Montfort l'Amaury

(30 / 09 / 2013)

 

1. Localisation (Ile de France, 78 - Yvelines)

 

Montfort l’Amaury (N 12 et D 76) (altitude : 185 m) est une commune située à 45 km à l'Ouest-Sud-Ouest de Paris, à la limite septentrionale de la forêt de Rambouillet. Avant Napoléon, cette dernière s'appelait forêt de Montfort, et le seigneur de Montfort en était le responsable (gruyer) : l'actuel « étang du gruyer » rappelle l'existence de cette fonction passée. Le village joua en effet autrefois un rôle important : comté, gruerie, grenier à sel, baillage, justice. Il est aujourd'hui un lieu de villégiature riche à 3 titres : histoire, patrimoine et écologie.

 

* vues touristiques de Montfort : étangs des Maurus (ou « de la Porte Baudet »), étang de la plaine, porte Bardoul, ruines féodales sur la motte, tourelle dite d'Anne de Bretagne ou d’André de Foix ;

 

* dessins d’Olivier de Wismes (4ème quart XIXème, musée des Beaux Arts, Nantes) : la porte (Bardoul), entrée du cimetière, intérieur de l'église, église et marché ;

 

* images anciennes (circa 1900) (source : ministère de la Culture) ;

 

* vues actuelles : motte et haute cour, vestiges du château sur la motte, église St Pierre et basse cour (source : ADRACHME).

 

2. Description. Le château, ses dépendances et le village

 

2.0. L'ancienne seigneurie

 

2.0.1. Plans et iconographie

 

Divers documents permettent de se faire une idée de l’ancienne seigneurie de Montfort :

 

* carte de France d’après le « Historical Atlas » de William R. Shepherd (Henry Holt & Co, New York, 1911). Cette carte montre la situation du fief dans l’ensemble mesure où il est mentionné sur une carte couvrant la France entière (dans un découpage proche de l’actuel) : carte de France circa 1035, en 1154-1184, en 1328 ;

 

* carte de situation : exécutée (1660) par le Sr Sanson d'Abbeville, géographe du roi, elle représente Montfort et ses environs ;

 

* plan de Montfort (8448, planche 30), d’après l’ « Atlas de Trudaine » ou « Atlas des routes de France » (62 volumes), réalisé (1745-1780) d’après les instructions de Charles Daniel Trudaine (source : Centre historique des Archives nationales, CARAN, cotes CP / F / 14 / 8443 à 8507) : plan (recto) et détails du plan (après réorientation Nord Sud et retraitement de l’image : A, B) ; texte (verso). Ce plan, orienté Sud Est - Nord Ouest, montre les emplacements du donjon, de la chapelle St Laurent (dénommée à tort St Pierre), de l’enceinte fortifiée, des Capucins, de la Moutière, du château de Groussay (Grouffet), de la Folie, de la Tuilerie et de l’étang de la Plaine. Méré (Merey) figure donc à gauche sur ce plan. Ce plan indique ainsi (circa 1750), d’une part une enceinte non solidaire de la colline du château, d’autre part des embases du château et de la chapelle St Laurent bien délimitées ;

 

* plan archéologique de la ville réalisé par François Delville (Dion, 1905) ;

 

* autre plan archéologique : enceinte primitive (XIème) en trait épais continu, enceinte Renaissance (XVIème) en trait épais discontinu ;

 

* plan de synthèse (1991) élaboré par l’ADRACHME ;

 

* panorama Sud Nord, panorama Ouest Est (carte postale ancienne), panorama Ouest Est actuel. Panorama d’après une peinture (trompe l’oeil) pour une agence immobilière locale ;

 

* la colline du château : motte féodale, ruines et place St Laurent (sur laquelle se trouvait l'ancienne chapelle dédiée à ce saint). Principaux vestiges : vue sur place des ruines du donjon (A, B), et vue en contrebas, depuis le cimetière ;

 

* buste d'Anne de Bretagne, placé à l'accès Est, en contrebas de la colline, en venant de la place de l'église. Anne de Bretagne fut, en effet, comtesse de Montfort.

 

2.0.2. Première époque de fouilles

 

Celle-ci eut lieu fin XIXème, dirigée par Adolphe de Dion et Septime le Pippre. C'est alors que furent découvertes des pièces de monnaies anciennes (cf infra).

 

2.0.3. L’ADRACHME

 

Un siècle plus tard, les ruines situées sur la colline furent dégagées (1989-1994) par l’Association de recherche archéologiques et historiques sur Montfort et son environnement (ADRACHME : http://adrachme.wifeo.com/).

 

Photographies prises durant ces dernières fouilles :

 

* courtine Est du donjon, vue depuis le sommet de la tourelle d'escalier ;

 

* courtine Sud et tourelle médiévale : A (façade Sud du donjon), B (face interne de la tourelle d'escalier de style Renaissance, située vers le Nord) ;

 

* courtine Sud : faces externe et interne (vestiges de fenêtres à meneaux Renaissance, arrachement du chaînage de tourelle d'angle, qui était placée en encorbellement) ;

 

* courtine Sud (sens Est Ouest) ;

 

* courtine Sud (sens Ouest Est) : gaines, gaines (détails). Des gaines semblables peuvent aussi s'observer dans d’autres pays : ainsi en est-il des gaines de l’ancien château Bernard (Barnard Castle), au Nord Est du Royaume Uni, près de Durham ;

 

* cave du donjon et son escalier d'accès ;

 

* embase du donjon ;

 

* embase de la tour de flanquement Sud (ancienne tour d'escalier) ;

 

* cave, escalier et départs des 4 murs de refend (en équerre) de la cave : A, B, C, D ;

 

* donjon : A, B, C, D, E.

 

L’appareil en pierre est assemblé de façon très semblable à ce que l’on trouve en Normandie (shell keeps anglo-normands). Ainsi, on retrouve des éléments de comparaison avec le donjon de Vatteville : courtine, chaînages de mur, portion d’embase.

 

On trouve même ce type d’assemblage dans d’autres pays, comme l’Italie, où l’ancien château de Monteforte Irpino renferm un mur et fenêtre du donjon de facture analogue.

 

2.1. Vues iconographiques du Sud vers le Nord

 

2.1.1. Une gravure de Gaspar Mérian (début XVIIème) (collection de l'auteur) fournit un état des lieux vraisemblable de la ville et, en particulier, des bâtiments castraux.

 

2.1.2. Deux gravures de même orientation sont dûes à Claude Chastillon : première gravure (figurant aussi sur une carte postale ancienne), seconde gravure (avec vue retouchée). Une maquette de la première, conservée par l’ADRACHME, a été réalisée en balsa par l'auteur : éléments sur motte et détail du manoir. Des dessins stylisés reprennent les principales lignes architecturales : vestiges, St Laurent et manoir. Un montage photographique (sans la chapelle St Laurent) peut donner une idée de l’apparence de Montfort au XVIème siècle.

 

On peut noter des différences entre ces 2 séries de gravures :

 

(i) le mur Sud Sud Est du donjon comporte chez Chastillon une tour de flanquement central quadrangulaire (escalier ou échauguette), au lieu de 2 circulaires flanquées en angle chez Mérian. Le premier dessin concorde, dans sa partie basse, avec l'embase dégagée par l'ADRACHME : il indique seulement 2 petites fenêtres, alors que la construction n'en révèle qu'une seule in situ. On peut déduire de ces observations que la terre constituant la motte féodale, récupérée sur la route de Montfort à St Léger, a souvent dû être remontée puisque l’embase est à jour dans les 2 gravures, alors que les dernières fouilles ont dû les dégager.

 

Le dessin de Chastillon concorde, par ailleurs, avec les 2 ouvertures, toujours visibles, situées aux deuxième et troisième étages de la courtine Sud du donjon. Chacune de ces ouvertures se prolonge, à angle droit, par une « gaine » (passage) située dans l'épaisseur de la courtine ;

 

(ii) la tourelle en encorbellement de l'angle Ouest est coiffée d'une poivrière chez Chastillon. Celle-ci semble avoir disparu chez Mérian ;

 

(iv) chez Chastillon, le manoir paraît habité (fumées), non chez Mérian. Dans les 2 cas, les bâtiments semblent en bon état général.

 

2.1.3. Gravure de Ch. Ransonnette (1845) représentant la motte et les vestiges (tourelle Renaissance, courtines du donjon).

 

Gravure de Septime le Pippre (in Le magasin pittoresque, tome XXXIII, novembre 1865, page 345) représentant les ruines du château (milieu XIXème).

 

2.2. Vues iconographiques depuis le Nord vers le Sud

 

Les 2 plus anciennes descriptions du village et de ses principaux édifices (château, chapelle St Laurent, église St Pierre) offrent une vue plongeante depuis le Nord. Elles sont beaucoup moins connues que les précédentes.

 

2.2.1. La première est une importante fresque située dans la galerie des Cerfs, au château-musée de Fontainebleau. Cette peinture (huile sur plâtre) recouvre toute la longueur du mur du fond de cette galerie et décrit, vers le centre, les villages de Montfort et de St Léger. Des noms de lieux-dits sont inscrits sur des banderoles. L’ancien conservateur du château, Jean Pierre Samoyault a attribué (1989) cette oeuvre à Louis Poisson (Gisors, xxxx ; Paris, 1613), peintre de Henri IV, qui l’aurait réalisée vers 1605-1609 (cf 77 - Fontainebleau).

 

2.2.2. L'autre (collection privée) est un dessin au crayon (1741) dû à Jacques Rigaud. De son vrai nom Rigau y Ros (Perpignan, 1659 - Paris, 1743), ce peintre et portraitiste de l'époque Louis XV dédicace ce dessin à l’attention de l’abbé Vallou de Boisroger, curé de Montfort, et l'a lui-même signée. Cette oeuvre très détaillée est un crayon-lavis à l’encre noire, d’environ 0,38 m sur 0,60 m, représentant une vue panoramique de Montfort. Les principaux édifices y sont représentés : château, chapelle St Laurent, église St Pierre, murailles de l’enceinte, cimetière, domaine des Capucins, etc.

 

* panorama Est (murailles, église, village et cimetière) ;

 

* panorama Ouest (murailles, charnier, motte avec prieuré St Laurent et manoir, les Capucins) ;

 

* la motte et ses édifices, détail du manoir et du prieuré St Laurent ;

 

* détail de l’église.

 

Ce dessin est la vue la plus ancienne sur Montfort selon cette orientation, ce qui explique son intérêt iconographique :

 

* la chapelle St Laurent semble conforme à ce que l’on sait d’elle ;

 

* le château est encore assez bien conservé, mais sa toiture ainsi que son angle Nord Est ont disparu : on aperçoit, par cet angle, l’infrastructure intérieure, sans les planchers.

 

L'oeuvre a été réalisée 50 ans après l'échange de Montfort avec Versailles (1691-1692). La disparition la plus « massive » du manoir (abandon seulement ?) se situerait donc entre 1741 et 1794, date à laquelle il était déjà ruiné (carte postale précédente). La Révolution a probablement accéléré ce délabrement, car l’on peut trouver certaines pierres du château incluses dans des habitations voisines.

 

Selon des géographes de Napoléon, Peuchet et Chanlaire, le château était (1808-1811) en meilleur état que celui de la Madeleine, à Chevreuse. Mais l’époque de délabrement massif aurait alors été le début du XIXème : or ceci est contredit par ce qui précède.

 

Dans un but à la fois iconographique et scientifique, une aquarelle constituant une version modifiée de ce dessin a été réalisée par l’artiste-peintre Valérie Albertosi : cette aquarelle vise à mettre en valeur les monuments du village et à en recréer une vision correspondant au début de la Renaissance (circa 1500) :

 

* panorama général ;

 

* détails : zone centrale, église St Pierre et motte.

 

Plusieurs modifications ont été apportées à l’original : colorisation, reconstitution du manoir (cf infra), exclusion d’éléments humains et animaux. Ces corrections résultent d’un travail d’analyse et de confrontation avec d’autres informations iconographiques (cf notamment Fontainebleau) ou archéologiques (cf supra, § 2.0.3. et 2.2.).

 

2.3. Etat récent (XIXème et XXème). Description des vestiges

 

Panoramas Sud Nord et Nord Sud (carte postale ancienne).

 

Le château fut d’abord un donjon féodal : il fut probablement fait en bois (« château de terre ») (Xème-XIème), à la manière des turris romaines, puis repris en pierre après la prise de Hastings par Guillaume le Conquérant. Il devint ensuite (fin XVème) un manoir Renaissance, après avoir subi des transformations (infra).

 

2.3.1. La tourelle d’escalier Renaissance

 

Au Nord de la motte féodale subsiste une tourelle d'escalier polygonale, appelée « tour d'Anne de Bretagne », qui flanquait le manoir Renaissance. Cette tourelle fut construite en briques (petit appareil) et pierres (appareil moyen), avec porte d'entrée sculptée, de style flamboyant. Elle est datée (1498) de l’année où Anne de Bretagne, comtesse de Montfort, devenue veuve de Charles VIII, s’était rendue à Etampes (dont elle était dame), afin d’y négocier un remariage : celui-ci se régla finalement avec le roi Louis XII.

 

M. Robert, maire de Montfort, fit réparer (1856) la tourelle, la fit couvrir d'un toît en plomb et y fit placer une échelle intérieure pour accéder à ses différents degrés.

 

Cette tourelle est reproduite sur diverses gravures et de nombreuses cartes postales anciennes. Elle possède des similitudes avec la tourelle du château de Maintenon (vue du château, de la tourelle et détails de celle-ci), ou celle de Talcy (Loir et Cher) (château des XIIème et XVème), ou encore celle du Clos Lucé (à Amboise).

 

Tourelle d'escalier d'Anne de Bretagne, vue depuis le petit pont d’accès (probablement XVIIIème). Autre vue : A. Edifice reproduit sous forme de peinture (trompe l’oeil) pour une agence immobilière locale, gravure du XIXème (Histoire de France de Duruy, dessin de Thierond, gravure de Trichon) et gravure de V. Petit (XIXème).

 

Détails de la tourelle d'escalier : A (zone élevée), B, C (arête de la tourelle et montants de fenêtre), D (corbeaux sommitaux), E (porte d'entrée située au bas de la tourelle).

 

2.3.2. Chapelle du prieuré St Laurent (ancienne dépendance de St Magloire de Paris)

 

Sur le flanc Sud Est de la motte, en contrebas du donjon, une place aménagée portait la chapelle du prieuré St Laurent, fondé (1072) par Simon Ier. Cette chapelle fut démolie en 1793. Il en subsiste des vestiges, notamment au niveau de la crypte : départs de pilier, abside avec colonnettes et absidioles (carte postale ancienne). La crypte de la chapelle fut déblayée (XIXème-XXème) par Septime le Pippre, puis recomblée. L'ADRACHME en fit une fouille systématique (1988-1989) : vue du sol pendant les fouilles.

 

Chapelle St Laurent : carte postale ancienne (dessin de François Delville représentant son état en 1793, avant sa destruction).

 

* état avant ruine de la chapelle St Laurent (source : BNF, document libre de droits) :

 

* « Eglise de Montfort ». Dessin à la mine de plomb, plume et lavis à l'encre de Chine, de Philippe Louis Parizeau (XVIIIème) (30,3 cm x 40,5 cm), collection Hippolyte Destailleur (1822-1893) ;

 

* « Chapelle du Vieux Montfort l'Amaury ». Dessin anonyme à la mine de plomb et lavis à l'encre brune (décembre 1792) (26,3 cm x 22 cm), collection Hippolyte Destailleur (1822-1893) ;

 

* « Eglise St Laurent à mont fort ». Dessin à la plume et encre brune, aquarelle (Thermidor An 8 = juillet 1800) (23,8 cm x 19,3 cm), collection Hippolyte Destailleur (1822-1893) ;

 

* plan (1720) de la chapelle St Laurent, par Louis de La Coudre : ruines de la chapelle (cf Georges Poisson).

 

Cette chapelle paraît être de même conception que celle, subsistante, de Vaux sur Seine (carte postale ancienne), dont l'architectonique peut servir de guide d'interprétation

 

Sceau du prieuré St Laurent (A.N. D848) (1415), fragment de sceau rond de 28 mm (dans une niche gothique, St Laurent, nimbé, debout, tenant un livre).

 

Sur son emplacement a été placé un médaillon représentant le comte Adolphe de Dion, ancien maire de Montfort et président de la Société d'archéologie de Rambouillet (SAR), aujourd'hui devenue la SHARY (Société d'histoire et d'archéologie de Rambouillet et de l'Yveline).

 

Au-dessus du médaillon, on peut encore apercevoir une sculpture aux contours délabrés, que certains assimilent à un lion ; mais celui-ci n’est cependant guère reconnaissable.

 

2.3.3. Ancienne porte du château

 

Divers blocs éboulés subsistent sur les flancs de la motte. Au Nord Est, en contrebas et au niveau de la plate-forme ayant jadis supporté la chapelle St Laurent, subsistent les vestiges d'une ancienne porte du château. Comme il était d’usage, elle était située avant l’accès à la chapelle castrale, afin de placer le château, auquel on pouvait accéder après la chapelle, sous la protection divine.

 

Adossé à ces vestiges, figurait le buste de Léon Durocher, fondateur (fin XIXème) des pardons d’Anne de Bretagne. Ce buste a disparu (1995) par suite d’un vandalisme.

 

2.3.4. Une barbacane ?

 

A l'Ouest du donjon, au-delà du pont de pierre actuel (XVIIIème ?), subsistent de gros blocs de maconnerie éboulés, de même facture que les ruines du donjon. On a pu imputer ces vestiges à une ancienne barbacane qui aurait été implantée sur la zone terminale du plateau provenant de Grosrouvre, et aurait ainsi précédé le fossé enjambé par le pont. Les fouilles de l'ADRACHME ne permettent pas de confirmer cette hypothèse. Ces blocs corrrespondraient plutôt à une porte, ouverte à la pointe Ouest de l'ancienne enceinte de la ville, du côté des Capucins (cf plan archéologique infra, fresque de Fontainebleau).

 

2.3.5. La porte Bardoul

 

Au Nord, en contrebas de la motte féodale, se trouve la porte de Hugues Bardoul (ou Bardou), représentée sur une gravure ancienne (BnF) et de nombreuses cartes postales. Cette porte a été reproduite sous forme de peinture (trompe l’oeil) pour une agence immobilière locale ; gravure du XIXème (Histoire de France de Duruy, dessin de Thierond, gravure de Trichon)..

 

2.3.6. Les remparts

 

En ville, les remparts Nord et Sud correspondent à la première enceinte (XIème).

 

* remparts Nord (rue Amaury) (vue en direction du Sud), insérés dans des propriétés privées (photographies de 2006) : A, B ;

 

* remparts Sud, appelés « les Poulies », avec arcades : tour et arche, arche, vue Ouest Est, niche dans la muraille et dessin ancien (source : Mémoires de la SAR) ;

 

* ancienne porte de Paris (aujourd'hui détruite), reproduite sous forme de peinture (trompe l’oeil) pour une agence immobilière locale.

 

2.3.7. La prison

 

L'ancienne prison (située 5 rue de Paris) comporte notamment des caves voûtées, une chapelle avec voûte à ogive croisée, et des dessins de prisonniers détenus pendant la Révolution.

 

2.3.8. L’hôpital

 

L'ancien hospice, doté d'une chapelle, fut fondé (1239) par Amaury VI de Montfort, connétable de France. Il fut recouvert (XIXème) par l'actuel hôpital. Son entrée porte la mention du fondateur et de la date de fondation. Lors les travaux d'agrandissement (1890), des blocs éboulés furent trouvés (Dion), dont la maçonnerie était beaucoup plus dure que celle des nouveaux remparts. Une partie de ces pierres a donc dû être utilisée pour construire l’hôpital actuel.

 

2.3.9. L'église St Pierre - St Nicolas

 

Située à une centaine de mètres, en contrebas de la motte, l’église fut commencée par Amaury Ier, au centre de la ville qui venait alors d'être édifiée. On doit problablement aussi à cet Amaury l'église St Nicolas, bâtie dans la basse cour du château, ainsi que les débuts de la chapelle St Laurent, incluse dans l'enceinte du château. Son fils, Simon Ier, donna (1072) tous ces édifices religieux à l'abbaye St Magloire de Paris, fondée, un siècle auparavant, par Hugues le Grand, duc de France et père de Hugues Capet. Les maisons de Montfort et de Versailles ont aussi doté cette abbaye de divers biens.

 

* l’église St Pierre (avant 1850) : A, B et Gravure ancienne (église et village) par J. L. Tirpenne ;

 

* l’église St Pierre (état actuel) : angle Sud Ouest, abside et gargouilles (A, B), chapiteaux (A, B), gargouilles (A, B, C) (source : ministère de la Culture, base Mérimée).

 

L’église contient une verrière réputée. Sur le vitrail n° VII dédié à St Yves, un portrait de sa donatrice passe pour être celui de Anne de Bretagne (troisième panneau en partant du bas) (notice relative au vitrail).

 

Un certain A. Lapeyre relate l'aide financière de Louis XI pour la reconstruction des églises de ND de Pontoise, ND de Montfort et ND de Cléry.

 

D’autre part, un inventaire des rues de Paris mentionne :

 

* la visite (12 septembre 1720) par Jacques Piretouy et Jean François Gobin des réparations à faire en l'église St Pierre de Montfort l'Amaury, à la requête de Louis Antoine de Noailles, archevêque de Paris ;

 

* la réception (1er septembre 1721) par Jacques Piretouy et Jean François Gobin des réparations faites aux frais de Louis Antoine de Noailles, archevêque de Paris, au choeur et au chancel de l'église St Pierre de Montfort l'Amaury.

 

2.3.10. Le cimetière (ancien charnier)

 

* porte d'entrée, de style Renaissance flamboyant, et détail de la porte  ;

 

* galerie prolongeant l'entrée et vue de la galerie depuis l’intérieur du cimetière.

 

Le mur de façade porte l'inscription suivante, située dans le mur à droite de la porte :

 

« Vous qui passez par ici, priez pour eux

Car ce que vous êtes, ils ont été,

Et ce qu'ils sont, vous serez »

 

2.4. Principales trouvailles issues des fouilles réalisées (1989-1994) par l’ADRACHME sur la motte castrale

(photographies ADRACHME : http://adrachme.wifeo.com/)

 

(i) objets en terre et assimilés :

 

* assiette et assiette XVIIème ;

 

* pipes (avec un modèle récent de même style) ;

 

* poteries variées :

 

** fragments (A, B), fragments armoriés et fragment vernissé vert ;

 

** vases : A, B, C ;

 

** pot trépied, pots en grès, pot en grès et chauffe-plats, pot vernissé noir et divers autres pots (A, B, C, D) ;

 

(ii) objets en verre : bouteilles (XVIème), verrerie (XVIème) ;

 

(iii) objets en métal : bagues d’argent (XVIIème) (A, B), cueiller en bronze, dont l’extrémité est un sabot de cervidé (époque : Guerre de Cent Ans), clous, monnaies (A, B), robinets à tronc conique ;

 

(iv) divers : ossements (canidés) A, B.

 

2.5. Reconstitutions architecturales effectuées par l'auteur

 

La visualisation des monuments ou objets (mobilier, sépultures, vêtement, etc) tels qu'ils ont pu exister dans le passé constitue une phase ultime de toute recherche archéologique ou architecturale. Les informations rassemblées, sur le site archéologique aussi bien qu'à partir de l'iconographie, permettent, de façon assez raisonnable, de reconstituer ces monuments ou objets.

 

On a ici cherché à restituer l'aspect qu'a pu avoir l'ancien château dans le passé. Deux principales époques s’imposent : le Moyen Age et la Renaissance.

 

2.5.1. Le donjon médiéval

 

Les fouilles de l’ADRACHME ont permis de dégager l’embase du donjon, dont un schéma fournit la forme générale. La zone en jaune représente la construction de l’époque médiévale (au plus tôt 1072, mais fin XIIème probable).

 

Ce donjon est remarquable, car sa section droite semble unique en France : cette section est de forme polygonale et ovoïde. La « pointe » de l’œuf correspondrait au « bec » du donjon : il s’agit d’une partie renforcée de sa courtine, destinée à protéger davantage sa partie la plus vulnérable (ici, en direction du promontoire situé vers les Capucins, de l’autre côté du petit pont d’accès Nord Ouest).

 

Ces éléments, ainsi que les vestiges (murs, etc) actuels, suggèrent une reconstitution du donjon par élévation de la zone en jaune précédente : volumétrie du donjon. Une maquette en plâtre plein permet de concrétiser la masse incluse dans ce volume : A, B.

 

Les contreforts plats, supportés par des embases quandrangulaires, se retrouvent dans d'autres édifices civils de la même période (Chevreuse, Gisors, etc). Il en existe aussi dans des édifices religieux, comme l'église St Mathurin située sur la commune de Larchant (77 - Seine et Marne), dont les contreforts sont construits de la même façon :

 

* vue de l'abside de St Mathurin, et détails des contreforts (A, B).

 

On peut faciliter la description des structures, externes aussi bien qu’internes, du donjon grâce à une maquette, réalisée en matière plastique transparente, à l'intérieur de laquelle on aperçoit l'étagement de l'édifice, la cave dégagée lors des fouilles, ainsi que les 4 murs de refend :

 

* reconstitution du donjon (maquette de l’auteur) : vue plongeante Nord Ouest - Sud Est, vue Nord Sud, vue Nord Est - Sud Ouest, vue Ouest Est.

 

La tourelle en flanquement située sur la courtine Sud servait sans doute à accéder primitivement au différents niveaux, soit par un escalier de pierre (dont la trace n’est cependant pas décelable en l’état) soit, plus traditionnellement, par une échelle en bois. Cette tourelle aurait pu aussi jouer le rôle de guette, afin de permettre la surveillance de la route située au Nord (vers l’actuelle nationale 12), d’où pouvaient venir les Normands. Mais il est impossible de discerner une quelconque surélevation par rapport à la hauteur supposée de la terrasse du donjon (cf Gisors).

 

2.5.2. Le manoir Renaissance

 

Anne de Bretagne séjourna à Etampes (1498) en vue de conclure son deuxième mariage avec Louis XII. On peut supposer que cette époque fut celle d’une restructuration profonde de l’édifice représenté par le donjon. Son architecte aurait tronqué (fin XVème) le bec du donjon et « fermé » cette face par un nouveau mur (position indiquée en rouge dans le schéma) : contre ce mur fut flanquée la tourelle d’escalier subsistante. Enfin, les murs du donjon auraient été habillés d’un revêtement en petites briques plates et pierres blanches, dans le style Renaissance flamboyant, et les angles ornés de tourelles, probablement en encorbellement et à poivrière. Cependant, l’hypothèse d’une reconstruction peu après par André de Foix, devenu seigneur de Montfort, est aussi probable.

 

Dans tous les cas, le manoir semble plus délicat à visualiser dans la mesure où les informations qui peuvent s’y rapporter sont assez disparates (cf iconographie supra), voire contradictoires.

 

Méthode

 

On a combiné, pour l’essentiel, les informations précédentes : iconographie, styles architecturaux semblables, relevés des fouilles (dont une stratigraphie simplifiée), soit :

 

* le schéma précédent (cf plan de masse du donjon et des modifications ultérieures) ;

 

* les gravures de Mérian et de Chastillon (vues Sud Nord) ;

 

* la fresque de Fontainebleau (vue Nord Sud) ;

 

* les vestiges subsistants après les fouilles archéologiques menées par l’ADRACHME : embase, tourelle, tour flanquée au Sud, arrachements de tourelles et de fenêtres, étagement, etc.

 

Hypothèses de restitution

 

On a finalement retenu les éléments suivants :

 

* une embase médiévale dont le bec est tronqué vers le Nord, ce qui donne une section droite particulière à l’édifice. La volumétrie du donjon peut donc être reprise, excepté la zone correspondant à la troncature du bec ;

 

* la tourelle Nord (tour d’escalier Renaissance), qui subsiste quasiment en entier, et s’adosse sur le mur tronquant le bec ;

 

* la tour Sud (ancienne échauguette ou tour d’escalier médiévale), dont il subsiste l’embase. On a simplement procédé par élevation de cette embase, dans la mesure où aucune hypothèse alternative ne semble tenir ;

 

* les 4 tourelles d’angle. Celles-ci ont sans doute fait l’objet d’erreurs iconographiques. En effet, elles sont positionnées différemment (hauteur ou angle) dans les gravures et la peinture. Cette confusion est peut-être dû à leur multiplicité. On doit donc raisonner sur leur positionnement par rapport à l’édifice, autant que sur leur nombre :

 

            ** l’hypothèse de 2 tours d’angle seulement (au lieu de 4) n’est pas exclue, compte tenu de l’iconographie disponible ;

 

            ** l’arrachement (chaînage en hauteur) qui subsiste aujourd’hui dans l’angle Sud Ouest conforte l’hypothèse de tourelles posées en encorbellement, donc ne partant pas du sol (fondations), et jouant seulement un rôle décoratif : en effet, l’exiguïté de leur construction ne pouvait guère permettre de créer un espace appréciable ;

 

            ** on peut supposer que ces tourelles étaient disposées de façon symétrique : le plan de symétrie qui s’impose naturellement est le plan Sud Sud Est - Nord Nord Ouest, c’est-à-dire celui guidé par les 2 tours de flanquement. Si la Renaissance, privilégiait les structures symétriques pour les châteaux de plaine, on ne peut exclure cette possibilité pour ce château initialement destiné à coiffer une motte de terre, mais dont le plan ovoïde et polygonale, datant du Moyen Age, possédait déjà une symétrie.

 

Enfin, on néglige la masse pierreuse, assez informe, qui subsiste au Nord Ouest à proximité immédiate des ruines, ainsi que les autres éléments de décoration : ouvertures (fenêtres à meneaux), frises possibles soulignant les niveaux, cheminées, lanternon probable (XVIIème ?).

 

Toutes ces informations et hypothèses permettent d’élaborer une restitution vraisemblable du manoir Renaissance sous-tendu par le donjon médiéval. Cette restitution possède aussi l’avantage de permettre une approche pédagogique de l’évolution monumentale.

 

* du manoir XVIème aux vestiges actuels (interprétation synthétique selon une vue orientée Est - Ouest) : manoir en fil de fer et structure transparente, manoir avec structure opaque, vestiges actuels, animation de l’ensemble ;

 

* simulation en fil de fer (angle de vue équivalent à celui de Fontainebleau) et colorisation sommaire ;

 

* dessin (vue depuis le pont situé du côté des Capucins) ;

 

* dessin façon Fontainebleau et colorisation ;

 

* peinture de Serge Barbé (d'Auffargis).

 

C’est donc cette restitution du manoir Renaissance qui peut être critiquée. Diverses animations peuvent aider à suivre la démarche :

 

* construction de type « fil de fer » ;

 

* assemblage des éléments de construction. La perspective choisie ici est celle de la fresque de Fontainebleau ;

 

* finalisation de la restitution : l’angle de vue est celui que l’on a en venant des Capucins, peu après le petit pont de pierre.

 

Enfin, on peut présenter 4 modes de visualisation des formes architectoniques principales, en négligeant toujours le bloc informe du Nord Ouest ainsi que les éléments de décoration :

 

* animation en fil de fer et structure transparente (tour Sud sans couverture) ;

 

* animation en fil de fer et structure transparente (tour Sud avec couverture) ;

 

* animation avec volumes simples et structure opaque (tour Sud sans couverture) ;

 

* animation avec tourelles d’angle et structure opaque (tour Sud sans couverture) ;

 

* animation avec colorisation, tourelles d’angle et structure opaque (tour Sud sans couverture) ;

 

* une vue aérienne reconstituée permet de visualiser l’implantation du donjon. On suppose (a) soit que la tour de flanquement Sud n’était qu’une tour d’escalier (hypothèse 1), (b) soit que cette tour était (à l’instar du donjon de Gisors, par exemple) surélevée par rapport à la terrasse du donjon, et qu’ainsi elle jouait en outre un rôle de guette en vue de surveiller l’ancienne route de Chartres ;

 

* enfin, on peut (au moins sommairement) retracer l’évolution du château, depuis le donjon du XIIème jusqu’au manoir du XVIème .