Société française d’archéologie, « Bulletin monumental », Sixième série, tome sixième, Alphonse Picard, Paris, Henri Delesques, Caen, 1890
Article d’Emile Travers, « Les sceaux. A propos d’une récente
publication de M. Lecoy de
Extrait (sceau de Simon IV de Montfort, entre les pages 68 et 69)
... M. Lecoy de
Du vivant dc son père, Simon III, dit le Chauve, comte d’Evreux et seigneur dc Montfort, le futur chef dc la croisade contre les Albigeois, avait un sceau au type du chasseur, avec la légende : SIGILLUM SIMONIS DOMINI DE RVPE FORTI. C’était l’imitation d’un des deux sceaux dc son père qui, sur l’un, est représenté galopant à gauche, couvert d’un bouclier bordé et chargé d’un soleil, ou plutôt d’un rais d’escarboucle, vêtu et capuchonné de mailles, tenant en arrêt une lance ornée d’un petit pennon, avec la légende SIGILLVM SIMONIS COMITIS EBROICARVM ; sur l’autre, ou le voit en costume de chasse, galopant à droite, tète nue, sans armes, sonnant d’une longue trompe de chasse, accompagné d’un chien colleté courant sous le cheval, avec la légende : SIGILLVM SIMONIS COMITIS MONTE FORTIS. Ce type du chasseur , qui se trouve reproduit sur huit sceaux de la famille de Montfort, n’est pas une fantaisie de Nemrods ; c’est la constatation, puis le souvenir du titre de gruyers ou de forestiers de l’Iveline, confirmé aux seigneurs de Montfort par un des articles du traité de paix conclu, en 1160, entre les rois de France et d’Angleterre. A la mort de Simon III, son fils aîné, Amaury, lui succéda dans le comté d’Évreux, et
Simon III devint seigneur de Montfort. Il se fit graver alors un nouveau sceau dont on a des empreintes appendues à des actes de 1195 et 1196. Il y est encore représenté en chasseur et sonnant de la trompe, mais il a le casque en tête et est couvert d’un immense bouclier chargé d’un lion rampant contourné et à la queue fourchée (armes de la maison de Montfort l’Amaury). Des rinceaux et une plante à deux fleurs, peut-être deux roses, figurent la forêt. Les jambes de l’homme et celles du cheval sont ridiculement petites ; en revanche, le cou d’un des chiens est extraordinairernent allongé. Tout l’ensemble forme un dessin détestable et la gravure n’a qu’un relief trop faible (3). Siinon de Montfort, fatigué de se servir d’un sceau ausssi médiocre, en fit graver un autre.
C’est celui attribué à tort à
Simon, comte de Leicester, fils de Siinon IV, par Douët d’Arcq et par M. Lecoy
de
Enfin, lorsque Simon IV de
Montfort se crut maître incontesté du comté de Toulouse, il se fit graver
encore un autre sceau, dont il se servit pour ses possessions du midi de
Notes
(1) Inventaire des sceaux des Archives de l’Empire, n° 708
(2) Cf le chapitre intitulé: Sceaux et armoiries des comtes de Montfort l’Amaury, placé par M. de Dion en tête du Nobiliaire et armorial du comté de Montfort l’Amaury, par Adrien Maquet et Adolphe de Dion, Rambouillet, 1881, in-8°
(3) Ce sceau a été publié dans le Trésor de numismatique et de glyptiquc (Sceaux des grands feudataires de la couronne de France, planche XXXI, 6) et par Bordier et Charton, Histoire de France, tome I, page 334
(4) Inventaire des Sceaux, n° 747