Montfort
(16 / 04 / 2015)
1. Localisation (Pays de la Loire,
49 - Maine et Loire)
Montfort (D 960) (135
habitants, altitude
2. Description
2.1. Le village
Malgré son nom, l'aspect
actuel de Montfort ne suggère guère que le village ait été jadis
fortifié. Les raisons de cette dénomination peuvent tenir à l'existence passée
(IXème ou Xème) d'une ancienne fortification en bois
aujourd’hui disparue (château « de terre »), ou encore à la
possibilité d'un transfert de patronyme.
* église de Montfort
(XIXème)
(photographie des années 1980). Cette église contient un retable (XVIIIème) ;
* demeures de Montfort et
alentours (dessins d’après photographies anciennes) : A, B, C.
Une partie du village
aggloméré relève de Cizay
Comme Montlouet, le village
est construit sur du calcaire turonien (crétacé tendre, du nom de la ville de
Tours) : cette couche géologique est commune dans la région allant de
Blois à Gennes. La plupart des bâtiments actuels de Montfort sont des réemplois
d'édifices ruinés à diverses époques, ce qui explique la relative homogénéité
des matériaux. Les moellons, en petit appareil, sont surtout en calcaire blanc.
Certaines pierres très dures, dites « cassou », sont aussi assez communes
dans les environs.
2.2. Autres édifices
* une ferme appelée «
* une maison dite « de
maître Bèze » (propriété privée), située rue de
2.3. Le château
d'Epinats (XVIIIème) (propriété privée), en bordure du
village, mais aujourd’hui situé sur la commune voisine de Cizay
* plan de situation
schématique ;
* vue d'ensemble
du château d'Epinats.
3. Histoire
Le site est mentionné très
tôt (IXème). Son nom le plus ancien était Spinacra (844) (du
latin « spina » : épine), puis il devint Spinacium (897)
(toponymes qui sont peut-être à l'origine du nom du château d'Espinats). Enfin
(circa 1162-1177), le lieu prit son nom actuel, déduit du latin Monsfortis.
Le
cartulaire noir de la cathédrale d’Angers (Urseau) cite, à certaines reprises,
les noms de Montfort et d’Epinats : extraits du cartulaire.
Il en est de même pour le dictionnaire de C. Port.
Aucune trace de vestiges
fortifiés n'a cependant été mise en évidence jusqu'ici. Il existait un village situé
entre l'actuelle route nationale et Piémont (ou Plémont) : on ignore
pourquoi (épidémie ou guerre) ses habitants se sont déplacés (XVème)
vers un lieu appelé Epinatz, ni pourquoi ce lieu s’est ensuite appelé Montfort.
La butte située vers Piémont
(et où furent trouvées des tuiles gallo-romaines et des traces d'occupation
antérieure) aurait été fortifiée au XIIème (Célestin Port). Elle
devint alors le centre d'un peuplement qui prit le nom de Montfort, devenu
aussi celui de la paroisse, tandis que le château seigneurial d'alors,
conservait curieusement le nom d'Epinatz. Pendant la guerre de Cent Ans, le Sud
de Saumur fut souvent envahi : les souterrains (habitats troglodytiques) du
Montfort actuel étaient peut-être jugés plus sûrs que les hauteurs. Les
quelques notables occupant des constructions en surface les avaient entourées
de murs élevés et épais.
Sous l'Ancien Régime, la
région dépendait des seigneurs d'Epinatz, maison qui s'éteignit pendant
4. Héraldique
4.1. Dans Jougla de Morena,
sont citées :
4.1. Une famille de Courcel
(Lorraine) : 11533, « d'azur à la bande d'argent accompagnée de 3
besans d'or, posés 2 en chef et 1 en pointe ».
4.2. Une famille Chodron de
Courcel : 9200 (Toul, baron héréditaire en 1867), « de gueules à 3
chaudrons d'or, posés 2 et 1 ».
4.2. Par ailleurs, Port
mentionne (archives départementales avant 1790) l’existence d’une famille de
Lespinay et d’une famille de Lespine. Il cite aussi (Livre de
Guillaume le Maire) un Gaufridus d’Espinou (ainsi que sa femme Jeanne) dans une
charte (11 décembre 1312) relative à un « Hommagium Ermellandum de Tercia
Curia », hommage d’Ermelande (?) de Tessecourt (château sur la
commune de Chanteussé, aujourd’hui Champteussé sur Baconne) pour le fief de ND
du Pré, qu’elle détient de l’évêque d’Angers. Mais Champteussé se trouve à
quelques
8. Toponymie
8.1. Urseau (cartulaire
noir) cite une famille de Montfort (Odon ou Eudes, Audebert, Réginald ou
Raynaud), mais ses possessions ne sont pas indiquées dans le cartulaire.
8.2. Maitre ne décrit aucun
Montfort ou Espinats (ou équivalents) dans son dictionnaire, bien que de
nombreux toponymes évoquant l'épine (Epinay, etc) y soient indiqués.
Il cite seulement des lieux
portant des noms de consonnance voisine, comme Montflours, qui
proviendrait de : Matheus de Monfolor (1206, archives des hospices de
Château-Gontier), ou In parrochia capelle de Montefolor (1242, abbaye de
Fontaine Daniel), puis Montfleur et Montfouleur (1589, registres
paroissiaux). Il cite aussi le nom de Montfolon, sur la commune de St
Quentin.
8.3. Par contre, Port
désigne le toponyme d’Epinats (« épine ») et semble l’assimiler à
Montfort (cf son dictionnaire historique, tome 2).
Il cite, par ailleurs, divers toponymes phonétiquement semblables à
Montfort : Montfleur ou Montfouleur (qui était un fief) au Tremblay ;
Mon Fiez ou Monfier, Monfief et Monfiet (à Doué), Montfort alias Espinars
(assimilation tardive d’un pouillé de 1783)
8.4. Dans le passé, des
confusions entre noms (toponymes ou antroponymes) semblent à l’origine des
dénominations telles qu’elles sont fixées actuellement, d’autant que divers
toponymes sont phonétiquement « proches » de celui de Montfort :
Montflours (Matheus de Monfolor, 1206), capelle de Montefolor (1242), Montfleur et Montfouleur (1589), Montfolon
(commune de St Quentin), ainsi que .
Dauzat explique
l’antroponyme Epine soit comme nom d’une propriété contenant (ou entourée par)
des arbres épineux, soit comme ancien fief.
Montfort résulterait donc de
la subdivision d’un domaine dépendant d’une villa « royale »
carolingienne et y a, peut-être alors joué un rôle de défense. Le terme d’épine
pourrait (localement) équivaloir à ceux de palissade ou palisse : ce terme
était utilisé pour les constructions à valeur défensive (turris romaines ou
château médiévaux en bois). D’où une période d’assimilation ou d’équivalence
entre Montfort et Espinats, aujourd’hui distingués toponymiquement. Le patois
local a aussi pu interférer avec ces appellations, en déformant certains noms
pour les rapprocher d’autres phonétiquement voisins.
Les hypothèses précédentes
nécessiteraient donc des analyses plus approfondies.
9. Bibliographie
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« L'originalité de Montfort », notice rédigée en 1995
Chéruel Adolphe (1809-1891),
« Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de
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Lebrun Francois,
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(démographie historique), EHESS, Paris, 1974
Maître
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Léon Maître (archiviste de
Loire-Inférieure de 1871 à 1910)
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« Inventaire analytique des archives anciennes de la mairie d’Angers,
suivi de tables et de documents inédits , publié sous les auspices du conseil
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Port Célestin (1828-1901),
« Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790.
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Célestin Port (1828-1901), « Le
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Port Célestin (1828-1901), « Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine et Loire », 3 tomes, 1874-1878
Torre Michel de la -,
« Villes et villages de France (49 - Maine et Loire) », Editions
Deslogis-Delacoste, 1991
Urseau
Charles (chanoine -), « Cartulaire noir de la cathédrale St
Maurice d'Angers »,
Alphonse Picard & fils, Paris, Librairie Germain & G. Grassin, Angers,
1908
Sites Internet
http://www.cc-douelafontaine.com/?p=commune&id_com=8 (communauté de communes de
Doué