 217

— Eglise, 220

— Famille, 116

Naples, 412

Noblesse, voir Bellomonte, Bellon, Berard, Bernard, Bernardi, Briançon, Cabanes, Canillac, Céreste-Brancas, Créqui, Esparron, Forcalquier, Foresta, Glandèves, Grasse, Isoard, Lesdiguières, Montfort, Montgolfier, St Martin, St Paul, Savoie, Vendôme, Villaret, Villeneuve

Montgolfier (de), 224

Noms de lieux, étymologie, 263, 464

— Orthographe, 431

— De personnes, 158

Officiers municipaux, 178

Population des Basses Alpes, 468

— Digne, 158

— Montfort, 310

Ragion, quartier de Montfort, 36, 37, 259

Robion, village, 59

Roche-Arnoux, village, 215

St Donat de Montfort, 36, 37, 191, 256, 391, 570

Savoie, 450

— M. (de), 1646, 275

— Ducs (de), 457

V. Amédée, Emmanuel, Philibert

Sceau, 138

Silos, à Montfort, 36

Sorgues de Montfort, 260, 363

Syndics de Montfort, 177

Traité d'Utrecht, 450

Vendôme (famille de), 412

Verdelet à Montfort, 1578, 182

Vicaires de Montfort, liste, 326

Villeneuve C. (de), marquis, 392

— R. (de), 84

— D. (de), 1639, 512

— De Flayosc F., 85, 90

— H. (de), bailli, de Manosque, 1313-1348, 128

— Evêque constitutionnel, 1792, 612