Montfoort

(08 / 12 / 2008)

 

1. Localisation (Pays Bas)

 

Montfoort (environ 13000 habitants) est une ville située à environ 15 kilomètres au Sud Ouest d’Utrecht, en direction de Gouda. On y accède par l’autoroute A 12 - E 30 / E 25 d’Utrecht à Rotterdam par Gouda (sortie n° 14 à Woerden, puis Montfoort à 5 km). A proximité se trouve le village de Blokland (cf généalogie).

 

Cartes des environs : A, B.

 

La ville est assez étendue, son caractère résidentiel accentué, et elle possède divers hameaux. On arrive aisément au château, situé au centre ville, rue Om’ t Hof : en effet, il a été aménagé en centre de séminaires doté d'un restaurant. A proximité se trouvent, vers l’Est, des bâtiments récents d’une maison de retraite, ainsi que la rivière Hollandse.

 

2. Description

 

2.1. Le château est un monument très remanié, modernisé, dont la structure d’ensemble est assez simple : en forme de U carré, d’environ 70 m de côté, comportant quatres tours, deux en angle et deux jumelées au niveau du porche d’entrée.

 

* plan de situation du château ;

 

* plan affiché localement.

 

Une de ses particularités réside dans son dualisme architectural : à la base, les murs anciens semblent avoir été « récupérés » repeints ; au sommet de ces murs, on peut observer de grandes baies vitrées modernes. L’ensemble de la construction est en brique : les murs sont, pour la plupart, recouverts d’une peinture d'un blanc écru. La « façade » Sud Est est précédée d’un cours d’eau : détournement de la rivière voisine, la Hollandse, et anciennes douves.

 

Le porche d’entrée est constitué de 2 tours en brique apparente, ici au naturel (ie non repeintes), coiffées de poivrières polygonales en tuiles. Ces tours encadrent un porche permettant l’accès à la cour intérieure (qui n’est pas fermée vers l’arrière, du côté du fleuve) : vue arrière du porche d’entrée.

 

* panneau toponymique sur la façade à droite de laquelle est situé le porche d’entrée ;

 

* description et historique.

 

Chaque « angle » du U carré est doté d’une tour. La première tour, située vers le Sud Ouest, à gauche de la façade extérieure, est polygonale (6 côtés extérieurs), ses angles en léger encorbellement, et coiffée en poivrière polygonale. A sa gauche, le long d’un mur assez long, se trouve l’entrée conduisant à l’intérieur du batiment actuel. La seconde tour, au Nord Ouest, très massive, de 15 à 20 m de diamètre, située plus à gauche de cette même façade, semble très légèrement talutée : elle devait jouer le rôle de donjon.

 

2.2. En face du château, de l’autre côté de la rue Om’ t Hof et vers le Sud, une élégante maison révèle deux plaques. L’une porte l’inscription « Chastillon, A° MCML » (Chastillon, année 1590 ?), l’autre l’inscription « Passavant », précédée d’une croix.

 

3. Histoire

 

Cette ancienne place forte importante est située dans la partie Sud Ouest de la province d’Utrecht, au milieu du polder Lopiker rural. Elle doit son origine au pontificat de l’évêque Godefroi de Rhenen, stratège de premier rang. Plus tard, la proclamation de la république des Pays-Bas (1672) entraina l’arrivée des troupes de Louis XIV, roi de France, et la destruction d’une grande partie du château, lequel constituait une position très forte.

 

Le stathouder Guillaume III a aussi été très présent dans l’histoire de la ville.

 

Récemment (1985), une période de restauration de 2 ans fut entamée et aujourd’hui les murs abritent un restaurant appelé « Kasteel Monfoort ».

 

Une maison de retraite située à proximité immédiate possède, au-dessus de sa porte d’entrée, une inscription « Mons Fortis » qui confirme l’origine et l’interprétation du nom, dont l’orthographe actuelle comporte 2 fois la lettre « o ».

 

4. Iconographie

 

Il existe plusieurs représentations anciennes de la ville et du château de Montfoort (collection de l’auteur) :

 

* gravure A en couleur (légende : « Schilderachtigh GEZICHT te Montfoort aen den buitenfingel met een out Voorpoortje en een gedeelte van't Slot, volgens hunne gestalte in den Jarre 1625 ») ;

 

* gravure B en N & B (légende : « Het SLOT van MONTFOORT op zyne flinker zyde in den ingang te zien gebouwt door de Bifshoppen van Vtrecht , de Graven van Holland hebben verscheiden maelen deez' slot belegert en ingenomen, zy vertoonde zich aldus in 't Jaar 1630 ») ;

 

* gravure C en N & B (légende : « Het SLOT van MONTFOORT, van huiten non le fren », J.S.F., Schynvoet, d'après Roelant Roghman, 1711, Schatkamer der Nederlandsche Oudheden) ;

 

* gravure D en N & B (légende : J. de B. del., H.S.F., « Het KASTEEL en OUDE MANNEN HUIS te MONTFOORT ») ;

 

* gravure E en N & B (A. Rademaker, circa 1750, Kab. v. Ned. Oudh.).

 

On peut encore citer :

 

* une gravure de Isaac Le Long (1640) ;

 

* une gravure (1674) de J. de Beyer et H. Spilman ;

 

* une peinture (1647) de D. Croos, National Gallery, Londres.

 

7. Héraldique, génélogie et sigillographie

 

7.1. Les armes de la ville (A, B) peuvent se lire « d’argent à une tour crénelée de gueules, couronnée du même (?), cantonnée de 2 croisillons (anilles, ou fers de moulin) ». L’écu est accosté de 2 lions.

 

7.2. L'armorial du Héraut Navarre (compilé vers 1368-1375, mais dont les plus anciennes copies actuelles ne datent que du XVème), contient (Pastoureau) la description suivante : « Le sire de Montfort : d'argent a un fer de moulin de guelles (gueules) a testes (têtes) de serpent d'or a chacune cornière du fer de moulin ». Ces armes, données sans précision, pourraient se rapporter à Montfoort, aux Pays Bas.

 

Cette description peut suggérer que le fer de moulin correspond à un sautoir ou que les couleurs (gueules et argent) ont été inversées, et en faisant abstraction des « têtes de serpent d’or » (brisure correspondant à une branche cadette ?). S'agit-il des armes d'une famille locale ayant porté ce nom ? On peut noter que le sautoir structure l’une des représentations de la queue du lion dans les armes de Montfort l’Amaury : à Versailles, elles sont en effet représentées « de gueules au lion d’argent, la queue fourchée, nouée et passée en sautoir ». Cependant, le sautoir ne figure pas dans les armes primitivement représentées sur les sceaux.

 

L’armorial de Gelre (folio 74v) décrit les armes de Thierry de Rover (Deric die Rover) (1315, 1327 et 1328) selon : « de gueules à 3 anilles d’or », tandis que, par ailleurs, Henri III de Rover, burgrave de Montfoort (borchgrave van Montfoorde) portait (en 1570) : « d'argent à 3 anilles de gueules ». Le cimier se décrivait ainsi : « 1 chapeau conique de sable, sommé d'une boule et accosté de 2 autres d'argent, et 1 couronne d'argent ». Les armes préccédentes rappellent celles attribuées à Bernard de Montfort (cf Montigny-Montfort, 21 - Côte d’Or).

 

8. Toponymie

 

La place s’appelait « Mons Fortis » (ou « Sterke Berg », en hollandais), puis devint « Montfoort » (1163). On l’appela aussi « castrum Muntford » (d’où « Mundevoorde ») lors de la construction du château (1329). A cette ville sont aussi associés les noms des familles de Rover et de Mérode (cf Montfort l'Amaury, 78 - Yvelines).

 

9. Bibliographie

 

Bureau de Tourisme de Montfoort, « Notice sur le Kasteel van Monfoort » (après 1985), VVV Montfoort, Hoogstraat 36 a, 3417, HD Montfoort.

 

Le Monde et Sélection du Reader’s Digest, « Atlas Universel », Edition 1982

 

Pastoureau Michel, « Traité d'héraldique », Troisième édition, Grands manuels Picard, Bibliothèque de la sauvegarde de l'art français, mars 1997

 

Revue municipale, « Guide des services », année 1999