Fontainebleau
(07 / 12 / 2008)
1. Localisation (Ile de France, 77 -
Seine et Marne)
Au
château de Fontainebleau,
la Galerie des Cerfs contient une fresque représentant divers lieux de l’Ouest
parisien, dont les villages de Montfort l'Amaury et St Léger en Yvelines. La
galerie est représentée en gris sur le plan de
situation.
Quelques
vues du château : peinture anciennne
(dans le château même), façade (côté
cour des Adieux), vue depuis les jardins,
vue depuis l'étang des Carpes.
2. Description
2.1. La fresque peinte
Le
long mur du fond de la Galerie des Cerfs, face aux baies vitrées des fenêtres,
supporte une grande fresque (début XVIIème). Il s’agit d’une
peinture à l’huile sur plâtre représentant divers lieux situés en Ile de
France, dont Montfort l'Amaury et ses environs immédiats, les châteaux (ancien
et nouveau) de St Léger en Yvelines, le château de Madrid, etc.
Très restaurée sous le
second Empire, la galerie des Cerfs (74 m x 7 m) est la seule galerie
subsistante de l'époque Henri IV. Elle a été décorée (circa 1600) par Louis
Poisson de vues cavalières relatives à diverses terres et maisons royales. Elle
fut ensuite (XVIIIème) cloisonnée pour aménager des appartements.
Par la suite, des travaux décidés sous Napoléon III ont cherché à en restituer
le volume et la décoration d'origine : 20 têtes de cerfs en plâtre
supportant de vrais bois de cerfs furent alors moulées.
On
reconnaît, sur cette fresque (photographie de François Zuber) :
*
la motte féodale
avec : château (ancien donjon), chapelle St Laurent et une ancienne porte
de la haute cour du château (il en subsiste un vestige appréciable, sur lequel
se trouvait le buste de Léon Durocher) ;
*
les murailles ;
*
l'église St Pierre ;
*
le cimetière Renaissance
(« charnier »).
Remarque : le Nord est situé
vers le Sud (Midy ou Septentrion), comme c’était généralement le cas dans la
cartographie ancienne.
Montfort
l’Amaury et
environs représentés sur la fresque (photographies de l’auteur, mai 2007) :
* vue générale
(village et forêt) ;
* motte féodale avec : château et chapelle
St Laurent, église St Pierre, cimetière
(charnier) ;
2.2. Reproduction sur dessin ancien (BnF)
La
Bibliothèque Nationale de France contient (collection H. Doyen) une oeuvre très
semblable, à l’exception des banderoles
toponymiques et autres détails. Il s’agit d’un dessin anonyme
au crayon en camayeu de gris, lavé (XVIIIème, dimensions 28 cm x 54
cm, série Topographie, cote Va 78b, microfilm n° B 8021).
Georges Poisson (1983)
présente un dessin identique au précédent (qu’il date cependant du XVIème).
On
ignore les relations d'antériorité entre ce dessin et la peinture de la fresque.
Mais l’hypothèse selon laquelle ce dessin
serait postérieur à la fresque de la galerie des Cerfs tient sur les
informations suivantes. En effet, la galerie fut aménagée (XVIIIème)
pour loger des princes de la maison royale : l’accès à leurs appartements
s’effectuait par des portes qui furent percées dans le mur de la fresque.
Certaines parties de la fresque de Poisson ont dû être détruites. Le dessin
précédent aurait été réalisé avant percement des portes, afin d’aider à
restaurer au XIXème les parties altérées. L’apparence actuelle de la
fresque sur le mur est donc la résultante de ces avatars. Cette hypothèse peut
aussi être renforcée par la remarque précédente : le dessin est plus «
simple » que la fresque originale (pas de couleurs, pas d’indications
toponymiques), et s’apparenterait plutôt à une sorte de croquis d’architecte.
2.3. Reproduction sur aquarelle
Une
aquarelle, réalisée (mars 1999) par Serge
(dit « Bob »)
Barbé, artiste-peintre d’Auffargis, reproduit la région de la fresque concernant
Montfort l’Amaury.
* vue d’ensemble
de l’aquarelle ;
*
détails de l'aquarelle (restreinte à la
la motte de Montfort l’Amaury) : manoir, chapelle St Laurent ;
* le charnier.
2.4. Originalité de la fresque
L'iconographie
ancienne précédente est la seule (connue) décrivant Montfort l'Amaury (XVIème
ou début XVIIème) dans la direction Nord Sud. En effet, le village y
est décrit selon une vue plongeante depuis le Nord (ou le Nord Est) vers le Sud
(ou Sud Oues), tandis que les gravures, plus connues, de Chastillon et de
Mérian décrivent l'ensemble vu depuis le Sud (ou Sud Ouest) vers le Nord (ou
Nord Est).
2.5. Les châteaux de
St Léger en Yvelines
La fresque est aussi
intéressante à propos des 2 châteaux de St Léger en Yvelines :
* le « Vieux
chasteau » n'est guère reconnaissable sur la peinture, même après mise en relief.
On peut simplement distinguer une muraille triangulaire, dont subsistait (donc
début XVIIème) une courtine rectiligne en façade Sud Est, assortie
d'un bastion hémi-cylindrique en son centre et d'une tour d'angle à l'Est.
C'était un château royal (sans doute édifié par, ou peu après, Robert le
Pieux), que les forteresses de Montfort et d’Epernon devaient protéger des
incursions normandes ;
* le « nouveau »
château est d'époque beaucoup plus récente. La fresque décrit une enceinte à
peu près rectangulaire, assortie de 2 pavillons sur sa façade Sud Est, ainsi
que plusieurs corps de batiments à l'intérieur de l'enceinte : nouveau château de Saint Léger en
Yvelines.
2.6. Le comté de Madrid
(ou Madrie)
Le château de Madrid,
aujourd’hui disparu, était le chef-lieu d’un comté du même nom. Ce château, de
style comparable à celui de St Germain en Laye, était situé sur l’actuelle
commune de Neuilly sur Seine. Il fut détruit à la Révolution.
3. Histoire (cf Montfort l’Amaury,
78 - Yvelines)
3.1. Degré de valeur probante de la fresque
La
fresque de Fontainebleau possède une valeur artistique, mais pas nécessairement
archéologique ou architecturale.
En
effet, l’église St Pierre-St Nicolas ainsi que le prieuré St Laurent y semblent
fidèlement représentés, mais la fresque ne semble pas conforme à ce que l'on
sait sur d’autres points. Ainsi, la structure du « manoir »
Renaissance, qui habillait le donjon médiéval, et dont la dernière
reconstruction (sans retouche majeure connue) remonte à Anne de Bretagne, ne
semble pas corroborée par les gravures de Chastillon ou de Mérian. La date de
construction (1498) attribuée à la tourelle d’escalier du Nord Ouest, est celle
à laquelle Anne était à Etampes après le décès de son premier époux, Charles
VIII. Des négociations y avaient cours avec ses prétendants, et notamment en
vue de son éventuel remariage avec Louis XII.
3.2. L’auteur de la fresque
Jean
Pierre Samoyault, conservateur général du musée du château de Fontainebleau,
attribue la fresque à Louis Poisson, peintre de Henri IV. Louis Poisson était encore
à Gisors (ville d’origine de sa famille) le 4 mai 1604 (mariage de sa fille) et
il était à St Germain en Laye 5 ans plus tard (le 16 août 1609, il parraine le
baptême de l’une de ses petites-filles). Ces dates encadrent (Samoyault) son
séjour à Fontainebleau. On peut donc penser que la fresque remonte à la période
1604-1609, au moins dans sa conception d’ensemble et pour ce qui est de sa
première réalisation. En effet, elle a été par la suite altérée et retouchée.
9. Bibliographie
Dupaquier
Jacques, « Paroisses et communes de France. Région parisienne »
(démographie historique), Editions du CNRS, Paris, 1974
Le
Mée-Orsetti Marie et Le Mée René « Paroisses et communes de France. 77,
Seine et Marne » (démographie historique), Editions du CNRS, Paris, 1988
Poisson
Georges, « Montfort l'Amaury », ouvrage Edité par la ville de
Montfort, 1983
Samoyault
Jean Pierre, « Louis Poisson, peintre d’Henri IV. Ses travaux aux châteaux
de Fontainebleau et de St Germain en Laye », in Revue de la Société Historique
de l’Histoire de l’Art français, séance du 4 février 1989
Ce
texte, très documenté, parle peu de la fresque, mais diverses notes (n° 5, 47,
48, 49, 69) sont plus précises. La note 49 relate les altérations de la fresque
et indique que la restauration fut dirigée par Paccard et dura de 1865 à 1868
(durée équivalente à celle de sa conception, de 1604 à 1609). Elle aurait été
exécutée par Alexandre Denuelle (1818-1879) pour toute la peinture décorative,
lui-même aidé par plusieurs artistes : Jacques Guiaud (1811-1876) fut chargé de
la réfection des « grandes vues de forêts » et Félix Hippolyte Lanoue
(1812-1872) des « petits paysages »
Samoyault
Jean Pierre et Samoyault-Verlet C. : « Le château de Fontainebleau sous
Henri IV », in Le petit journal des grandes expositions, nouvelle série,
n° 61, 1978
Sites Internet
http://www.musee-chateau-fontainebleau.fr/ (site du château-musée de
Fontainebleau)