LE GRAND MYSTÈRE DE L’EXISTENCE
(31 / 07 / 2018)
Tout
scientifique est, un jour ou l’autre, conduit à s’interroger sur le
« grand mystère » qui sous-tend le domaine de connaissance qu’il
étudie et, plus généralement, sur le grand mystère qui concerne l’« univers
connu ».
Réflexions
d’un statisticien aussi bien que d’un économiste, ces pages proposent de suivre
une démarche portant sur les fondamentaux de
l’existence. On y adopte une approche historique positive,
sous-tendue par une analyse en termes de philosophie des sciences. Le but est
de constituer une synthèse des questions relatives à l’existence : c’est
donc une véritable thèse.
Sommaire
0. L’approche suivie
1. Aspects scientifiques (rationalité)
1.1. L’ « origine »
1.2. Evolution biologique et prise de conscience
1.3. Sciences et domaines de connaissance
1.4. Statistique et science
2. Aspects psycho-sociologiques (irrationalité)
2.1. Evolution des « croyances »
2.2. Les phénomènes « paranormaux »
2.2.1. Préalables
2.2.2. Les « retours vers la vie
antérieure »
2.2.3. Les autres « formes de vie »
2.2.4. Phénoménologie de l’
« étrange » : fantômes et revenants
2.2.5. Phénoménologie de l’
« étrange » : voyance et intermédiation
3. Le « grand mystère de l’existence » (GME)
3.1. Prise de conscience
3.2. Analyse du grand mystère
4. Après ... l’existence
4.1. Une frontière connue
4.2. Une après-vie inconnue
4.3. Théorie statistique et GME
9. Inconclusion ?
*
* *
0. L’approche suivie
0.1.
Par nature, l’activité scientifique cherche d’abord à comprendre, au sein d’un domaine de connaissance,
le « comment » de chaque phénomène
qui en relève, et à expliciter la (ou les) « loi(s) »
supposées le gouverner. L’espoir qui anime cette « quête » est le
suivant : une meilleure compréhension de ces lois doit permettre de mieux
agir sur les phénomènes étudiés pour « améliorer la condition
humaine » : eg alimentation, santé, environnement, mais aussi
information, prévention. C’est donc l’Homme
qui est au centre de ce questionnement, qui définit les phénomènes à étudier ou
engage les action à mener.
L’Homme
espère peut-être, plus ou moins consciemment, parvenir ainsi progressivement à
l’ « explication ultime ».
Peut-être aussi cherche-t-il à s’approcher (de la connaissance) d’un possible
« Etre supérieur », supposé orchestrer cet univers, donc du pouvoir
absolu et universel supposé constituer son attribut spécifique.
Présentées
de la sorte, ces orientations paraissent, au premier abord,
totalement utopiques, absurdes ou illusoires.
De
plus, l’Homme peut aussi ne pas vouloir se borner au « comment » des
choses.
0.2.
En effet, il peut aussi chercher à analyser le « que »
ou le « qui », c’est-à-dire
essayer de comprendre la nature de l’« Entité »
(ou « Etre ») qui est censé(e) avoir réalisé (« créé ») cet
univers.
Par
commodité, et faute d’expression consacrée, on utilisera le vocabulaire le plus
« neutre » possible, celui de la théorie de la décision
(cf aussi décision statistique) :
cette Entité sera donc appelée « Nature ».
Cette
Nature, au sens entendu ici, n’est pas un « Dieu »,
au sens des théologies, ni même le « dieu » des
philosophes, qui constitue une fiction commode en métaphysique.
Cependant, dans une approche rationnelle, la référence à un contexte religieux
n’a de place que pour des analyses scientifiques de type
psycho-sociologique : le phénomène psychologique et sociologique des
religions doit, en effet, être examiné, dans la mesure où il s’est inscrit dans
l’Histoire de l’humanité de façon rémanente et forte.
0.3.
Un scientifique peut enfin s’interroger sur le « pourquoi »
des choses, c’est-à-dire chercher à savoir si cet
« univers » perceptible possède une quelconque « finalité », ou, au contraire,
s’il ne peut se voir attribuer aucun sens clair, voire même s’il peut être
considéré comme une « absurdité »
(cf l’« être et le néant »).
En
effet, si l’on se fie aux instruments d’observation individuel constitués des
cinq sens bio-physiologiques, on peut être conduit à penser que ce mystère est
réellement « formidable », ou « extra-ordinaire », même si
on le cotoie en permanence pendant toute la durée d’une vie. De plus, les
interprétations scientifiques (théories) spécialisées de chaque domaine de
connaissance et des phénomènes qui ont été distingués en leur sein, confirment,
si besoin était, le caractère exceptionnel de la situation. Mais aussi le
caractère formidable, incompréhensible, inextricable, ou encore déconcertant,
de celle-ci.
0.4.
Les développements qui suivent tentent d’approcher ces questions fondamentales.
Ils relèvent donc, par essence, de la philosophie des sciences.
Mais ils proposent une vue nouvelle, entièrement originale, de ces
questions : c’est ici la mise en perspective
qui importe, bien davantage que les connaissances nécessaires à la compréhension.
Ces connaissances sont d’ailleurs répandues ou reconnues, même si, quel que
soit le domaine de recherche, les théories dominantes actuelles ne sont pas
toujours entièrement satisfaisantes ; certaines doivent même faire face à
des théories alternatives sérieuses. Mais ces critiques permanentes des
scientifiques envers leur propre travail sont nécessaires.
Tout
en cherchant la rigueur, on évitera cependant d’encombrer le discours par des
excès de précision ou de citations, usuels dans une « recherche » de
type académique.
Enfin,
on soulignera le caractère inutile, et même absurde, de débats, fréquents dans
ce type de contextes, qui ont pour principal objectif ou effet d’obscurcir les
bases de la réflexion qui sont définies ici. Ces débats n’ont, en définitive,
pas d’intérêt relativement à ce qui est recherché ici. En effet, à l’analyse,
ils s’avèrent généralement :
(a) soit dénués de pertinence, car fondés sur des
« informations » ou des « comportements » associés qui ne
sont pas des « preuves scientifiques » ;
(b) soit être la conséquence d’enjeux d’une nature
autre que la compréhension de ce mystère lui-même : enjeux de pouvoir,
d’influence, d’enrichissement, etc.
Ceci
tient simplement à la fragilité de l’objet de ces débats, aussi bien qu’à leur
caractère « irrationnel » (relativement à l’approche scientifique
qualifiée de « rationnelle »), ou même conflictuel : religions
scienticides (cf obscurantismes passés et présents), hypothèse sur l’existence
de formes de vie extra-terrestres, phénoménologie de l’« étrange »
(fantômes, revenants, voyance et médiation, etc), alternatives des religions
« classiques » (métempsychose, etc). Ces questions seront aussi
analysées.
On
se réfèrera ainsi à la distinction de base entre
rationalité et irrationalité :
(a) la rationalité
est, dans l’optique retenue ici, celle apportée par la science.
Elle comporte des limites, mais elle est fondée sur des preuves
(observations contrôlées) ainsi que sur un certain consensus
(théories) dans le monde scientifique. Ce degré de consensus
peut porter aussi bien sur l’observation des phénomènes que sur leur
description, analyse ou théorisation (modélisation). En général, les désaccords
éventuels sont à la fois repérables et circonscrits. Il est cependant important
de noter que ce n’est pas parce que la science ne peut expliquer un phénomène
donné, que ce dernier doit être nié par elle (on exclue les cas flagrants
de triche ou de mystification) ;
(b) l’irrationalité
est alors relative à ce qui est « extérieur » à la science, c’est-à-dire
à tout ce qui ne comporte aucun fondement scientifique mais est assis sur des observations illusoires ou sur des croyances
sans fondement. Ces croyances sont souvent très tenaces et très
répandues, au point d’être confondues avec des coutumes, ou même des « savoirs » ! Elles peuvent aussi concerner
l’observation et la description de divers phénomènes eux-mêmes, mais leur
analyse ou théorisation scientifique est récusée au profit d’autres
convictions : fantasmes, espérances, illusions, etc.
La
frontière entre ces deux zones de l’activité mentale est, en partie, déterminée
par les limites rencontrées par l’activité scientifique, ainsi que par les
besoins de compréhension ou de rassurement légitimes qui poussent l’Homme à
explorer des perspectives autres que scientifiques, là où la science ne peut
encore répondre.
Cependant,
on doit aussi reconnaître l’importance d’une « caractéristique »
spécifique de l’activité cérébrale humaine, à savoir l’imagination :
(a) c’est, en effet, elle qui est à l’origine de
divers « phantasmes » psychologiques et sociologiques :
évocation de mystères divers, commentaires (sans fondements) relatifs à des
manifestations incompréhensibles, appréhensions, peurs ou angoisses, etc, ont
parfois commandé certains modes d’organisation sociale observables à travers le
monde ;
(b) c’est aussi l’imagination (visions d’avenir,
rêves, projets) qui a, de tous temps, gouverné les sociétés et leur évolution.
La notion d’évolution doit, en effet, être bien distinguée de celle de progrès
: l’évolution d’une société n’est, en effet, pas synonyme de progrès ;
(c) c’est encore l’imagination qui a fait avancer la
science : il suffit de se référer aux travaux des grands précurseurs de
diverses époques pour s’en convaincre (cf Galilée, Vinci, etc). La créativité
régnant dans le monde des Arts semble aussi avoir joué un rôle déterminant.
1. Aspects scientifiques (rationalité)
1.1. L’ « origine » et le « Big
bang »
Si
l’on suit la théorie du « Big bang »,
une certaine masse de matière, peut-être unique, peut-être
« localisée » ou « concentrée » en un certain lieu, est
supposée avoir « explosé » à une certaine époque. Les conséquences en
ont donc été : l’occupation de l’espace (celui-ci n’est pas
nécessairement défini), la durée de déroulement du phénomène (datations), la
question de l’unicité de ce phénomène (on ignore si d’autres masses ont existé,
si elles ont connu une évolution semblable, etc). L’espace-temps est peut-être
grand, mais est-il borné ?
Cette
théorie justifie l’observation d’une phase d’expansion de l’univers. Cette
phase durera-t-elle ? Sera-t-elle suivie d’une phase de stabilisation,
puis d’une phase de contraction ?
Est-on
aujourd’hui en fin de phase d’expansion ou en début de phase de
contraction ? Ceci pourrait être le cas, dans la mesure où, lors de
l’expansion (surtout à son début), les forces centrifuges l’emportent (a priori
de très loin) sur les forces centripètes (forces d’attraction vers le « centre »),
mais aussi sur les forces « intéractives » (ie celles existant entre
les corps célestes). En effet, dans la mesure où les planètes exercent des
forces d’attraction entre elles (Newton et ses successeurs), et qu’un certain
équilibre semble cependant persister (même à très long terme), on peut penser
que le Big bang est loin derrière, et que la contraction commence à s’amorcer.
Certains types de collisions entre corps célestes peuvent s’expliquer par ces
changements de rapports des forces.
Les
divers corps célestes (observables ou supposés), issus de l’expansion de
l’univers, ont suivi une évolution physico-chimique globale. Or, parmi ces
corps,
1.2. Quelles hypothèses pour la suite ?
Un
schéma général (dominant ?) consiste à admettre que l’un des corps célestes
faisant partie du « monde physique »,
autrement dit
On
peut alors suivre l’idée selon laquelle des organismes dotés d’une « activité biologique » (avec ou sans conscience ?) ont commencé à
apparaître dans l’eau. C'est dans ce milieu que
la « vie » serait
apparue, d'abord sous forme très élémentaire (chaînes
protéiques ? virus ? bactéries ? champignons ?), puis plus
élaborée. Il semble que l’on puisse, aujourd’hui, recréer des conditions
physico-chimiques susceptibles de faire évoluer des molécules vers des formes
« actives » (cf aussi infra : molécules pré-biotiques,
tardigrade, etc).
Par
la suite, des « espèces » nageantes se seraient, au cours de millions
d’années, transformées en espèces rampantes, puis en espèces marchantes,
grimpantes, enfin volantes. On peut aussi observer des espèces
« mixtes », ou « hybrides », dont la vie est à la fois
aquatique et terrestre.
Sous
l’angle évolutionniste, on peut d’ailleurs estimer que, du point de vue de
l’attraction terrestre, les êtres volants (oiseaux, insectes, etc) sont les
plus évolués puisqu’ils ont pu, dans une certaine mesure, se
« dégager » de cette contrainte (cf mythe d’Icare).
1.3. Evolution biologique et prise de conscience
1.3.1. Formes de vie connues et unicité
On
doit d’abord remarquer que l’apparition d’une forme de vie
liée à
1.3.2. Vie intelligente et perception environnementale
C'est
grâce au développement d'une perception sensorielle
(les « sens ») que des formes d'intelligence variées sont apparues,
que la vie s'est elle-même développée et organisée. Ainsi, l'existence des cinq
sens « classiques » (vue, audition, toucher, odorat et gout) a permis
aux être vivants d’observer leur environnement : prise de conscience d’un
« extérieur à soi », ce qui ne signifie pas encore prise de
conscience de « sa propre existence ». Seul (?) l’Homme semble avoir
conscience de sa propre existence ; les autres animaux semblent dépourvus
de cette conscience.
On
peut remarquer que l'absence de tous ces sens, réunie sur un seul être vivant,
est une particularité rarissime.
Cependant,
il n'est pas rare de rencontrer des vivants dépourvus de certains sens. Parmi
ceux-ci, la vue et l'audition
sont particulièrement importantes : leur lacune entraîne une dépendance
extrême, voire la disparition spontanée, de l’être vivant qui en serait
affecté.
Ainsi,
on estime (OMS, 2003) qu’il existe, dans le monde, environ 136 Mp
« déficients visuels », dont environ 40 à 45 Mp
« aveugles », la population mondiale étant alors estimée à 6,2 Gp
(soit 2,2 % et 0,7 %). De même, le nombre de « sourds ou
malentendants » était estimé (2013) à 360 Gp relativement à une population
mondiale d’effectif supérieur à 7 Gp (soit 5,1 %).
La
probabilité pour qu’une personne physique soit déficiente de chacun de ces sens
est (relativement) faible ; la probabilité d’être affecté de 2 ou davantage
de sens est donc encore plus faible si l’on admet l’indépendance entre
l’existence des déficiences. Dans le cas de la non
voyance et de la surdité au sens large, on obtient une proportion égale à
0,000357.
Un
être totalement déficient dans tous ses sens (à supposer qu’il existe)
pourrait-il avoir conscience de son environnement, de sa propre
existence ? Pourrait-il concevoir même l’idée d’un dieu ? Aucunement.
Son cerveau serait probablement très atrophié, et cet état lui interdirait
toute intelligence, malgré son « inné » ou son hérédité. Mais
celà n’empêcherait pas le GME ... d’exister.
1.4. Sciences et domaines de connaissance
1.4.1. Les cinq sciences fondamentales
Dans
le Dictionnaire de Statistique
2005, on distingue cinq domaines de connaissance
fondamentaux :
(a) la physique
s’intéresse aux « objets » inertes (ie sans « vie »). Le milieu physique est peut-être le premier
dont on prend conscience (toucher, chûte, etc). C'est le monde
« inanimé », ce qui ne signifie pas qu’il soit dépourvu de mouvements
: ses « objets » peuvent en effet se mouvoir (cf courants gazeux ou
aqueux, déplacements géologiques solides) ;
(b) la biologie a
pour objet général l’étude des organismes vivants (faune, flore). Notamment, la
faune a beaucoup évolué. Le milieu biologique
est celui-là même de l’histoire de l’Homme. C'est le monde de la vie, dont
l'Homme fait naturellement partie. On a vu que l’on peut s’interroger sur
l’existence d’une « frontière » (plus ou moins épaisse, ou plus ou
moins floue) entre le monde biologique et le monde physique ;
(c) l’écologie porte
sur l’adaptation des organismes vivants au monde physique, et sur les intéractions
entre organismes vivants eux-mêmes. Elle étudie, par exemple, des modèles de
prédateurs-proies, des modèles de compétition pour l’accès aux ressources
naturelles (nutriments, etc), des modèles sur diverses formes de parasitage (cf
saprophytes), etc. Le milieu écologique
suit naturellement cette description, dans la mesure où le milieu biologique
s'est « adapté » au milieu physique, et que des intéractions se sont
créées au sein du milieu biologique (la faune exploite les ressources
naturelles végétales) ainsi qu'entre entités biologiques et milieu physique (la
faune exploite les ressources naturelles physiques) ;
(d) la psychologie a
pour principal objet le comportement des organismes vivants (au niveau
individuel ou collectif). L’homme est évidemment au centre de ses recherches,
mais les modèles animaux (conditionnement, positionnement, hiérarchies, etc)
lui ont apporté divers éclairages. Le milieu psychologique
apparaît alors comme une « réaction spontanée », puis construite,
(comportement individuels ou de groupes) du monde vivant (sans doute
principalement la faune) aux divers stimuli émanant du monde physique et du
monde vivant lui-même ;
(e) la sociologie,
enfin, étudie les groupes d’organismes vivants de même type (« êtres
semblables »), donc les modes de pouvoir, d’organisation, de
solidarisation ou de communication au sein des groupes, et aussi entre ces
groupes. Le milieu sociologique est donc
celui qui se déduit de ces comportements, dans la mesure où l'organisation des
sociétés (animales mais aussi végétales) vise à établir un certain ordre
permettant, ou organisant, la vie (ou parfois la survie) des groupes.
1.4.2. Relations entre sciences
Ces
« sciences » peuvent être mises en relation selon deux niveaux de réflexion :
(a) une approche de type
énumératif ou multidimensionnel. L’Homme, en
observant son environnement, est conduit à distinguer les cinq domaines
précédents : ces domaines peuvent être considérés de façon « circulaire » par rapport à
l'Homme. En effet, ce dernier peut vouloir s'intéresser à chacun d'eux
indépendamment des autres. A ce stade, il procède à l'observation de phénomènes
spécifiques de chacun des domaines de connaissance. A partir de là, des
interrogations vont généralement apparaître (pourquoi, comment, où, etc), qui
nécessiteront des réponses. L'homme ne pouvant pas lui-même tout embrasser
intellectuellement, il devra généralement déléguer ces recherches
d'explications à des semblables, ordinairement appelés les
« scientifiques » ou « hommes de l'art » ;
(b) une approche de type
constructif ou progressif.
Ici, l’Homme suppose qu’une meilleure connaissance des lois de
« base » (celles de la physique) doit permettre une meilleure
connaissance des lois biologiques, laquelle, à son tour, permettra de mieux
comprendre les lois écologiques, etc. Autrement dit, il existe un
« étagement vertical » des sciences tel que les progrès des sciences
situées vers les étages élevés dépendent de ceux des sciences moins haut
placées.
La
relation du monde scientifique vis-à-vis des domaines de connaissance peut donc
aussi être vue selon un schéma progressiste (et peut-être aujourd’hui quelque
peu « utopique »), ie selon la pyramide des sciences
suivante (lecture de bas en haut) :
meilleure compréhension des lois
sociologiques
|
meilleure compréhension des lois
psychologiques
|
meilleure compréhension des lois de
l'écologie
|
meilleure compréhension des lois de
la biologie
|
meilleure compréhension des
« lois » de la physique
(iii)
Quelle que soit l’approche précédente retenue, le
« monde physique » est a priori supposé constituer le
« support » des autres « mondes » : la compréhension
d’une large partie de ce monde peut relever de l’étude expérimentale.
Cependant,
une attitude totalement différente (ou inverse) peut se concevoir : dans
cette conception, un « monde purement spirituel » (ie constitué de
« purs esprits » sans support physique préalable) s’invente un
contexte matériel (idéalisation) dans lequel il exerce son
« activité », selon des lois par lui fixées ou non (cf les dieux de
l’Olympe vis-à-vis des hommes). Autrement dit (cf Shakespeare), le monde
matériel n’existe que parce qu’il est pensé. Si divers « esprits » (un
même esprit ?) reconnaissent suivre ensemble des « lois de la
nature » dont le produit serait le « monde réel » (ie matériel),
il semblerait logique de penser que ces esprits partagent un corpus
commun : ce serait le cas, notamment, si ces esprits étaient issus (de la
division) d’un même « super-esprit » (cf E. Allan-Pöe, § 2.2.2.).
Mais ces hypothèses sont évidemment gratuites, car leur vérification (ou leur
test) est (aujourd’hui) impossible.
Avec
ces « constructions » se pose donc le problème de la relation entre
le « monde matériel » et le « monde spirituel » :
existe-t-il un monde spirituel indépendant (ie détaché) du monde
matériel ? Ou bien le support matériel est-il
un préalable nécessaire ? Ceci pose, inéluctablement, la
question de la « matière » : de quelle nature est-elle ? comment la science (physique) la conceptualise-t-elle ?
La matière possèderait-elle une sorte de « mémoire », qui serait
stockée dans ses composants de base (particules, ondes), ou, de façon plus
élaborée, dans des combinaisons de tels composants (atomes, molécules) ?
Pourquoi est-elle si « vide » (corpuscules vs ondes) ?
1.5. Statistique et science
Le
rôle et la place de
1.5.1. L'homme et les domaines de la connaissance
(observation, réflexion, décision, action)
Les
schémas de base suivants permettent de comprendre quelle place
(i) Observation. Le premier schéma indique comment les
phénomènes relevant des divers domaines de connaissance peuvent être observés
de façon la plus appropriée possible (protocoles d’obtention de
l’information). Le travail scientifique commence donc avec l’observation des
phénomènes et la mise en place d’un dispositif d'observation
ou système d’observation
(eg un dispositif expérimental).
Celui-ci nécessite notamment l'usage d’une méthodologie statistique
: définition des unités à observer, des descripteurs (variables) attaché(e)s à
ces unités, des modes d'obtention des données (observations) (lecture de haut
en bas) :
phénomène à observer
|
système (ou dispositif) d’observation (sondages,
expériences)
|
méthodes statistiques (production statistique)
|
observations phénoménales disponibles
Il
existe, en effet, deux grands modes d’obtention des observations : un mode
de collecte « spontané » (ie sans méthodologie statistique a priori),
et un mode de collecte « raisonné » (c’est-à-dire résultant d’une
méthodologie statistique : plans de sondage, plans d’expérience).
Ainsi,
en météorologie, la mise en place de « stations » ou de ballons
aériens quadrillant une région donnée prend en compte l’espace-temps (latitude,
longitude, altitude et instants ou périodes de temps). Ces stations ont alors
pour objet de mesurer diverses variables (température, pression, hygrométrie,
vitesse et orientation des vents, etc) dans cet espace-temps. L’usage des
satellites a permis de compléter ce dispositif d’observation.
(ii) Théorisation(s). Le deuxième schéma proposé indique que
l’observation des phénomènes précédents permet d’élaborer des théories de ces
phénomènes. Ces théories doivent alors faire l’objet de validation.
L’activité scientifique vise donc à établir une représentation
théorique (modélisation, spécification) des phénomènes observés
(lecture de haut en bas) :
observations phénoménales disponibles
|
représentations théoriques
|
modélisation et validation statistiques
Cette
modélisation nécessite une méthodologie statistique adaptée (notamment,
estimation et tests) en vue de « fixer » les idées relatives aux
phénomènes étudiés.
Ainsi,
le météorologue peut estimer des modèles (soit fondés sur les lois de la
physique, soit « autogènes » ou « empiriques ») à partir
des relevés d’observation précédents.
La
validation de cette représentation exige,
à nouveau, une mise en oeuvre des méthodes statistiques, qui interviennent
encore de façon centrale. De plus, une fois validée, la représentation
théorique peut être « étendue » (dans l’espace ou dans le temps) à
l’aide de diverses techniques : interpolations, extrapolations ou
prévisions, rétropolations ou rétroprévisions.
(iii) Anticipation et action. Par suite, un troisième schéma suggère que la
disponibilité d’une théorie « éprouvée » permet de prévoir à meilleur
escient l’évolution de certains phénomènes et, par là, d’agir sur les
différents milieux environnant ces phénomènes.
La
compréhension d'un phénomène donné paraissant suffisante (ou faute de mieux),
on peut en effet vouloir utiliser cet acquis pour lancer
une action en relation avec ce phénomène, et dans un but
déterminé (lecture de haut en bas) :
modélisation validée
|
prévisions, anticipations
|
décisions
|
actions
Agir
sur des phénomènes est, en effet, parfois possible. Ainsi (biologie), la
connaissance d’un mécanisme oncologique donné, ainsi que celle d’un mécanisme
pharmacologique associé, peuvent conduire à la mise en place de traitements
adaptés. De même (sociologie), on peut modifier des variables économiques comme
la fiscalité ou le crédit (objectif : relance par la demande), administrer
certains prix (objectif : relance par l’offre), etc.
Mais
de telles actions sont parfois impossibles : eg en astro-physique, on ne
peut guère modifier la trajectoire d’un corps céleste ; en météorologie,
on ne peut influencer le climat global de court terme. Ce qui n’empêche pas
d’expérimenter (eg en chimie, biochimie) ...
Cependant,
même dans ces cas, la connaissance (compréhension) des phénomènes peut aider à
résoudre des problèmes importants. Ainsi, les prévisions du temps ou du climat
peuvent aider à anticiper des décisions :
(a) prévention d’inondations, d’incendies, de
glissements de terrain, d’avalanches, etc, par délimitation de zones
inondables, incendiables ou instables, etc, et par une réglementation
relative à ces zones ;
(b) rationnement de l’eau (prévention des pénuries),
sécurisation ou protection vis-à-vis de diverses catastrophes (orages, séismes,
etc).
(iv) Compte rendu du mandat (démocratie et
vulgarisation). La
maîtrise (validation) de la compréhension du phénomène doit permettre au
scientifique de retourner (ie de rendre compte) à l'homme (son
« mandant ») des explications intelligibles
par ce dernier.
Un
schéma logique peut donc être le suivant (lecture de haut en bas) :
observation phénoménale
|
représentation théorique
|
validation de la représentation
|
explications en retour
|
utilisation des acquis
C’est,
en principe du moins, sur la base de l’efficacité scientifique que le décideur
(eg celui issu du vote démocratique) pourra décider de développer ou de réorienter
les recherches dans ces divers domaines de la connaissance.
1.5.2. Sciences exactes et « autres »
sciences
1.5.2.1.
Longtemps a prévalu l'idée que, exceptées les sciences mathématiques (autrefois
qualifiées de « reines des sciences »), seules les sciences physiques
(voire aussi biologiques) pouvaient s’appeler des sciences
exactes, en raison notamment des possibilités d’expérimentation
(contrôlée). Les autres domaines de connaissance paraissaient relever de
discours plus flous ou plus contingents. Les premières sciences seraient alors qualifiées
de « sciences dures », les autres de « sciences molles ».
Autrement
dit, dans l’approche « constructive » ci-dessus, le bas de la
pyramide, celui qui sous-tend l’ensemble de la construction pan-scientifique,
correspondrait aux sciences dures. Le fait de remonter vers le haut de cette
pyramide entrainerait un ramollissement scientifique (observation, théories,
actions), ie des lois scientifiques
moins établies ou moins fiables.
Ainsi :
(a) à la base de la hiérarchie des domaines de connaissances
(physique), le lancement d’un drone en
vue d’observer une cible donnée, ou celui d’un missile en vue d’atteindre cette
même cible, conduit généralement à un contrôle de trajectoire important et à un
taux de réussite élevé ;
(b) à un niveau « médian » (écologie), la
régulation par l’homme d’une population animale, supposée en risque
d’extinction, peut permettre la survie de cette population, dans des conditions
cependant moins assurée (recensement difficile, difficultés de régulation)
;
(c) à l’autre extrémité de la hiérarchie considérée
(psychologie ou sociologie), les lois « scientifiques » étant
considérées comme moins exactes, ou moins fiables, les relations de causalité
entre évènements ou entre individus seraient davantage discutables. On peut,
sur ce point, s’interroger sur le caractère, parfois exhorbitant, du pouvoir
attribué à certains hommes de l’art (eg psychologues, psychiatres, etc) en
matière judiciaire, lorsqu’une décision implique une rétention ou, au
contraire, une relaxe, individuelle : l’incertitude relative à ce type de
situations est en effet parfois trop forte (risques de récidive : danger
pour soi, danger pour autrui) pour autoriser une décision claire (sauf
application du principe de précaution, ie en
Statistique, utilisation d’une règle minimax,
qui minimise le plus grand des risques possibles). Le seul contrepoids est
alors l’intime conviction du juge, son bon sens ou son intuition.
1.5.2.2.
L’opinion distinguant les sciences selon leur dureté (ie leur
« exactitude ») est aujourd’hui périmée (quoique encore parfois
émise). Elle n'est pas, en elle-même, scientifique, car elle confond science (scio = je sais) et précision.
Une science (au sens de savoir) peut concerner un domaine de connaissance dont
la nature intrinsèque semble plus aléatoire que celle d’un autre domaine, mais
cette science mérite néanmoins le nom de science (voire même de
science exacte). Au sein même des sciences dites « dures »,
certains objets peuvent apparaître comme intangibles (ou de nature
déterministe) au niveau macroscopique, alors qu'ils peuvent
« cacher » des mouvements de particules aléatoires au niveau
infra-miscroscopique (cf physique statistique, physique corpusculaire, etc).
La
distinction « sciences exactes - autres sciences » n’est donc pas
pertinente : la nécessité d’un recours généralisé à
Des
phénomènes relevant de domaines de connaissance différents peuvent donc être
plus ou moins « stochastiques ». Des théories peuvent alors paraître
plus ou moins concluantes selon les cas traités : la variabilité
« intrinsèque » peut différer, non seulement entre
sciences, mais aussi, au sein d’une même science, d’un phénomène à un autre.
1.5.2.3.
Ce qui précède est aussi à distinguer de la notion d' « état des connaissances »
relatif à chaque science. En effet, l'histoire des sciences montre que
celles-ci n'ont pas nécessairement évolué au même rythme (maintien de
l'obscurantisme dans le passé, budgets de recherche différents de nos jours,
etc), ce qui entraîne ipso facto que les niveaux de compréhension soient
différents à une date donnée (retards dans certains domaines).
Mais
il est vrai, aussi, que la définition d’une mesure homogène d’un « niveaux d’évolution » entre sciences peut paraître
délicate, voire absurde : en effet, si l’on suit le schéma inter-sciences
de type constructif ci-dessus, une science située à un niveau quelconque de la
pyramide ne peut qu’être en avance par rapport à une science située au niveau
supérieur. Sauf à admettre que la nature des lois, spécifique de chaque niveau,
diffère entre sciences uo entre phénomènes : cette situation est déjà connue
dans certaines sciences (cf problème du « no bridge » en
économie : eg la fonction de consommation macro ne résulte pas simplement
de l’ « agrégation »
des fonctions de consommation micro-individuelles).
La
plus ou moins grande validité des schémas théoriques
gouverne donc l’état des connaissances. En effet, un modèle mieux validé qu'un
autre conduira, en principe, à des résultats plus fiables, puisque son rapport
aux données sera plus étroit.
1.5.2.4.
Comme on l’a suggéré (§ 1.5.2.2.), il faut distinguer les phénomènes
à forte variabilité (« intrinsèque ») et ceux à faible
variabilité. Aucune science ne semble exempte de phénomènes dont la variabilité
intrinsèque soit forte (du moins, avec un dispositif d'observation donné).
Par suite :
(a) en termes de prévision, la
confiance sera a priori plus forte avec des variables « stables »
qu'avec des variables « instables ». Ainsi, des prévisions
météorologiques sont a priori plus délicates lorsque le temps est variable
(équinoxes, selon le schéma saisonnier traditionnel) que lorsqu’il est bien
établi (solstices).
(b) en termes d'action, les
résultats obtenus seront moins assurés lorsque les décisions
(« mesures ») prises concernent des variables assorties de bruit
« statistique » fort.
Selon
l’état d’avancement scientifique (observation ou compréhension phénoménales),
la variabilité peut s’expliquer (être réduite) grâce à l’adjonction ou à la
prise en compte de nouvelles variables, lorsque celles-ci contribuent à l’explication
de façon significative.
2. Aspects psycho-sociologiques (irrationalité)
2.1. Evolution des « croyances »
L’Histoire
montre qu’un « sentiment
religieux » est progressivement apparu chez l’homme,
en relation avec le caractère inexpliqué des nombreux phénomènes qu’il était en
mesure d’observer. Ce sentiment est loin d’être le seul « besoin »
que l’homme ait ressenti pour répondre à ces questions. Lorsque les
« explications » rationnelles (eg scientifiquement fondées)
rencontrent leurs limites (et elles sont nombreuses), l’Homme semble vouloir se
« réfugier dans l’irrationnel », sous toutes ses formes, pour obtenir
à tout prix des réponses, ou même des « certitudes », à ses
interrogations. Ceci n’interdit pas l’existence d’une sorte de rationalité
(psychologique ou sociologique), sous-tendant ces comportements, et dignes d’être
étudiée.
A
la longue, ce sentiment religieux a conduit l’Homme à construire des dogmes,
assortis de rites variés, donc à faire apparaître diverses
« religions », au sens actuel.
D’un
point de vue historique, l’avantage évident de ces créations a été l’établissement
d’un ordre moral, doublé d’un ordre social, ou sous-tendant celui-ci. La
stabilité et l’équilibre d’une société a toujours été un fondement de la paix
et du développement, notamment économique.
Mais,
en prenant du recul, on observe que cette situation a entraîné, sur très long
terme, des inconvénients majeurs, que
l’on peut aujourd’hui apprécier dans toute leur étendue et dans toute leur
profondeur :
(a) d’abord, un formidable conditionnement
de l’Homme lui-même, par divers moyens aptes à maintenir l’ordre
social précédent. Ainsi, des rites religieux (liés à la démographie :
mariage, reproduction, sépulture ; ou liés à la vie sociale :
rassemblements sous forme de messes ou communions, prières journalières, etc)
(cf l’ « opium du peuple ») ont été élaborés et imprimés à l’homme
tout au long de l’Histoire. De ce point de vue, historique et objectif, une
religion est un mode de pouvoir de l’Homme sur l’Homme ;
(b) d’autre part, un obscurantisme persistant, sous
diverses formes, dans toutes les régions du monde ;
(c) enfin, divers intérêts, d’abord politiques,
mais aussi matériels ou autres, se sont rapidement greffés sur ces croyances et
ont mis à profit le conditionnement précédent. En effet, les ordres religieux
et social précédents ont facilité l’établissement d’un pouvoir politique, d’un
Etat, d’un ordre juridique (administration de la vie sociale), etc. Il semble
que, primitivement (au moins depuis quelques 4 000 ou 5 000 ans), les Etats
politiques aient incorporé les comportements religieux dans leur constitution
même (cf Pharaon et ses prêtres, monarchies de droit divin, etc). Ceci est
encore le cas d’une grande majorité d’Etats, dits « modernes » :
Etats Unis (cf « In God we trust » dans les courts de justice,
le président jure sur la Bible après son élection), Angleterre (la reine cumule
les fonctions de chef d’Etat et de chef de l’Eglise anglicane
), Vatican, etc. Avec le concordat de 1905, et la « laïcité »
qui en a été le grand corollaire,
Les
évolutions historiques longues laissent des traces durables.
2.2. Les phénomènes « paranormaux »
2.2.1. Préalables
La science n’explique pas tout. Les savoirs relatifs à chaque domaine de connaissance
résultent d’une évolution et d’une construction progressive, plus ou moins
lente, avec une gestion des priorités qui ne
s’exerce pas seulement à l’intérieur de la « sphère scientifique »
(chaque responsable d’un service de recherche doit gérer un budget, donc
procéder à des arbitrages), mais aussi, et en premier niveau, à l’intérieur de
la « sphère politique », laquelle décide d’attribuer des
moyens : essentiellement des ressources financières, d’où procèdent les
moyens humains et matériels.
Ici,
comme dans de nombreux contextes économiques, deux stades de
décision prévalent : le stade relatif au « niveau » de ressources
à attribuer, celui relatif à la « répartition » de ces ressources
entre choix alternatifs ou concurrents. On peut donc décrire deux chaînes
de décision de la forme suivante :
(i) en descente (lecture de haut en bas) :
sphère politique
|
niveau des budgets
|
sphère scientifique
|
affectations des budgets
|
recherches
|
résultats validés
(ii) en remontée (lecture de bas en haut) :
sphère politique
|
demandes budgétaires
|
sphère scientifique
|
propositions de nouvelles recherches
|
résultats
Ainsi,
à un moment donné, de nombreux phénomènes observables peuvent n’avoir pas reçu
d’explication satisfaisante. Mais, à l’inverse, le scientifique ne doit
évidemment pas en nier l’existence ni la nature. Au contraire, il doit
normalement tenter de les analyser en usant des démarches qui lui sont
habituelles.
Mais
ceci suppose l’absence de falsification, de
mystification ou de fraude relativement à ces phénomènes. En effet, c’est la théorie qui doit s’adapter aux faits
(science), et non les faits à la théorie (falsification). Il est
ainsi évident que l’observation des divers phénomènes doit, elle-même, être
vérifiée et contrôlée (absence d’illusions, de triches, etc).
2.2.2. Les « retours vers la vie
antérieure »
2.2.2.1.
Le cas des supposées « résurrections »
(décès suivis de « retour à la vie », ou encore E.M.I.) paraît, en
suivant la logique actuelle, sans aucune pertinence. En effet, la mort est
toujours, en définitive, un phénomène irréversible. Le « flou »
entourant (parfois) son constat peut résulter d’une erreur de diagnostic,
notamment lorsque celui-ci est délicat à établir (symptômatologie difficile à
interpréter ou symptômes d’apparences contradictoires). De plus, le fait de
« ressuciter », ou la survenue d’une
« rémission » dans une pathologie donnée, peuvent ne pas
être explicables dans l’état actuel des connaissances médicales, etc.
Du
côté de l’objet (les « cas » étudiés), la situation paraît donc
claire.
2.2.2.2.
Du côté du sujet (l’observateur), on sait qu’il est possible de procéder à l’excitation du cerveau à l’aide de
stimuli divers : mécaniques, électriques, magnétiques, chimiques
(médicamenteux ou toxiques) ou encore biologiques (bactéries, virus,
champignons). Par suite, cette excitation peut provoquer l’altération
des perceptions d’un individu (hallucinations, pertes de
mémoire, incohérences, etc). L’hypnose et
ses propriétés peuvent être ajoutées à ce type de contextes.
Or
ce cerveau résulte justement d’un lent processus biologique de complexification
(cf complexité) :
d’abord en relation avec la perception sensorielle (interprétation progressive
des signaux perçus par les sens), puis en relation avec un
« construit » (intelligence, mémoire, affectif, etc).
En
temps « normal », il arrive déjà que cette perception, aussi bien que
cette construction, comportent divers défauts : mirages (ie reflets
d’images distantes réfléchies par une surface résultant d’une différence
thermique entre milieux ambiants) ou illusions d’optique (vue) ;
acouphènes, impression de voix (audition) ; altération des papilles entre
mets successifs (goût) ; etc. Non seulement un sens peut être lui-même
défaillant (y compris par évolution « naturelle » : baisse de
l’acuité avec l’âge, presbyacousie, etc), mais le cerveau lui-même peut
posséder des limites propres, variables entre individus (cf consanguinités,
etc). Autrement dit, «
Cette
question du retour à la vie se trouvait notamment évoquée dans les Histoires
extraordinaires d’E. Allan Pöe (1844). Sur fonds d’Inde et d’opium, la plupart
des symptômes, encore rapportés aujourd’hui (lumière blanche, séparation
du corps et de l’esprit), étaient déjà mentionnés dans ce roman : Révélation
magnétique (« matière imparticulée »,
« ce que nous appelons la mort n’est que la
métamorphose douloureuse ; notre incarnation actuelle est progressive,
préparatoire, temporaire ; notre incarnation future est parfaite, finale,
immortelle. La vie finale est le but suprême »), Souvenirs de
M. Auguste Bedloe (ou Oldeb), Ligéia et Rowena (d’après Joseph
Glanvill : « Car Dieu n’est qu’une
grande volonté pénétrant toute chose par l’intensité qui lui est propre.
L’homme ne cède aux anges et ne se rend entièrement à la mort que par
l’infirmité de sa propre volonté »).
2.2.3. Les autres « formes de vie »
Les
affirmations relatives à d’hypothétiques vies extra-terrestres
(« aliens », « visiteurs », etc), qui se seraient, en
outre, manifestées en se déplaçant vers
Elles
se basent sur des « observations » (OVNI, tracés énigmatiques au sol,
etc) dont les mystères mis en avant peuvent, à la rigueur, se relier à des
interrogations archéologiques ou historiques non résolues, et relatives à
l’Antiquité ou aux époques « moyennes » :
temples égyptiens ou d’Amérique centrale et méridionale, alignements celtiques
(Carnac, Stonehenge), etc.
Ici
encore, les dysfonctionnement du cerveau humain
peuvent intervenir : eg une illusion d’optique suggérant la présence d’un
objet extra-terrestre peut s’apparenter à un mirage dans le désert.
Les
affirmations précédentes relèvent de 2 catégories de préoccupations :
(a) l’existence
éventuelle d’une forme de vie (soit
spécifique, soit équivalente) ailleurs que sur
(b) l’anticipation de moyens
de défense à l’encontre de modes d’aggression potentiels, mais
dont la nature est inconnue (physique ?, biologique ? autre ?).
Des
comportements de type « paranoïde » sont parfois même observés, qui
peuvent constituer une forme d’exacerbation des préoccupations ou des
inquiétudes précédentes.
Deux
niveaux d’analyse doivent, ici encore, être considérés :
(a) celui relatif au « sujet » :
affabulation ou crédulité ;
(b) celui relatif à l’ « objet » :
falsification ou observation imparfaite.
A
l’examen, on peut remarquer que la plupart des éléments de réflexion
(« documents ») rassemblés sur ces sujets sont essentiellement de
nature visuelle (souvent photographique, plus rarement vidéographique ou
sonore) ou physique (traçages sur la surface du sol terrestre, marquages
lithographiques). Les photographies (notamment anciennes) sont généralement de
médiocre qualité, et ne peuvent donc que limiter l’interprétation, ce qui
suggère une vraisemblable mystification : en effet, plus une photographie
est floue, moins l’on peut tirer de conclusions affirmatives (cf reconnaissance des formes),
et plus les hypothèses envisageables sont multiples ou vagues. Au nombre de ces
hypothèses, l’ « extranéité » figure donc naturellement en bonne
place.
Aujoursd’hui,
du côté des affabulateurs, les falsifications
semblent être à la fois plus aisées à réaliser (notamment en matière visuelle)
et de meilleure qualité. Mais diverses techniques physico-chimiques ou
informatiques permettent de repérer de nombreuses supercheries : eg montages sonores, modification d’images ou de
films vidéos, « sang » ne coagulant pas à
l’intérieur d’une ampoule (cf Italie, St Janvier à Naples), etc.
Le
« voleur » a-t-il toujours un coup d’avance sur le
« gendarme » ?
Malgré
les preuves scientifiques apportées, de nombreux falsificateurs sont apparus de
façon très récurrente durant l’histoire de l’Humanité, et ceux-ci cherchent
encore aujourd’hui à perturber la compréhension scientifique des phénomènes
examinés ici. Ce comportement suit des motivations très larges, qui vont de la
simple plaisanterie (canulars) jusqu’au maintien d’intérêts extrêmes
(religieux, financiers, politiques, etc). La crédulité, souvent surprenante, de
certains individus ou de certaines populations ne peut que contribuer à
entretenir ces activités au cours du temps.
2.2.4. Phénoménologie de l’
« étrange » : fantômes et revenants
Les
« manifestations » supposées attribuables à des êtres étranges
peuvent aussi résulter des aberrations du cerveau ou des sens. Mais elles
relèvent généralement encore de la mystification.
Comme
dans les situations précédentes, les expériences ou vérifications n’ont jamais
prouvé d’autres étrangetés que celles résultant de trucages ou d’autres
tricheries, parfois très habiles. Dans des contextes « normaux », on
peut déjà observer que les « magiciens » mettent en oeuvre, dans les
spectacles, divers procédés aux effets souvent étonnants : ces techniques
sont d’ailleurs jalousement gardées secrètes (procédés chimiques ou optiques,
mystifications en trompe-l’oeil ou trompe-l’esprit).
2.2.5. Phénoménologie de l’
« étrange » : voyance et intermédiation
Il
s’agit a priori de deux situations différentes : celle relative aux
« visions » et celle relative aux « médiations ».
2.2.5.1.
La voyance comporte elle-même deux aspects
(toujours en l’absence de triche).
Elle
peut consister en l’usage, par un consulté, d’objets spécifiques (boule de cristal, cartes à jouer, marc
de café, etc) destinés à permettre une « lecture » de l’avenir
individuel d’un consultant.
Elle
peut consister en une sorte de « profilage » du
consultant par le consulté : cette appréciation est basée sur
l’ensemble des informations que le second peut observer sur le premier (état
psychologique, tenue vestimentaire, origine sociologique supposée, etc) ou
obtenir de lui (questions diverses).
Or,
dans les deux cas, les problèmes soulevés par le consultant sont parfois flous
(cf théorie des parties floues),
ou bien ne portent que sur des situations courantes, banales. Principalement :
affectivité, famille, activité professionnelle, santé, aspects matériels ou
financiers.
De
plus, le consulté peut observer le consultant en sorte d’obtenir un maximum
d’informations sur ce dernier, et le questionner afin d’anticiper au mieux ses « attentes » : le consultant souhaite
généralement être rassuré, conforté dans ses décisions passées, avoir une
idée plus précise de ses perspectives d’avenir, etc. Il est mentalement « prêt »
à accepter les informations que lui prodiguera le consulté. Mais de nombreux
contextes (notamment psychologiques ou médicaux) démontrent l’efficacité de l’effet « placebo » provoqué par des réponses allant
dans le sens attendu par le consultant.
Enfin,
en règle générale, autant les attentes peuvent être imprécises, quoique
intenses, autant les réponses peuvent être vagues, mais toujours justifiées (à
l’aide d’échappatoires diverses, en cas de questions résiduelles de la part du
consultant).
Dans
ces conditions, la probabilité de réalisation d’évènements attendus (vagues ou trop
globaux) n’est pas négligeable. La réalisation effective de ces évènements
conforte le consultant dans son mental, et ne manque pas d’être amplifiée
(aspects publicitaires) par le consulté.
A
titre d’exemple, le profilage peut comporter des questions relatives à l’âge
(d’où la potentialité prévisible de problèmes de santé, de ressources
financières ou de succession, etc), lesquelles seront souvent associées au
« signe astral ». Or il n’a jamais été démontré que la date de
naissance ait une influence significative sur le devenir individuel (eg sur
l’appartenance à une catégories
socio-professionnelle), alors que les informations permettant de tester ce
genre d’hypothèses existent.
2.2.5.2.
La position de « medium » consiste,
pour un individu, à posséder des « pouvoirs » (entendre : des
« capacités ») censé(e)s lui permettre de jouer un rôle
d’intermédiaire ou d’interprête entre une entité invisible
(être disparu, esprit, etc) et une personne ou une assistance. On retrouve ici,
d’un côté (celui de l’entité), les mêmes a priori arbitraires déjà rencontrés
(cf infra fantômes et revenants) : l’entité s’exprimerait à travers le
médium, ce qui entrainerait un apport d’information particulier par l’intermédiaire
d’une sorte de « catalyseur » représenté par ce médium.
Du
côté de l’individu ou de l’assistance, les attentes sont de même type que
précédemment, et ne méritent donc pas davantage de développements.
3. Le « grand mystère de l’existence » (GME)
On
parle ici, intentionnellement, de « grand mystère de
l’existence » et non de « grand
mystère de la vie ». La notion d’existence est, en effet, plus
restrictive que celle de vie : elle suppose, non seulement que la vie existe
au préalable, mais aussi qu’elle est une vie assortie d’un
« degré de conscience ».
S’il
est une question fondamentale, c’est bien le
pourquoi de cette « prise de conscience d’une existence », donc le
pourquoi de cette « existence » elle-même. Ce questionnement est, aujourd’hui,
loin d’être résolu.
3.1. Prise de conscience
Il
s’agit de la prise de conscience de l’existence elle-même,
ce qui a entraîné, à la longue (plusieurs millénaires), la prise
de conscience de l’existence d’un éventuel « chef d’orchestre »
(
Ce
qui n’empêche pas que le « chef d’orchestre » puisse malgré tout
exister ...
3.2. Analyse du grand mystère
3.2.1.
De quelque façon que l’on aborde le sujet, quelle que soit la méthode utilisée,
les questions suivantes se posent
inéluctablement, et à titre principal :
(a) essence : qu’est-ce que l’univers ?
De quel univers s’agit-il ?
(b) genèse : (qu’est-ce) qui est à l’origine de
l’univers ?
(c) finalité : pourquoi l’univers a-t-il été
créé ?
(d) modalités : comment l’univers a-t-il été
créé ? (cf Big Bang)
(e) localisation : où se trouve
l’univers ?
(f) unicité : en existe-t-il d’autres ?
(g) spatialité : qu’est-ce que l’infini (autre
que le concept mathématique) ? Existe-t-il un infini physique ?
(h) dualité : matérialité et spiritualité
sont-elles duales l’une de l’autre, ou bien l’une est-elle la
« résultante » de l’autre (le support) ?
Les
réponses à ces questions sont, aujourd’hui, hors de portée de l’entendement humain.
La science ne peut même pas commencer à fournir un début d’explication. Ceci
est le seul constat sérieux concevable, et recevable.
Il
est certes toujours possible formuler des hypothèses en guise de réponses aux
questions précédentes. Mais, d’un point de vue scientifique, ces hypothèses
doivent être vérifiables et validées. Or, ce sont justement ces actions qui ne
peuvent être réalisées, faute d’observer tous les facteurs supposés concourir à
l’existence des « phénomènes atypiques ». Ceci peut largement suffire
à expliquer que, en l’absence de réponse,
ceux qui éprouvent un besoin d’explication « à tout prix » se
tournent vers des « croyances », des « actes de foi »
sans fondements (l’irrationnel tend à remplacer le rationnel, l’imaginaire la
raison, le secondaire le principal, etc).
On
peut à nouveau mesurer, ici, la force du conditionnement de l’homme
par l’homme, conditionnement qui a réussi à fonder des croyances
têtues : on peut, à titre individuel, avoir des convictions (même très
fortes), mais on ne peut jamais avoir de certitudes et l’on doit donc toujours
se réserver une part de doute suffisante pour échapper à ce conditionnement. En
effet, comme ceci a été indiqué :
(a) les religions on conditionné les hommes sur de
très longues périodes, d’où l’apposition d’un ordre religieux (ou
« spirituel ») sur les sociétés concernées : appropriation et
confusion des actes de la vie courante avec des actes à vocation religieuse
(cérémoniaux divers, ordre juridique religieux : morale et droit canon,
etc) ;
(b) les états politiques ont, à leur tour, mesuré
l’importance et l’intérêt de cet ordre : certains l’ont incorporé dans leur
forme de gouvernement, d’autres, au contraire, s’en sont (plus ou moins)
détachés (« laïcité ») mais ont dû tenir compte du poids politique ou
électoral de la représentation religieuse (cf concordat de 1905 en France). Le
plus souvent, cependant, un ordre politico-administratif (au sens moderne) a
été « calqué » sur l’ordre antérieur (sans nécessairement supprimer
ce dernier), notamment en raison des avantages résultant du maintien du
conditionnement indiqué ci-dessus. Le problème de la laïcité ne constitue donc
qu’un aspect de la question.
3.2.2.
Pour examiner les (hypothétiques et multiples) possibilités de réponses aux
questions fondamentales, il est possible d’adopter deux
attitudes extrêmes :
(a) ou bien l’univers n’existe pas.
Cette attitude conduit rapidement et nécessairement à une impasse : penser
qu’une chose n’existe pas, c’est couper la branche d’arbre sur laquelle on
s’est assis (le matériel comme support du spirituel) (cf « cogito,
ergo sum »). Mais cette attitude elle-même peut paraître absurde : on
peut penser que l’univers existe indépendamment de l’existence de l’Homme et de
sa prise de conscience (cf supra) ;
(b) ou bien l’univers (physique,
mental, etc) existe, ie l’Homme en a conscience à travers sa perception
sensorielle et son intelligence, qui se sont progressivement dégagées et
structurées. Un important problème de compréhension apparaît alors (qui se
relie à l’attitude précédente) : si la « vie », donc l’homme,
n’étaient pas apparus quelque part dans l’univers, cet univers aurait-il
néanmoins existé ? Ou bien ses « raisons » d’exister
seraient-elles alors devenues sans « objet » ? Cette hypothèse
sera rejetée par ceux qui pensent que cette forme d’absurde ne peut coexister
avec l’idée d’un univers « vide de peuplement ». On devrait donc
plutôt retenir l’hypothèse d’un « ordre » naturel incluant la vie,
donc l’homme, surtout si l’on est prêt à admettre un postulat tel que « il n’est de matière que pensée » (postulat de purs
esprits).
De
même, si l’on a conscience de l’existence d’un univers, on ne peut s’interroger
sur l’existence de son « créateur » sans s’interroger aussi sur
l’existence d’un créateur de ce créateur. On mesure alors bien la vanité (au
sens de recherche vaine) d’une analyse « de proche en proche », qui
ne fait que repousser le problème et ne répond donc pas aux questions.
4. Après ... l’existence
D’un
point de vue scientifique, on ne dispose d’aucune « observation » de
ce que l’on pourrait appeler un « au-delà » (cf observabilité).
On ne peut donc avoir une idée de ce qu’il peut être. On ne peut qu’échaffauder,
par balayage, diverses hypothèses possibles.
4.1. Une frontière connue
D’une
part, aucun être humain n’a fait d’aller-retour entre ce que nous connaissons (ou
croyons connaître) et ce que nous ignorons (et que certains croient pouvoir
imaginer). Même en l’absence d’affabulations ou de manipulations, il n’existe
pas de personnes réellement ressucitées : la croyance contraire s’est
fondée sur des erreurs humaines (ie médicales) et sur des désirs très forts
(réalités).
La
biologie définit en effet des critères de non-retour
(principalement : état du coeur et du cerveau) qui peuvent parfois être
mal interprétés ou mal appliqués, ce qui entraîne ces erreurs. En effet,
l’arrêt (définitif) du mouvement cardiaque entraîne en quelques minutes la mort
cérébrale, tandis que la mort cérébrale peut coïncider avec une activité
cardiaque (aidée) plus longue. C’est cette frange ambivalente qui peut
expliquer les erreurs (au plus temporaires) de diagnostic.
Les
rares cas de retour à la vie ayant frappé les esprits concernent des décès
extrêmement récents (moins de quelques minutes). De plus, ces cas correspondent
à des personnes dont la durée de vie a été (au mieux) aussi longue que celle de
tout être humain (non existence d’une vie terrestre - donc biologique -
éternelle).
Les
autres formes de « décès » relèvent du type
« post-comateux », ce qui renvoit à ce qui précède.
4.2. Une après-vie inconnue
On
ignore tout de l’« univers », puisqu’il est, selon un constat
permanent, et dans sa « globalité », situé hors de portée des moyens
d’investigation actuels, malgré les avancées technologiques dans les sondages
de l’espace. L’analyse se heurte donc à une impasse absolue (absence d’observable).
4.3. Théorie statistique et GME
En
Statistique, l’absence d’observation interdit de prouver une quelconque
théorie. Le triptyque usuel « observation - connaissances a priori -
modélisation » est donc privé de l’un de ses trois
fondements. Sans observation, on ne peut en déduire de connaissances préalables
(études antérieures), donc la modélisation (ici, la représentation
conceptuelle) de l’après-vie ne peut qu’être impossible.
Restent
les a priori liés à l’imagination
individuelle, ou même à l’imaginaire sociologique.
Comme on l’a indiqué, ceux-ci peuvent constituer en eux-même une base
d’analyse, donc de modélisation « théorique », mais ils ne résolvent
pas les problèmes posés.
Une
approche bayésienne (pure)
conduirait à imaginer / rechercher diverses possibilités. Parmi ces facteurs
(ci-après), on retrouve la distinction classique entre les cinq domaines de
connaissance.
4.3.1. Facteurs physiques :
(i)
la notion d’univers : quel type
d’univers existerait-il pour ceux qui ont quitté cette vie. Le même type ?
Un autre univers, ou une autre « dimension » ?
(ii)
la notion dérivée de l’espace-temps : aller vers où, vers un futur ? retour vers où, au passé ?
4.3.2. Données biologiques
Sur
la notion de vie : quelle forme de
« vie » connaîtrait une personne décédée : la même forme que
précédemment ? une autre forme (cf
métempsychose) ? Parle-t-on alors de la même chose lorsqu’on utilise le
terme de « vie » dans les deux cas ?
4.3.3. Aspects psychologiques
(i)
la « vanité » humaine
voudrait que l’existence ne s’arrête pas, même si cet arrêt est aujourd’hui
inéluctable d’un point de vue biologique ;
(ii)
l’affectif individuel (peut-être une
« construction » multi-millénaire) porte les individus à désirer
continuer à être en contact avec les êtres chers, aussi bien vivants que
disparus. Espérer « retrouver » sa famille, ses ancêtres ou ses amis
est une attitude naturelle et sympathique, mais on ignore évidemement si cette
nostalgie peut se baser sur un quelconque fondement analytique.
4.3.4. Point de vue sociologique
On
peut noter que les cérémonies d’inhumation
perdurent toujours. Jadis (Egypte ancienne), un faste particulier était même réservée
à une élite et comportait un ensemble de traitements physico-chimiques destinés
à conserver le support corporel du défunt le plus longtemps possible
(« accession à l’immortalité par la conservation », « faire fi
de la déchéance »). Aujourd’hui, certaines personnes s’engagent dans un
processus de conservation de leur propre corps, dans l’espoir que des progrès
futurs permettront un « retour » à la vie : or, la cryogénisation
a pour effet de détruire la structure interne des cellules de organismes
complexes (cf cependant, un certain poisson congelé ou la grenouille des bois).
Aujourd’hui,
le développement de la destruction du corps
par le feu (crémations) semble montrer que ce souci d’éternité (physique) a
disparu (défaitisme ? illusion perdue ?). Le souci actuel peut
cependant correspondre à une autre forme de conviction : le support
charnel de l’activité cérébrale, donc spirituelle et affective, ne semble plus
aussi important que par le passé. Mais il n’existe, à ce sujet, aucune
certitude : le lien entre le corps et l’esprit est-il unique, ou
dépendant, ou peut-il être multivoque et indépendant ?
9. Inconclusion ? ...
L’ensemble
des éléments et des réflexions mis en perspective ici, conduisent à une
première remarque : l’impossibilité
d’apporter des réponses à ces questions. Cette impossibilité est à l’origine de
comportements quasi-opposés : soit l’angoisse de la mort, soit l’espoir d’une
situation individuelle ultérieure « merveilleuse » (puisque la vie
terrestre est souvent considérée comme telle).
9.1.
A fortiori, les religions ne peuvent apporter une quelconque solution.
Certaines ont même dû se qualifier de « religions révélées »
(révélations dont la preuve n’a jamais pu être établie) en raison, notamment,
de l’impossibilité de s’assurer d’un crédit populaire massif si leurs préceptes
provenaient d’un être humain, trop « ordinaire » (ce qui est,
pourtant, le cas des sectes en général).
D’ailleurs,
les écrits « mystiques » (eg
Les
observations précédentes conduisent donc à donc reconnaître l’inutilité des
recherches portant sur des écrits d’origine humaine (eg ceux de
9.2.
Celà étant, un problème de taille est d’imaginer (ce qui semble hors de propos
avant longtemps) des modalités de disparition des religions
au profit de l’athéisme (voire d’autres formes de croyances).
De
façon générale, on peut distinguer, au sein d’une Institution religieuse, les
composantes suivantes (qui peuvent plus ou moins se confondre) :
(a) l’organisation « centrale » (eg l’Etat
du Vatican), lorsqu’elle existe : orientations et direction des activités
(dans le monde), relations avec les Etats politiques, gestion du budget. La
disparition de cette organisation signifierait perte d’une référence
sociologique, perte des « emplois » correspondants ;
(b) les fonctions spécifiquement religieuses
(missionnaires) : enseignement et interprétation des textes religieux,
formation aux rites et règles de vie divers (morale) ;
(c) les fonctions humanitaires (essentiellement,
éducation et santé). Dans ce cas, un « reversement » des emplois vers
des organismes remplissant les mêmes activités (eg ONU et CNUCED, ONG) est
concevable.
Les
emplois relatifs aux fonctions religieuses ne seraient d’ailleurs pas perdus,
puisqu’ils se cumulent, en général, avec les fonctions humanitaires.
9.3.
Pour « oublier » ces problèmes de fond (le « principal »),
l’Homme peut se lancer dans des activités dérivatives
(l’« accessoire ») afin de refouler son angoisse et d’aider à une vie
aussi sereine que possible.
Dans
ce domaine, rationnel et irrationnel jouent aussi des rôles précis. On a
indiqué que, lorsque le rationnel ne permet pas de répondre à certaines questions,
surtout celles relatives à l’existence et à sa suite, l’irrationnel tend à le
remplacer. Ainsi, les modes de recrutements classiques ayant conduit à des
candidats « équivalents », le recruteur a souvent recours à d’autres
« méthodes » (dont la scientificité est plus ou moins douteuse) :
graphologie, morphologie, voire divination et signes astraux ...
C’est
pourquoi, face aux questions fondamentales soulevées ici, l’homme est
rapidement tenté de céder à des besoins de référentiels : croyance en
diverses superstitions (non vérifiables ou non vérifiées), pratique de rites
divers (supposés éloigner les mauvaises pensées ou les mauvais sorts), recours
aux religions dans leurs aspects psycho-réconfortants, etc. L’effet placebo
peut encore s’ajouter à ces besoins de rassurement,
dont on peut comprendre la pérennité depuis que, à chacune de ses naissances,
l’Homme se trouve séparé du sein maternel qui l’a engendré.