Montfort en Chalosse
(25 / 04 / 2014)
1. Localisation (Aquitaine, 40 -
Landes)
Montfort en Chalosse
(altitude
* cartes postales anciennes :
vue générale (courrier
du 22 juin 1922), vue panoramique depuis le Sud
et vue panoramique des environs.
2. Description
Montfort aurait jadis été
protégée par une enceinte murée. Comme les bastides de son époque, le village
commença avec des constructions disposées selon un plan régulier :
parallélogramme entouré de palissades (remparts), avec fossé extérieur. Le plan
de la ville (rues en équerres) évoque la structure de l'ancien bourg fortifié.
Cette structure est confirmée par des vues aériennes. Il ne resterait rien de
la bastide originelle.
2.1. La ville
Située sur une colline, mais
aucune trace de fortification n'est visible sur place ou actuellement connue.
Ceci peut surprendre, étant donné le sens du nom et l'existence de portes qui,
sur les gravures anciennes (estampes), semblent dotées de défenses
appréciables. La recherche d'éventuels remparts, à partir de l'emplacement de
ces portes, pourrait être un objectif de fouilles archéologiques.
* cartes postales anciennes :
mairie et place du Pdt Wilson, autre vue (côté
droit de la façade).
2.2. Les portes et les
remparts
Subsistent quelques vestiges d’anciens remparts (XIVème)
de la bastide. Les fortifications de la ville s'ouvraient par 2 grandes portes
ogivales. Aujourd'hui encore, on y entre par ces 2 voies. La mairie actuelle se
trouve sur l’embase de l'une de ces portes.
* à l'Est, la porte du Parquet (à l'emplacement
actuel du sommet du Parquet) servit de mairie jusqu'à sa démolition
(1872) ;
* à l'Ouest, la porte de Borda
(démolie en 1884), en face de la grand'rue, tire son nom de la famille de
Borda, de Dax, qui a vécu à Montfort. Cette porte est ici représentée par une
lithographie de J. Desportes du XIXème (1844 ?). Une dépendance de
cette porte a servi jadis de prison.
2.3. L’église
Une église de l'époque médiévale (Xème,
XIIème et XIIIème, retouchée au XVème) est
située à Batsempé (ou Baisempré), à
* carte postale ancienne :
angle Nord Est de
l’église ;
* gravure sur carte postale
(d’après Ducourtioux), clocher et structure basse
(crédits photographique : Service des archives photographiques de
2.4. Autres édifices
Il ne subsiste guère
d'autres ruines ou constructions médiévales, sauf à la limite Nord de la
commune, vers Gibret, les restes d'une ancienne maison forte (XVème,
remaniée au XVIème).
* Musée de
Parmi les anciennes demeures
remarquables, on peut citer Montpribat (actuel Centre Médical pour Enfants),
parfois appelé « château », sur la route de Montfort à Poyartin. Il
s’agit d’un manoir, autrefois flanqué de 2 tours rondes coiffées en poivrières.
La plus grosse, située au Sud, s'est effondrée en 1900. La construction (XVIème
ou XVIIème) a été réalisée par la puissante famille de Borda. Elle
aurait appartenu aux seigneurs de Montpribat, électeurs aux Etats généraux de
1649.
3. Histoire
3.1. A l'époque d'Aliénor
d'Aquitaine, les Anglais occupèrent la région pendant 3 siècles. Simon V de
Montfort (l’Amaury) a connu le vicomte de Tartas durant son gouvernement en
Gascogne, confié par Henri III d’Angleterre (Bémont).
Une enquête de la
chancellerie anglaise (1311), confirmée par divers textes du XIVème,
mentionne l'existence d'un « bajulus
castri Montis Forti » (bayle, ou juge, au « château » de
Montfort). Cette bailie rendait ainsi justice au nom du roi d'Angleterre, duc
d'Aquitaine. Un traité de paix fut rédigé (1357) en langue gasconne : « Conegude cause sie, per arreson de cizes
que lo mayre d'Ax auen impausat sober los bins et autres marcadeyries que les
gens de Sent Sever passaban per Baïone per aygue, etc, asso en lo castet de Montfort lo die de dimercs
feste de San Nicolau l'an de noste Seinhor 1357 regnant Eddoard, rey
d'Angleterre, duc de Guienne » (Gassie).
François Ier
s'arrêta (24 mars 1526) à Montfort, en revenant de sa captivité en Espagne. Il
y fut l'hôte de Odet de Foix, vicomte de Lautrec, gouverneur de Guyenne, ami et
garde du roi. Le roi reçut, dans le château de Laur appartenant à Foix-Lautrec,
l'envoyé de Venise, Andrea Rosso, pour des entretiens qui aboutirent (22 mai
1526) à la signature d'un traité d'alliance avec le pape, Venise et le
Milanais, en vue de reprendre la guerre contre Charles Quint.
Un Pierre de Camon figure
(XVIème), comme seigneur de Montfort, au ban et à l'arrière-ban de
la sénéchaussée des Landes, ainsi qu'un Pierre de Camon, seigneur de Dado (même
personnage ?).
3.2. La ville était dotée
d'une charte très libérale, et la féodalité n'y pas joué de rôle oppressif. Sa
situation et ses fortifications la protégeaient et les collines proches
constituaient des postes avancés naturels. Cette ville n'eut guère à soutenir
de siège, tant au Moyen Age que lors des Guerres de Religion (ce qui n'est pas
le cas de l'église, située hors du village). L'époque révolutionnaire n'a pas
laissé de traces.
3.3. Bien qu'aucun document
connu n'atteste la qualité de bastide, la topographie des lieux
(plans de rues, parcelles) semble confirmer cette hypothèse. En raison des
tracés de rues en équerre, le bourg peut avoir été une bastide créée sous
l'occupation anglaise (par le roi d’Angleterre), aux XIIème ou XIIIème.
Peu de documents sont disponibles sur le village et son histoire, laquelle est
surtout liée à l'économie agricole.
Comme à
(i) une première
construction fortifiée, non nécessairement incluse dans le village actuel ;
(ii) puis un déplacement de
population vers un autre lieu, inclus dans le périmètre actuel du village, et
davantage propice aux activités agricoles. Ceci aurait pu se produire, par
exemple, à l'occasion d'une charte de franchises accordée aux villageois.
3.4. Des Recensements de la
population (1709, 1720 et 1735)) indiquent que le bourg de Montfort, qui
relevait de la généralité d'Auch, possédait alors 302 feux (environ 1500 à 1800
personnes). Il indique aussi l'existence d'un Montfort de Turson (16
feux = 80 à 100 personnes) et d'un Montfort de Tursan (80 feux = 400 à
480 personnes) (confusion ? ou lieux disparus ?).
La ville n'a jamais changé
de nom jusqu'au 08 / 04 / 1962 : auparavant, elle s’appelait simplement Montfort.
4. Héraldique
Armes de la ville. Les armes de Montfort en Chalosse peuvent
se lire : « d’or au créquier de sinople sur un mont du même issant de la
pointe, accosté de 2 lunes d'argent surmontées chacune d'une croix du même ».
Elles sont très semblables à
celles de Monfort du Gers
(32 - Gers) : « de gueules au créquier d'or posé sur un mont issant de
la pointe du même, accosté de deux lunes d'argent chargées chacune d'une croix
de sable ».
Une relation (historique)
entre ces deux villes a peut-être existé (bastides fondées au temps du Prince
Noir ?). Montfort en Chalosse n’est située qu’à une quarantaine de kilomètres
au Nord de Montfort (64 -
Pyrénées Atlantiques).
Par ailleurs, le créquier qui en est le principal
meuble figure aussi dans les armes de la famille de Créquy (ou Créqui),
lesquelles comporte un quartier « d'or
au créquier de gueules » (cf Compasseur).
Cependant, aucune relation ne semble exister entre ces trois lieux.
9. Bibliographie
Anonyme, « Ouvrage sur
l'ancienne Gascogne et sur le Béarn (article sur le canton de Montfort) »,
1850
Bémont Charles, « Simon
de Montfort, comte de Leicester, sa vie, son rôle politique en France et en
Angleterre », Paris, 1884 (reprint Mégariotis, 1976)
Bordes Marcel,
« Correspondance du 8 juin 1984 »
Cauna Bernard Augustin Henri
Timothée de Cabannes, baron de - (1822-1883), « Armorial des Landes »
(3 tomes), Typographie Vve Justin Dupuis et Comp., Bordeaux, 1863, 1865, 1869
Le tome I mentionne (page
173) une naissance selon les termes suivants. « L’an 1735 et le 10
novembre naquit Louis de Benquet, fils légitime à M. Jacques de Benquet, et à
dame Jeanne Marie de Cours de Montlezun, seigneur d’Arblade ; parrain et
marraine : M. Louis de Cours de Montlezun, et Eléonore
de Montfort ; baptisé par moi, curé d’Arblade, ez présence de
M. de Monlezun, aïeul de M. de Benquet, M. Pf. de Mau, et Dutaret et autres,
les dames d’Arblade et Dutaret. CADROY, curé d’Arblade-Brassal »
Cauna Bernard Augustin Henri
Timothée de Cabannes, baron de - (1822-1883), « Clergé et noblesse des
Landes (armorial) », Typographie Veuve Justin Dupuis et Comp., Bordeaux,
1864
Chabas David (1895-1996),
« Villes et villages des Landes » (4 tomes), Chez l'auteur, 40, Cap
Breton, Imprimerie Gamoy, Bayonne, 1968-1974
Le tome 2 contient notamment un « Essai sur l'archéologie
landaise », par Robert Arambourou, chargé de recherches au CNRS
Gassie Maurice,
« Allocution du 5 juin 1993 » prononcée devant
Larroque Philippe Tamizey de -, « Notice sur Marmande
»
Millanges Simon, « Les
coustumes generalles et localles, de la ville, prevosté et siege de S. Sever
… », A Bourdeaux, par Simon Millanges, 1576
Papy Louis, «
Revue de l’Agenais
Années 1886
(pages 380-399), 1892 (pages 307-316)
Saint Blancat Odon de -,
« Comment se sont créées les bastides du Sud Ouest de
Société académique d’Agen, « Recueil des
travaux »
Année 1897, deuxième série, pages 37-41 (l’un des Montfort du Sud : 11, 24, 31, 32, 40, 64 ?)
Société de Borda de Dax,
Bulletin, 1921 à 1938
Torre Michel de la -,
« Guide de l'art et de la nature (40 - Landes) », Nathan, 1985
Sites Internet
http://www.sadipac.com/templates/sadipac.php?id_page=131
http://www.museedelachalosse.fr/ (Musée de
http://lavieparunfil.pagesperso-orange.fr/Documents/montpribat.htm (centre médical pour enfants
de Montpribat)