Esneux
(04 / 01 / 2016)
1.
Localisation (Belgique)
Dans la province de Liège, à environ
Esneux est traversée du Sud au Nord par
l'Ourthe, rivière très sinueuse, qui est à l'origine de reliefs marqués : fond
de la vallée à Sainval (
Un ensemble de hameaux, parfois appelés «
villages », est issu de cette évolution : Cortil, Beauregard, Fechereux,
Fontin-Hamay, Ham, Limoges, Méry, Montfort, Sur le Mont, etc.
1.1. Le château de Montfort
Dans la vallée de l'Ourthe, sur la commune
d’Esneux, se trouvait anciennement un château de Montfort, disparu aujourd'hui,
qui a ainsi donné son nom à un hameau.
* panoramas d’Esneux : A et B ;
* église
d’Esneux.
Iconographie :
* vue (Lallemand) ;
* dessin (Xhrouet) ;
* lithographie (Thiry) ;
* Montfort sur Ourthe (gravure d’après Guy
Poswick) ;
* représentation du château en 1841
(aquarelle de Paul Lauters) (cf http://www.ulg.ac.be/wittert/fr/flori/opera/lauters/
lauters_dessins.html - montfort).
1.2. La ferme de Montfort
La commune de Ans renferme une « ferme
de Montfort » qui fait partie des biens classés gérés par
l'Institut du Patrimoine Wallon (arrêté du Gouvernement wallon du 23 mars
2006).
1.3. Le château de l'Amblève
En allant vers le centre d’Aywaille (panorama
d'après une carte postale ancienne), la route de Comblain longe la rivière Amblève.
Quelques kilomètres plus loin, sur la droite, un pont traverse l’Amblève. Après
quelques centaines de mètres, une ruelle se termine en cul de sac (place en
terre), mais un chemin la prolonge jusqu'aux ruines d'un château (plan d'accès
approximatif).
Le nom de château de l'Amblève est aussi
attribué à un autre édifice,
beaucoup plus récent, situé au bord de la rivière.
2.
Description
Les descriptions suivantes concernent surtout la
seconde forteresse. Les informations relatives à la première sont, en effet,
beaucoup plus rares.
2.1. Château de Montfort
Le « village » de Montfort, qui
compose la commune de Esneux, a progressivement disparu (début XXème)
: ses maisons s'effondraient progressivement dans une carrière de grès, appelée
« carrière de Montfort », dont l'exploitation avait négligé de suivre
des règles de sécurité. Les galeries sont aujourd’hui inondées et servent de
centre de plongée.
* vue panoramique de la carrière
de Montfort, en contre-haut de laquelle était situé le château (source :
Amarandre).
Le château de Montfort s'est donc aussi peu à
peu effondré dans les fosses de la carrière, dont l'exploitation est
aujourd’hui cessée depuis longtemps. Cette fortification aurait été un repaire
de brigands. Si elles sont encore réalisables, des fouilles archéologiques sur
le site de Montfort seraient d'un grand intérêt : en effet, il semble n’exister
aucune information sur les structures de ce château (plan des soubassements,
etc). Il pourrait cependant avoir quelques ressemblances avec celui de Theux-Franchimont
ou de Logne, dont les
ruines subsistent encore.
2.2. Château
de l'Amblève
Les ruines du « château d’Amblève »,
ou « château des 4 frères Aymon », sont littéralement
« accrochées » à un piton rocheux, dont elles épousent la crête sur toute
la longueur, d’Est en Ouest. L’ensemble surplombe la rivière Amblève et la
forteresse servait autrefois à garder la vallée : panorama.
Ces ruines sont situées non loin du confluent de
l’Amblève et de l’Ourthe. Les restes de murs sont en appareil extérieur de
qualité, mais leur intérieur est comblé avec des pierres ordinaires. Il s’agit
d’une sorte de grès, appelé « pierre bleue », dont il existe des carrières
encore exploitées à proximité.
Plan de masse
du château.
2.2.1. Le château fort est long d’environ
2.2.2. A l’Est (arrivée du chemin),
se trouve un fossé, probablement artificiel, en partie comblé, qui a dû être
enjambé par un pont-levis partant de la courtine Est et
s’appuyant sur un édifice quadrangulaire, situé à l’Est de ce fossé. Au-delà de
ce fossé, on observe à gauche une sorte de casemate
semi-ronde, assez basse, avec archères,
prolongée encore plus à gauche (Sud Est) par un vestige de porte ou de fenêtre.
Un passage est
situé à droite de cette casemate, suivi d’une basse cour qui longe, au Nord,
une muraille accrochée à un escarpement important, et au Sud une autre courtine,
d’apparence plus faible.
* courtine avec ouvertures : A, B.
2.2.3. Vers le centre du château, sur une partie
plus escarpée, se trouvait le donjon dont il ne subsiste que le mur du Nord,
accessible. Derrière ce mur se trouve l’intérieur du donjon. La face intérieure
du mur possède 2 particularités :
(a) une partie basse, construite en pierre
locale ;
(b) une partie haute construite en pierre rouge
brique, sur laquelle se trouve une cheminée travaillée,
avec un montant (ou colonne) en pierre blanche travaillée.
Au Nord, toujours au centre du château, après un
porche
sommairement restauré, se trouve une courtine Est-Ouest, en partie effondrée,
comportant d’épais contreforts intérieurs,
dont l'un d'eux, situé au centre, menace rupture.
On note encore l’existence de plusieures
archères et de cheminées.
Ces ruines sont dangereuses (des traces de
plusieurs éboulements sont visibles).
3.
Histoire
3.1. Le château de Montfort
3.1.1. Situé sur la commune d'Esneux, la forteresse
faisait partie d'une ligne de fortifications comprenant les châteaux de Logne,
Neufchâteau sur Amblève, Reinardstein (Renastienne ?) (la roche de Renaud),
ligne visant à contrôler les vallées de l'Ourthe et de l'Amblève. Ses murailles
passaient pour être très épaisses.
Esneux, ainsi que Aywaille, dépendait autrefois
du duché de Limbourg (cf Montfort - Pays
Bas), et ce fait a parfois créé une confusions entre 2 châteaux de Montfort :
celui de Esneux et celui de Montfort (aux Pays Bas).
3.1.2. Le premier seigneur connu (XIVème)
fut Jean de Hamal (sceau de 1315-1316).
Le château revint à l'époux de sa fille Marie, Jean d'Alsteren, puis à
Guillaume d'Alsteren (fils probable du précédent), chevalier banneret, seigneur
de Hamal et Montfort, qui épousa (1427) Isaude de Dammartin de Warfusée. Il
appartint ensuite (1447) à Renaud II d'Argenteau, seigneur de Houffalize et
époux de Jeanne d'Enghien, qui l'engagea à Henri de Gronsveld, lequel en confia
la garde à Henri de Chantraine. Mais ce chatelain terrorisait la région et
dévalisait les voyageurs de passage. Il commit l'erreur d'arrêter un marchand,
François Cappel, qu'il enferma à Montfort (1447) et qu'il libéra après lui
avoir donné le change en le conduisant du côté de Lierneux, pour lui faire
croire qu'il avait été détenu à Reinarstein-Poulseur. Libéré, Cappel se
plaignit auprès des échevins de Liège et une troupe liégeoise vint faire le
siège de Montfort. Pour éviter la destruction de son château, qu'il savait
faiblement défendu, Renaud de Houffalize s'excusa auprès du prince-évêque de
Liège et lui en fit hommage. Le château fut alors occupé (10 août 1447), puis
restitué (25 octobre) moyennant des conditions visant à sécuriser les lieux.
La forteresse passa ensuite à la famille de
Berlo, puis confisquée (28 / 11 / 1467) par Charles le Téméraire, et mise sous
la garde du seigneur de Humbercourt (Bormans). Mais
les Berlo finirent par la récupérer peu après. La paix de Tongres (1484) met
temporairement fin à la guerre entre le prince-évêque de Liège, Jean de Hornes
(armes), et la
maison de la Marck (Guillaume et Jean) (armes) : l'une
des raisons de ce conflit était la localisation du siège épiscopal de la
principauté. Finalement, les Marck renoncèrent à leurs prétentions contre de
substantielles compensations.
A cette époque, un lieutenant du fameux Guillaume
de la Marck - surnommé le sanglier des Ardennes - s'empara
de Montfort et le renforça. Le château redevint un repaire de pillards.
Guillaume tomba (17 juin 1485) dans un piège tendu par Frédéric de Hornes, qui
était au service de l'empereur Maximilien d'Autriche, et fut arbitrairement
exécuté. Everard, son frère, reprit alors les hostilités.
Une paix fut établie avec le mariage (1492)
d'Everard de la Marck, fils du précédent, avec la comtesse de Hornes, soeur du
prince-évêque. Mais elle ne dura guère. La garnison du château de Montfort,
commandée par Jean Bastin de Xhenemont, reprit ses forfaits dans la région
(incendies de Galoppe en 1492 et 1493), avec la participation même de Robert de
la Marck. Le prince-évêque de Liège autorisa alors Guillaume, duc de Juliers, à
détruire Montfort ; ce qu'il réalisa (25 juillet 1495), non sans difficultés,
avec l'aide d'autres princes allemands. Peu après, Robert vendit les ruines au
précédent chatelain, Jean Bastin de Xhenemont ; celles-ci passèrent à ses 2
fils, Linard et Jean, qui en faisaient encore relief en 1531.
L'exploitation des carrières acheva de le faire
disparaitre (circa 1895). Son emplacement était sur la rive droite de l'Ourthe,
en face de la tour de Poulseur (Dalem).
La légende des 4 frères Aymon a aussi été
attribuée à ce château, et nombre de Montfortois ont donné à leurs fils les
prénoms de ces héros.
«Le château voisin de Logne, dominant
l'Ourthe, était le chef-lieu d'un comté dépendant de Stavelot et, même après la
destruction du château, les abbés de Stavelot continuèrent à conférer le titre
de chatelain de Logne. Les derniers titulaires furent le seigneur de Presseux
de Hautregard (1729-1749), le baron de Rahier (1749-1762) et le baron de
Sélys-Fausan (1775-1794). Le propriétaire actuel a fait consolider les ruines
en 1899-1908. Au cours de ces travaux, on y a fait d'importantes découvertes
d'armes, projectiles, harnais, monnaie et ossements »
(source : E. Desaix, éditeur, Bruxelles)
3.2. Château de l'Amblève
Ce château aurait porté le titre de
« maison royale » (début VIIIème). Sous
Charles Martel, il portait (741) le nom de Château Neuf et fut un siècle plus
tard habité (855) par Lothaire. Le duc Frédéric renonça (1067) à la perpétuité
de ses droits sur sa terre de Sprimont. L’abbé de Stavelot, Rudolphe, engagea
(1085) le château, hors les dîmes, au sire Mazon de Roanne. Antoine, duc de
Brabant, en prit possession (1400) et l’engagea (1412) à un seigneur de
Montjardin. Ce dernier maria sa fille à Godefroid Evrard de la Marck, qui
devint ainsi propriétaire du Château-Neuf. Les habitants de Sprimont, qui ne
supportaient plus la tyrannie des Marck, offrirent (1587) à Philippe II une
somme d'argent afin de dégager le château et obtinrent la permission de le
démanteler.
Cette forteresse n’aurait jamais été prise de
force : ainsi, les Liégeois en tentèrent en vain le siège (1254).
Comme d'autres châteaux de la région, celui-ci a
ses légendes. Selon l'une d'elles (Garde), Blanche de Montfort était fiancée à
Raoul de Renastienne. Humbert de Roanne, alors seigneur du château de
l’Amblève, promit la main de sa fille Mathilde au vainqueur d’un tournoi
organisé par lui. Le vainqueur fût Raoul, qui fut ainsi fiancé à Mathilde et
abandonna Blanche. De jalousie, cette dernière assassina Mathilde, puis Raoul,
le jour-même de leur mariage. Ensuite, elle se jeta d’une fenêtre dans
l’Amblève.
Selon, une autre légende, le château aurait été
habité par les 4 frères Aymon (Regnaut, Allard, Guichard et Richard), qui
chevauchaient le fameux cheval Bayard (Bayart).
Dans la partie Ouest du château, sur la roche,
se trouve un trou carré
de
4.
Héraldique, génélogie et sigillographie
Les armes de la ville d’Aywaille se lisent :
« parti au 1 burelé d'argent et d'azur de dix pièces, au lion de
gueules couronné, armé et lampassé d'or, à la queue fourchue et passée en
sautoir (Luxembourg), au 2 d'argent au lion de gueules, couronné, armé et
lampassé d'or à la queue fourchue et passée en sautoir (Limbourg), l'écu posé
devant saint Pierre tenant de la dextre une clef, le panneton en haut et tourné
à l'extérieur et de la senestre un livre fermé, le tout d'or ».
Elles ont des éléments communs avec celles de
Montfort l’Amaury, dont le fondateur était Guillaume de Hainaut, originaire de
l'ancien comté de Hainaut.
6. Iconographie
Jacques Bourdouxhe, familier de Montfort sur
Ourthe, a fait représenter le château de Montfort sur Ourthe sur des étiquettes
ornant des bouteilles de bière :
* la brasserie commerciale Bodebrown, et située
à Curitiba (Brésil) produit la « Tripel Montfort » : bouteille,
étiquette 1, étiquette 2 ;
* la brasserie Montfort, aussi située à
Curitiba, fabrique des bières belges : Montfort saison,
Triple Montfort et bière forte Montfort.
Cette brasserie est sans but lucratif (brassage amateur).
9.
Bibliographie
Bormans
Stanislas, « Mémoire du légat Onufrius de Sancta Cruce sur les affaires de
Liège, 1468. 1885 », Bruxelles, F. Hayez (imprimeur de l’académie royale
de Belgique), 1885
Bovy Y. (dr -), « Promenades historiques dans le
pays de Liège » (3 volumes), Liège,
P.J. Collardin, 1838-1841
Commission royale d'histoire, « Actes des
princes-évêques de Liège (Hugues de Pierrepont, 1200-1229, etc)
», Editions Poncelet, Bruxelles, 1941
Dalem Robert, « Abrégé
de l'histoire d'Esneux », Esneux, 1938
Historien local, Robert Dalem (1905-1989) a
publié de nombreux ouvrages (cf bibliothèques d’Esneux)
Dalem Robert, «
Esneux dans le passé
», Esneux, Imprimerie Pireaux,
1954
Dalem Robert et Nelissen André,
« Mille ans de navigation sur l'Ourthe
», Bomal, Editions Petitpas, 1973
Dalem Robert, « Petite
histoire des anciens hameaux d'Esneux et de ses lieux-dits habités », Bomal, Editions Petitpas, 1976
Daris Joseph (chanoine -), « Histoire du diocèse
et de la principauté de Liège, des origines à 1852
» (17 tomes), Liège, 1867-1899
Ernst Simon Pierre et
Lavalleye Edouard, « Histoire
du Limbourg, suivie de celle des comtés de Daelhem et de Fauquemont,
... », Liège, Librairie de P. J. Collardin, 1837
Fouron Edouard Joseph Delvaux de -, «
Dictionnaire
géographique et statistique de la province de Liège »,
Liège, 1835
Hervé Paul W.G., « Le
lignage des Scavedris au duché de Limbourg », Liège, Solédi, sans
date
Lallemand Alexis, « La lutte des
états de Liège contre la maison de Bourgogne (1390-1492) », Bruxelles, De
Boeck, sans date
Lesbroussart P., « Le château de
Montfort », revue La mosaïque, sans date
Le Monde et Sélection du Reader’s Digest,
« Atlas Universel », Edition 1982
Poswick Eugène, « Histoire de la seigneurie
libre et impériale d'Argenteau et de la maison de ce nom, aujourd'hui
Mercy-Argenteau », Bruxelles, Imprimerie Lins, 1905
Poswick Guy, « Les délices du duché de
Limbourg », Imprimerie Jules Pluhmans, in Archives verviétoises, IV, 1948 (ou réédition
de 1992), Société royale des Archives verviétoises,
Verviers, 1951
Page
70 : gravure de l’ancien château. Cet ouvrage se
trouve à l'adresse Internet suivante : http://freepages.history.rootsweb.ancestry.com/~mlcarl/Lit/Gen/POSWICK/.
Il a été tiré en 245 exemplaires numérotés réservés aux membres des «Archives
verviétoises», société d’érudition située à Verviers : cf http://archivesvervietoises.be.
Rye
Ernest de -, « Traicté des maisons nobles du pays de Liège », publié
par Stanislas Bormans et Eugène Poswick, Liège, Imprimerie de L.
Grandmont-Donders, 1870
Simonis Camille, « La seigneurie et le comté
d'Esneux », in Bulletin de
l’Institut archéologique liégeois (tome 24, 1894, page 217), édité en 1895
Syndicat d’Initiative d’Aywaille, notice
« Les ruines du château d’Amblève », 1999
Thiry Louis (dr -) et alii, « Histoire de
l'ancienne seigneurie et commune d'Aywaille » (5 tomes), Chez l'auteur, 1937
Sites
Internet
http://archivesvervietoises.be/
http://freepages.history.rootsweb.com/~mlcarl/Lit/Gen/POSWICK/index.htm
http://users.skynet.be/amarandre/montfort.htm
(carrière de Montfort)
http://www.ulg.ac.be/wittert/fr/flori/opera/lauters/
lauters_dessins.html - montfort (aquarelle de
Paul Lauters)