2. Apparition de la vie et de l’homme

(11 / 11/ 2012)

 

1. Improbabilité de cet événement

 

1.1. Au niveau de l’atmosphère

 

On doit d’abord remarquer que l’atmosphère terrestre « utile », la troposphère ne possède que quelques km d’épaisseur (au maximum de 7 à 14 km). Par comparaison : (a) le Peplos est une couche (contenant des impuretés) comprise entre 0 et 3 km environ ; (b) le « toît du monde », l’Himalaya, est à quelques 8 km (Everest, etc). Au regard de l’univers connu, une telle situation devait avoir une probabilité très faible de réalisation.

 

1.2. Au niveau de l’oxygène

 

Cette « portion de sphère » constituée par la troposphère contient, en outre, l’oxygène nécessaire à la vie, telle qu’on la connaît sur terre (près de 4/5 de diazote et plus de 1/5 de dioxygène). Cette présence d’oxygène est sans doute dûe, à l’origine, à la présence massive des masses d’eau (mers, cours d’eau, nappes phréatiques). La synthèse chlorophyllienne est l’un des principaux mécanismes permettant l’émission de l’oxygène « respirable ». Or celle-ci est redevable de la biosphère elle-même (flore « verte »).

 

Tant que la preuve ce ces propriétés n’est pas établie pour d’autres corps célestes, on peut estimer que la situation terrestre est unique (ou rarissime) comme « fonction de production » de l’oxygène.

 

1.3. Au niveau de la température

 

De plus, la température terrestre, au voisinage de sa surface, est grosso modo comprise entre -50° et +50°, alors que celle du « vide » intersidéral est comprise entre le froid absolu (- 273° environ) et plusieurs milliers de degrés (cf température solaire : près de 7 000° en surface, plusieurs millions de degrés au centre). Ici aussi, la probabilité d’une température incluse dans la marge des 100° précédente devait être a priori très faible. Or la température des êtres vivants est justement incluse dans cette marge (37° pour les humains, température ambiante pour les serpents, etc). Ici encore, même si la biosphère s’est adaptée aux contraintes du monde physique, l’existence d’une portion de sphère dotée d’une température aussi favorable est un événement de probabilité extrêmement faible.

 

1.4. Au niveau du carbone

 

L’eau n’est pas la seule molécule intervenant dans les modes de vie organisés connus sur Terre.

 

Les énergies fossiles (bois et charbon, kérogène et pétrole, gaz et méthane de la nécromasse) ont pour caractéristique d’impliquer l’élément carbone (C). Celui-ci se trouve aussi en quantité importante dans la plupart des individus constituant la faune (biosphère) : eg près de 20 % du poids du corps humain.

 

1.5. Au niveau du temps

 

La « durée de vie » des corps célestes (dont la terre) n’est pas négligeable relativement aux ordres de grandeurs du temps cosmique. L’âge de la terre serait d’environ 4,5 milliards d’années (la vie y serait apparue il y a quelques 3,5 milliards d’années), alors que l’âge de l’univers connu serait de l’ordre de 15 milliards d’années (depuis le big bang). Par suite, compte tenu de leurs durées de vie respectives, la probabilité de coexistence de 2 corps célestes donnés est loin d’être nulle (cf schéma ci-dessous).

 

univers --------------------------------------------- 15 GA

terre                                 ---------------  5 GA

corps1                     ---------                   3 GA

corps2                    ---                          1 GA

corps3                                            ---  1 GA

légende : GA = milliard d’années, - = existence

 

1.6. Conclusion

 

On mesure, au vu de ce qui précède, combien pouvait être négligeable en probabilité, non seulement l’occurence de chacun des facteurs précédents, mais davantage aussi leur conjonction (surtout si l’on admet l’hypothèse d’indépendance entre ces facteurs). Ceci entraîne que la « situation terrestre » est le seul cas connu. Cette « observation unique » peut, en théorie, servir à évaluer la probabilité d’existence d’un système tel que le « système terrestre », mais les risques d’erreur sont évidents, car dûs à l’unicité de l’observation.

 

2. Apparition de la vie, évolution

 

2.1. Evolution « à la Darwin »

 

On ne cite cette théorie de l’évolution que pour suggestion. Ce schéma général, même s’il a été critiqué, semble toujours un guide intéressant. On admet, par ailleurs, que divers « chocs exogènes » ont pu provoquer des mutations, ce qui a pu entraîner des « bifurcations provoquées » au sein des évolutions « naturelles » que la théorie darwinienne avait décrites (cf théorie des catastrophes).

 

Les notions d’ « inné » et d’ « acquis » interviennent alors. Du point de vue de la théorie de l’accumulation, l’inné du moment résulte de l’inné d’un moment antérieur augmenté de l’acquis réalisé entre ces deux moments (acquis récent), mais aussi diminué d’une perte d’inné (fonctionnalités de moins en moins utilisées, ou atrophiées) (cf « la fonction crée l’organe »). En d’autres termes, l’équation de capital (génétique) s’écrit classiquement :

 

I (t) = {I (t-1) È A (t-1,t)} \ P (t-1,t).

 

Les théories biologiques, en l’état actuel de leur développement, semblent aussi admettre que le patrimoine génétique des espèces contient, à un moment donné, le « reflet » de ces transformations. D’où l’intérêt scientifique de l’établissement d’une carte internationale des caractéristiques génétiques (humaines, mais aussi animales et végétales) ; une « rétropolation » de ces cartes ou de ces caractéristiques pourrait, dans la mesure de sa pertinence et de sa réalisabilité (faible recul dans le temps), donner des indications sur l’état des patrimoines à des dates reculées.

 

2.2. Perception sensorielle et structuration du cerveau ou Vie intelligente et perception environnementale

 

2.2.1. Les cinq sens

 

C'est grâce au développement d'une perception sensorielle que des formes d'intelligence variées sont apparues, que la vie s'est elle-même développée et organisée. Ainsi, l'existence des cinq sens « classiques » a permis l'observation de l'environnement par les êtres vivants.

 

La vue permet notamment l’orientation, l’ouïe la communication (au sens large), le toucher l’équilibre et le mouvement, l’odorat et le goût la reconnaissance des odeurs et des nutriments. Cependant, tous les sens n’ont pas la même importance vitale (ou « survitale »). Un individu privé de la vue peut « compenser », dans une certaine mesure, ce handicap : or, la probabilité d’en rencontrer un dans une population de référence donnée, n’est pas négligeable. Il en va de même, séparément (« marginalement »), de chacun des autres sens.

 

Parmi ces sens, la vue et l'audition sont particulièrement importants : leur lacune entraîne une dépendance extrême, voire la disparition spontanée, de l’être vivant qui en serait affecté. La probabilité pour qu’une personne physique soit déficiente de chacun de ces sens est (relativement) faible ; la probabilité d’un amoindrissement concernant 2 sens ou davantage est donc encore plus faible. L'absence de l'ensemble de ces sens chez un être vivant doit être une particularité rarissime (la Nature n’est pas parfaite), mais il n'est pas rare de rencontrer des organismes vivants dépourvus de certains de ces sens.

 

On peut alors s’interroger sur les capacités de survie d’un individu privé à la fois de vue et d’ouïe. Il ne pourrait communiquer que par le toucher et le goût-odorat. Même dans ce cas, la disponibilité de ces 3 sens rend très problématique la faculté d’interprétation de son environnement, ce qui est extrêmement limitant. Or, la probabilité de rencontrer un tel individu se trouve être de facto extrêmement faible (ne serait-ce qu’en raison des difficultés de survie liées à cet état).

 

En poussant le raisonnement à l’extrême, peut-on supposer qu’un individu ne puisse posséder aucun des cinq sens ? Il semble, ici aussi heureusement, que la Nature (cf infra) ait rendu rarissime (voire impossible) une telle éventualité. Mais, dans le cas d’une réponse affirmative, l’individu en question risquerait fort de ne pas survivre longtemps à sa naissance.

 

Or, un être totalement déficient dans tous ses sens (à supposer qu’il puisse exister) pourrait-il avoir conscience de son environnement, de sa propre existence ? Quelle prise de conscience de l’existence pourrait-il d’ailleurs avoir ? A fortiori, celle d’une existence d’un Grand mystère ? Pourrait-il concevoir l’idée d’un Dieu au sens courant ? Aucunement. Son cerveau serait probablement très atrophié, malgré son « inné » héréditaire, et cet état lui interdirait toute intelligence. Ce qui n’empêcherait pas le « monde » d’exister ...

 

2.2.2. Perception sensorielle et conscience

 

C’est à force de développer ses sens que l’être vivant (faune seule ?) a pu développer, en parallèle, une « mémoire » (réflexes) et une « intelligence » (réflexions) portant sur son environnement. On peut raisonnablement penser qu’une partie de la spécialisation cellulaire s’est orientée dans ce sens, qui devait conduire à la construction du « cerveau ».

 

On peut ici retrouver l’antique débat historique sur la question de savoir si les animaux possédaient une conscience (ou une « âme », avec le vocabulaire utilisé à l’époque). On peut aussi penser que l’homme lui-même peut posséder une (prise de) conscience à caractère universel. Cependant, à l’inverse, on peut suspecter que son sens « moral » (qui est essentiellement de l’acquis « récent ») ne soit pas aussi répandu, dans la mesure où il résulte, de facto, de considérations initialement religieuses (ou même simplement de croyances) diverses, relayées par l’enseignement (Education) des Etats modernes.

 

2.2.3. Jeunesse et vieillesse

 

L’observation du développement de l’Homme aux deux « stades » extrêmes de son « existence » apporte des renseignements importants.

 

(i) le développement du très jeune enfant est d’abord caractérisé par une prise de conscience très progressive de son environnement. Celle-ci est accompagnée par un phénomène d’apprentissage. Au niveau des sens et du cerveau : la vue se développe rapidement, la motricité et l’équilibre s’affermissent, etc. Ce qui semble indiquer que l’organisme biologique (avec son patrimoine) ne possède guère, dès le « départ » (naissance), de capacité de conscience évoluée, même si cette potentialité existe déjà.

 

(ii) à l’autre extrême de la durée de vie, le « déclin » du sujet âgé est inéluctable (même sans faire référence à des symptomatologies particulières, liées à des pathologies telles que Alzheimer, Parkinson, DMA, etc). Ici, succède à la prise de conscience du sujet jeune la « perte de conscience » du sujet âgé, perte qui est, elle aussi, généralement progressive.

 

Au total, la vie humaine donne l’impression d’un « éveil » initial auquel succède, quelques 500 à 100 ans plus tard, un « endormissement » final.

 

2.2.4. Superposition des 2 évolutions précédentes

 

Si l’évolution de très long terme de la Terre et de la vie semble montrer une émergence très progressive de la prise de conscience chez l’Homme, on observe cependant que, à l’échelle d’une vie humaine, la conscience de l’environnement s’apprend, puis disparaît avec le grand âge.

 

3. Théories de l’apparition de l’homme

 

3.1. Pensée unique

 

Une théorie « moniste » affirme que l’homme serait apparu dans une zone unique du globe terrestre, et à une certaine époque (ou durant une certaine période de temps). Il se serait ensuite, très progressivement, disséminé à la surface du globe : cette hypothèse semble confirmée par les découvertes d’ossements humains, les plus anciens et traçables chronologiquement, dans la grande faille Sud-Nord située dans l’Est de l’Afrique.

 

Cette croyance a probablement été suggérée par des religions monothéistes : pour celles-ci, Dieu a créé l’homme et l’a « mis » sur la terre. Mais cette hypothèse aurait pu avoir pour conséquence un risque élevé de consanguinité (ce risque s’observe d’ailleurs encore aujourd’hui dans des régions isolées de la planète).

 

3.2. Adam, Eve, leurs enfants et après ?

 

Une vue moniste particulière pousse encore plus loin l’unicité précédente en affirmant que Dieu aurait créé Adam et Eve, et que ce couple serait générateur de l’Humanité. A la lumière des connaissances de la biogénétique, l’apparition d’une deuxième génération est concevable. Mais comment se constituerait la troisième génération ? Adam et ses filles ? Eve et ses garçons ? Frères et soeurs ? Le risque de consanguinité précédent serait maximum ... sauf à ce qu’une théorie de l’évolution génétique de très long terme n’étaie une hypothèse selon laquelle ce risque aurait été nul au début (la Genèse), mais augmenterait par la suite : une telle théorie semble peu vraisemblable.

 

3.3. Pensée « ouverte »

 

Les réflexions précentes suggèrent qu’une théorie pluraliste a sa place, et peut, au contraire, affirmer que l’ « homme » (ainsi que d’autres espèces ou variétés vivantes) serait apparu en des endroits différents, voire aussi à des époques différentes. En effet, l’existence de la biodiversité actuelle peut accréditer l’idée que des ethnies diverses se seraient acclimatées en des endroits divers et à des époques différentes. Des conditions chimio-biologiques, climatiques ou nutritionnelles comparables permettent de suivre une telle théorie. Celle-ci est donc en nette opposition avec la précédente.

 

4. La Nature n’est pas parfaite

 

Dans ce « concert de l'évolution », on sait que des anomalies et dysfonctionnements importants sont observables dans tous les domaines où la connaissance a pu s’exercer.

 

4.1. En particulier, en biologie (anomalies génétiques : daltonisme, trisomie, phénomène siamois, etc). Si l’on admet l’idée qu’une bonne connaissance des « extrêmes » permet de mieux connaître le « milieu », on ne comprend pas pourquoi l’étude des maladies « orphelines » (expression plutôt mal choisie : « négligées » serait plus approprié) n’est pas davantage développée. Sous la façade de santé publique, ce sont des arguments financiers et budgétaires « étroits » qui en sont la principale raison : il vaut mieux investir dans la recherche biologique (en particulier, médicale) concernant des « situations » nombreuses (cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies du métabolisme, maladies épidémiologiques) plutôt que dans des recherches  relatives à des situations d’exception.

 

Or, la recherche dans ces derniers domaines pourrait avoir des « retombées » non négligeables sur celle relative aux domaines plus « classiques », dont les avancées semblent parfois lentes ou douteuses. Au passage, on peut noter que l’ « opinion publique » confond souvent science et techniques, donc le progrès de la science et le progrès des techniques. Le second est sans doute un préalable au premier, et peut largement favoriser son développement (cf imagerie médicale et aide au diagnostic) ; mais on ne semble pas avoir cependant avancé sur des questions fondamentales (eg cancérologie, épidémiologie, métabolisme).

 

Le « vrai » problème serait finalement celui de l’arbitrage entre moyens (de recherche) alloués aux pathologies standards et ceux alloués aux pathologies « atypiques ».

 

4.2. De même, on doit remarquer la situation exceptionnelle du tardigrade, plus ancien animalcule pluricellulaire vivant, découvert dans les glaces arctiques (ses dimensions sont de l'ordre de 0,05 à 1,20 mm). Celui-ci semble pouvoir « survivre » des milliers d’années dans la glace (la dernière période de glaciation remonte à quelques 40 000 ans) et de reprendre une activité (motilité, etc) lorsqu’il est remis à l’air. C’est une recherche prioritaire sur ce genre de situation extrême qui devrait être activée pour élaborer une théorie « utile » du « passage » entre état « inerte » et état « actif ».

 

On peut d’ailleurs comprendre le raisonnement des personnes qui se font cryogéniser (à des coûts exhorbitants) à leur décès : la motivation est claire (désir de « revivre »), et la découverte de cas tels que celui du tardigrade ajoute des arguments « techniques » (pertinence de la cryogénisation, progrès futurs de la médecine), même si la structure du corps humain est beaucoup plus complexe que celle des animalcules élémentaires.