Montfort sur Argens
(03 / 05 / 2010)
1. Localisation (Provence, Alpes, Côte d’Azur,
83 - Var)
Montfort sur Argens est un bourg
situé dans l'arrière-pays provençal, à une dizaine de km au Nord de Brignoles
et environ
* Notice archéologique
d’après Patrick DuCôme, président de l’Association des amis du château de
Montfort.
2. Description
Situé sur un site dominant
la vallée de l'Argens (gouffre de l’Argens,
gravure de
* panorama du village (photographie des
années 1980) ;
* porte de la ville et ruelle en escalier.
Quatre constructions
subsistantes peuvent se relier au Moyen Age.
2.1. Le château de
Montfort, commanderie des Templiers puis des Hospitaliers
Situé dans le bourg, ce
château des Templiers est parfois aussi appelé château des Hospitaliers
(XIIIème-XVIème). Sa porte d'entrée est surmontée d'une
croix templière.
C'est le seul château
templier du Var, d’abord rattaché à
* « Plan de la citadelle de
Marseille, de Saint-Victor et de quelque partie de la ville,
dessiné par Desjardins suivant le desseing de M. de Clerville com.re gn.al
[commissaire général] des fortifications de france ». Ce dessin a ainsi
été réalisé par Nicolas Desjardins (16xx-16xx) (source : BnF) ;
* « Abbaye
Saint-Victor. Ruine d'une porte », par A.U. Bénard
(18..-18..), 1837 (source : BnF).
Le château est constitué
d'un logis rectangulaire, massif et élevé, cantonné de 2 tours carrées
massives. Une troisième tour, originelle, a disparu. Sa conception est
romane. Il fut offert (XIIIème) aux Templiers par Alphonse II
d'Aragon. Il a été remanié à
* plan de la commanderie (1756) ;
* vues de la commanderie
(photographies des années 1980) : façade extérieure
; façade intérieure : A, B ;
* porte avec croix templière
(croix de Malte) : A, B.
2.2. Les flancs de colline
en escalier
Non loin de la commanderie,
des « restanques »
en demi-cercle, retenant des jardins suspendus en forme de théâtre naturel,
passent pour avoir été une lice d'entraînement militaire des chevaliers du
Temple. Elles ont habituellement pour but de retenir la terre cultivable, à
cause des orages.
2.3. Autres vestiges
Un ensemble de murets
(de soutènement ?), peu élevés, apparaît au bout d'un chemin, long de 300 ou
* plan de situation schématique
des murets en « ruines » situés au sommet de la colline dominant le
village ;
* chemin d'accès aux
« ruines », vestiges divers (Castéou Rignaou ?) : A (éboulis), B, C, D et
murets : A, B
(photographies des années 1980).
Au-dessus des
« Spéluques », se trouvait (Seillé) un oppidum préromain. Un fort
appelé Château Renard (en provençal « Casteou
Rignaou ») fut implanté (circa 1000) sur cet oppidum, rendant l'analyse
archéologique délicate. En effet, Correns, Montfort et la vallée de Carcès
furent, entre autres terres, données à une famille de Chateaurenard, près
d'Arles. A cette époque, le sommet de la colline de ce nom a ainsi été occupé
par une maison forte, sans doute édifiée par un seigneur de Châteaurenard,
nouveau propriétaire des lieux. Les murets dont il est en question ici sont
peut-être des restes du vieux village qui se trouvait sur ces hauteurs.
2.4. Le prieuré de ND
de Spéluques
Les vestiges du prieuré de
ND de Spéluques peuvent enfin être observés (hors village) ; ce prieuré
avait été édifié sur un ancien habitat gallo-romain.
3. Histoire
Origine du nom : Montfort
(circa 1200). Selon la tradition locale, le château templier serait encore
l'objet de « forces occultes maléfiques », provoquées ou non.
Les Templiers furent, en
Provence, comme la reine Jeanne ou les Sarrasins, des personnages souvent
considérés comme hypothétiques. Cependant, la présence templière est ici réelle
: on considère généralement que Montfort fut le seul château qu'ils détenaient
en Provence. Celui-ci leur fut donné (1207) par le comte de Provence, Alphonse
II d'Aragon (sceaux : A, B). Après la
mise hors la loi du Temple (101 ans plus tard), son dernier commandeur, arrêté
en 1308, était Pierre Borgandion (ou Borgandio, des Trets de Burgondes), mort
en ermite à Châteauneuf lès Moustiers (04 - Alpes de Haute Provence) et que la
légende surnomma « le dernier Templier ».
Le château passa ensuite aux
Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, qui l'érigèrent en commanderie (1411).
Régulièrement habité et entretenu, il fut transformé en prison à
Les premiers seigneurs
semblent être les Châteaurenard (traces en 1002).
* « Château-Renard (Bouches du
Rhône) » et « Château-Renard (près Avignon) »,
dessins anonymes de la collection Hippolyte Destailleur (1822-1893)
(source : BnF) ;
* « Chateaux-renard. Prise Sur la
hauteur du chemin qui conduit a S. remy ... », dessin de A Meunier
f. a Chateaux-Renard (1792), collection Hippolyte Destailleur (1822-1893) (source : BnF). La
notice manuscrite indique que le château fut construit par le roi René, et
achevé sous le règne de la reine Jeanne.
Après avoir été puissante,
cette famille disparait, notamment avec Guillaume IV, parti en croisade, mort
en route et enterré à Chypre. Sa veuve, Ermessende, vendit (circa 1170) la
baronnie de Châteaurenard et ses dépendances au nouveau comte de Provence,
Alphonse Ier d'Aragon, comte de Barcelone. A celui-ci, mort en 1196,
succéda son fils, Alphonse II, époux de Gersande de Sabran, dont la mère avait
d'ailleurs épousé un Guillaume de Châteaurenard. A son tour, Alphonse II donna
(décembre 1207) ces terres à l'ordre du Temple, avec divers droits comtaux
(justice, notamment). Les Hospitaliers les remplacèrent (1307), eux aussi
seigneurs universels du village, et possédèrent Montfort jusqu'à
4. Héraldique
Armes de la ville : « d'or à un rocher
d'azur en pointe, surmonté d'un canon de sable rempli de gueules, orienté à
dextre ». Devise : « Mons
fortis ».
Ces armes sont notamment
décrites dans Hozier (page 916) : « La Comté du lieu de Montforz »
(indication redevable à Mr Daniel Robert). On peut noter l’interversion des
couleurs du canon.
7. Toponymie
Il existe 2 communes du nom de Châteaurenard, l’une dans les Bouches du Rhône (13160), l’autre dans le Loiret (45220). Par ailleurs, on trouve aussi Châteaurenaud (71500) et Château Renault (37110),
9. Bibliographie
Hozier Charles,
« Armorial général de France. Vingt neuvième volume, côté P3. Provence,
Première partie. Table alphabétique », années 1696 et suivantes
Contient de nombreux dessins de diverses armoiries (personnages,
villes, etc)
Kothen Charles (1814-18..),
« Essai historique et archéologique sur l'abbaye de Saint Victor lez
Marseille », Marseille, P. Chauffard, 1850
Seillé Jean, « Histoire
de Montfort, Village templier », Editions Terre Profonde, Castéou-Rinaou,
83570 - Montfort sur Argens, 1988
Torre Michel de la -,
« Guide de l'art et de la nature (83 - Var) », Berger-Levrault Editeurs,
Paris, 1977
Torre Michel de la -,
« Le Guide des châteaux de France, Provence Côte d'azur », Le
méridional, Hermé, 1987
Site Internet
http://www.revues-gallia.cnrs.fr/GalliaPrehistoire/ (cf Courtin, « Découverte
d'une sépulture à Correns-Souville »)
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/ (inventaire du patrimoine
historique et archéologique en France, Ministère de