Consentement donné par le duc au contrat de mariaqe entre Jean de Montfort et Anne de Laval

 

Copie du temps sur papier (01) (Bibliothèque de Nantes, f. Bizeul ; anc. Arch. de Rohan, Contrats de mariage, no 28)

 

Au château de Vitré, 1405 n.s., 22 janvier

 

« A touz ceulx qui ces presentes lettres verront et orront, Jehan, duc de Bretaigne, conte de Montfort et de Richemont, salut. Savoir faisons que, après par devant nous en nostre conseill, pour ce [et] autres causes estanz et assemblez ou chasteau de Vitré, et aussi par devant Guillaume Declin, nostre seneschal de Ren[nes, et par] nostre court de Rennes, et en la presence de pluseurs nobles de nostre duché et autres nottables personn[es] ..., en la presence de nostre très amé oncle messire Guy de Laval, sire de Laval et de Vitré, et damo[iselle Anne de Laval], nostre cousine, et aussi en la presence de Raoul, sire de Montfort, escuier (02), sire de Ka[ergorley, Jehan, filz ainzné] dud. sire, et aussi Charles de Montfort, enffant puisné dud. sire de Mont[fort et de feue dame] Jehanne de Kaergorley, jadis sa femme, et de Charles de Chasteaubrient parent et cu[ratour] ... est devisé, de Guillaume de Montfort l’autre filz puisné dud. sire de Montfort et de ... plusseurs autres nobles nommez en la fin de ces lettres, fut leue une cedulle escripte ... traicté de mariage, que par la grace de Dieu se acomplira entre lesd. Jehan de Montfort [et damoiselle] Anne de Laval ; de laquelle cedulle l’effeict et la teneur sont cy après declerez. Led. sire de Laval avant toute autre euvre, et avant led. traicté passer ne accorder, soy submectant à nostre juridiccion et de nostre court de Rennes, si en tant que mestier estoit, par nous et nostre auctorité entrevenant, et o toute solempnité que droit et coustume requierent en tel cas, emancipa et mist hors de son povoir paternel lad. damoiselle Anne sa fille, ce voulant et consentant ; et remist led. sire de Laval et quicta sad. fille de touz louers, qui à cause de ce lui povoint et devoint competer et appartenir en aucune maniere. Et paraillement avant toute autre euvre, led. Raoul, sire de Montfort et de la Roche, se submettant et sesd. enffans à nostre povoir et juridiccion, et aussi nozd. sege et court de Rennes, quant à toutes et chascune les choses qui cy après s’ensuyvent, o telle et semblable solempnité, emancipa par devant nous auctorisans icelle de nostre certaine science, et aussi par devant nostred. seneschal et nostred. court de Rennes, mist hors de son povoir et lien paternel lesd. Jehan, Charles et Guillaume de Montfort ses enffans et chascun d’eulx, lesd. Jehan et Charles pour soy, et led. sire de Chasteaubrient pour et ou nom dud. Guillaume, mineur de quatorze ans, ce voulans, requerans et consentans ; auxquelz et chascun d’eulx, leurd. père remist et quicta les louers semblablement. Et par après nous en [nostre conseill, et] aussi nostred. seneschal et par nostred. court de Rennes, tant conjointement que divisement, par les grez et ass[entement] ... sire[s] de Laval et de Montfort et de leurs autres amis, nommez en lad. cedulle dud. tra[icté de mariage] ... presens, et par les choaes, election et advisement d’eulx, toute solempnité de droit ou [de coustume] ... sur ce gardée, o bonne et meure deliberacion et deue cognoessance de cause, eu esgar[t] ... de lad. damoeselle et des autres enffans mineurs d’ange, et aussi à la requeste d’icelle da[moeselle] ... Charles, et dud. sire de Montfort et autres parens et amis dud. Guillaume, aultre filz p[uîsné] ..., [en] tant que chascun d’eulz appartenoit, pourveumes et donnames quant à faire graier, promectre ... acomplir, tant en general que en especial, toutes et chascune les choses contenues et declerées, et par la forme et maniere [qui sera] divisée aud. traitté et en lad. cedulle, c’est assavoir : à lad. damoiselle, de Gieffroy, sire de Quintin, [en] et pour curatour et garde, lequel presentement print et acepta celle curaterie et s’en chargea d’elle, promist et jura solempnelment à sainctes euvangiles de Dieu pour ce touchées par lui, se porter bien et léaument en icelle charge et office de curaterie, et faire et pourchacier le prouffit de lad. damoiselle, et son dommage eschiver à son povoir ; et donna en plege messire Jehan le Vei[e]r, seigneur de la Clarté, qui de et sur ce le caucionna en la maniere acoustumée en tel cas. Et paraillement ausd. Jehan, Charles et Guillaume de Montfort, de Charles, sire de Chasteaubrient, en et pour curatour d’eulx et de chascun d’eulx ; lequel curatour, en icelle mesme presence, print, receut et accepta icelle curaterie et s’en chargea d’elle, promist et jura solempneement sur sainctes evangilles de Dieu par lui atouchées, bien et léaument se porter et contenir en icelle garde, faire et pourchacier les prouffilz et utilitez desd. Jehan, Charles et Guillaume de Montfort et de chascun d’eulx, et leurs dommages eschiver à son povoir, et sur ce donna et mist en plege messire Jehan Raguenel, vicomte de Dinan, lequel semblablement que desur le caucionna. Et oultre, eu esgart au prouffit et utilité evident desd. damoiselle, Jehan, Charles et Guillaume, et de chascun d’eulx, o toute solempnité et decrect de court sur ce deument interposé, Nous en nostre conseill, et aussi nostred. seneschal et par nostred. court de Rennes avons donné et donnons povoir et licence, auctorité et consentemens ausd. curatours et à chascun d’eulx tant que à lui touche, quant à faire, constituer et establir procureurs, un ou plusseurs, o les condisions et divises requises, et manieres acoustumées pour faire, poursuir, requerre, consentir et acomplir tout ce que mestier sera pour le acomplissement dud. traitté, et par especial celx procureurs qui sont nommez et pour les choses contenues et declerées en lad cedulle dud. traitté, de laquelle cedulle la teneur s’ensuist.

 

Presens furent aujour de huy très nobles et puissantes personnes Guy, sire de L[aval] et de Vitré et damoiselle Anne de Laval, sa fille, abille à venir seule et pour le tout à son heurie et succession universale, lad. d[amoiselle] emancipée de sond. père, et messire Geffroy, sire de Quintin, curatour donne à lad. damoiselle quant au contenu de cestes [presentes, led.] sire de Quintin curateur de lad. damoiselle quant ad ce que se ensuist, de une partie ; et Raoul, sire de Montfort et de la Roche, Jehan [de Montfort, son filz] ainzne et de feue dame Jehanne de Kaergorley jadis sa femme, et aussi Charles, filz puisné desd. [seigneur et dame], et le sire de Chasteaubrient, curatour desd. Jehan et Charles et aussi de Guillaume de Montfort, leur frère germain derrain ..., et autres ses enffans puisnez mendres (moindres) d’ans, emancipez de son povoir paternel ; led. messire Raoul leur père donna et octria povoir et consentement de faire et passer d’eulx ce que ensuist, en tant que besoign en seroit, et aussi led. curatour pour et ou nom desd. Jehan, Charles et Guillaume, d’aultre partie ; et affermerent lesd. parties en bonne verité que, au traicté dud. mariage, qui au plaisir de Dieu sera fait et solempnizé en sainte eglise, entre led. Jehan, filz ainzné dud. messire Raoul, sire de Montfort, de une partie, et lad. damoiselle Anne de Laval, d’aultre partie, elles fesoint et encores font entre elles, de bonne foy et par ces presentes, et l’une partie avecques l’autre, les promesses et convenenccs qui ensuivent. C’est assavoir led. sire de Laval, considerant la très noble et ancienne ligne des barons bannerez seigneurs de Laval, qui a duré en succedant li uns à l’autre directement en ligne masle de tout le temps ousancien qu’il n’est de homme vivant memoire du contraire, remembrant souventes foiz et tristement en son cuer et pensée, recenssent la privacion ou veufeuté de feu son très cher et très amé filz Guy de Laval, seigneur de Gavre, qui Dieu pardoint, qui par le vouloir de Dieu est nagueres de ce siecle trespassez ; par lequel deceis et par les longs jours dud. sires de Laval, ne a aucune esperance de jamès avoir aultre lignée de sa char, qui puisse lad. ligne perpetuer, ne la bennerie (03), nom, cry et armes des seigneurs de Laval, qui de tout aage ont vescu, chascun en son temps, bien et lealment en la feaulté, amour et obeissance et recomendacion de leurs seigneurs et princes souverains, et à la louange et bonne recordacion du peuple et subgitz de leurs païs, subciter ne continuer ; non voulant sa ligne ne la bonne memoire et vaillance de luy et de ses predecesseurs, qui prerogatoerement ès parties d’Angeou, du Mayne et de Bretaigne ont eu honeur ès temps passez, estre estainte ne mise du tout en tout en obly ; mais desirant de tout son cuer, au plaisir de Nostre Seigneur Jesus Christ, et confiant en bonne esperance en celuy qui, de sa grace, luy a donné et leissé hoir vivant pro[creé] de son corps, naturel et legitime, c’est assavoir lad. damoyselle Anne de Laval sa fille, leurd. li[gne, nom, cry] et armes de Laval continuer et perpetuer, et le peuple et subgitz de leurs pais et terres, à la 1ouan[ge] ... de leurs bons predecesseurs, alleger à son povair, considerant que par voie prompte, oupverte ... consonant à raison, il ne peut ce faire que par mariant sad. fille à personne qui de present p[orte le nom] cri et armes de sond. feu filz, et la bennerie, cri et armes dud. sires de Laval, si tost qu’il sera trespassé ; [pour] ces causes et aultres ad ce le esmouvant, eu sur ce avis et deliberacion avecques très haux et puissant[s] princes le roy de Jerusalem et de Sicille et le duc de Bretaigne, et avecques les seigneurs de Chasteaubrient, de Quintin et de Combour et de plusseurs autres seigneurs, chevalliers et gens nobles, ses parans et amis charneulx, si comme il disoit ; et mesmement que led. escuier, qui dud. mariage le a fait prier et requerir, est venu et descendu de sad. ligne et maison de Laval, combien que de present ils se puissent avoir par mariage, luy estre condescendu icelluy mariage, et avoir promis et promect par ces presentes, donner et bailler par mariage à femme et espouse, si Dieu et sainte eglise se y accordent, lad. damoiselle Anne, sa fille, aud. escuier filz ainsné dud. messire Raoull ; et led. escuier considerant la noble lignée dud. sire de Laval, et le grant honeur qu’il lui fesoit et fuit de bailler sad. fille par mariage, voulant acomplir le desir de celui sire de Laval et soy disposer du tout à son vouloir, ainxi que feroit ou faire pourroit son propre filz naturel et legitime, de la voulenté et consentement de sond. père, qui sond. filz, comme son filz ainsné et heriter principal, a marie et marie à lad. damoiselle ; et par l’advis, conseill et consentement dud. Charlles, filz puisné dud. sire de Montfort, et auxi dud. sires de Chasteaubrient, parent et curator desd. Jehan, Charles et Guillaume, et messire Jehan Raganel, vicomte de Dinan, de monss[our] Amaury de Fontenoy, de mons[our] Jehan d’Acigné et aultres ses parans et amis charneulx ad ce presentz ; après ce que led. sires de Montfort, père et mariour dud. Jehan, et auxi lesd. Jehan et Charles, et led. sires de Chasteaubrient, pour et ou nom dud. Guillaume leur frère, et leurd. curator, orent juré aux saintz evangilles de Dieu, et solempneement ont dit et affirmé, et encores dient, jurent et affirment pour verité que ilz n’avoint ne ne ont fait, passé ne accordé entre eulx, ne l’un avecques l’autre, ne envers quelconques aultres leurs pleges ou intercesseurs, ou aultres quelxconques personnes, ou en quelque lieu ou qualité que ce soit, aucune promesse, obligacion, traicté, serment ne convenance ..., chose quelconque par quoy soit ou puisse estre en aucune maniere prejudicié ou derogué aux c[hoses] ... cy après declaierées, contenues et promises en cest present traicté ; et si aucune chose en avoit est[é] ... ou l’un d’eulx ou par aultres fait ou passé, ou prejudice de celuy present traicté, ilz y renuncient dès moitenant, ... adnullant et promettant les adnuller du tout et mettre au neant, et en quictent et absolent l’un deulx l’autre par ces presentes, à touz jours perpetuelment, sanz jamais s’en povair joir en aucune maniere ; avoir promis et promect par ces prescrites, prandre par mariage et en femme et espouse lad. damoiselle Anne de Laval, ainxi que Dieu et sainte eglise se y accordent, le plus brieff que bonnement faire se pourra. A l’euvre et acomplissement et pour contemplacion duquel mariage, lesd. parties, de leurs bons grés, bonnes voulentez, propres movementz et certaines sciences, sanz aucune fraude, contrainte, decepvance ou ignorance, mais elles, sur ce bien conseillées, pourveues et adcertainées de leur fait et de leur droit, si comme elles disoint, et par meure et longue deliberacion recongneurent et confesserent avoir fait et firent, et font par ces presentes lettres, contratz, accorz, promesses, convenances, sermentz et obligacions et aultres choses qui ensuyvent.

 

I. Et premierement a esté traicté et accordé entre lesd. parties, que led. escuier et mari futur de lad. damoiselle sera tenuz et promect par ces presentes de delesser son nom, cri et armes et celles de sond. père, et de les bailler, assigner et transporter aud. Charlles, son frère prochein né après lui, qui sera tenuz et promist de les prandre et accepter, et dès ilec les bailla et transporta à sond. frère, qui celles print et accepta ; ainxi que s’il avenoit, que Dieu ne vueille, que lad. damoiselle alast de vie à trespassement sanz hoir d’eulx deux nez en leur mariage, que led. Jehan mary d’elle, retournera à avoir et porter les armes que sond. père porte à present, et sond. frère puisné portera dès lors la differance desd. armes, ainssi que de cest mariage n’eust oncques riens esté.

 

II. Item sera tenuz et promect led. escuier porter et prandre doresavant le nom, cri et annes de Laval, c’est assavoir dès moitenent et dès present led. mariage contracté, le propre nom et sournom dud. feu sire de Gavre, c’est assavoir Guy de Laval, sire de Gavre, et le cri, timbre et armes que portait led. feu sire de Gavre, filz dud. sire de Laval, que Dieu absole. Et ainxi se nommera et fera nommer en sceaulx et toutes manieres descriptives ; et apres le deceis dud. sires de Laval, les propre nom et sournom, c’est assavoir Guy, sires de Laval et de Vitré, et les cri et pleines armes de Laval et tymbre, ainssi que les porte led. sire de Laval, sanz riens y ajouster ne oster, tant en banieres, escuçons, pannons, tunicle, heaume, seaulx, signez, lettres, escriptures, contratz, procès, actes judiciaulx que aultrement, couvertures de chevaux armelez desd. armes que en aultres chose, et les sera tenuz et promect porter en bataille, tournoiz, en toutz faitz d’armes et en toutz aultres lieux et cas où noble puet et doit estre paré ou doit user de ses armes ; et en ses lettres et aultres quelxconques lettres qu’il fera ou consentira faire, pour quelconque chose que ce soit, dira et fera mettre : Guy, sires de Laval et de Vitré.

 

III. Item paraillement seront tenuz les porter et faire les enffans qui eistront dud. mariage et aultres descendans perpetuelment d’eulx en ligne masle, c’est assavoir celuy qui reprandra l’ainsneesce, les pleines armes, et les puisnez à differance, sellon ce qu’il est acoustumé de faire en tel cas. Et seront tenuz lesd. enffans de le jurer et promettre, incontinent et si tost qu’ilz seront aagez de quatorze ans.

 

IV. Item seront tenuz et promestront lesd. mariez fucturs le faire promettre et jurer, davant le juge ordinaire du Mayne, presentz deux tabellions et deux ou trois aagez (04) des amis dou lignage de Laval que l’en pourra trouver et recouvrer, à leursd. enffans, et en especial à icelui qui reprandra l’ainsneesce, incontinent et si tost qu’ilz seront aagez de quatorze anz, ou au moins procurer sanz fraude ne malengin, et faire tout leur povair envers leursd. enffans que ainssi le feront, le promettront et jureront. Et auxi en cas que de yceulx mariez ne y auroit enffant masle, par quoy leur succession escheist à fille, icelle fille marieront et promettront marier à homme qui porte le nom, cri et armes de Laval, soubz et o telles et semblables manieres, peines et divises contenues en cest present tracté, et non aultrement.

 

V. Item que tout ce faire et tenir, garder et acomplir sanz enfraindre, led. escuier auctorizé de sond. curatour et du consentement de sond. père, a juré et promis aux saintz euvangilles de Dieu touchez corporellemcnt, et sur le benoist corps Nostre Seigneur present et consacré, voulant que s’il fait le contraire, par quelque maniere que ce soit que sa [ça] ne avienne, qu’il soit tenu pour parjure et infamme, privé et desgradé pour ce mesme fait de tout honeur et noblesce, et qu’il soit tel puplié en toutz lieux et places, à la requeste de chascun de la ligne de Laval jucques au sep[ties]me degré, ou aultres proches du lignage de lad. damoiselle qui ce vouldra requerre, dire ou poursuivre.

 

VI. Item et paraillement promistrent, jurerent lesd. père et frère dud. escuyer, iceulx escuier [et] Charlles son frère auctorizés de leurd. curatour, et auxi led. curatour pour [et] en nom dud. escuier et de sesd. frères puisnez, et lad. damoiselle, auctorizée de sond. curatour et du consentement de sond. père, chascun endroit soy, le tenir et faire tenir et acomplir sanz jamais faire, venir ne souffrir estre fait par eulx ne par aultres au contraire en aucune maniere, et que [si] led. escuier et les enffans qui descendront dud. mariage ou aultres descendans in infinitum [indéfiniment] d’eulx en ligne masle, se efforczaint d’enfraindre lesd. promesses et de lesser lesd. nom, cri et armes de Laval et de porter celles que souloit porter led. ecuier ou son père ou ancesseurs, ou aultres quelles que elles puissent estre ; en ce cas, led. escuier veult que luy, pour soy, et auxi celluy son heriter qui fera le deffault en cheant et encorant en cent mille livres parisiz de peines, à apliquer moitié au roy nostre sire, et moitié à messire Guy de Laval, seigneur de Mont Jehan, s’il est en vie, ou à son heriter masle de sa char, sy ilz le veulent et pevent poursuir, ou aultres du lignage de Laval jucques au sep[ties]me degré, qui ce poursuivra et qui led. nom, cri et armes de Laval voudra prendre et porter ; lesquelles peines il promect, jure et gage rendre, poier, et en voulust estre contraint et executé incontinent et sitost et comme commises et encorues seront.

 

VII. Item et avecques ce led. escuier, oud. cas qu’il enfraindroit lesd. promesses, dès maitenant pour lors que led. cas sera advenu, du consentement de sesd. père et frères auctorizés de leurd. curatour, et led. curatour pour et ou nom d’eulx et dud. Guillaume leur frère, a donné et transporté à touzjours mais perpetuelment la tierce partie de toute sa terre qu’il a à present, ce qu’il aura ou lui escherra et doit eschoir, tant pour la succession de père et mère que aultrement, en quel lieu que ce soit, aud. messire Guy de Laval, se il est en vie, ou à son hoir masle de sa char s’il le veult et peut poursuir, ou aultres du lignage de Laval jucques au sep[ties]me degré dud. lignage de Laval, qui led. nom, cri et armes de Laval prendra ou portera ou deffault dud. escuyer ou des siens, comme dit est.

 

VIII. Item et en semblable peine enchierront les enffans masles descendans dud. mariage, et par especial celuy qui succeder devroit en lad. terre de Laval, s’ilz se efforçoint porter aultre nom, cri et armes que celles de Laval.

 

IX. Item et oud. cas que led. escuier ou les siens descendans dud. mariage enfreindroint lesd. promesses, led. sires de Laval, dès maitenant pour lors que led. cas sera venu, du consentement desd. escuier et damoiselle, auctorizée comme dessur, donne et transporte à touz jours mais perpetuelment aud. missire Guy de Laval, seigneur de Mont Jehan, s’il est en vie, ou à son hoir male de sa char, s’ilz le veulent et pevent poursuir, ou aultres plus proches en lad. ligne de Laval ou d’aultre ligne, son prochain parant, qui lesd. nom, cri et armes de Laval prandra et portera en deffault dud. escuier et des siens, la tierce partie de la terre qu’il a, en quelque lieu que ce soit.

 

X. Item et encores en deffault dud. escuier et des siens de porter lesd. nom, cri et armes de Laval, comme dit est, et auxi du deffault dud. messire Guy de Laval, seigneur de Mont Jehan ou de son heriter masle de sa char, ou auxi de la ligne de ceulz de Laval, d’iceulx nom, cri et armes reprandre et porter en deffault dud. escuier ou des siens, led. sire de Laval, du consentement desd. escuier et damoiselle, auctorizée comme desur, a donné et donne oud. cas, lad. tierce partie de sa terre au plus proichen de lui d’aultre costé et ligne que de la ligne de Laval, qui lesd. nom, cri et armes de Laval, vouldra porter et reprandre, comme dit est, sauff à lad. damoiselle son viage et usefruit en lad. terre, sa vie durant, ou cas que par elle ne seroit que led. escuier ou aultres descendanz dud. mariage ne portassent lesd. nom, cry et armes de Laval, et que elle auroit fait et procuré à son povair que ils les portassent par la manière desur promise. Et si led. messire Guy ou sesd. hoirs descendanz de sa char, ou lesd. aultres de la ligne de Laval ou d’aultre ligne proucheine dud. sire de Laval, qui à present sont ou seront ou temps que led. marié ou que les enffans de lui ou de lad. damoyselle, ou aultres principalx heritiers descendanz d’eulx in infinitum, enfraindroint ces presens acors et sermenz, et ne voudroint prandre et poursuir les donaisons desurd. ne y relever ne y subcier le nom et armes de Laval, comme dit est, pour aucun don, crainte ou favour ou aultre quelconque corrupcion ou trop nottable negligence ; en ceulz cas et chascun d’eulx, led. sire de Laval, du consentement desd. escuier et damoiselle, auctorizée comme desur, en tant comme à eulx ou à chascun en apartient ou puet apartenir, dès à present comme pour lors, donne au roy de Sicile comme duc d’Angeou et conte du Mayne, et au duc de Bretaigne, qui sont ou seront pour le temps, la tierce partie des heritages que led. sires de Laval a en leurs seigneuries, sanz ce que jamès lui ne ses heritiers en puissent joir aucunement en proprieté ou saisine. Et n’est pas l’intencion dud. sires de Laval, en lad. donaison faisant, que en cas que en sa vie, le deffaut de tenir et acomplir lesd. choses advendroit de porter le nom et les armes, comme dit est, de se desnuer quant à proprieté, usefruit, possession ne saisine de sesd. heritages, aucunement durant sa vie, ainz que non obstant il en demeure seigneur et proprietaire, et qu’il en puisse faire et ordrener comme bon lui semblera, sauff qu’il ne puisse quiter, remettre ne anuller les grez, promesses, sermenz ne convenances ne aucunes d’icelles, de porter le nom et armes de Laval, comme contenu est en ces presentes.

 

XI. Item et auxy a esté acordé que ençoys que led. escuier soit resceu à foy et hommage par les ducs de Bretaigne, d’Angeou et comte du Mayne, tant de sa terre propre comme de celle de lad. damoiselle, il sera tenu et promet jurer en la main lesd. seignours, ou solempneement davant le seneschal de Rennes pour le temps, ou davant le juge ordinaire qui pour le temps sera d’Angeou et du Mayne, sy recevoir le voulet, et l’offre faicte, sy receuz ne sont, pourra joir de leur heritage ainsy comme sy ceste condicion n’eust point esté appossée. Et ausy feront ses successours descendanz dud. mariage en ligne masle perpetuelment porter lesd. nom, cry et armes de Laval, et auxy ceulx du lignage qui en leur deffaut y vendront, par la maniere que dit est. Et en tant qu’ils en seront refusanz ou deloians du faire, lesd. seigneurs ne seront tenuz de les recevoir à foy et hommage, mais pouront tenir, joir et exploiter lesd. terres, et en appliquer à eulx les fruiz juques ad ce que ils aint fait led. serment, ou offert solempnelment, ainsi que dit est.

 

XII. Item en oultre a esté traictié et accordé aud. mariage faisant et pour ycelui estre acompli, que led. père et mariour dud. escuier le a marié et marie aveques lad. damoiselle, comme son filz ainzné et principal heritier tant en la terre dud. père que de la mère, en la presence et du consentement dud. Charles, son frère, auctorizé de leurd. curatour, et auxi dud. sire de Chasteaubrient leur curatour, ou nom d’eulx, et aussi comme curatour et ou nom dud. Guillaume leur frère, et a affermé en bonne verité qu’il ne a fait ou temps passé, et promis et juré qu’il ne fera ou temps advenir chosse que led. escuier, comme filz ainzné heritier principal de père et de mère, ne ait entierement toute leur succecion et heirrie, ainsi que les coustumes des païs le veulent.

 

XIII. Item et aussi le a juré, affermé et promis led. Charles, auctorizé de sond. curatour et de le assentement de sond. père, et aussi leurd. curatour pour eulx et ou nom dud. Guillaume leur frère ; et à tout ce, ont donné leur auctorité et consentement, sanz ce que jamais lesd. enffans puisnez dud. père, frères et surs, jà nez et à nestre puissent riens demander ès biens desd. père et mère dud. escuier, par maniere de heirrie, de succession ne autrement, fors seulement tel droit de heirrie ou succession que la coustume du païs leur donne, pour lequel droit, leurd. père et frère ainzné dès mointenant leur ont baillé et baillent, par ces presentes, les terres et seigneuries qui se ensuivent, c’est assavoir : le chatel de Frinodour (05), la chastelenie de Quenpergueheneuc et Pontreu, la chastelenie de Coardenay (06) et de Saint Michiel (07), Karmorech (08), la chastelenie du Veillmerch (09), la chastelenie de Camors, Plouigner, Quiliviniac (10) et Plehenet (11), le chastel de Coaiquibihen (12) et la terre de Moreac, et ce qu’ils ont en la paroisse de Cené (13) et à Vennes, o toutes et chascune leurs appartenances et dependences, comme celles terres ont acoustumé estre traittées et gouvernées, à en joir après la mort et deceis de leurd. père, qui valent autant ou plus que la porcion que leur puet competer esd. biens et heirrie de père et de mère, selon la coustume du païs ; si comme led. Charles de Montfort, auctorizé de sond. curatour, et led. curatour pour lui et ou nom dud. Guillaume frère, ont dit et recongnoessent, et en ce se sont consentiz et esté contens sanz jamès autre chose y demander ne reclamer, mais ont renuncé et par serment renoncient à tout ce que autrement leur en pourroit competer en quelque maniere que ce soit, sans jamès y avoir aucun recours.

 

XIV. Item et ou cas que aucune donacion, vendicion ou aultre transport ou alienacion auroit esté faite ou temps passé, ou seroit faite ou temps advenir par le père et led. escuier, son filz ainzné ou aucun d’eulx, de leurs heritages presens ou advenir ne autrement au proufit desd. puisnez, ou prejudice des promesses et autres choses desurd., en quelque maniere que ce soit, diretement ou obliquement, soit à aultres personnes ou en aultre nom au proufit desd. enffanz ou aultrement, en diminuant ou enpechant en aucune maniere le droit de la succession de sond. filz ainzné, lesd. père et enffans, auctorizés de leurd. curatour, et led. curatour pour eulx et ou nom dud. Guillaume, dès mointenant pour lors y renoncient et veulent que elles soint du tout nulles, cassés, sanz ce que jamès s’en puissent aider ne riens en avoir, tenir ne demander, mais y renoncient par lour foy et serment.

 

XV. Item s’il avenoit que led. père ou led. escuier, son filz ainsné feissent de fait aucune vendicion, obligacion ou alienacion de meuble ou de heritage ou quelque aultre chose ou prejudice de ce que dit est, ilz veulent et se consentent que tout soit nul et de nul effet, et veullent et se consentent que tout ce que ainxin seroit vendu, aliené, obligé ou transporté, compecte [et] appartienne à lad. damoiselle ou à cellui du lignage de Laval qui ce poursuivra, dès moitenant comme pour lors lesd. père et escuier son filz, ou cas que ilz feront alienacion, vendicion, don ou transport de heritage dud. père ou escuier, ou feront faire à lad. damoiselle de son heritage, le donnent, cedent et transportent à lad. damoiselle, sanz que elle y puisse renuncier, quicter, remettre ne consentir au contrayre, ains si elle y renuncioit, quicteroit, remettroit ou consentiroit au contraire, icelles choses ainxin alienées soint et appartiengent dès à present comme dès lors aud. messire Guy de Laval, seigneur de Mont Jehan, s’il est en vie, ou à son heriter masle de sa char, s’ilz le veulent et pevent poursuir, ou à aultres du lignage de Laval jucques au sep[ties]me degré, qui ce poursuivra, et qui led. nom, cri et armes de Laval vouldra prandre et porter, et les en font dès maintenant et pour lors, ou cas dessurd., vroiz seigneurs, et se constituent de tenir et possider pour eulx et en leur nom sanz jamais rien y demander ; et ainxin le veulent, du tiers de leur heritage estre apliqué, et le donent aud. messire Guy de Laval, seigneur de Mont Jehan, s’il est en vie, ou à son heriter male de sa char ou à aultres de lad. ligne de ceulx de Laval, oud. cas.

 

XVI. Item et encores d’abundant et à plus grant seurté, s’il estoit advenu ou advenoit ou temps advenir, en quelque maniere que ce fut, que led. père ou filz eussent fait ou feissent aucune vendicion, alienacion ou obligacion de leurs heritages au prouffit et acroissement des aultres enffans dud. père, nez ou à nestre, ou d’aultres, ou prejudice de ce que dit est, ou pourchacer que lad. damoiselle vendeit ou alienat aucune chose de son heritage, ilz veulent que tout soit nul, et veullent houltre et se consentent estre contreintz à tout restituer et desdomager, et d’aultant leur en rendre et bailler de leur terre propre, et dès à present pour lors le baillent et delivrent et s’en desmettent, et s’en constituent de ce tenir et possider ou nom de lad. damoiselle et de ceulx de lad. ligne de Laval, comme dessur est dit, sanz que lad. damoiselle ou lesd. aultres de la ligne de Laval le puissent quicter, remettre ou consentir au contraire desd. choses.

 

XVII. Item et houltre ce, si led. escuier ou sort hoir masle qui après prochement succedera, ou aucuns aultres hoirs masles descendantz d’eux [in] infinitum deffaudroint ou l’un d’eulx de porter le nom et armes de Laval, comme dit est, ou si lesd. père et escuier, son filz avoint fait ou temps passé ou fesoint faire ou pourchacer, par le consentement dud. sire de Laval ou de lad. damoiselle ou aultrement, ou temps avenir, aucune chose ou prejudice des presmes (14) et convenances dessurd. ou d’aucunes d’icelles, en quelque maniere que ce soit, en ce cas dès moitenant et pour lors, ilz donnent et transportent aud. messire Guy de Laval ou à sesd. hoirs masles de sa char, ou aultres de lad. ligne de Laval, comme dit est, la tierce partie de leur heritage et tout ce qu’ilz pevent donner de droit et de coustume. Et si led. messire Guy ou sesd. hoirs ou aultres de lad. ligne de Laval ne vouldroint prandre ou poursuir les donaisons dessurd. pour aucun don, crainte, favour ou aultre quelque[conque] coruccion (15) ou trop nottable negligence, en ceul cas et chascun d’eulx, lesd. père et escuier donnent aux dux de Bretaigne et de Normandie et au comte d’Evreux la tierce partie de leur heritage que ilz tiennent d’eulx, et tout ce que ilz puent donner de droit et de coustume, ainxin que lesd. donaisons lesd. donaitoires ne aucuns d’eulx ne pourront quicter, remettre, relacher, renuncer par transaccion, composicion, vente, donaison, cession, transport ou aultrement en quelque maniere que ce soit, directe ou indirecte.

 

XVIII. Item et quant au douaire de lad. damoiselle, acordé a esté et est oultre entre lesd. parties que, pour doaire et en lieu d’icelui, lesd. père et escuier, son filz, Charles, sond. filz auctorisé de leurd. curatour, et led. curatour pour eulx et ou nom dud. Guillaume, ont donné, baillé et asigné, et par ces presentes donnent, baillent et assignent à lad. damoiselle les chousses qui s’ensuivent : savoir est toutes et chascune les terres que led. chevalier a et à lui sont et appartennent et puent appartenir en France et en Normandie, la baronnie de Gaell, siise en Bretaigne, ainsi que elle se comporte, avecques le chastel de Comper et les parroesses qui ensuivent, c’est asavoir les paroesses de Gaell, de Mauron, de Concouret, d’Illefau, de Saint Brieuc de Mauron, de Saint Liri (16), de Plumaugat, de Saint Jehan de l’Isle, et generallement toutes et chascune les choses appartenantes et appendentes à lad. baronnie de Gaell en quelxconqucs parroesses, sauff les forestz de Brecelien ; à joir desd. pieces, par cause de doaire, tant tost et incontinent après la mort dud. escuier, sire de Guergorlay, non obstant que led. sire de Montfort soit en vie ; et en oultre li baillant et assient la terre de Loheac, jucques à la some de doze centz livres de terre, à en joir après la mort dud. sire de Montfort, pour en joir sa vie durant comme de doaire, non obstant la coustume que l’on dit que femme qui est heritiere principalle ne doit avoir doaire ; à quoy lesd. père et filz ainsné et sond. frère Charles, o l’auctorité et assentement de leurd. curatour, et led. curatour pour eulx et ou nom dud. Guillaume de Montfort, ont renuncé et renuncient, en suplient au roy nostre sires, au duc de Bretaigne ou aultres seigneurs à qui ce puet toucher, que ce ilz veillent approuver et confermer en tant que besoign en seroit ; ou si elle ne pouet tenir comme de douaire, si veullent ils que elle tienge par maniere de don de noces ou autrement par quelque maniere que poura meuh valoir. Et pour led. doaiere ou don de noces, lesd. père et escuier, dès mointenant pour lors, lui ont assigné et assignent lesd. lieux, c’est asavoir lesd. terres de France et de Normandie, lad. baronnie de Gaell et led. chastel de Comper, les parroesses desur nomées et la terre de Loheac, jucques à douze cenz livres de terre, oultre les autres terres desurd. Et ad ce se sont assentiz led. Charles, auctorizé comme dessus et du consentement dud. père, et led. curatour pour luy et ou nom dud. Guillaume.

 

XIX. Item et en oultre ce, a esté traicté et acordé entre lesd. parties, pour pourveoirs à l’estat et gouvernement du vivre desd. escuier et damoiselle, que led. escuier joira dès à present de tout les biens immeubles et heritaiges qui li poent comppeter et appartenir et à sesd. frères, à cause de la succession de sad. feue mère, et se a voulu et consanti, veult et consent expressement par ces presentes, led. messire Raoul, son père, et led. Charlles, son frère, auctorisé de sond. curatour, et led. curatour, ou nom desd. Charles et Guillaume et du consentement de leurd. père, non obstant que par coustume de pays, il deust joir de lad. terre ou de partie d’icelle, tant comme il sera veuf et se tandra de marier. Et en oultre avecques ce, a led. messire Raoul, son père donné, baillé et deleissé, et par ces presentes donne, baille, deleisse et transporte aud. Jehan, son filz, en avancement d’oaerie, la terre de Canzillon (17) et la terre de Saint Jehan sur Coaynon, o toutes et chascune leurs appartenances et depandances, desquelles chouses il li a transporté et transporte touz les droiz de proprieté, seignorie, saessine et possession, avecques toutes les raisons, dons, noms et accions reelles et personelles et autres quelxconques qu’il y a ; et s’en est desmis, dessaisi et devestu, voulant et consentant que sond. filz en soit mis et receu en la foy et homage, possession et saisine par celui ou ceulx à qui il appartendra, fist et constitua ses procureurs generalx et certains messagers espicialx, sen[z] rapel, Pierres Dolier, André Rabaut, maistre Thebaud Quenoar, aux quelx et à chescun d’eulx pour le tout, il a donné et donne plain poair, auctorité et mandement espicial de ce faire et tout ce qui en tel cas appartient et est acoustumé de faire, à tout ce que dessur est dit recongnoistre et acomplir, pourveu que si led. Jehan aloit de vie à trespassement avant la mort dud. sire de Montfort, lesd. terres de Canzillon et de Saint Jehan de Coaynon retourneront aud. sire de Montfort, sauf à revenir aux enffans dud. Jehan après la mort dud. sires.

 

XX. Item et pour ce que led. Guillaume, filz derroin né dud. sire de Montfort e[s]t soubz l’aage de quatorze anz, pour plus grant promission et suite de la besoigne, a esté et est parlé, traicté et acordé entre led. sire de Laval d’une partie, et led. sire de Montfort d’aultre, que led. sire de Montfort fera et pourchacera faire consantir, louer, approuver, rattiffier et tenir per led. Guillaume, son filz, auz prochains generalx plez de la court de Rennes qui seront tenuz après qu’il aura l’aage de quatorze ans acompliz, ou à autres plez de lad. court dedanz le quinzieme an dud. Guillaume, acomplir toutes et chascune les choses contenues en ce present traicté, en tant que elle[s] sont faictes pour lui ou en son nom par sond. curatour et autrement, en tant que lui pourront toucher, tant par serement que autrement, o l’auctorité de son curatour ; et pour ce, le faire ester et comparestre en personne en plains plez à lad. court de Rennes, habilite suffisanment tant pour emancipacion que de curateur o poair ad ce. Et quant ad ce faire, procurer et pourchacer est ob1igé, promet et est tenu led. sire de Montfort, par la foy et serement de son corps, et à la paine de diz mil livres tournois à appliquer, metié au duc de Bretaigne et l’autre metié au sire et à la damme de Laval, sa compaigne ; laquelle some de peccune, led. sire de Montfort a jure et promis leur paier et randre à leur requeste, toutes cavilacions et dilacions cessantes, en cas de deffault de faire et acomplir ce que dit est.

 

XXI. Item ont voulu et consenti, veullent et se consentent lesd. parties, o les auctoritez et consantemens dessurd., que ces presens contraz acordez, promesses, donnaissons, transpors, obligacions vaillent et tiengent, et aient leur plain effeit et vertu, non obstant us ou coustumes de pays, ne autre chose ad ce contraire, à quoy ils ont renuncié et renuncient par ces presentes ; et si elles ne valent en tout, que elles vaillent et tiennent tant comme raison et les coustumes des lieux et pays le veulent et pevent endurer et souffrir.

 

XXII. Item ont promis et juré non impetrer dispensacion de serement ne aultrement au contraire de ce que dit, ne en joir ne user si impetré estoit par quelque personne ne en quelle maniere que ce fust.

 

XXIII. Item ont en oultre lesd. père et filz, auctorizé comme dessur, et led. curateur, pour eulx et ou nom doud. Guillaume de Montfort, promis et promectent par ces presentes, les chousses dessurd. et chascune d’icelles, à leur povair, faire, confermer, auctorizer et approuver ; et veulent et se consentent que elles soint et puissent estre confermées et approuvées, en leur presence ou absence, par le roy nostre sire et par le duc de Bretaigne et les seigneurs des païs où lesd. terres desd. parties sont assiisses, et à qui ce peut appartenir, et de avoir et impetrer sur ce, lettres par lesquelles le roy nostred. seigneur et lesd. princes confermeront de leur certaine science et auctorité principal, et approuveront toutes et chascune les chosses dessurd. et tout le contenu de ces presentes. Et supplieront et dispenseront desd. coustumes desd. pays qui seront contraires aux chosses dessurd. ou aucune d’icelles, ou par lesquelles elles ne porroint avoir leur effeit ne sortir ycelui ; et en feront toute leur diligence, poair et devoir dedans un an prochain venant ; et lesd. lettres ainsi impetrées, bailler et apporter auxd. seigneur et damme de Laval dedans led. temps.

 

XXIV. Item ont oultre volu et promis lesd. parties toutes les chosses desurd, estre par elx passées en la court de parlement du roy nostre seigneur à Paris, et ont volu et consenti, veulent et consentent par ces presentes, estre aux choses dessurd. tenir et acomplir senz enfraindre, condempnez par arrest ou jugement de lad. court de parlement. Et pour ce faire, lesd. parties on[t] fait et constitué, font [et] constituent par ces presentes, leurs procureurs generalx et messagers certains especialx, senz rappel, maistre Herbert Camus, Gervese Ysembart, Benoist Pidalec, maistre Guy Raoul, maistre Thebaud Quenoir, Pierres Dolier, André Rabaut, Jehan Dumaz, Thomas Berthier, aux quelx et à chascun d’eulx pour le tout, ilz ont donné et donnent plain poair, auctorité et mandement especial de ce faire et consentir, et tout ce qui en tel cas appartient et sera à faire neccessaire.

 

XXV. Item de ce mesmes fait ont passé, juré et consenti lesd. parties lettres paroilles, de court d’eglise, par la court de reverend père en Dieu l’evesque de Rennes et de son official, à laquelle jurisdicion ilz se sont submis et prorogué leur jurisdicion, par laquelle se sont obligez et obligent à faire et tenir et acomplir les chosses desurd., tant par paine de excomuniemens que par toutes aultres paines et voyes dessurd. qu’il appartient ; desquelles lettres se pourront joir lesd. parties aveques ces presentes et autres quelxconques sur ce faictes, et sens ce que par l’execucion des unes lettres soit impesché ne retardé l’execucion des aultres.

 

Lesquelx traictez et acorts, promesses, serementz, obligacions, peines, donnaisons et convenances et aultres chosses desurd. et desclerées, et toutes les aultres choses en ces lettres contenues et escriptes, lesd. parties esd. noms, et chascune d’icelles endroit soy et pour tant que ce lui touche, ont promis et promectent par leurs foiz et serementz de leurs corps pour ce faitz, et par la maniere que dit est dessur, avoir agreables et tenir fermes et estables à touz jours senz rappel, les enteriner et acomplir senz aller, dire, venir, ne faire aller, dire ne venir encontre, par raison de errour, de ignorance, de minorité de aage, de depcevance ne aultrement, par quelque voye, art ou engin, jamais à nul jour que ce soit ou puisse estre, ançoys ont promis et promectent lesd. parties esd. noms, et chascune endroit soy et pour tant que ce li touche, randre et apporter toutz coustz, mises, domages, salaires, journées et interestz et despens qui faiz et encouruz ou soustenuz seroint, pour cause et occasion des chosses desurd. ou aucune d’icelles non tenues ou non acomplies ; obligeans quant ad ce, pour toutes et chascune les chosses desurd. tenir et acomplir, lesd. parties esd. noms, l’une partie à l’autre, o les auctoritez et consentementz dessurd., elx et leurs biens, leurs heirs et les biens de leurs heirs, meubles et inmeubles, presens et à venir, et mesmement lesd. père et filz, auctorizé comme dessur, touz leurs biens et de leurs heirs, et de chascun d’elx pour le tout ; et led. Charles de Montfort, auctorizé de sond. curatour, et aussi led. curatour pour et ou nom de lui et doud. Guillaume, toutz les biens d’icelx puisnez et de leurs heirs et de chascun pour le tour, qu’ilz submisdrent pour ce à justice, vendre et esplecter par nous et par toutz aultres justiciers, soubz qui[conque] juridicion que ilz seront et porront estre trouvez ; et abrenoncierent en ce fait lesd. parties et chascun endroit soy que ce li touche, par leursd. serementz et foy, à toutes excepcions, depcecions de mal, de fraude, de errour, de ignorance, de depcevance, à toutz baratz, cautelles, cavilacions, à toutes graces, franchises et libertez, dispensacions et absolucions, relevemens et graces quelxconques, de pappe, de roy, de prince et de prelat, données et à donner, à ce contraires ou prejudiciables, à tout aide de droit escript ou non escript, à touz us, stilles, coustumes, usages de lieuz et de pays, à action en fait, à condicion senz cause ou pour non justice et indeue cause, à toute lesion et circumvencion, à convencion de lieu ou de juge, à benefice de division, relevement dou terme, restitucion, à decepcion d’oultre moitié de juste pris, et à ce que ilz puissent dire ou proposer ou temps à venir une chosse faicte et dicte et l’autre escripte ; et mesmement lad. damoiselle, auctorisée du consentement que dessus, au benefice du sene consule (sic) Velleyen, à l’espitre de divi Adrian, et à touz aultres droiz faiz et introduiz en la faveur des fammes ; et generalment abrenoncierent lesd. parties à toutes aultres chosses quelxconques, tant de fait comme de droit, de us ou de coustume, qui aider ou valoir leur pourroint ou à aucune d’icelles, pour dire ou venir contre ces lettres et les choses dedans contenues, et au droit disant general abrenonciacion non valoir, renonciens aussi les dessurd. et chascun esd. noms pour ce que li touche, à jamès en futur, contre les chosses desurd. mander ne dire exoine, querre terme de parler, jour jugé, vrez plegementz, inhibicions, monicions, subspens[ions], ne nulles aultres dilacions apporter ne impetrer par eulx ne par aultres en aucune maniere, Et de cestes choses seront faictes pluseurs lettres et si grant nombre comme lesd. parties et celx à qui il touche vouldront. Aux quelles chosses, toutes et chacune cy dessus escriptes tenir, garder, faire, acomplir entierement senz jamais venir à l’encontre par eulx ne par aultres en aucune maniere, Nous, en nostred. conseill, et aussi nostred. seneschal de Rennes et par nostred. court de Rennes avons condempné et condempnons, par ces presentes, lesd. parties et chascune d’icelles, pour tant comme li touche, ès noms et comme dessus est dit, sauff et à nous reservez noz droiz, souverainetez, libertez, seigneuries et noblesces, selon les coustumes, usemens et observances de nostre pays, et senz nostre prejudice aucunement.

 

Presens aux chosses dessurd., reverendz peres en Dieu Adam, evesque du Mans, Hus, evesque de Vennes, les seigneurs de Montauban et de Combour, Pierres de Rocheffort, le sires du Plexeiz Bretran, le seigneur de Oudon, le sire de Molac, monseur Armel de Chasteaugiron, messire Amaury de Fontenay, messire Jehan d’Acigné, monseur Juhes d’Avaugour, monseur Jehan de la Chappelle, monseur Georges Chesnel, monseur Guillaume de Matefelon, monseur Jehan de Saint Didier, monseur Guillaume d’Ebrée, messire Ambroise de la Foillée, monseur Guillaume d’Orenges, messire Jehan l’Enfant, monseur Jehan de Saint Gille, monseur Jehan de Langueoez, monseur Mahé Levesque, monseur Bretran de Texue, monseur Olivier Arrel et pluseurs autres chevaliers, dammes, dammoisselles, escuyers et aultres gens nobles.

 

Et en tesmoign des chosses desurd., Nous avons comandé mettre et apposer à ces presentes le seau de nostre chancelerie, avecques les seaux des contratz de nostred. court de Rennes ; aux quelles ont mesmes mis et apposé leurs seaux, le sire de Laval et de Vitré, pour li et sad. fille et pour led. sire de Quintin, et messire Jehan le Vaier, à leur requeste et prieres, et pour tant comme à chascun touche, le sire de Montfort pour lui, et le sire de Chasteaubriend tant pour luy que pour lesd. Jehan Charlles et Guillaume de Montfort, et pour led. monseur Jehan Raguenel, à la requeste et priere desd. Jehan, Charles et Raguenel, et pour chascun pour tant comme il touche, à maire fermeté des chosses desurd. Ce fut fait et donné ou chasteau de Vitré, le XXIIème jour dou moys de janvier, l’an mil IIIICC et quatre.

 

Ainsi signé Raoulet Guinot passe. P. de Romelin passe. »

 

Notes

 

(01) Cette copie forme un rouleau de 2 mètres 85 cent. de long sur 30 cent. de large ; la partie supérieure est un peu endommagée, et les débuts de l’acte présentent par suite quelques lacunes. Duchesne (Hist. généaloqique de la maison de Montmorency et de Laval, 1624, p. 573-575) a publié à peu près textuellement quelques passages du contrat proprement dit, inclus dans les lettres de Jean V

(02) Le qualificatif d’écuyer donné ici à Raoul de Montfort, père du futur, est en contradiction avec celui de chevalier qui lui est attribué plus loin (voy. $ XVIII). Il est à croire qu’ici il y a eu un lapsus du scribe, car le titre d’écuyer qu’on trouve ensuite fréquemment dans la pièce, se rapporte toujours à Jean de Montfort, le futur, fils ainé de Raoul.

(03) Benneric (sic). Duchesne a inprimé bannière.

(04) Du Chesne donne la leçon agreez, mais il y a bien aagez au ms. que nous suivons.

(05) Frinodour, anc. château au confluent du Leff et du Trieu ; Côtes du Nord, cne de Quemper-Guézenec

(06) Coardenay : auj. Coatannay, Côtes du Nord, cne de Louargat

(07) St Michel en Grève

(08) Kermoroc’h

(09) Vieux Marché

(10) Kervignac

(11) P1ouhinec (?)

(12) Coët-Biban (?), anc. château, Morbihan, cne de Questembert

(13) Sené, canton de Vannes

(14) Sic, au sens, croyons-nous, de prémisses

(15) Sic. On a pu voit un peu plus haut (§ X), dans une phrase identique, la variante corruption, qui précise le sens de ce mot

(16) St Léry, Morbiban, cne de Mauron

(17) Camzillon, Loire Inférieure, cant. de Guérande, cne de Mesquer.