Nogent le Roi, Epernon
(05 / 03 / 2009)
1. Localisation (Centre, 28 - Eure et Loir)
Montfort l'Amaury a entretenu des relations avec le pays chartrain, notamment au XIème. Ainsi, Chartres, Dreux, Nogent le Roi et Epernon ont participé à l’histoire de cette seigneurie, de même que Châteaudun, Ventôme (Loir et Cher), ou encore, dans les régions circumvoisines, Evreux (Eure), Château du Loir (Sarthe), etc.
2. Description
2.1. Nogent le Roi
La forteresse initiale (fin XVème) ne subsiste qu'à l'état de vestiges.
Panorama de Nogent le Roi, avec son château (1696) : « Veüe de la Ville et du chasteau de NOGENT LE ROY en beauce a six lieues de la Ville de Chartres et a quatre de Dreux » (dessin attribuable à Louis Boudan). Y sont indiqués le château, la paroisse St Sulpice ainsi que le chemin de Dreux.
Le château actuel, de style Louis XIII, fut édifié (1863) par Alfred Chapelain. Il est actuellement propriété communale.
Les vestiges de la forteresse sont protégés (01 / 02 / 1993) et partiellement inscrits MH, de même qu'une éolienne constituée d'une maçonnerie originale.
2.2. Epernon
« Carte des environs de
Maintenon » (circa 1700), gravée par Pierre Aveline
(1656-1722) et Philbert (1xxx-17xx). Cette carte présente une topographie
d'Epernon et de ses environs : on y distingue Nogent le Roi (avec l’abbaye
de Coulon), au Nord Ouest, Maintenon vers le centre, Epernon (Espernon) vers l’Est, avec Hanches (Hanche) à l’Ouest d’Epernon et St Martin
de Nigelle encore plus à l’Ouest. La carte semble indiquer que la ville d’Epernon
est fortifiée (entourée de murailles) vers le Sud Ouest d’un promontoire. Une « Tour
neuve » est indiquée au Nord de Hanches. Au Nord (vers le centre de la
carte) est indiqué Snecour
(Seincourt ?). Enfin, de nombreuses carrières sont mentionnées, dont des
carrières de grès.
2.2.1. Le château
féodal
Il était situé sur une sorte de falaise dominant la ville, ce qui le rendait difficile d'accès par cette voie. Par contre, l'autre côté était plus vulnérable, et des fossés avaient dû être creusés pour en améliorer la défense.
Du château il ne subsiste que la butte (place du château), qui ne semble pas avoir fait l'objet de fouilles archéologiques.
Le château et la ville d'Epernon ont été décrits (Emile Ledru) en s'inspirant notamment d'une gravure (début XVIIème) de Claude Chastillon : la place forte d’Epernon et colorisation par l'auteur (légende : « ESPERNON PETITE VILLE SVR LA CONFINITE DE LA BEAUSE Duché »).
Selon cette gravure, la ville s'étendait depuis le château jusque vers la vallée de la Guesle (autrefois appelée le Tahu). Son enceinte comportait 4 portes : les portes de Chartres et de Beauce vers l'Ouest, celle de Geolle ou Guesle (ou porte Normande) et la porte de Paris vers l'Est.
La forteresse était bâtie sur un rocher, à l'extrémité du plateau de la Diane et en surplomb d'une falaise élevée. L'accès en était quasiment impossible de tous côtés, sauf au Nord, où la pente plus douce du plateau a nécessité la mise en place d'une défense consistant en 2 rangées de fossés, disposés en escarpe et contrescarpe. La place elle-même comprenait 2 enceintes de défense. La première enceinte (basse-cour) contenait l'intendance : logement de sa garnison, magasins, colombier, écurie, fauconnerie, chenil. Un pont-levis, suivi d'une porte flanquée de 2 tours, conduisait à un escalier. La cour intérieure, située dans la deuxième enceinte, soutenait un énorme donjon rectangulaire.
Autour du château, à flanc de falaise, des habitations formèrent une ville nouvelle, distincte de Hanches. Pendant la guerre de Cent Ans (XIVème), il fallut fortifier la ville, travaux qui durèrent jusqu'à la Révolution. L'essentiel du château fut cependant alors détruite par les Anglais.
2.2.2. Les
« pressoirs »
Le prieuré
des Hautes Bruyères possédait à Epernon une grange dimière (XIIème) dont les Montfort avaient donné les dîmes à
leur soeur, Bertrade. Celle-ci fit construire un cellier à colonnes cisterciennes (à
l'exception de l'une d'entre elles, ornée de grappes de raisin), avec un petit
dragon (classé) faisant peut-être peur au diable.
Un
souterrain provenant du château y a été récemment mis à jour.
2.2.3.
Etablissements religieux
Avant la Révolution, Epernon comportait 4 églises. L'église St Pierre (XIème
et XVIème) (MH 1942) était située au milieu du vieil Epernon.
L'église St Jean Baptiste, aujourd'hui disparue, s'ouvrait rue St Jean, à
proximité des Pressoirs. L'église de la Madeleine lès Epernon et celle de St
Nicolas, au prieuré St Thomas, étaient orbis.
Sur l'actuelle paroisse de Hanches, se trouvait, depuis le Xème, le monastère de la Trinité de Seincourt, qu'Amaury Ier de Montfort hérita de son père, Guillaume de Hainaut. Pour en assurer la pérennité, il donna ce monastère à son ami Albert, ancien chanoine de Chartres, abbé de Marmoutier de Tours, de l'ordre des Bénédictins.
Ce don fût confirmé (1052) par un décret royal sigillé à Etampes, et il fut à l'origine du prieuré St Thomas d'Epernon. La seule trace encore visible de ce prieuré est la façade de l'ancienne église de la Trinité de Seincourt. Lors des dernières démolitions (1865), le comte de Dion effectua des relevés et une description soignés des bâtiments.
Les dames des Hautes Bruyères reçurent une maison d'Epernon, avec droit de
minage (ie mesure) des grains qui est à l'origine des actuels pressoirs
d'Epernon. Ceux-ci comportent 3 nefs voûtées en ogives, soutenues par 2 rangées
de colonnes. Des maisons anciennes d'Epernon ont aussi des caves dotées de la
même architecture romane.
3. Histoire
3.1. Nogent le Roi fut une ville où les rois de France ont souvent fait rédiger leurs actes de souverains, comme Pacy sur Eure ou Pont de l'Arche.
Une dame (anonyme) de Nogent le Roi est la plus ancienne femme connue comme étant à l’origine de la maison de Montfort l'Amaury.
3.2. Epernon fut, comme Montfort l'Amaury, l'une des 2 forteresses dressées (Xème-XIème) pour le roi de France par Guillaume de Hainaut, premier seigneur (connu) de Montfort l'Amaury, pour défendre le domaine royal, et notamment le château de St Léger, contre les incursions Normandes. Un rameau de sa généalogie - dont 2 Mainier de Montfort ont été membres - fut, pendant quelque temps, seigneur d'Epernon.
A la limite du Hurepoix et de la Beauce, Epernon occupait en effet une position stratégique, située à flanc de colline, à la lisière de la forêt d'Yveline et au confluent de 3 cours d'eau : la Drouette, la Guesle et la Guéville, ce qui explique que cet endroit joua un rôle de « marche » destinée à la défense du domaine royal contre les ducs de Normandie.
Plus tard, l'amiral de France Jean Louis de Nogaret de la Valette
(1554-1642) devint duc d'Epernon. Le musée-château de Versailles en possède 2
portraits anonymes : A
(première moitié XVIIème) et
B (XVIIIème).
4. Héraldique, généalogie (cf Montfort l'Amaury, 78 - Yvelines)
8. Toponymie
Ces 2 lieux d'Eure et Loir ont connu les toponymes suivants.
8.1. Nogent le Roi (arrondissement de Chartres) : Novigentum Castrum (1028), Nogentum Eremberti (circa 1040, charte de l'abbaye de Coulombs) (Nogent l'Erembert), nom dû à la famille Erembert qui y vivait au XIème, Nungentum (1179, cartulaire de St Etienne de Dreux, f° 5 v°), Nogentum Columbense (circa 1200, cartulaire du Grand Beaulieu), en raison de sa proximité de Coulombs, Nogentum Loirembert (1260, cartulaire de l'Eau), Nougent le Roi (1282), Nogent le Rambert (1298, cartulaire des Vaux de Cernay), Nogentum Regis (1300, polyptique de Chartres), Nogen le Roi (1612, terrier de la Musse), Saint Sulpice de Nogent le Roy (1736, pouillé ), Nogent le Roulebois (1793). Erigé en comté en 1636, Nogent le Roi relevait du duché de Chartres.
8.2. Epernon (canton de Maintenon) : Sparro (1024), Sparnaicum (1095), Esparnonium (circa 1120), Esparlum (circa 1125, cartulaire de l'abbaye de Thiron), Sparnonium (circa 1130, charte du prieuré de Bréthencourt), Sparlo (circa 1130, charte de l'abbaye de St Jean en Vallée), Sparnotum (circa 1140, charte du prieuré de Chuisnes), Esparlo (circa 1150), Parlo (1208), Esparnon (1282, chartrier du châpitre de Chartres), Esparno (circa 1297, cartulaire de l'abbaye des Vaux de Cernay), Espernonne (1450, charte du prieuré St Thomas d'Epernon), Esperlio (chronique de Trivetti), Asparlo (Orderic Vital, Histoire de Normandie), Espernon, qui jadis s'appelloit Autrist, puis Espierremont (1603, terrier de Dancourt).
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