Vieux Montfort

(06 / 02 / 2009)

 

1. Localisation (Haute Normandie, 27 - Eure)

 

Lieu-dit localisé sur la commune de Appeville-Annebault (27290), anciennement appelée Appeville, située à 20 km au Sud Est de Pont-Audemer. La D 47, qui mène à Brestot et Routot, bifurque, à environ 1,5 km au Nord Est du bourg, vers un promontoire boisé : une motte fossoyée est située à cet endroit, appelé le « Vieux Montfort ». Cette motte castrale se trouve à l’emplacement d’un premier château de Montfort remontant aux Xème et XIIème (Roy).

 

Après avoir quitté la D 47, le chemin d’accès à la motte est long d’environ 425 pas. Au bout de 125 pas, une piste coupe-feu se présente en angle droit sur la gauche. En continuant tout droit, et après environ 300 pas, on apercevoit, sur la droite, un fossé suivi d’une motte, elle-même creusée en son centre. Un fossé longe, sur la droite, le chemin d'accès à la motte. Un repérage légèrement différent est donné par Coutil.

 

Sur la commune existe aussi des vestiges d'un manoir fortifié.

 

2. Description

 

2.1. Le Vieux Montfort

 

Une fouille programmée a été effectuée (1983-1984) par le Centre de recherches archéologiques médiévales de Haute Normandie (CRAHN) de Caen. Le responsable en était François Fichet de Clairefontaine.

 

La motte castrale du Vieux Montfort (schéma d'après Coutil) occupe un petit éperon qui domine l'une des rares voies reliant la vallée de la Risle, important obstacle à la circulation, au plateau du Roumois : vue sommaire de la motte (photographie des années 1990). Aux XIème et XIIème, elle a fait partie de l' « honneur » de Montfort sur Risle et appartenait à la famille de Montfort. Selon les textes, la fortification, située à la frontière Ouest du domaine, a été construite à la fin du XIème par Robert Ier de Montfort. Au XIIIème, elle semble être la propriété d'Osbern, l'Anglais, dit « de Veteri Monteforti » et c’est ce lieu auquel la table du cartulaire de l'abbaye du Bec-Hellouin (27800) semble faire référence (« manerii de Veteri Monteforti »).

 

L'ensemble s'étend sur 6400 m². Il comprend un tertre au pied duquel se développe une basse cour close d'une palissade et, par endroits, protégée par un fossé et un talus. Deux campagnes de fouilles ont été réalisées, principalement à l'Ouest de la basse cour. Cette zone, séparée du tertre par une aire vide de toute occupation, a livré des structures appartenant à (au moins) 3 périodes d'occupation.

 

2.1.1. Période I (fin XIème jusqu’en 1123-1124), date à laquelle la fortification est confisquée par Henri Ier « Beauclerc ». Cette période est marquée par la construction d'un édifice à murs-palissades. Le bâtiment, au plan imparfaitement connu, offre des analogies avec ceux de Virville (Seine Maritime) : étaiement des murs à l’aide de contreforts obliques.

 

2.1.2. Période II (débutant vers le milieu XIIème), se traduisant par un renforcement de l'activité domestique, et certainement militaire. Un nouvel édifice à murs-palissades, pourvu (après remaniement) d'une porte large de 1,20 m, est porté par une zone relevant de deux phases successives (A et B) :

 

(i) édifices de la phase A : un édifice sur poteaux de fort diamètre (environ 0,80 m), un silo profond de 0,80 m et d'un diamètre de 1,53 m, et un four domestique, dont subsistait le départ de la voute constituée à l'origine d'argile et de branchages.

 

(ii) édifice de la phase B : nouvel édifice à petits poteaux, proche de foyers circulaires.

 

Cet ensemble recouvre les vestiges de la période I, et offre un aspect nébuleux (trous de poteaux difficile à analyser).

 

Le mobilier pouvant être associé aux phases A et B confirme le caractère militaire de la fortification : couteaux, pointes de flèches à monture à douille, nombreux fers à cheval à bords ondulés et éperon à pointe pyramidale (fin XIIème). Le lot de céramiques comporte des vases globulaires, ornés à la molette ou d'un décor peint monochrome rouge, et des cruches à bec pincé.

 

2.1.3. Période III (après 1204), qui semble incluse dans le XIIIème. Cette période est représentée (a) pour la basse cour, par un bâtiment à poutres sablières basses, intercalées de poteaux porteurs, et (b) pour le tertre, par un niveau d'occupation qui a surtout livré de la céramique et un poinçon en os.

 

Le tertre a été l'objet, au cours du XIIIème, de travaux de terrassement en vue de créer une vaste plateforme (non fouillée) qui a sans doute servi d'assiette au "manerium" d'Osbern l'Anglais.

 

2.2. Autres vestiges

 

Un autre ensemble remarquable (propriété privée) d'Appeville Annebault comporte divers éléments :

 

* un manoir, dont le logis fut restauré au XVIème (une des deux cheminées était datée de 1569) mais fut par la suite détruit (après 1854) ;

 

* une chapelle dédiée à St Mislefort ;

 

* des terres agricoles.

 

3. Histoire, 4. Héraldique

 

3.1. La première famille de Montfort aurait établi sa première résidence seigneuriale sur la motte, avant d'en bâtir une autre, en pierre cette fois, à environ 2 km de la motte (cf 27 - Montfort sur Risle).

 

Une famille est encore citée en 1255 (Salch).

 

3.2. Le manoir disparu a appartenu (1255 - 1346) à l'abbaye du Bec-Hellouin.

 

8. Toponymie

 

Annebault est aussi le nom d’une commune du Calvados (14430), et Appeville le nom d’une commune de la Manche (50500).

 

9. Bibliographie

 

Coutil Léon, « Département de l'Eure, archéologie gauloise, gallo-romaine, franque et carolingienne : III. Arrondissement de Bernay », Evreux, C. Hérissey, 1917

 

Roy N. (ouvrage collectif sous la direction de -), « De la Gaule à la Normandie, 2000 ans d'histoire - 30 ans d'archéologie » (article n° 5 : Appeville-Annebault), C.R.A.H.N., 1992

 

Service régional de l'inventaire de Haute Normandie, notice du Ministère de la Culture

 

Torre Michel de la -, « Guide de l'art et de la nature (27 - Eure) », Editions Berger-Levrault, 1983

 

Vital Orderic, « Histoire ecclésiastique » ou « Histoire de la Normandie », 13 tomes (édités entre 1838 et 1855)

Cet historien français du XIIème (Attingham, Angleterre, 16 février 1075 - † St Evroult, après 1143) entra jeune à l’abbaye d’Ouche ou de Saint Evroul, au diocèse de Lisieux. Son oeuvre est très documentée sur l’histoire des Normands.