Arches

(23 / 09 / 2020)

 

1. Localisation (Auvergne, 15-Cantal)

 

A Arches (174 habitants, altitude 630 m), commune située à 10 km au Nord de Mauriac (15200), elle-même située au Nord d’Aurillac (15000).

 

Carte d'accès à Arches.

 

2. Description

 

Au Nord de Miremont, sur le bord du plateau dominant Arches, un château de Montfort surplombe la Dordogne et offre une vue étendue vers le Limousin. Il apparaît au bout d'un chemin en impasse situé à environ 2 km sur la gauche, avant le village. L'ensemble des constructions est de structure simple, et d'apparence sobre et austère. Un mur peu élevé, en pierre du pays (gros appareil) et sans liant, sert de clôture d'enceinte. Les bâtiments sont précédés d'un portail assez massif.

 

2.1. Très bien conservé, le château lui-même possède une structure très compacte. Il comporte 3 tours ainsi qu'une chapelle située à proximité.

 

* le château : carte postale ancienne et dessin (d'après Ribier).

 

2.2. Le corps de logis proprement dit est constitué d'un seul bloc, et doté d’un chemin de ronde. La façade (XVIIIème) est encadrée par 2 tours carrées, restaurées à la même époque. La face arrière comporte une troisième tour carrée, plus massive (XIVème). Les tours sont dotées de machicoulis. Cet édifice possède ainsi des origines militaires (Bedeau). Il a été édifié sur un plan analogue à celui des châteaux voisins, mais avec des tours carrées (contrairement aux modes de construction locaux).

 

2.3. Une chapelle (mentionnée en 1357) est située à proximité, à sa gauche.

 

3. Histoire

 

Le « repaire » de Montfort aurait anciennement été une commanderie de Templiers du XIVème (citée dès 1293) (Salch). Il aurait été construit pour faire face aux anglais, le roi d'Angleterre étant duc d'Aquitaine et Guyenne, duchés voisins du comté d’Auvergne.

 

Les premiers seigneurs (connus) furent les Autressal. Pierre d'Autressal, damoiseau de Mauriac, prit même le nom de Montfort lors de l'hommage qu'il rendit à son suzerain.

 

Il vendit (1329) la majeure partie de ce bien à un seigneur voisin, Bertrand de Sartiges, qui en prit à son tour le nom. Montfort relevait parallèlement de la seigneurie d'Ortrigiers et, à ce titre, Pierre d'Autressal rendit hommage (1346) au commandeur de Carla. Montfort était alors un fief dépendant, en partie, de la seigneurie de Miremont (63380, Puy de Dôme) et, en partie, d'une commanderie de l'ordre de Malte.

 

Guillaume des Vaysses apparaît ensuite en possession du château. Sa femme, Galéane de Bort-Pierrefitte, testa à Montfort (1349). Son mari, Guillaume, habitait encore les lieux en 1361. Cette famille des Vaysses, alias de Battut, posséda ensuite le château d'Arches (dont il subsiste le donjon du XIIème), acquis (1475) auprès du doyen de Mauriac.

 

L'histoire généalogique des maisons d'Autressal et de Battut des Vaysses est assez confuse. Une chronologie fiable commence avec le mariage (2 décembre 1527) de Gabrielle de Battut, dame de Montfort, avec Gabriel de Murat-Rochemaure. Les Murat-Rochemaure sont éteints, mais le nom de Rochemaure (petit castel de la paroisse de Lanobre) a été relevé (XIXème) par Anne Louis Hercule Félix, duc romain de la Salle de Rochemaure, descendant des Murat par les femmes et mort en 1915. De 1527 jusqu'au milieu du XVIIIème, Montfort appartint donc aux Murat-Rochemaure, dont les armes figure toujours sur la porte de l'étable.

 

Le dernier Murat-Rochemaure, Antoine, major au régiment d'Orléans (dragons), mourut sans postérité, léguant cette terre à son petit-neveu, Guillaume d'Humières, seigneur de Loubejac. Ce dernier habitait surtout à Aurillac et, de son mariage avec Marie Louise de Leygonie, laissa 2 fils. Le cadet, Joseph (Aurillac, 8 septembre 1753 - Avignon, 21 septembre 1834), fut archevêque d'Avignon. L'aîné, Pierre François Joseph (Aurillac, 20 janvier 1752 - xxxx), épousa (1777) la fille de Charles Joseph de St Martial, baron de Conros, et continua la lignée des seigneurs de Montfort. Son petit-fils, François Victor Joseph Léon, comte d'Humières, fut exproprié du château et du domaine de Montfort : ceux-ci furent adjugés à la barre des criées du tribunal civil de Mauriac le 19 octobre 1894 à Pierre Lafon, dont la famille en était encore propriétaire en 1936 (Bedeau, Ribier).

 

4. Héraldique

 

Armes des Battut des Vaysses : « fascé d'argent et d'azur de six pièces ».

 

8. Toponymie

 

8.1. Montfort fut cité (Amé) comme ferme avec manoir, moulin et chapelle domestique : preceptor de Montfort (1293, spicil. Brivat.), reparium de Monteforti (1346, archives généalogiques des Sartiges). Montfort a renfermé une commanderie de l'ordre du Temple.

 

8.2. Un moulin aujourd'hui détruit, situé sur la commune voisine de Chalvignac, était jadis appelé moulin de Montfort.

 

Il existait aussi un domaine de Montfort, disparu, établi sur la commune de Le Vigean.

 

8.3. Il existe aux alentours des lieux portant des noms phonétiquement proches de Montfort :

 

* Mont Fol (écart, autrefois ville), sur la commune de Maurines : Montfa (1338, spicil. Brivat.), Monffa ou Monfou (1494, terrier de Mallet), Monfo (XVIème), Montfo (1640), Monfé (1645, archives départementales s. C.), Montfol (XVIIIème, Cassini) ou encore Montfal (1856, dictionnaire statistique du Cantal) ;

 

* Mont Fol (écart et château), sur la commune de la Trinitat ;

 

* Mont Font (domaine ruiné sur la commune de Faverolles) : villaige de Monfon (1494, terrier de Mallet) ;

 

* Mont Fouilloux (ville avec manoir et source minérale).

 

8.4. Arches appartenait au canton de Mauriac, et avait château et forêt : Arcas ou Areas (Xème,  testament de Théodechilde), Archas (1290, vente au doyen de Mauriac), Archiarinium (1516, archives municipales de Mauriac), Arches (1743, archives départementales s. C., l. 41) et Archers (XVIIIème, carte de Cassini). Avant la Révolution, Arches appartenait à la Haute Auvergne et était régi par le droit écrit (sauf appel verbal).

 

8.5. Une commune de Pierrefitte se trouve en Corrèze (19450) et une autre en Creuse (23130). Une commune de Pierrefitte sur Loire est située dans l’Allier (03470).

 

Enfin, une ville du nom de Ribiers (05300) appartient aux Hautes Alpes.

 

9. Bibliographie

 

Amé Emile (1821-19xx), « Dictionnaire topographique du département du Cantal, comprenant les noms de lieu anciens et modernes », Imprimerie nationale, Paris, 1897

 

Anonyme, « Généalogie de la maison de Sartiges », Imprimerie de Ferdinand Thibaud, libraire, Clermont-Ferrand, 1865

Contient les armes des Sartiges

 

Audigier Pierre (chanoine -) (1659-1744), « Histoire d'Auvergne. Tome I. Projet de l’histoire d’Auvergne », Louis Bellet Imprimeur-éditeur, Clermont-Ferrand, 1894

Page 113 : « Nous avons parlé de la mort d’Aubert Aycelin, nous ferons connaître son successeur, Arnauld Roger de Comminges, fils de Bernard V, comte de Comminge, et de Laure de Montfort, frère de Jean, cardinal de Comminges. Il fut élu par le châpitre en 1328 et prit possession de son évêché le 18 décembre de l’année 1329 »

Page 320 : « Philippe, comte d’Auvergne et de Boulogne, duc de Bourgogne. Il mourut sans avoir de postérité en 1361. Par son décès les comtés d’Auvergne et de Boulogne revinrent, après la mort de la reine Jeanne, à Jean, Ier du nom, comte d’Auvergne et de Boulogne, de Montfort, seigneur de Montgascon, frère du second lit de Guillaume XII et de la reine Jeanne. etc »

Page 397 : « Maison de Chaslus-Lambron. ... Géraud II eut de Jeanne Bouillet-Colanges Lyonnet, seigneur de Chaslus, de Boudes et de Sansac, qui fut marié deux fois : la première avec Jeanne de Reillac, dont il laissa Bertrand, seigneur de Chaslus, qui continua la postérité ;la deuxième avec Antoine de Cébazat, de laquelle il laissa Pierre de Chaslus, dit Challudet, duquel les seigneurs de Challudet, seigneurs de la maison Montfort en Nivernais [sic], et les autres branches de Challudet prétendent descendre »Page 468 : « Maison de Murat-Montfort. Gabriel de Murat, seigneur de Montfort, épousa en 1527, Gabrielle de Batut, dont il eut deux enfants qui firent deux branches. L’une de Murat-Montfort, l’autre de Murat-de Serre. Barthélémy ou Bertrand fit la première, et Joachim de Murat fit la seconde. Barthélémy de Murat, seigneur de Montfort, paroisse de Taleyrat, élection de Mauriac, fut marié, en 1575, avec Catherine de Lévis, dont il eut Claude de Murat, seigneur de Montfort, qui fut allié, en 1599, avec Catherine de Lavondès, de laquelle il laissa François de Murat, qui épousa, en 1646, Catherine de Pélarmougues, qui le rendit père de Jacques et de Charles de Murat. Cette maison porte « d’argent à la fasce de gueules, accompagnée de trois canettes en chef 2 et 1, et trois autres canettes, rangées de même, de sable »

 

Baldit Henri, Bardet Jean-Pierre et Motte Claude « Paroisses et communes de France. 15, Cantal » (démographie historique), Editions du CNRS, Paris, 1991

 

Bedeau Olivier, « Châteaux entre Dordogne et Puymary », Edité par l'Association Eyge Branzac, Loupiac, 15700 - Pleaux, juillet 1988

 

Boudet Marcellin, « Collection inédite de chartes de franchises de Basse-Auvergne (XIII-XVèmes) », in Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, deuxième série, fascicule 24, Imprimerie générale, Clermont-Ferrand, 1914

Page 225 : « Montgâcon [Montgascon] servit à l’apanage des enfants nés du second mariage de son fils Robert VII avec Marie de Flandre. Jean Ier d’Auvergne-Boulogne, seigneur de Montgâcon, comte de Montfort, l’aîné des trois, confirma la charte de Pagnan en 1352. Ayant récupéré les deux comtés paternels par le décès sans postérité en 1361 de Philippe II, duc de Bourgogne, fils de sa cousine germaine, Jeanne d’Auvergne, il délaissa Montgâcon à son frère Godefroy Ier qui, à son tour, confirma la charte de Maringues, émanée de Faucon II, leur ancêtre maternel »

Page 416 : « Charte de Vic le Vicomte, 2 novembre 1367. Historique de la charte et de son auteur. Jean Ier d’Auvergne, plus connu sous le nom de Jean de Boulogne, ... [fut surnommé Jean le Grand Comte]. Devenu l’oncle de son souverain, par le mariage de Jean II de Valois, duc de Normandie, puis roi de France, avec sa nièce Jeanne d’Auvergne, mère du dernier des duc de Bourgogne, de la première race ; époux lui-même d’une princesse de la maison royale, Jeanne de Clermont, descendante directe de St Louis, son rang le plaçait bien près du trône, alors qu’il n’était encore que le seigneur de Montgâcon. Il faut lire en quels termes le roi Jean l’investit du comté de Montfort l’Amaury [erreur ?] au mois de février 1351 (n.st.) pour se rendre comte en quelle estime il était déjà tenu dans le royaume ; il avait alors une quarantaine d’années. Le roi Jean lui donne le comté de Montfort aussitôt son avènement au trône (février 1351 n.st.) : '' considérant non seulement les liens du sang qui nous unissent à notre oncle fidèle Jehan de Boulogne, seigneur de Montgâcon, mais aussi la pureté et la ferveur de sa foi, etc, nous avons résolu d’acquitter notre dette. Nous voulons, en conséquence, que le comté de Montfort avec toutes ses dépendances, soit à jamais sa propriété et celle de ses descendants mâles '' (d’après Etienne Baluze, Histoire généalogique de la maison d’Auvergne, II, pages 196-198). etc. La mort de sa nièce, la reine Jeanne, sans laisser de postérité de ses deux maris, lui apporta les comtés d’Auvergne et de Boulogne sur Mer en 1361 ; il rendit alors le comté de Montfort au roi »

 

Déribier du Châtelet Jean Pierre, « Dictionnaire statistique et historique du département du Cantal », Imprimerie de Mme veuve Picut, Aurillac, 1853

Volume 2, pages 113-114 : « La fameuse peste noire du XIVème siècle n’y a pas non plus laissé de souvenirs ; cependant, une maladie contagieuse qui éclata à Mauriac en 1335, paraît en avoir été un écho expirant. On la trouve relatée dans un manuscrit de D. Montfort, cité par le docteur Pegeoux, dans son mémoire sur les épidémies qui ont ravagé l’Auvergne depuis le commencement de l’ère chrétienne jusqu’à nos jours (inséré dans les Annales d’Auvergne, publiées par l’Académie de Clermont). '' Une grande et contagieuse maladie, dit D. Montfort, se congéra à Mauriac, que l’on appelait trosse-galand et mal-chaud. De la terrible maladie plusieurs gens de la ville moururent, qu’estoit grande perte, et ce en l’année 1335 ; et environ Ste Catherine, en hiver, se esetingua ladite maladie ''. etc. L’an 1505 vit encore régner une sorte de peste à Mauriac, et D. Montfort nous apprend qu’elle fut si intense que les habitants, épouvantés, abandonnèrent cette ville, où il ne resta que quatre ou cinq personnes, et se réfugièrent dans les bois et les villages voisins. Après Pâques, dit D. Montfort, pensant que la maladie était éteinte, ils se hasardèrent à y rentrer ; mais elle y reparut presque aussitôt, devint plus meurtrière qu’elle ne l’avait encore été, et ne cessa que l’année suivante »

 

Déribier du Châtelet Jean Pierre, « Dictionnaire statistique du département du Cantal », Imprimerie de Picut, Aurillac, 1824

Pages 131-132 : « On remarque le château de Montfort sur la rive gauche de la Dordogne, où est aussi une chapelle de la dépendance du commandeur de Carlat pour l’ordre de St Jean. Cette propriété appartient à la famille d’Humières de St Martial. On voit à Lavaur les vestiges du château de ce nom, d’où sont sortis les Deribier. Durand Deribier vivait en 1294. Guillaume en 1364. Gabriel Deribier, seigneur de Lavaur, à été chanoine de Brioude en 1571 »

 

Déribier du Châtelet Jean Pierre, « Dictionnaire statistique », ou « Histoire, description et statistique du département du Cantal », Imprimerie Veuve Picut et Bonnet, Aurillac, 1855

 

Ribier L. de - (Dr -), « La prévôté de Mauriac, Gentilhommières et châteaux », in L'Auvergne littéraire, artistique et historique, Imprimerie Générale Jean de Bussac, 2, Cours Sablon, Clermont-Ferrand, 1936

 

Torre Michel de la -, « Guide de l'art et de la nature (15-Cantal) », Editions Nathan, 1985