Ile de Chypre

 

(JAM, 21 / 05 / 2021)

 

1. Localisation

 

Dans l'île de Chypre, à Nicosie, ville située dans le centre Est. Jean de Montfort (l'Amaury) (cf 78 - Montfort l’Amaury)serait mort à Chypre à son retour de croisade et aurait été enterré dans l'église Ste Marie de Beaulieu ; il y aurait même été vénéré comme un saint.

 

2. Description

 

« Il y a encore dans cette île des saints étrangers et d'autres Chypriotes, parmi lesquels le premier est Saint Jean de Montfort à Beaulieu de Leucosie, seigneur français qui fait beaucoup de miracles et guérit les maladies, surtout de la fièvre » (Machéras).

 

Le tombeau de Jean de Montfort serait situé à Leucosie (Nicosie ?), mais aurait disparu depuis le XVIème. En effet, une biographie concernant un certain Guillaume Durand indique que son corps « fut mis dans un sac de cuir et inhumé sur place, à Nicosie, à gauche du grand autel de l’église cistercienne de Sainte-Marie de Beaulieu. Toutefois, il ne subsiste plus la moindre trace de cette inhumation et les historiens locaux ne s’accordent pas vraiment sur le lieu où se dressait l’église Sainte-Marie, détruite au XVIème siècle » (Fasti Ecclesiae Gallicanae).

 

Sous les Lusignan, des relations historiques furent noués entre Chypre et le royaume latin de Jérusalem. Ainsi, 4 000 besants furent attribués annuellement à Limassol (Limisso) aux « demoiselles de Montfort, filles du feu prince de Tyr et du Toron sire Philippe » (Machéras). De même, le prince de Tyr, en litige avec le roi de Chypre, vint lui rendre visite avec ses barons, parmi lesquels : Balian d'Ibelin, prince de Galilée, Jean d'Ibelin, seigneur d'Arsouf, Baudoin d'Ibelin, Hugues d'Ibelin (Machéras cite 2 Hugues de ce nom), Philippe d'Ibelin le Jeune et Rupin de Montfort.

 

3. Histoire

 

L'île de Chypre a connu diverses occupations au cours de l'histoire. La période franque, qui correspond à la longue dynastie des Lusignan (1192-1489), fut suivie d'une période vénitienne (1489-1570) puis d'une période turque.

 

3.1. Période franque (1191-1571)

 

Richard Ier d'Angleterre, ou Richard Coeur de Lion, participa à la troisième croisade en Terre Sainte (1191). Ses bateaux furent en partie coulés au large de Chypre, mais celui transportant sa soeur Jeanne, reine de Sicile, et sa fiancée, Bérengère de Navarre, put débarquer à Limassol. Quand Richard les eût retrouvées, il jugea le comportement des Chypriotes offensant à leur égard, et ceci le poussa à s'emparer de l'île de Chypre.


 

Cependant, son principal objectif étant la Terre Sainte, il ne souhaita pas conserver Chypre et la vendit aux chevaliers du Temple. Ceux-ci administrèrent l'île de façon si rude que les habitants se révoltèrent contre eux (1192). A leur tour, les Templiers durent vendre l'île (mai 1192) au roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, qui venait d'être dépossédé de la Ville Sainte par les Arabes.

 

Guy traita les chypriotes en esclaves et incita la noblesse française de Syrie et de Palestine à venir s'installer à Chypre, en lui attribuant des terres et des fonctions. Son frère, Amaury, lui succéda 2 ans plus tard (1194-1205). Il est considéré comme le véritable fondateur du royaume des Lusignan à Chypre : en pratique, il transporta dans l'île le système féodal occidental.

 

Par la suite (milieu XIVème), les conditions évoluèrent : les Grecs purent pratiquer leur religion (culte orthodoxe) et occuper des fonctions publiques (militaires, etc). Des mariages mixtes furent même célébrés malgré l'opposition de l'église catholique.

 

Le dernier roi franc, Jacques II (1464-1473), épousa une noble vénitienne, Catherine  Cornaro. Or, avant son départ de Venise, Catherine avait été élue par l'état Vénitien. Mais, de façon fortuite, Jacques II mourut peu de temps après son mariage, et son fils (aussi appelé Jacques) décéda peu après sa naissance. Catherine dût alors abdiquer (février 1489). Cependant, Venise lui attribua une terre (Asolo) où elle demeura jusqu'à sa mort (1510).

 

3.2. Période turque

 

Lorsque les Turcs parvinrent aux abords de Chypre, ils envoyèrent (mars 1570) un ultimatum insultant au Conseil des Dix de Venise, impliquant une cession immédiate de Chypre. Commandés par Lala Mustafa, ils accostèrent près de Larnaca et prirent aisément Nicosie (25 juillet 1570). De là, ils s'emparèrent de Kyrénia, Paphos et Limassol. Le siège de Famagouste commença (23 septembre). Contre l'importante armée turque, les Vénitiens n'opposaient que peu de forces, mais le siège dura près d'un an (16 septembre 1570 - 1er août 1571). Face à une offre de capitulation qui paraissait honorable, la reddition fut signée ; mais Mustafa lança le signal d'un massacre général. C'est dans ce contexte que Chypre fut annexée à l'empire ottoman.

 

4. Héraldique

 

Armes des Lusignan (Limousin, Poitou) : « burelé d'argent et d'azur (de 10 pièces) ».

 

9. Bibliographie

 

Collectif, « Mélanges historiques. Choix de documents : Chronique de l'île de Chypre (de Florio Bustron), Cartulaire de Landévennec (de le Men), ligue des ports de Provence contre les Barbaresques en 1585-1586 (de Ernaut) » (tome cinquième), Imprimerie Nationale, Paris, 1886

 

Giblet Henri, « Histoire des rois de Chypre de la maison de Lusignan », André Cailleau, Paris, 1732


 

Machéras Léonce (1360 ? - 1450 ?), « Chronique de Chypre », texte grec et traduction française par E. Miller et C. Sathas, Publications de l'Ecole française des langues orientales vivantes (IIème série, volume III), Ernest Leroux Editeur, Paris, 1882

 

Marangou, Anna, « Cyprus, copper and the sea », publication de l'exposition portant sur Chypre, Exposition universelle de Séville, 1992

 

Mas-Latrie Louis de - (1815-1897), « Histoire de l'île de Chypre sous le règne de la maison de Lusignan (1191-1571) » (3 volumes), Imprimerie impériale (nationale), Paris, 1852-1861

 

Mas Latrie Louis de - (1815-1897), Nouvelles preuves de l'histoire de Chypre sous le règne des princes de la maison de Lusignan (2 fascicules extraits de la Bibliothèque de l'École des chartes, tomes XXXIII et XXXIV), J. Baur et Détaille, Paris, 1873-1874

 

Rey Emmanuel Guillaume, « Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'île de Chypre », Collection des documents inédits sur l'histoire de France, Imprimerie nationale, Paris, 1871

 

Sites Internet

 

http://fasti.univ-paris1.fr/MDDurand.htm (Fasti Ecclesiae Gallicanae : biographie de Guillaume Durand)