INTRODUCTION
(©
Jean Alain Monfort) (23 / 04 / 2020)
L’objet de ce site consiste :
(a) d'une part, de recenser les lieux, situés en France ou dans le monde, dont le nom (toponyme) est Montfort, Monfort, ou une forme équivalente ;
(b) d'autre part, d’étudier ce nom qui se trouve être aussi porté par des personnes (antroponyme). On peut donc vouloir en étudier la répartition géographique.
On est ainsi logiquement conduit à comparer les deux cartes qui résultent de ces comptages.
Ce nom est d'abord un nom de terre (fief, tenure, abergement, manse, etc), ou nom d’origine, dont la valeur est descriptive. Il indique une élévation (simple motte féodale, colline ou même montagne) qui, à une certaine époque, a été fortifiée. Ce nom est de construction latine : les textes anciens contiennent les formes « mons fortis », « montis fortis », « de monte forti », « apud montem fortem », etc. L'antroponyme correspondant a été attribué à partir de ce toponyme. Ces deux dénominations apparaissent surtout à partir de la seconde moitié du XIème, principalement dans les écrits (chroniques, chartes). La plupart des toponymes se fixent entre cette époque et le XIIIème, soit pendant environ deux siècles et demi.
D'autres noms évoquent aussi une situation en hauteur : Môle ou Molard (Mollard) en Savoie ; Puy, Pog, Pech, Puech, ou Puig dans le Midi ; Roc, Roche ou Roque en divers lieux. Ont ainsi été dérivés les noms suivants, qui décrivent une élévation à valeur militaire : Rochefort (Morbihan, Rhône, Savoie, Yvelines, etc) ou Roquefort (Bouches du Rhône, Gers, Landes, etc).
Ce faisant, on rejoint aussi l'histoire des familles, car nombre d'entre elles ont reçu leur nom à partir des lieux répertoriés, ou, à l'inverse, ont pu avoir donné leur propre nom à ces lieux. On peut donc aussi juger intéressant, voire insolite, de recueillir des informations sur les « objets » liés à ces lieux ou à ces familles : monuments (châteaux, églises ou chapelles) et objets divers (gravures, peintures, sculptures, vitraux, etc).
L'ordre de présentation adopté dans l'ensemble de ce travail suit :
(a) en France, soit la numérotation des départements et, pour chacun d’eux, l’ordre alphabétique des communes concernées, soit l’arborescence « région – département – commune » (carte géographique) ;
(b) à l’étranger, soit les pays et les villes correspondantes, soit l’arborescence « pays – province – ville » au bout de laquelle ce nom figure comme toponyme.
0. Introduction
0.1.
Antroponymie
De façon assez large, on admettra que la période pendant laquelle les antroponymes se sont fixés sur les individus ou leurs familles s’étend du Xème au XVème. Cette attribution de nom est, au départ, coutumière puis, beaucoup plus tard, avec l’instauration d’un état civil, elle s’est fixée sur les personnes. Les noms ont donc commencé à être attribués aux personnes dès avant le XIIIème, et ils se sont « stabilisés » dans les écrits dès que l’ « état civil » a réellement commencé à être appliqué : vers le milieu du Moyen Age (an Mil) pour les familles nobles (nombre de chartes individualisées commence alors à apparaître), et à partir de l’ordonnance de Villers Cotterêt (1539) pour l’ensemble de la population (état civil paroissial : baptêmes, mariages, sépultures).
Trois grandes catégories de noms (antroponymes) ont été attribués aux personnes :
(a) les noms d'activité (métier, profession ou fonction). Forgeron en est l'exemple le plus classique (avec ses nombreuses variantes : Faber, Fabre, Fabri, Fabrizzi, Fèvre, Faure, Fauré, etc), ainsi que Boulanger, (Le)Tailleur, Tisserand, (Le)Marchand, etc. On rencontre aussi des noms tels que Létendart (porte drapeau), Prévot, Provost, Proust (prévôt), Bouteiller, Cavelier (préposé aux écuries, cavalier), (Le)Comte (homme du comte), etc ;
(b) les surnoms, qui décrivent les caractéristiques particulières (physiques, morales, etc) que l'on peut rencontrer sur un individu. Parmi les noms d'apparence physique figurent la taille (Legrand, Petit), la corpulence ((Le)Gros, Léger), le teint de la peau ((Le)Brun, etc) ou la couleur des cheveux (Leblond, Leroux, etc). Lesage, Lebon, Ledoux ou Vaillant sont des noms traduisant plutôt un trait de caractère individuel. Ainsi, le nom de Lefort peut se réfèrer soit à une capacité physique (force hors du commun), soit à une forte personnalité (courage, détermination) ;
(c) les noms de lieu ou d'origine : Paris, Delisle, Fougères, Lallement, Lenorman, Debeauvoir, etc. C'est ce type de nom qui est concerné dans cette monographie.
L’antroponyme Mon(t)fort (et ses variantes) est ainsi typiquement issu d'un toponyme.
0.2.
Répartitions
Si l'on se restreint au territoire français, les divers lieux où ce nom peut être trouvé peuvent, de façon naturelle, se classer par département.
On peut donc en déduire, d’une part, une carte départementale des noms de lieux (toponymes) et, d’autre part, une carte départementale des noms de personnes (antroponymes). L'observation du toponyme conduit à affecter une variable indicatrice (1 ou 0) selon l'occurrence départementale du toponyme ; l'observation de l'antroponyme conduit à affecter un nombre de personnes concerné. Cependant, ni le calcul statistique, ni la superposition des deux « cartes » ne révèle une quelconque corrélation : autrement dit, la répartition de l'antroponyme est (globalement) indépendante de celle du toponyme.
Cependant, un toponyme ne se déplace pas (ou peu : nom de terre transmis par un individu), tandis qu'un antroponyme peut largement se mouvoir dans l’espace depuis l'époque de son apparition (Moyen Age), phénomène conduisant à relâcher de la sorte une éventuelle corrélation initiale. Les exceptions possibles seraient situées en Ile de France (Montfort l'Amaury), Bretagne (Montfort sur Meu), Rhône Alpes (Savoie et Haute Savoie), où ces noms de lieu correspondaient à des fiefs importants (comtés, notamment), et où, en même temps, le nom de personne possède une forte prévalence.
Ainsi, on observe que l’antroponyme Montfort et ses équivalents sont très massivement implantés en Bretagne, surtout dans le Finistère, puis, mais de façon beaucoup moins marquée, en Ile de France et en Savoie. Ce qui surprend en Bretagne, c'est la très forte adhérence du nom dans l'Ouest (Finistère) de ce nom de construction latine.
0.3.
Une singularité
On peut donc
naturellement rapprocher l'antroponyme des villes de Montfort (anciennement
Montfort
(a) deux hypothèses peuvent a priori être examinées :
H1 : tous les noms de Montfort et assimilés, actuellement portés en France, sont des noms de familles ayant dans le passé occupé ces terres ;
H2 : les familles ayant, au Moyen Age, porté ce nom dans ces mêmes lieux, ont eu une fécondité (pour parler comme les démographes) spécifique, très supérieure à la moyenne, expliquant par là une descendance fertile (y compris les naissances « illégitimes ») ainsi qu’une longue survivance de cet antroponyme.
Mais de telles hypothèses semblent assez peu vraisemblables. Il faudrait aussi, pour être encore plus rigoureux, étudier en parallèle la situation d'autres antroponymes de même construction, c'est-à-dire issus de toponymes à valeurs descriptive (Beaumont, Caumont, Roquefort, etc). En particulier, ceux tirés du pays gallo (eg Montauban, Fougères, Redon, etc) auraient pu avoir connu la même histoire (c'est-à-dire suivi la même trajectoire événementielle), mais cette hypothèse d’antroponymie comparative est à prouver.
(b) beaucoup de noms de personnes sont des noms de provenance, ou
noms d'origine. Concernant
* aurait
primitivement émigré depuis Montfort en Bretagne vers l'Ouest (Finistère, du
latin finis terrae, signifie le bout de
* s'y serait
implantée et aurait ensuite diffusé dans toute
* enfin se serait établie en Ile de France (quartier du Montparnasse, Yvelines, etc), notamment aux XIXème et XXème.
C'est donc au moment de l'implantation initiale dans l'Ouest breton que le nom de Montfort se serait, de façon coutumière, fixé sur ces familles (les nouveaux arrivants se voyant usuellement attribuer le nom de leur village d’origine). Les raisons d'une migration aussi massive peuvent aisément s'imaginer. Les trois facteurs classiques sont : les belligérances, les difficultés économiques (sous-production et famine) ou les opportunités économiques (emplois), enfin les pathologies (épidémiques ou endémiques : pestes, tuberculose pulmonaire, etc).
En Bretagne, la prévalence actuelle du nom de Mon(t)fort comme nom de personne résulterait ainsi d'un exode massif au Moyen Age, depuis l’Ille et Vilaine en direction de l’Ouest, et en particulier vers le Finistère. Ce fait pourrait sans doute aussi être révélateur d’une fécondité élevée ou d'une moindre mortalité (familles bénéficiant de taux de survie plus importants que la moyenne).
Un schéma explicatif tel que le précédent devrait donc faire l'objet d'une étude de validation.
1. Sur les différentes graphies du nom de
Montfort
On a admis que les noms de personnes existant en France se sont fixés autour du XIIIème (oralement depuis longtemps déjà, mais surtout dans les écrits) soit, de façon large, entre les Xème et XVème, puis se sont stabilisés (Dauzat, Longnon, etc). Les noms de lieu ont dû connaître ce phénomène plus tôt (précédence du toponyme relativement à l'antroponyme), de même que les noms de familles notables (noblesse ou personnages célèbres). En effet, la description de leurs lieux de vie par les autochtones eux-mêmes pouvait leur servir de repères dans leurs déplacements : ainsi, dans un village, « Dupont » pouvait faire référence à une famille logeant près « du » pont, de même que « chef » de ville indiquait probablement un logis situé à l’entrée du village.
Lorsque les noms ont commencé à être écrits, bien avant la systématisation de l’état civil (XVIème), la transcription se faisait généralement de façon « phonétique ». L’existence de graphies variables dans le temps (actes contenus dans des cartulaires religieux successifs) comme dans l’espace (accents, prononciations et dialectes régionaux) peut ainsi s'expliquer.
En France, il existe deux formes principales de ce nom (avec, ou sans, particule) : Montfort (forme toponymique la plus répandue) et Monfort (forme anthroponymique aussi fréquente que Montfort). La disparition du « t » entre les consonnes « n » et « f » correspond à ce que les linguistes appellent l' « amuissement » (affaiblissement puis extinction) de la consonne intermédiaire. En effet, notamment sur les chartes anciennes ou sur les sceaux nobiliaires qui leur étaient appendus, on peut trouver les formes latines nominative mon(ti)s fortis, ablative (de) monte forti, ou même accusative « apud montem fortem », avec séparation ou accolement du substantif et du qualificatif. Par suite, le « s » (de prononciation moins dure que le « t ») de Monsfortis pourrait avoir abouti à Monfort, tandis que le « t » de Monte Forti ou de Montem Fortem aurait pu s’être maintenu sous la forme Montfort. Mais ceci reste à prouver.
Cette analyse peut d'ailleurs se transposer à d'autres noms formés de la même façon : Mon(t)blanc, Mon(t)brun, Mon(t)ceaux, Mon(t)cel, Mon(t)cey, Mon(t)clar, Mon(t)court, Mon(t)cuq, Mon(t)faucon, Mon(t)ferrand, Monflanquin, Mon(t)gaillard, Mon(t)jardin, Mon(t)laur, Mon(t)pezat, Mon(t)sec, Mon(t)ségur, etc.
Les modes de prononciation locaux (dialectes ou patois) ont, en outre, influencé l'orthographe à différentes époques, donc plus ou moins favorisé l'amuissement précédent. Dans les documents écrits (état civil ancien, cartes géographiques ou cadastrales, gravures ou peintures), ou sur certaines objets (inscriptions sur charte lapidaire ou sur pierres tombales), les deux formes orthographiques coexistent, parfois dans la même oeuvre.
L'état
civil ancien n'a guère été réellement appliqué avant le milieu du XVIème :
ordonnance de Villers Cotterêt (août 1539), promulguée par François Ier.
Le clergé se voit alors attribuer une fonction d'office ministériel. Cette
ordonnance impose le français (au lieu du latin) dans les actes judiciaires et
notariés, ainsi que la tenue de registres de baptême par les curés des
paroisses. C’est l’origine des trois registres (baptêmes, mariages, sépultures)
existant avant
Les enregistrements, effectués par les clercs à l'occasion d'un baptême, d'un mariage ou d'une sépulture, résultaient d’une information de type déclaratif ou testimonial, car fondée principalement sur les dires des personnes concernées. Ils étaient donc basés sur des phonèmes et pouvaient conduire à des graphies variables au sein d'une même famille. Cette variation, parfois forte, peut rendre délicates les recherches généalogiques (construction d'arbres avec imputation de paternité, de patrimoine, etc).
D'autres formes, mineures ou étrangères, du nom ont été trouvées : Monforts (Royaume Uni), Muntfort et Montfurt (Normandie), Monforte (Espagne, Italie), Moutfort (Luxembourg), Starckenberg ou Sterkeberg (Autriche, Israël). Par ailleurs, l’antroponyme anglo-saxon Mountford peut se relier à ce nom, dans la mesure où il semble correspondre à une prononciation ayant altéré le nom de Montfort : une alternative signifiant « gué de la montagne » semble peu plausible.
Tous ces noms désignent ainsi une élévation fortifiée, qu'il s'agisse d'une motte féodale naturelle ou artificielle, ou d'une colline, ou encore parfois d'une véritable montagne. Les interprétations de ce nom faites par divers spécialistes (Dauzat, etc) n'évoquent jamais une force physique inusitée possédée par un individu : dans ce cas, on rencontrerait plutôt des noms tels que Fort ou Le Fort (Lefort). Par ailleurs, « fortis », qui signifie aussi « courageux », se référait plutôt à la force morale au Moyen Age : ce qualificatif (Simon le Fort) a d'ailleurs été appliqué à Simon IV de Montfort l'Amaury.
On peut enfin citer des noms à valeur militaire, plus ou moins synonymes de Montfort, comme Rochefort ou Roquefort, Roccaforte, etc.
2. Répartition départementale des toponymes
par type
Cette monographie sur les lieux portant le nom de Montfort, ou des noms équivalents au plan de la graphie (Monfort, Monforte, etc), cherche à être exhaustive : un dénombrement de ces lieux est alors possible.
Ces différents lieux où Montfort apparaît peuvent être classés selon le mode d'apparition de ce nom. En effet, divers niveaux d'approches peuvent être utilisés, selon la nature de l'information portant sur ce toponyme. L'approche la plus étroite se borne à inventorier les seuls toponymes « anciens » (médiévaux donc) liés à une fortification militaire. A l'inverse, l'approche la plus large ne se limite pas au seul toponyme : les lieux où le nom de Mon(t)fort apparaît peuvent alors concerner des « informations » de nature différente.
On a ainsi répertorié, de façon de plus en plus large, trois niveaux d’analyse possibles :
1.1. Au sens étroit, le nom évoque la valeur
« militaire » du lieu. Les noms de châteaux, construits à
différentes époques, en constituent l’illustration la plus claire, surtout au
Moyen Age, voire à
La date de premier établissement (édification) possède un intérêt évident. A l'époque romaine, les premières places fortifiées étaient des camps militaires (castrorum), tantôt en bois, tantôt en pierre. Après les grandes invasions des Vème-VIème siècles, suivie d'un certain déclin, et à la suite des organisations Mérovingienne et Carolingienne, ce furent, le plus souvent, des constructions en bois (IXème-Xème), parfois appelées châteaux de terre : le principe est de construire une fortification avec des palissades sur une éminence, parfois artificiellement constituée (motte). D'où un certain nombre d'appellations en Palis, Lapalice, Plessis, etc.
La plupart des monuments ayant souvent été reconstruits à différentes époques, la période « classique » et le XIXème ont été ajoutés à cette catégorie.
Ces divers lieux, dans lesquels on trouve souvent des traces de constructions militaires (bastion, châteaux forts, villes fortes), s’imposent naturellement à raison de la signification du nom. C’est le « noyau dur » d'une étude toponymique de ce genre.
1.2. Une acception plus étendue ajoute aux toponymes précédents des noms de villes (communes) ou de simples lieux-dits.
Certains ont
une origine assez claire, tandis que d’autres n’ont pas pu être expliqués
jusqu’ici. Ainsi, en Seine et Marne (77), Thomery semble avoir comporté des
forts sur ses hauteurs (cartes anciennes), mais la preuve n'est pas encore
complète. Dans le Tarn (81), Mazamet possède une rue ainsi qu'un écart situé à
l'Est, dont l'origine n'a pas été élucidée. Dans l’Yonne (89), Montigny
L’origine de
ces noms n’est pas encore éclaircie, même si elle semble parfois être féodale :
Montfort dans le Maine et Loire (49) a pu connaître une éphémère fonction
militaire ; St Evroult de Montfort, dans l’Orne (61), est mentionné par Orderic
Vital possédant déjà ce nom à son époque (charnière XIème-XIIème).
Dans la zone délimitée par St Denis, Aubervilliers,
Un
« flou » commence ici à s’introduire dans l’inventaire toponymique :
le toponyme subsiste aujourd'hui, ou a existé dans le passé, mais l’on ne peut
guère relever de traces (historiques, documentaire, archéologiques ou
architecturales) justifiant une fonction militaire. On ne peut alors qu'émettre
des explications, ou plutôt des hypothèses. Ainsi, le nom peut avoir été
attribué à une terre par un de ses propriétaires portant lui-même ce nom. Il
peut aussi être un nom de fantaisie (Montigny
1.3. Enfin, une conception la plus large inventorie tous les lieux entretenant des relations avec les lieux ou les familles précédents. Cette « relation » peut correspondre principalement à des objets (peintures, sculpture, etc), à de « lieux de vie » de divers personnages. Ainsi, des seigneurs ont fait don de vitraux (Montfort l'Amaury à Chartres, Montfort à St Jacques de Montfort) ou ont été représentés sur des tableaux (Montfort l'Amaury à Bourdeilles, Montfort sur Meu au Mont St Michel) ou des sculptures (Montfort l'Amaury dans la galerie des batailles du château de Versailles), etc. Nice a été un lieu de vie pour André de Montfort, qui fut son gouverneur et était originaire de Rumilly (Savoie).
Cette dernière catégorie de lieux peut, en général, être rattachée à (l’histoire) d’autres lieux et ne devraient donc pas, en théorie, être comptée à part. On l’a cependant fait, dans la mesure où il s’agit d’informations dispersées qu’il peut être utile de réunir.
Tableau 1. Répartition des toponymes en France
métropolitaine
Type d'objet
attestés probables Douteux
Ensemble
Châteaux forts médiévaux 20 2 3 25
Bastides 2 1 3
Châteaux Renaissance
3
Châteaux ou manoirs récents 3
Lieux de vie
6
Peintures 4
Sculptures
3
Vitraux
2
Autres
1
On doit attribuer des degrés de vraisemblance aux différentes situations rencontrées. Pour visualiser la typologie précédente, on peut dresser des cartes pour tenir compte de ce caractère plus ou moins certifié des informations.
Ainsi, dans
certains lieux, l’origine du toponyme est sans équivoque (Ille et Vilaine,
Sarthe, Yvelines). Des chroniques anciennes reprises, par exemple, dans
Mais, dans
certains endroits, l’origine féodale peut sembler plus hypothétique :
Arbois dans le Jura, Montigny
Les cartes
ci-dessous procèdent donc à ce repérage au niveau du département. Lorsque l’un
(au moins) des lieux se trouve dans un département donné, ce dernier est tout
entier représenté (en noir). On ne « pondère » pas cette
représentation en fonction du nombre d’occurrences des entités qui nous
intéressent dans les départements. Ainsi, les Pyrénées Atlantiques comportent
un seul lieu (le village de Montfort), mais seront représentés comme
2. Localisation France entière par
département
A. L’acception
la plus stricte se limite aux seuls lieux fortifiés, ayant possédé une histoire
attestée au Moyen Age ou à
Il s’agit
essentiellement de châteaux, de bastides ou parfois de lieux quasiment disparus
aujourd'hui. On trouve ainsi :
B. L'approche « intermédiaire » se restreint à des toponymes moins « authentiques » en ajoutant des informations « secondaires » (peintures, vitraux, lieux de vie, etc). On en déduit une carte des toponymes stricts et objets reliés.
Le Nord Ouest
et le Centre Est demeurent toujours bien représentés, ainsi que les extrémités
Sud Est et Sud Ouest de
C. Enfin, l’acception la plus large dresse la carte de l’ensemble des toponymes ou informations associées. Cette carte est donc plus « remplie » que les précédentes.
L'ensemble des lieux considérés est alors essentiellement réparti dans le Nord Ouest (Normandie, Anjou, Bretagne), dans le Centre Est (y compris les Vosges et le Rhone Alpes) et le Sud Ouest. On observe que des régions entières sont totalement exemptes de ce toponyme (Nord-Pas de Calais, Champagne, Alsace).
3. Répartition départementale des
antroponymes par variante
Parallèlement, une répartition spatiale globale des noms de personne nécessite d'assimiler les noms suivants (variantes) : Monfort, Demonfort, De Monfort, De Montfort, Monforte. Ce dernier nom, Monforte, semble un nom largement d’origine méditerranéenne : on trouve en effet des antroponymes aussi bien que des toponymes analogues en Italie, Espagne et Portugal. On observe que les formes De Monforte et Demonforte n’existent pas en métropole. De même, le nom accolé DeMontfort (avec un « t » central) semble absent.
Les cartes décrivant la répartition de ces noms de personnes (non représentées ici) permettent de visualiser simplement leur implantation. Comme indiqué au début, on trouve, pour l’ensemble des variantes, une écrasante implantation de ce nom en Bretagne, surtout dans le Finistère : le paradoxe est que ce nom d'éthymologie latine n’avait aucune raison de se trouver en pays de langue bretonne, mais plutôt en « pays Gallo », où se situe justement Montfort sur Meu.
On observe alors que, sur l’ensemble du territoire :
(i)
l’orthographe Monfort est plus répandue que celle de Montfort. Leur répartition
commune concerne d’abord
(ii) « De Monfort » (sans « t » central, avec préposition séparée) se trouve seulement en Côtes d’Armor et dans le Finistère. D'autre part, « de Montfort » est implanté en Bretagne, Ile de France, Normandie et Nord.
(iii) l’implantation des « Monforte » traduit, on l'a noté, une immigration, plutôt récente au regard de l'Histoire, des titulaires de ce nom : on trouve ce dernier essentiellement dans le Midi, avec une enclave en Ile de France et dans les Ardennes (emplois passés des charbonnages et de la sidérurgie, sans retour ultérieur dans le pays d’origine).
Ces répartitions « instantanées » ne font que retracer la situation du moment, qui résulte elle-même d’implantations et de migrations passées plus ou moins complexes. C'est donc une approche instantanée et non pas longitudinale. Ainsi, on sait que nombre de Bretons venus en région parisienne se sont installés à Paris (quartier du Montparnasse) et dans les Yvelines, ce qui peut expliquer en partie l’existence importante actuelle de Montfort en Ile de France. De même, l’attractivité des régions méridionales pour les personnes retraitées peut ipso facto induire des flux migratoires en direction des départements situés au Sud, même si ce phénomène ne revêt pas nécessairement un caractère d’automaticité.