Saint Sulpice

(23 / 01 / 2014)

 

1. Localisation (Rhône Alpes, 73 - Savoie)

 

A Saint Sulpice (D 916) (altitude 560 m), village situé à 9 km à l'Ouest Sud Ouest de Chambéry, après Cognin, un lieu-dit appelé Montfort porte les vestiges d'un château médiéval.

 

2. Description

 

2.1. Le château

 

Sur un petit promontoire surplombant le torrent de Hautyant, subsiste un donjon carré, un corps de logis et une tour semi-circulaire.

 

Un chemin rural d'environ 500 mètres conduit aux vestiges. Il débute en face d'une maison dont le linteau ceintré de l'entrée est daté (1676). Au bout de 200 ou 300 mètres, le chemin longe une sorte de falaise d'une trentaine de mètres, située sur sa gauche, et au fond duquel coule le Hautyant. Subsistaient encore (1996) des vestiges informes, enfouis sous une abondante végétation qui en cachait les substructures (pierres ordinaires, sans liant apparent).

 

Des fouilles archéologiques approfondies y seraient d'un grand intérêt. Récemment (1999), une partie des ruines (salle à embase carrée) a été dégagée.

 

Plan d'accès sommaire et vues des vestiges : A, B, C (photographies des années 1980).

 

Vues des vestiges après dégagements de la végétation (août 1999) : A, B. Salle carrée : A, B.

 

2.2. Le cloître de l'ancien archevêché de Chambéry contient une dalle funéraire en pierre calcaire (2,00 m x 0,95 m) (circa 1440), comportant une inscription latine gravée en lettres gothiques :

 

SEPVLCRVM CORPORIS DNI LAMBERTI ODDINETTI LEGVM DOCTORIS et MILITIS

 

tombeau de la dépouille du seigneur Lambert Oddinet, docteur en loi et chevalier »). Cette dalle est classée monument historique (12 juin 1944).

 

3. Histoire

 

3.1. Le château a appartenu à la famille Herbeys (1377), puis (début XVème) au chevalier Lambert Oddinet, qui s'appelait aussi Oddinet de Montfort.

 

3.2. La commune de Saint Sulpice (nom attesté au XIème) relevait de la seigneurie de Montfort. Celle-ci appartint (XVIème) à Lambert Oddinet, et devint une baronnie (cf aussi 73 - Randens et 73 - Saint Marcel). Georges de Mouxi (Mouxy) hérite (circa 1574) des Oddinet, et sa fille Gasparde épousa Louis de la Chambre de Seyssel.

 

L'abbé Gros mentionne un fief («  feudum Montis fortis », 1232, in Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, V, 330) et un Pons de Montfort (« Poncius de Monte forte », 1236, in Morand, B. II, 1236).

 

A l’article « La Motte-Servolex », il cite le nom de « La mota » (1108) (in Marion), une « Ecclesia de Motta (variante Mota) » (1274) (in Trépier, Décanat, Pr., n° 71), un prieuré de la Motte (« Prioratus de Mota », 1340, in Chevalier, 26) et une église du prieuré ainsi qu’une cure St Jean de la Motte (« Ecclesia prioratus et cure Sancti Johannis de Mota », 1497, in Marion, page 364). Il indique que La Motte avait, en effet, une église, dédiée à St Jean Baptiste, servant à la fois pour le prieuré et pour la paroisse. Ce prieuré, de l’ordre des chanoines réguliers de St Augustin, dépendait du chapître de la cathédrale de Belley, auquel il avait été réuni (1274).

 

Enfin, la paroisse de La Motte s’appelait anciennement La Motte de Montfort, du nom de la chapelle rurale de Montfort, située sur les confins de St Sulpice. Elle s’appelle La Motte Servolex depuis son union (1793) puis sa fusion (1794) avec cette dernière localité. Auparavant, Servolex était une paroisse indépendante, relevant d’une église parroissiale de Servolex (« ecclesia parrochialis de Cervolay », 1414, in Chevalier).

 

4. Héraldique (d’après le Grand armorial de France)

 

4.1. De Cuynes (Savoie)

 

Armes: « d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules, à la bande de gueules chargée de trois étoiles d'argent ».

 

Cités au XIIème. Seigneurs de Ribaud, Montfort. Eteints au XVIIème (Foras 2).

 

4.2. Oddinet (Savoie, Bugey)

 

Armes : « de sinople à la bande ondée d'argent ».

 

Président au Sénat et premier président en la Chambre des comptes. Seigneur de Longefan, baron de Montfort (1563). Titré comte de Montréal et de Conflans (Foras 4).

 

9. Bibliographie

 

Barbero Dominique, « Paroisses et communes de France. 73, Savoie » (démographie historique), Editions du CNRS, Paris, 1979

 

Bligny B. et alii, « L’histoire du Dauphiné », Toulouse, Privat, 1973

 

Brocard Michèle, « Les châteaux de Savoie », Editions Cabedita, Yens sur Morges, 1995

 

Chevalier Ulysse, « Visites pastorales et ordinations des évêques de Grenoble de la maison de Chissé, XIVème et XVème siècles », A. Brun, Lyon, 1874


Collectif, « Dauphiné, France. De la principauté indépendante à la province (XIIème-XVIIIème) », Presses Universitaires de Grenoble, 2000
 

Gros Adolphe, « Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie », Imprimerie réunies de Chambéry, 1935 et 1982, Editions La Fontaine de Siloé, Les Marches, novembre 1994

 

Marion Jules, « Cartulaires de l’Eglise cathédrale de Grenoble » (dits cartulaires de St Hugues), Paris, 1859

 

Manteyer Georges de -, « Les origines du Dauphiné de Viennois. La première race des comtes d’Albon (843-1228)  », Gap, 1925
 

Morand Laurent, « Les Bauges, histoire et documents » (3 volumes), Jeanne Laffitte, 2003

 

Ouvrage collectif, « Regards sur mille ans d’histoire du Dauphiné », Académie delphinale, Grenoble, 2001

 

Torre Michel (de la -), « Guide de l'art et de la nature (73 - Savoie) », Nathan, 1985