Saint Maurice de Ventalon
(12 / 05 / 2009)
1. Localisation (Languedoc, 48 - Lozère)
Saint Maurice de Ventalon (altitude : 1000 m) est une commune située au Sud Est de Mende et à 30 km à l'Est de Florac (N 106 puis D 998 sur la gauche, peu avant Florac) (cf aussi Villefort).
* « Carte générale de la France, n° 55 (Mende) », extrait des environs du Pont de Montvert, d’après César François Cassini de Thury. Sont notamment mentionnées Grizac, le Vilaret, ainsi que la tour du Viala.
2. Description
La Chesnaye Desbois mentionne un lien avec une famille de Montfort, mais cet anthroponyme ne semble pas s’être transformé en toponyme local.
2.1. Une vue du hameau dans son vallon et maisons du village : A, B.
2.2. Deux vestiges médiévaux (châteaux forts) subsistent dans les environs, l’un au Viala (tour du Viala), l’autre à Montjoie.
2.3. Le Pont de Montvert contient les ruines du château de Grizac, lieu de naissance de Guillaume de Grimoard (1309-1370), couronné pape (6 novembre 1362) sous le nom de Urbain V, quoique n’étant pas cardinal. Il prit la direction de l’évêché de Mende, et en reconstruisit la cathédrale à ses frais (Joanne).
3. Histoire
3.1. La paroisse de St Maurice de Ventalon dépendait du diocèse d'Uzès, depuis la création de ce dernier (415) jusqu’à la Révolution (Germer-Durand).
La terre a appartenu à une famille portant le nom de Montfort (la Chesnaye Desbois). A proximité cependant, 2 lieux portent un nom de consonnance voisine : (le Pont de) Montvert et Montjoie. Le parler local pourrait avoir « transformé » la phonétique de ces noms en Montfort.
3.2. La ferme (métaierie) voisine du Viala fut vendue, après diverses étapes, aux Houillères de la Grande Combe en 1926, puis devint propriété des Houillères du Bassin des Cévennes en 1946. Elle appartenait (milieu XIVème) aux Grimoard, seigneurs de Grizac, qui détenaient des terres dans les diocèses d'Uzès et de Mende. Ils rendaient hommage aux seigneurs de Polignac et à l'évêque de Mende, comte du Gévaudan.
Cette famille de Grimoard a donné un pape, Urbain V, de 1362 au 19 décembre 1370. Lors de son élévation au trône pontifical, le roi de France, Jean II Le Bon, se rendit en Avignon pour saluer le nouveau pontife. Pour laisser à sa famille un témoignage de sa royale protection, il accorda à perpétuité au père de ce pape, Guillaume II de Grimoard, seigneur de Grizac, ainsi qu'à ses successeurs, une exemption de toutes charges et impôts jusqu'à 200 feux (lettres patentes de Jean II de mai 1363, confirmées par les rois Charles V, Charles VI, Charles VII, Louis XI et Charles VIII).
On peut remarquer qu'un Guy de Montfort (l'Amaury ?) a représenté (vers 1305) le pape Urbain V dans le midi de la France.
Guillaume II mourut à Avignon (16 octobre 1366) à l'âge de 100 ans. Il avait eu 4 enfants : Guillaume III (devenu le pape Urbain V), Anglic (cardinal évêque d'Avignon), Delphine (épouse de Guillaume de Monte Alto) et Estienne (mort avant son père, laissant une descendance féminine).
Muni des procurations de ses oncles, Raymond de Monte Alto, fils de Guillaume de Monte Alto et de Delphine de Grimoard, se présenta (23 avril 1367) devant le sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, Amédée des Baux, qui donna aussitôt des lettres exécutoires pour faire procéder sur place au dénombrement des feux appartenant au seigneur de Grizac afin que ses vassaux puissent jouir en paix de la faveur accordée par le roi. Cependant, Raymond attendit avant de requérir l'exécution de ces ordres : il fit présenter (31 mai 1373) les lettres du sénéchal à la trésorerie de Nîmes pour demander que l'enquête soit réalisée.
Son frère, le cardinal Anglic, bénéficiaire de la part que lui légua le pape, testa d'abord (17 octobre 1373) en faveur de Raymond de Monte Alto. Mais ce dernier épousa Jacquette, d'une famille de Montpellier, et mourut (1375) sans postérité. Anglic fit un deuxième testament (24 avril 1377) en faveur de xxxx Grimoard de Senhoret, fils de sa nièce Amphélise de Grimoard (c'était la fille d'Estienne de Grimoard). Il fit (11 avril 1388) un troisième testament, devant maître Bertrand de Cazis, notaire à Avignon, par lequel il confirmait la donation de 1377 à Grimoard Sinhoretti fils, seigneur de Grizac, et Pierre Senhoret, chevalier, seigneur de La Roque Ste Marguerite, au diocèse de Rodez.
On ignore à quelle date les Grimoard vendirent la ferme du Viala, mais celle-ci appartint par la suite (1415) à la famille de Cadoëne. Guillaume de Cadoëne, seigneur de Gabriac, avait suivi Louis IX en croisade (1269) (ses armes figurent à la salle des croisades du château de Versailles). La ferme du Viala appartenait (2 mars 1452) à noble Charles de St Martin, seigneur du Villaret, du Viala et de Cadoëne (acte reçu par Marc Julien, notaire). Elle porta alors pendant plus de 100 ans le nom de ferme du Viala de Cadoëne.
Plus tard, on trouve comme témoin à un mariage (14 juillet 1538) Louis Grégoire dit « de Cadoëne », seigneur de Cadoëne des Gardies (le notaire est Briçonnet).
4. Héraldique et généalogie (Chesnaye-Desbois)
4.1. André de Montfort
La seigneurie de Montfort, située sur la paroisse de St Maurice de Ventalon, au diocèse d'Uzès, appartint à la famille d'André. Celle-ci n'en avait que le domaine utile, puis elle acquit (1605) une partie de la directe et de la justice du baron de La Fare, en qualité de seigneur du marquisat de Montclar, d'où dépendait ladite directe en justice. Le mariage (1668) de Jean d'André, trisaïeul de celui qui est aujourd'hui le chef de cette famille, avec Marie de Beauvoir du Roure, fit entrer dans la famille d'André l'autre partie de directe et de justice de la terre de Montfort, dont elle prit le nom. Cette dernière partie dépendait de la baronnie de Verfeuil, appartenant à la maison de Grimoard de Beauvoir du Roure. La terre de Montfort est ainsi un démembrement du marquisat de Montclar et de la baronnie de Verfeuil, dont elle relève en arrière fief. Jean Baptiste René d'André de Montfort (cf ci-après) en rendit hommage (11 mai 1775) au marquis du Roure, en sa qualité de baron de Verfeuil, pour la portion de directe et justice qui ressort de la dire baronie, et il n'a pas encore hommagé l'autre portion de directe et justice qui relève du marquisat de Montclar - La Fare, représenté aujourd'hui par M. de Pavée, marquis de Villevielle.
Les autres terres et fiefs possédés par cette famille sont : Béluge, Viala, Blachère, Laubertier (dont hommage au seigneur comte du Roure en qualité de seigneur marquis de Grizac), Nozières (dont hommage à l'évêque de Mende comme comte du Gévaudan), la terre et château de Prades, la terre et seigneurie de la paroisse de Ste Croix de Caderles, que Suzanne Henriette de Noris apporta en dot, ainsi que la seigneurie du château de Prades, à son mari, Jean Baptiste d'André de Montfort (dont hommage au prince de Conty, en qualité de seigneur et comte d'Alais).
Cette famille d'André a perdu les preuves de son ancienneté dans les guerres contre les Camisards, qui causèrent des dommages dans la province de Languedoc lors des troubles dans les Cévennes : une expédition sur les registres de l'Intendance de Montpellier (15 mars 1732) et un certificat du comte du Roure (22 mars 1732) portent que M. de Montfort avait une maison au Pont de Montvert, diocèse de Mende, laquelle avait été réduire en cendres, avec tous les titres de famille, par les Camisards. Cette famille ne peut ainsi remonter sa filiation qu'à (généalogie de M. d'Hozier) :
a. Noble Gabriel d'André, seigneur de Lauzières (testament du 7 décembre 1586, codicille du 22 octobre 1590). Il eut de Marie de Boisset (testament du 10 avril 1617) :
1. et 2. Antoine et Guyon, dont on ignore la destinée.
3. Pierre, qui suit.
4. et 5. Anne et Jeanne, lesquelles étaient mariées le 22 novembre 1608. L'expédition en a été délivrée sur la minute le 24 août 1741.
6. et 7. Françoise et Agnès, nées après le testament de leur père, et qui vivaient encore sans alliance le 22 novembre 1608.
II. (ce deuxième degré II fut supprimé par Badiez, tome XIII, ancienne édition) Pierre d'André, seigneur de Lauzières et du Pouget, épousa (contrat du 6 décembre 1608 devant Desfours, notaire de Barre) Marie de St Martin, fille d’Antoine de St Martin, seigneur du Villaret, et d'Antoinette du Foulhaquier. De cette alliance vinrent :
1. Pierre, qui suit.
2. Antoine, seigneur des Crouzels.
3. et 4. Simon et Guyon.
5. une fille dont on ignore le nom.
III. Pierre d'André, seigneur de Lauzières et du Pouget, transigea avec Antoine, son frère (acte passé devant Ayral, notaire de Florac, le 24 février 1642) et institua (testament, reçu de Vitalis, notaire de Liancous, du 10 février 1656) son héritière universelle Marguerite de Reines, sa femme, à la charge de rendre la dite hérédité à tel de ses enfants que bon lui semblerait. Par cet acte, il voulut être enterré dans le cimetière de la paroisse de Liancous, au tombeau de ses prédécesseurs, et nomma, dans l'ordre suivant, les enfants qu'il eut de son mariage. De plus, désirant que l'entier domaine et métairie qu'il avait au Mazoge du Pouget et des Crouzels, demeurât uni à son hérédité, ainsi que lui et ses prédécesseurs l'avaient tenu, il ordonna que l'héritier ou l'héritière qui serait nommé par sa dite femme serait tenu de faire restitution de la dite métairie en faveur de l'un de ses enfants, en la substituant jusqu'au IVème degré inclusivement, afin qu'elle ne fut point aliénée. Les enfants sortis de ce mariage furent :
1. Antoine, sieur de Golombert.
2. Jean, qui suit.
3. Quatre filles, Marguerite, Anne, Marthe et Marie.
IV. Noble Jean d'André, écuyer, seigneur de Montfort, de Béluge, etc, épousa Marie de Beauvoir, fille de noble Claude de Beauvoir, sieur de Pazenan, et de Marguerite de Broche, sa femme, par contrat post-nuptial du 8 juillet 1669, passé devant Brés, notaire du Pont de Montvert, dans lequel il est dit que ce mariage avait été célébré dans la ville de Barjac, diocèse d'Uzès, le 18 novembre 1668, la proposition en ayant été faite par messire Papien de Grimoard, comte du Roure, lieutenant général du roi pour la province du Languedoc, parent de la dite demoiselle, pour lequel effet les dits sieurs d'André et de Pazenan s'étaient transportés au château de Banne, où les articles avaient été arrêtés et consignés au pouvoir du dit seigneur comte du Roure qui, ayant été obligé de partir pour la Cour peu de jours après, et y étant décédé, avait été cause du retard de la conclusion de ce mariage. De cette alliance vinrent :
1. Jacques, qui suit.
2. Jean d'André de Béluge, lieutenant au régiment du roi le 22 mars 1695, dont il fut fait capitaine le 11 janvier 1698, tué aux environs de Barjac en combattant pour le service du roi contre les Camisards.
3. Marie d'André, mariée à noble Scipion d'Ozil, seigneur de St Vincent.
V. Noble Jacques d'André, écuyer, seigneur de Montfort, testa le 30 novembre 1707, et avait épousé par contrat passé devant Vignal, notaire de Barjac, le 31 août 1703, Jeanne de Berlié, fille de Pierre de Berlié, seigneur d'Arques, et d'Antoinette du Soullier, dont :
1. Jacques Scipion, qui suit.
2. Louis d'André de Montfort, seigneur de Béluge, mousquetaire du roi, qui servit en cette qualité depuis le 24 avril 1732 jusqu'au 1er janvier 1739, et fit en Allemagne la campagne de 1734, suivant un certificat du marquis de Jumilhac, capitaine lieutenant de la première compagnie des mousquetaires, du 9 janvier 1740.
3. Marie Anne, née le 5 août 1708, mariée le 23 août 1736 à noble François Aimar de Manoel, seigneur de Nogaret, de Poujol, etc.
VI. Noble Jacques Scipion d'André de Montfort, seigneur de Montfort, de Béluge, du Viala, et en partie du Pont de Montvert et de Teissonnières, né le 2 avril 1706, épousa par contrat du 17 août 1723, passé devant Boniffet de l'Hermet, notaire de Mende, Françoise de Gentil, fille de noble Etienne de Gentil, seigneur de Teissonnières, et de Marie d'Ayral, de la ville de Florac, diocèse de Mende. Elle vivait encore en 1775, âgée d'environ 76 ans, la dernière de sa famille, de laquelle était le capitaine Gentil, célèbre dans les guerres de Henri IV. Elle apporta en dot à son mari les terres de Teissonnières et de Nozières. Jacques Scipion d'André fit son testament le 5 avril 1737 devant Boyer, notaire de Florac, par lequel il institue héritière son épouse, et mourut le même jour. Sa veuve produisit à M. de Bernage, intendant de Languedoc, les titres justificatifs de la noblesse d'extraction de son mari. Il rendit une ordonnance le 11 décembre 1741, par laquelle elle fut déchargée, ainsi que ses enfants, du paiement de la somme de 150 livres, à laquelle le feu seigneur de Montfort, son mari, avait été taxé pour droit de franc-fief, à cause de la terre et seigneurie de Béluge et de celle de Viala. Les enfants issus de ce mariage sont :
1. Jean Baptiste, qui suit.
2. Louis, seigneur de Montfort, né le 26 mai 1726, fait mousquetaire du roi le même jour que son frère aîné, et mort à Florac le 17 mars 1746, après avoir fait deux campagnes à la suite de sa majesté.
3. Jean Scipion, né le 31 décembre 1731, lieutenant en second des Mineurs, compagnie de Schols, où il sert depuis 1752, et capitaine au corps royal d'artillerie, régiment de Metz, par commission du 15 juillet 1766.
4. Etienne Marc Antoine, dit « le chevalier de Montfort », né le 30 juillet 1735, lieutenant d'infanterie au régiment d'Aumont, auparavant Talaru, actuellement Beauce depuis 1756. Il a fait en cette qualité les dernières campagnes, depuis celle de Minorque jusqu'à l'affaire de Minden, où il fut blessé de plusieurs coups et fait prisonnier de guerre. Il a été fait capitaine au même régiment de Beauce, par commission du 30 décembre 1769.
5. Jeanne, non mariée.
VII. Jean Baptiste d'André de Montfort, chevalier, né le 2 juin 1725, seigneur de Béluge, du Viala, de La Blachère, Mamejean, Nozières, Prades, Ste Croix de Caderles, etc, ancien mousquetaire de la garde du roi, où il a servi le 4 mars 1742, jusqu'au 1er mars 1746, a fait la campagne de 1744. Pour prévenir la perte et l'égarement de ses titres, il obtint un arrêt de maintenue de noblesse en la cour des aides de Montpellier, le 27 septembre 1768. Il a épousé, par contrat passé devant Marsial, notaire de La Salle, le 3 novembre 1760, Susanne Henriette de Novis, qui lui apporta en dot la terre et seigneurie du château de Prades et celle de Ste Croix de Caderles, au diocèse d'Alais, fille de Louis de Novis, seigneur de Prades, etc, et de Louise de Manoel. Les enfants existants sont :
1. Charles Louis Scipion d'André de Montfort, né au château de Prades le 6 décembre 1764.
2. Jeanne Sophie, née le 2 avril 1763.
3. Louise Félicité, née le 30 juillet 1767.
4. Susanne Gabrielle Charlotte Louise Amélie, née, ainsi que ses soeurs, au château de Prades le 2 juillet 1772.
Armes : « Parti au 1 tranché de gueules sur or, coupé et taillé, de gueules sur or ; au 2 de sable, à un lion d'argent, langué de gueules, et une bordure denchée d'argent ».
4.2. Montfort (cf André de Montfort)
Terre et seigneurie située dans un pays montagneux, au diocèse d'Uzès, paroisse de St Maurice de Ventalon, et qui appartint à la famille d'André. Ceux de ce nom n'en avaient d’abord que le domaine utile. En 1605 ils acquirent une partie de la directe et de la justice du baron de La Fare, en qualité de seigneur du marquisat de Montclar, d'où dépendait ladite directe en justice.
8. Toponymie
Cadoène est un village (ou hameau) de la paroisse de St Germain de Calberte.
9. Bibliographie
Bernard René Jean et Bardet Jean Pierre, « Paroisses et communes de France. 48, Lozère » (démographie historique), Editions du CNRS, Paris, 1982
Collectif, « Documents relatifs à l'histoire du Gévaudan ». Première partie : procès-verbaux (tome 1, 1876, à tome 5, 1878). Deuxième partie : délibérations de 1881 à 1884). Troisième partie : documents historiques antérieurs à 1790 (4 volumes). Edités par Ferdinand André, Mende, Imprimerie de C. Privat, 1891-1893
Germer-Durand Eugène (1812-1880), « Dictionnaire topographique du département du Gard : comprenant les noms de lieu anciens et modernes », rédigés sous les auspices de l'Académie du Gard, publié par ordre du ministre de l'Instruction publique et sous la direction du Comité des travaux historiques, Imprimerie impériale, Paris, 1868
Joanne Adolphe (1813-1881), « Géographie du département de la Lozère », Hachette, Paris, 1881
Société des lettres, sciences et arts du département de la Lozère, « Chroniques et mélanges », Mende, de 1916-1920 à 1930-1939
Parc national des Cévennes, Centre de documentation et d’archives, notice « La tour du Viala » (sans date)