Montfort
(07 / 03 / 2008)
1. Localisation (Israël)
La
forteresse de Montfort, ou Starkenberg, est située au Nord d'Israël, au
Sud de Tyr (à 18 km à l’Est de Nahariya). Des lignes de bus (n° 25, 40 ou 43)
permettent, à partir de Nahariya de descendre à Mi’ilya. On traverse ensuite le
village de Hila, puis on emprunte la voie centrale qui monte pendant environ 3
km. En suivant les panneaux indicateurs et après environ 1 km à pied, on peut
apercevoir les ruines. Celles-ci surplombent le cours d’eau Kziv (nahal Kziv),
et sont situées sur l’un des versants de son cours (sec en été). Le versant
opposé permet d'avoir une vision d’ensemble.
2. Description
L'une
des ruines des châteaux construits par les croisés est celle Montfort, en
Galilée. Elle fut la forteresse de l'ordre (militaire) des chevaliers
teutoniques qui la construisirent en 1226-1228. Après la chûte du royaume latin
en Palestine, ceux-ci transférèrent leur ordre dans les marches de Prusse.
Ce
site historique, partiellement ruiné, était aussi appelé « Franc-chastiau », ou
« Qal'at al-Qureïn », ou encore « Starkenberg ». Destiné à protéger Acre
(Akko), le château fait une sorte de pendant de la forteresse de Beaufort.
Les
vestiges du château de Montfort (château des croisés de 1226 à 1271) ont été
décrits en détail par Rey, et, sous une forme plus précise, par la mission
américaine qui effectua des fouilles sur le site (Deschamps). Ces ruines sont
parmi les mieux conservées, mais sont dangereuses : les remparts sont ébréchés
et surplombent un gouffre ; à l'intérieur, les voûtes sont lézardées et il
existe de profondes nappes d'eau.
Plan et coupe de la forteresse (source : Prawer)
Légende
: Keep = donjon. R = mur et glacis du donjon. B = passage entre le donjon et le
château. C = cuisines. F,G = ateliers. K,L = rez de chaussée = écuries; étage =
appartements. I = église. O = corps de garde. N = tour. P = mur extérieur de la
fortification. Q = escaliers dans les restes du mur extérieur.
Plan de la forteresse (source : Nagel)
Vue de la forteresse, tour d’enceinte et donjon,
ruines de l’église
(chapelle) (source : Prawer)
Ruines
du donjon : détails
(photographie ancienne)
Montfort
(« Mons fortis »), ou « Starkenberg », était la forteresse
capitulaire des chevaliers teutoniques. Longtemps après la création des
chevaliers de Saint Jean, en Italie, et des chevaliers du Temple, en France, ce
troisième grand ordre militaire fut créé au camp d'Acre. Les chevaliers
teutoniques durent se contenter de fiefs situés dans les montagnes pauvres du
Nord de la Galilée et leur châteaux en couronnèrent bientôt les sommets.
Lorsque cet ordre perdit son puissant protecteur, l'empereur Frédéric II, roi
de Jérusalem, ils retournèrent en Europe (Prusse).
Le
château se dresse sur un éperon rocheux, dominant la jonction de deux profondes
vallées (l'une est creusée par un cours d'eau appelé Ouadi El Qourein). Cet éperon
est isolé par un profond fossé creusé dans une roche noire. La partie la plus
imposante est le donjon, tour carrée colossale de 20 m de haut, construite en
pierre de taille de type hérodien. Comme à Athlit, l'imitation de la maçonnerie
antique est évidente. Sur une terrasse basse, les logis des chevaliers ainsi
qu'une chapelle gothique sont bien conservés. Dans cette dernière se trouve la
salle du châpitre, dont le plafond voûté est supporté par un pilier octogonal
unique : ce modèle se retrouve à Marienburg (Prusse), édifice que les
chevaliers teutoniques construisirent trois ans après l'abandon de Montfort. Le
bâtiment le mieux conservé est le palais du Grand maître, où le fameux Hermann
de Salza, conseiller et ami de Frédéric II, résidait, quand il n'accompagnait
pas son suzerain dans ses campagnes d'Italie.
Vues
des vestiges : A, B, C
(photographies des années 1980)
La
ruine est bien dégagée et la maçonnerie protégée de la décrépitude, grâce au
travail d'archéologues américains venus chercher des armes médiévales pour le
musée de leur ville.
3. Histoire
L'endroit
s'appelait originellement « Qal'at al-Qureïn », c'est-à-dire le château du Wâdi
Qureïn. Les croisés le nommèrent d'abord « Franc Chastiau ». L'expression de «
Franc-chastiau » devrait s’interpréter comme « château des Francs » plutôt que
comme « Franc [ie libre] château » (Prawer). Par la suite, ce nom fut changé en
Montfort, conformément à la disposition des lieux. Comme il dépendait de
l'ordre teutonique, les sources postérieures l’on nommé « Starkenberg »
(traduction allemande de Montfort).
La
place avait été fortifiée grâce à des fonds collectés en Europe. Elle ne
semblait pas avoir une grande valeur stratégique, mais se trouvait cependant
sur une route allant de Safed à Acre, protégeant ainsi plusieurs villages
environnants.
Montfort
ne fut jamais prise d'assaut. Sa fin est cependant consécutive à son siège (5
juin 1271) par Baîbars : les assiégeants durent creuser à même le roc et des
traces en sont encore visibles sur le versant Sud, le long du sentier menant au
château. Finalement, les chevaliers durent céder et entamer des pourparlers. La
garnison put sortir sans armes (13 juin). Les chevaliers teutoniques quittèrent
leur château à dos de chameau et rallièrent Acre. Selon certains auteurs, la
capitulation fut faite avec les honneurs militaires : les chevaliers
abandonnèrent leur château bannières déployées et en emportant avec eux armes
et équipements. Selon d'autres auteurs, le retrait eut lieu sans armes.
La
démolition systématique de la forteresse dura ensuite 12 jours. La chûte de
Montfort marquait la fin de la domination franque en Galilée et dans toutes les
zones rurales non fortifiées.
Malgré
l'homonymie, il ne semble pas exister de relation entre le nom du château et la
famille originaire de Montfort l'Amaury, qui détenait des fiefs pourtant très
voisins (Sidon, Tyr, Toron, etc) : cette proximité serait une coïncidence
(Prawer). Neveu de Simon IV de Montfort, qui combattit les Albigeois, Philippe
de Montfort joua un rôle important dans l'histoire du royaume latin. Il épousa
(1240) Marie, héritière de Toron-Tibnîn, et porta dès lors le titre de Philippe
de Montfort, seigneur de Toron. Mais il n’arriva en Terre Sainte qu’en 1239,
alors que la forteresse existait déjà en 1226-1228. Cependant, des membres de
cette famille se sont croisés bien avant : ainsi, Simon IV prit la croix en
1202-1204.
4. Héraldique et
sigillographie
Cf
Israel - fiefs.
9. Bibliographie
Dean
B., avec la Mission de fouilles sur Montfort, « A crusaders' fortress in
Palestine », Bulletin of the Metropolitan Museum of Art, New York, 1927
Deschamps
P., « Défense » (pages 138 et suivantes), (date ?)
Descours
(?),« Sur le château de Starkenberg, en Israel », Editions du Zodiaque (?),
1990
Fyvel
T.R., « Voici Israël », Série Contacts avec le monde, Flammarion (s.d.)
Le
Monde et Sélection du Reader’s Digest, « Atlas Universel », Edition
1982
Nagel,
« Les encyclopédies de voyage : Israël », Les Editions Nagel, Genève, 1986
Prawer
J., « Histoire du royaume latin de Jérusalem », deux tomes, Editions du
C.N.R.S., 1969-1975
Rey
E.G., « L'architecture des croisés en Syrie » (pages 143-151), (date ?)