Les seigneurie et château de Bréthencourt

 

L’antique château de Bréthencourt surveillait les plaines de la Beauce et les chemins de Paris passant à travers les forêts du Hurepoix.

 

1. Le château

 

 Le site féodal (source : Google Maps) est sur un promontoire de la Beauce, dont il est détaché par les profonds ravins de l’Orge et du Rougemont (cours d’eau qui vient de Groslieu). Il domine, à 155 m d’altitude, des fonds marécageux situés à 30 m vers l’Est. Cet éperon fut toujours utilisé pour les facilités de défense qu’il permettait.

 

Aujourd’hui, le château de Bréthencourt est une ruine qui disparaît dans la végétation :

 

* photographies de l’Ouest Sud Ouest : A, B ;

 

* photographie du Sud Sud Est ;

 

* photographie dûe à A. Garriot (in Auvray) ;

 

* cartes postales anciennes (source : Auvray) : A, B.

 

Le château d’eau actuel aurait été construit sur les fondations de l’ancienne porte principale de la forteresse.

 

Selon une description du château (Dion, 1886) (cf plan des ruines), le château médiéval pouvait se décrire comme suit :

 

(a) un fossé épousait d’abord le tracé du promontoire : c’était peut-être le fossé de l’ancien castrum romain. Il renferme aujourd’hui un établissement rural ;

 

(b) à l’intérieur de cette première enceinte, une seconde est formée d’un mur dont il ne reste que la partie Ouest sur la moitié de sa longueur primitive. Là, subsiste encore un chemin de ronde. A l’extrémité, on distingue les fondations du mur et d’une seule tourelle. Il s’agit d’une construction assez archaïque : ce mur, sans tours de flanquement, ressemble à celui de l’ancien château de Rochefort, lequel pouvait provenir d’une forteresse gauloise. La porte de cette enceinte, encore visible, montre des piliers de 3,50 m de hauteur. Sa base est construite de moellons et de briques plates formées d’une pâte fine et rose qui suggère son ancienneté ;

 

(c) à l’intérieur se voit encore un puits intact, avec manivelle et tour, mais aujourd’hui comblé en partie ;

 

(d) plus à 1’Ouest, touchant presque au mur extérieur par l’un de ses angles, s’élève encore à plus de 10 m la masse imposante d’un donjon rectangulaire de 14 m sur 14 m. Ses murs, d’environ 2 m d’épaisseur, étaient flanqués de 14 contreforts plats (4 sur chacun des grands côtés, 3 sur chacun des autres). Des murs de refend de 1 m divisaient le rectangle en plusieurs salles, dont l’une, de 4 m sur 4 m, montrait le départ d’un voûte d’ogive. De grandes fenêtres, ouvertes dans la muraille, datent d’un temps où la sécurité était moins menacée.

 

Après 700 ans d’existence, le château de Bréthencourt devint une carrière, dont le maître-maçon Brault utilisait les pierres pour la construction. Lorsque la porte fut démolie, un écusson en pierre a été trouvé, portant les armes des Hurault de Cheverny, qui furent propriétaires de Bréthencourt (XVIème). L’écusson fut enchâssé dans la muraille du château de Dourdan, près du donjon. Cette pierre est aujourd’hui visible sur le perron de l’escalier extérieur du Musée de Dourdan.

 

Une ressemblance entre les donjons de Bréthencourt et de Chevreuse a été avancée (Moutié). On peut aussi remarquer que le seigneur de Chevreuse, à la fin du XIIème, était Milon, le propre frère de Gui. Il est possible que les deux châteaux aient eu la même architecture. Mais il existe encore d’autres donjons rectangulaires en France : Nogent le Rotrou, Beaugency, Loches.

 

Un plan (Archives Nationales) de Corbreuse, commune située à quelques 3 km à l’Est Sud Est de St Martin, fournit une indication de ce qu’était le château de Bréthencourt (XVIIIème). On y distingue les traces du fossé ovale. La deuxième enceinte y est visible, et à droite, des maisons s’y appuient. La porte, dite « Porte jolie », possède ses 2 tours. Le donjon se montre encore avec consistance et ses 2 étages. L’ensemble a l’aspect d’une petite ville murée.

 

2. Origines du comté de Rochefort

 

Cette origine est inconnue, comme son nom lui-même. Cette seigneurie ne comptait qu’une vingtaine de paroisses, mais portait un rang, celui de comté, digne des grands feudataires : comtés de Flandre, Anjou, Champagne, Chartres ou Blois.

 

Il n’y a pas eu de « pays de Rochefort », car la région des Carnutes fut divisée en 6 pays : Pincerais (Poissy), Chartrain (Chartres), Dunois (Châteaudun), Blésois (Blois), Dreugesin (Dreux), Vendômois (Vendôme).

 

Donné à Eudes, fils de Robert le Fort (roi de 888 à 898), le comté d’Etampes resta dans la descendance des « duc de France ». Pour administrer des domaines étendus entre Loire et Seine, ceux-ci nommèrent des vicomtes, lesquels ne tardèrent pas à agir vis à vis des ducs de France comme ceux-ci avaient agi envers le roi : tout en étant ses vassaux, ils cherchèrent à acquérir une indépendance maximum. D’où un émiettement des pouvoirs caractéristique de la féodalité. Cependant, le comté d’Etampes resta intimement lié aux Capétiens car il se trouvait dans des zones stratégiques où le domaine royal était resté le plus compact, malgré diverses aliénations successives.

 

Tout en conservant ce comté entre leurs mains, les Capétiens nommèrent un vicomte à Etampes et à Rochefort, respectant ainsi la division entre diocèses de Chartres et de Sens. Celà justifierait le nom de « partie chartraine de l’Etampois » attribué au doyenné de Rochefort par certains historiens. Bertrand, évêque du Mans, parle aussi du « village de Bullion sis au pays d’Etampes » (testament du 27 mars 625).

 

Prévôté royale, Dourdan continua cependant à rendre ses comptes à Etampes assez longtemps.

 

Il n’existe aucune mention d’un comté ou d’une vicomté de Rochefort avant Gui le Rouge. Néanmoins, l’obituaire de Longpont, prieuré fondé au pied de la butte de Montlhéry par les parents de Gui, parle curieusement de « Gui, vicomte, et de sa femme comtesse ». Gui portera seulement plus tard le titre de comte.

 

3. Le comté de Rochefort

 

3.1. Le contexte politique et militaire

 

Gui de Montlhéry, comte de Rochefort, surnommé « le Rouge », fait entrer Bréthencourt dans l’Histoire. Gui est un personnage de premier plan sous Philippe Ier et Louis VI le Gros. Il appartient à la famille des Montlhéry que 200 ans de troubles (invasions normandes, luttes entre les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens) ont hissé de simples fonctionnaires royaux au rang de châtelains ambitieux, passant sans transition de l’obéissance à la rébellion.

 

Ces Montlhéry passaient pour descendre du légendaire Thibault « Fil étoupe » (ses cheveux ressemblaient à du lin), ce qui semble dénoter une origine germanique. Ce garde de la forêt de l’Yveline sut, dans l’anarchie des débuts de la féodalité, profiter de l’impuissance du pouvoir central pour s’approprier des biens qu’il était censé défendre. Le château-fort, quasi-imprenable, qu’il avait érigé sur la butte de Montlhéry, contrôlait l’axe essentiel unissant le domaine royal entre Paris et Orléans. Par une habile politique de mariages, la famille avait mis la main sur les sites stratégique les plus remarquables.

 

Les Montlhéry possédaient 7 châteaux autour de Paris (cf carte de situation) : Gournay sur Marne, Montlhéry, Chevreuse, Châteaufort, Gometz le Châtel, Rochefort (provenant de la femme de Guy, Adélaïde) et Bréthencourt, dernier à être construit. Erigés sur des sites difficilement accessibles à l’époque, ces donjons massifs verrouillaient les antiques voies romaines et contrôlaient le trafic restreint qui existait alors entre Paris et une France inorganisée.

 

Par son mariage avec l’héritière de Rochefort (avant 1063), Gui avait ajouté une pièce maîtresse à son héritage, car Rochefort était inséré entre le domaine royal et le comté de Chartres. Il était proche de la famille du Puiset, célèbre et turbulente, dont le seigneur était alors son beau-frère, Hugues Blavons (ie « le Bleu »).

 

3.2. Délimitation du comté

 

Allongé du Nord Est au Sud Ouest, axé sur une route vitale, ancienne voie gallo-romaine de Paris à Chartres, le comté ne comporte qu’une vingtaine de villages.

 

Rochefort, sa capitale, est probablement un ancien « oppidum » gaulois, une des premières forteresses qui séparait Carnutes et Parisiis. C’est peut-être aussi l’antique « Hibernio » dont parle la légende de St Arnoult.

 

(a) au Sud Est, le comté s’arrêtait à la lisière de la forêt de Dourdan ;

 

(b) au Sud, les limites sont imprécises : la haute vallée de l’Orge fut le théâtre de conflits de juridiction et de pâturages. En Beauce, les fiefs relevant de Rochefort semblent s’échelonner le long de la voie de Blois à Poissy, passant par Allaines et Ablis ;

 

(c) à l’Ouest, le comté jouxte le Pincerais. La situation y est confuse, car depuis Robert, les ancêtres des Montfort ont bâti sur un domaine royal le château du même nom. Pourvus de la charge de gruyer de l’Yveline, ils acquerront des fiefs, réunis plus tard, sous Philippe Auguste, en comté de Montfort, mais ils ne sont encore que des vassaux relativement dociles.

 

(d) au Sud Ouest, le comté de Rochefort est contigu à celui de Chartres. Cette puissante famille de Chartres, fidèle aux ancêtres d’Hugues, à qui elle devait sa fortune, enserre le domaine royal grâce à ses fiefs en Brie, et elle anime les révoltes.

 

Auneau est partagé entre Chartres et Rochefort. La « Vieille cour », à Auneau, relève de Rochefort, et St Arnoult est un simple bourg qui ne deviendra ville forte qu’au temps de François Ier. Ablis est à cette époque, comme aujourd’hui, un carrefour important de voies commerciales et stratégiques.

 

(e) dans le comté même, la situation n’est pas très claire. On distinque entre domaine propre du seigneur et territoire sur lequel s’exerce son autorité, en principe tenue du roi. Faute de terrier (sorte d’ancien cadastre), il est impossible de connaître l’étendue du domaine direct mais, à l’intérieur du comté, comme l’avaient fait les rois successifs, le seigneur de Rochefort a dû distribuer des fiefs à ses hommes, à ses chevaliers, fiefs assortis d’une solde, sans lesquels il n’aurait pu les maintenir sous son autorité.

 

(f) on doit aussi déduire de ce comté les biens de l’Eglise, qui échappent théoriquement à son autorité. Dans cette région de l’Yveline, les abbayes ont été largement dotées, si bien que Suger en parle comme d’une « Terre aux saints ».

 

4. Gui le Rouge

 

Deuxième fils de Gui Ier de Montlhéry et d’Hodierne, dame de Gometz et en partie de la Ferté, il descendait, par sa mère, de Baudoin de Corbeil, sénéchal de France. Ses soeurs, Alix et Mélisende, épousèrent respectivement Hugues du Puiset et Hugues de Réthel. La généalogie de Gui montre l’ascension de ces seigneurs du Hurepoix, d’abord vassaux de l’évêque de Paris, dont la descendance s’unira aux familles royales de France, de Jérusalem et d’Angleterre.

 

Gui le Rouge n’a laissé que quelques traces : une donation, un diplôme, 2 lettres de Yves (évêque de Chartres), quelques mentions par Suger et Orderic Vital. Le cartulaire de l’abbaye de St Benoît sur Loire (abbaye de Fleury) indique qu’il entre en possession du comté de Rochefort par son mariage avec Adélaïde. Il commence par abuser de ses droits seigneuriaux en exigeant de mauvaises « coutumes » sur des terres de Sonchamp appartenant à Fleury. Mais l’abbé de St Benoît intervint directement auprès de Philippe Ier qui appréciait l’abbaye bénédictine (ou il repose). Mais le roi devait aussi avoir des égards pour les Montlhéry, qui pouvaient facilement lui interdire le passage par Linas. Un traité passé à Melun (1067) entre Gui et les moines de Sonchamp, est révélateur : devant les évêques de Chartres, Auxerre, Paris, et Orléans, et en présence de la reine Anne, fille du Grand duc de Russie, Gui, « à la demande du roi et par amour pour lui », obtient le pardon de l’abbé et des moines de Fleury.

 

Un acte postérieur montre qu’il agit avec la même désinvolture à Bréthencourt. Là aussi, « la vigne du Seigneur prospérait ». Selon l’histoire de Marmoutiers, des moines de ce fameux monastère s’étaient installés à Bréthencourt, à la demande des habitants. Agissant comme à Sonchamp, Gui aurait distribué des terres d’Eglise à ses chevaliers tout en retenant sa part.

 

Gui, après la mort de son père, hérita du château de Gometz. Par sa mère, il hérita en outre de la moitié du fief de la Ferté Beaudoin (la Ferté Alais). Il fit alors bâtir sur l’éperon qui commande la vallée de l’Orge, le donjon de Bréthencourt, complétant ainsi la ligne des forteresses qui, de Châteaufort au Puiset, menaçait à l’Ouest le coeur du domaine royal.

 

On ignore quels furent les ancêtres ainsi que la vie d’Adélaïde. Elle a dû épouser Gui avant 1063 et mourir avant 1090 (1099 ?), car Gui contracta un second mariage, et qu’un fils, Hugues de Crécy, né de ce mariage, était déjà sénéchal en 1106, et devait donc avoir alors au moins 18 ans. Adélaïde de Rochefort apparaît dans le cartulaire de ND de Paris (12 octobre) : elle avait donné au chanoine de Notre Dame (circa 1090) une tapisserie ainsi qu’une maison à Dreux, située en face de l’église.

 

Devenu veuf d’Adélaïde (circa 1090 ou 1099), Gui épousa Elisabeth de Montdidier, veuve de Bouchard, comte de Corbeil. Ceci autorise une datation approximative de la fondation du prieuré de Bréthencourt puisque Adélaïde, assistait à la cérémonie.

 

Gui et Elisabeth eurent 5 enfants parmi lesquels Hugues de Crécy, au caractère violent (il étrangla son propre cousin). La chronique de Morigny en laisse le portrait suivant : « Homme audacieux et prompt aux coups de main, dissimulé en toutes choses, tyran des pauvres, assassinant le laboureur pour le voler, lié avec les ennemis du roi, furieux comme un ministre du diable. Il portait partout la dévastation ». Hugues de Crécy mourra à Cluny.

 

Gui le Rouge prit part à toutes les révoltes seigneuriales avec son beau-frère, Hugues du Puiset. Pour neutraliser un vassal si dangereux (Suger), Philippe Ier le préposa aux affaires du royaume afin d’obtenir la tranquillité dans le comté (châteaux de Rochefort, Châteaufort, Bréthencourt, etc) tout proches. Une paix et un service auxquels ils n’étaient pas accoutumés. Il devient même sénéchal du royaume.

 

En 1091, Gui est un vassal fidèle à son roi, Philippe Ier. Il l’aide en servant d’intermédiaire entre Philippe Ier et l’évêque de Chartres, le futur St Yves. Une partie de bras de fer entre Yves et Philippe eut lieu à propos de son mariage avec Bertrade de Montfort (cf 78-Montfort l’Amaury). Yves fut enfermé (1093) pendant près d’un an, par les soins de Gui, au château du Puiset. Libéré, Yves ne fléchit pas. Il adressa à Gui le Rouge 2 lettres, respectueuses dans la forme, mais intraitables dans le fond. Philippe, excommunié à plusieurs reprises, se soumit (pour la forme).

 

Guy prit part aux Croisades en Orient, mais on ne sait ce qu’il y a réalisé. Il est présent au combat d’Amasis (1101), puis il passa avec les survivants à Constantinople et rentra en France (1104), « chargé d’honneur, de gloire et, ce qui ne gâte rien, de biens » (Suger).

 

Afin de s’attacher davantage les services et la fidélité de Gui, Philippe Ier fit épouser son fils (le futur roi Louis VI) avec Lucienne, née du second mariage de Gui.

 

Gui résigna (1106) son poste de sénéchal entre les mains de son fils Hugues, qui n’a pas encore 18 ans. L’année suivante, le comte de Rochefort est chargé de recevoir le pape Pascal II, désireux de mettre fin à la querelle du St Siège avec le roi Philippe, de qui il désirait l’appui dans sa lutte contre les Allemands. Mais le Concile de Troyes (1107) allait mettre fin à la fortune de Gui le Rouge. Jouant alternativement contre les uns et les autres de ses grands vassaux dont il nétait jamais sûr, Philippe, poussé sans doute par les Garlande, obtint de Pascal II l’annulation du mariage de Louis et Lucienne. Hugues y perdit son poste de sénéchal au profit des Garlande rentrés en grâce, et la guerre s’alluma. Mais Louis, vainqueur à Goumay, échoua devant les forteresses de Chevreuse, Montlhéry et Bréthencourt. D’après Souchet, chanoine de Chartres et historien du XVIIème, Lucienne, récemment mariée avec Guichard de Beaujeu, défendit victorieusement Bréthencourt contre son ancien mari.

 

Gui le Rouge mourut (avant 1108) on ne sait où. Il fût enterré au prieuré de Gournay sur Marne qu’il avait fondé.

 

Généalogie simplifiée

liant les familles de Montlhéry, Rochefort et Montfort

 

(a) Guy de Montlhéry. Epousa Hodierne, dame de Gometz et de la Ferté. D’où :

(b) Guy le Rouge. Epousa (1) l’héritière de Rochefort. D’où :

(c) Agnès. Epousa Anseau de Garlande (+1118, Le Puiset). D’où :

(d) Agnès de Rochefort. Epousa (1115) Amaury III de Montfort. D’où :

(da) Amaury IV (+1137 ou 1140, SP)

(db) Simon III (+1180), comte d’Evreux et de Rochefort, seigneur de Montfort. Epousa Amicie de Leicester. D’où :

(dba) Amaury V, comte d’Evreux

(dbb) Simon IV de Montfort, comte de Toulouse (+1218,Toulouse). Epousa Alix de Montmorency. D’où :

            (dbba) Amaury VI, connétable de France (+1241, Otrante, enterré au Vatican)

            (dbbb) Simon V, comte de Leicester (Angleterre) (+1265, Evesham). Epousa Eléonore, soeur d’Henri III d’Angleterre

(dbc) Guy de Bréthencourt, comte de Castres (+1227,Varilles). Epousa Helvise d’Ibelin, dame de Sidon. D’où :

(dbca) Philippe Ier de Montfort (+1269 ou 1270, Tyr). Epousa (1) Eléonore de Courtenay, d’où Philippe II de Montfort, qui épousa Jeanne de Lévis ; (2) Marie d’Antioche, fille de Rupin, roi d’Arménie, d’où descendance à Jérusalem et à Chypre

 

5. Gui de Rochefort

 

A la mort de Gui le Rouge, le comté de Rochefort passa à son fils Gui, dont on sait peu de choses, mais qui paraît avoir été, comme son père, un vassal agité. Sa soeur, Agnès, épousa (circa 1104), au moment où la fortune des Rochefort était à son apogée, Anseau de Garlande, fils d’une famille souvent rivale. Ce devait être un mariage de raison car leur fille, autre Agnès, épousera (1120) Amaury III de Montfort, frère de la fameuse Bertrade.

 

Gui, avec son demi-frère Hugues et son cousin du Puiset, prend part à toutes les guerres féodales. Il est au siège de Toury, défendu par son prévôt, Suger. Il est assiégé (1144) dans le château du Puiset par son propre beau-frère, Anseau de Garlande. Il y fut peut-être tué. M. Lefèvre, historien de Janville, place à cette époque la donation de Gui à l’abbaye de St Jean en Vallée dont il n’avait pas respecté la propriété. Pour obtenir le pardon des moines, il leur lègue (don approuvé par sa demi-soeur Béatrix) une « asnée » de terre [mesure de surface pouvant être cultivée par un âne dans l’année], soit environ 7 arpents ou 295,4 ares. Un des témoins fut l’évêque de Chartres, Geoffroy de Lèves, nommé (1116) après la mort de St Yves. La mort de Gui a dû se produire après cette date.

 

Dans le cartulaire de Longpont, on le recommande aux prières des fidèles, et l’un des témoins se nomme Heluinus, prévôt de Bréthencourt, Cest la première mention que nous avons de l’existence d’une prévôté à cet endroit.

 

Mais la donation de Gui fut contestée par un nommé Arnoul de Rancières : ses prétentions n’étaient pas aussi injustes que ne l’affirmaient les moines, pusqu’ils lui donnèrent 50 sous afin qu’il se désistât de sa demande.

 

Gui ne laissant aucune postérité, le comté de Rochefort passa à Agnès, épouse d’Anseau de Garlande, sénéchal et favori de Louis VI.

 

Par une curieuse circonstance, une fille d’Amaury, seigneur de Montfort et comte de Rochefort, issu d’un mariage antérieur (Amaury se maria trois fois), épousait Hugues de Crécy, oncle d’Agnès, qui devenait ainsi le gendre de sa nièce.

 

6. Les Garlande et Bréthencourt

 

La famille des Montlhéry avait succédé pendant une dizaine d’années à la famille des Garlande, sa rivale dont la puissance s’accroît sous Louis VI.

 

Anseau de Garlande épousa Agnès de Rochefort (circa 1104) et remplaça son beau-frère, Hugues de Crécy, au poste de sénéchal. Fidèle sujet de Louis VI, il mourut d’un coup de lance au quatrième siège du Puiset, coup porté par Hugues, le propre cousin germain d’Agnès. Il laissa une fille, appelée Agnès comme sa mère. Son frère, Guillaume, hérita de la fonction de sénéchal, mais disparut (circa 1120).

 

Etienne fut le plus célèbre des Garlande. Elu évêque de Beauvais (1100), il fut sévèrement traité par Yves qui écrivait : « Les clercs de Beauvais ont élu Garlande Etienne comme évêque, un clerc illettré, adonné au jeu et à d’autres distractions mauvaises pour obéir au roi [Philippe Ier] et à sa fameuse compagne [Bertrade de Montfort] qui, cause d’un adultère public, a été rejeté de l’Eglise par le légat du Pape, archevêque de Lyon ».

 

Devenu confident de Louis VI, Etienne, quoique resté dans 1’Eglise comme archidiacre de ND de Paris, cumulera les postes clefs de chancelier et de sénéchal.

 

La chronique de 1’abbaye de Morigny n’hésite pas à dire qu’il recevait des présents pour parler au roi en faveur de l’abbaye rivale de St Benoît sur Loire. C’est peut-être en souvenir de la protection de Bertrade qu’il fit épouser Agnès, héritière de Rochefort, à Amaury de Montfort, comte d’Evreux. Agnès, âgée d’à peine 16 ans, devenait ainsi la troisième épouse d’Amaury et apportait dans cette nouvelle famille, et pour environ de 200 ans, l’héritage de Gui le Rouge.

 

7. Les Montfort et Bréthencourt (cf aspects historiques et notices particulières)

 

7.1. Amauri III

 

Après quelques années de rébellion, Amaury de Montfort se rallia à Louis VI. Les deux avaient un même ennemi : le puissant duc de Normandie et roi d’Angleterre. Mais un revers de fortune accabla (1127) Etienne de Garlande : ayant perdu la confiance du roi, il prétendit cependant donner sa place de sénéchal à son neveu de Montfort. Devant le refus du roi, Garlande et Montfort se révoltèrent. Mais Louis VI enleva le château de Livry et une guerre s’ensuivit pendant 3 années. On ignore si Louis revint à Rochefort et à Bréthencourt. Sept ans plus tard, Amaury décédait après une vie mouvementée, et allait reposer à l’abbaye des Hautes Bruyères, fondée pour Bertrade par les Montfort.

 

7.2. Simon III

 

Simon III de Montfort succéda bientôt à son frère Amaury III, mort sans postérité, dans la lutte qui allait reprendre entre les Capétiens et les Anglo-Normands. Simon se tourna vers ceux-ci et, malgré la foi jurée à son roi, livra à l’ennemi ses châteaux de Montfort, Epernon, Rochefort et Bréthencourt. La frontière anglo-normande suivait alors la lisière de la forêt de Dourdan.

 

Simon resta toute sa vie fidèle au roi d’Angleterre. Fait prisonnier à Aumale par Philippe d’Alsace, il dut (selon l’usage féodal) se racheter aux dépens de ses sujets de Rochefort, Bréthencourt et ailleurs. Il assista à la réconciliation de Louis VII et d’Henri II, puis rentra en grâce près du roi de France. Après sa mort (1137), il fut inhumé à Evreux.

 

Le cadet obtint la seigneurie de Beynes et la châtellenie de Bréthencourt.

 

Quoique mouvant toujours de Rochefort, la châtellenie de Bréthencourt allait connaître une histoire un peu plus indépendante.

 

Suivant un usage féodal, la veuve d’Amaury, Amicie de Leicester, épousa Guillaume des Barres, connu pour sa conduite à Bouvines. Le nom de Guillaume des Barres figure incidemment dans un témoignage recueilli au cours d’un procès entre Corbreuse et Bréthencourt, en 1224.

 

7.3. Gui de Montfort

 

Le troisième fils, Gui, héritier de Bréthencourt, était sans doute mineur à la mort de son père, car il ne lègua rien à la cathédrale d’Evreux pour l’entretien des lampes qui doivent brûler perpétuellement sur le tombeau de Simon III. II est probable aussi que, pendant sa minorité, sa mère et son beau-père administrèrent Bréthencourt.

 

Sceau de Gui, troisième fils de Simon III (cf sigillographie)

 

Gui suivit (1190) en croisade Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion (Dion). Un incident arriva pendant une escale en Sicile : Guillaume et Richard luttaient par jeu, mais Richard fut battu. Furieux de cet affront, il exigea le départ de Guillaume. Mais Philippe Auguste tenait à garder Guillaume des Barres, et il dut aller supplier Richard afin de le faire revenir sur sa décision. Après avoir pris part au siège d’Acre, Gui et Guillaume rentrèrent en France avec le roi. Au tournoi d’Ecri, en Champagne (1198), Guy se croisa à nouveau et partiten Orient avec son frère Simon IV de Montfort.

 

Les croisés qui prennent la route de Venise (1202) n’ont pas assez d’argent pour payer le passage en Terre sainte. Pour obtenir l’aide des Vénitiens, ils durent s’engager à reprendre aux Hongrois la ville de Zara. C’est devant cette localité que s’ébauche la renommée fera des Montfort, et notamment celle de Simon.

 

En effet, au nom du pape, Gui, abbé des Vaux de Cernay, défend fermement aux croisés de s’attaquer à la ville, tenue par des chrétiens. La plupart des chevaliers entendent tenir leur parole envers la République de Venise. D’autres, comme Simon et Guillaume, veulent obéir à l’Eglise. Selon Pierre des Vaux de Cernay, neveu de l’abbé : « Simon quitta la société des pêcheurs. traversa péniblement à grand frais une terre déserte et sans routes, et après bien des difficultés et des fatigues inouïes, il atteignit Barletta, ville notable de la Fouille. Là, il loua des navires, s’embarqua et arriva outre-mer Puis il revint en France ».

 

Mais son frère Gui ne le suivit pas. En effet, Gui s’unit à l’une des plus anciennes famille franques établies dans le Levant, les Balian d’Ibelin qui, comme d’autres familles, s’étaient adaptés au milieu oriental : « une grande dame veuve, Helvis ou Héloïse, dame de Saète [Sidon] se maria avec un grand homme venu de France. Philippe naquit dans un « casal » près de Saete, nommé Serfent. A l’âge de cinq ou six ans, il perdit sa mère, et son père l’emmena en France , où il fut élevé et il devint un grand cavalier » (selon Amadi, historien italien).

 

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Son frère Simon, devenu le chef de la croisade contre les Albigeois, appela Gui en Languedoc. Une singulière anecdote nous apprend comment Simon avait été entraîné dans cette véritable croisade, mais cette fois, contre un peuple chrétien. Le légat du pape, Castelnau, ayant excommunié le comte de Toulouse qui se montrait trop favorable à l’hérésie cathare, fut assassiné par un officier du comte. Philippe Auguste se gardant d’intervenir, le pape leva une véritable armée destinée à chasser le comte de Toulouse de sa terre et à confisquer ses biens. Un des personnages, chargé d’entrainer des seigneurs à cette fin, était l’abbé des Vaux de Cernay, qui connaissait bien Simon, dont il était le voisin et l’obligé.

 

L’abbé revevenait un jour d’une visite auprès duc de Bourgogne. Celui-ci avait remis des lettres dans lesquelles il demandait au comte de Rochefort (et non de Montfort, comme l’écrit Pierre) de s’engager avec l’année du Christ contre les hérétiques. Au cas où il recevrait une réponse favorable, il lui faisait de grands dons et lui en promettait d’autres encore. Le dit abbé « trouve le Comte dans l’église de Rochefort, ville forte de son domaine, occupé de certaines affaires. Comme l’abbé lui demandait de venir à part pour lui montrer la lettre du duc, le comte traverse le choeur et, poussé par une inspiration divine, saisit le psautier qu’il trouve sur le lutrin. Il l’ouvre intentionnellement, posant le doigt sur la première ligne, il dit à l’abbé Expliquez ce passage. Le psaume de l’Ecriture était celui-ci : Dieu a ordonné à ses anges de te protéger dans toute tes voies, contre la pierre. Que ce fut là disposition providentielle. La suite de cette histoire l’a amplement confirmé » ajoute l’historien, et surtout, Simon en était entièrement convaincu.

 

La croisade en Albigeois (cf ) (ajouter ce qui suit)

 

Amaury ne put conserver l’héritage de son père. Après avoir signé une trêve avec le comte de Toulouse, il revint en France en 1223, tellement dépourvu d’argent qu’il fut obligé de laisser son oncle Gui en gage à des marchands d’Amiens à qui il avait fait un emprunt. Cependant, l’intervention du roi Louis VIII en Languedoc allait remettre les Montfort en possession du Sud de l’Albigeois, avec Castres et le château de Roquecourbe.

 

Gui revint en Languedoc avec le roi qui lui confia la garde du Narbonnais. En 1227, guerroyant dans le comté de Foix, il est tué par une flèche devant Varilles. Son corps fut ramené en France et inhumé à l’abbaye des Hautes Bruyères parmi les sépultures des Montfort, sous le nom de Gui de Sagette ou de Sidon.

 

Quelques actes dispersés dans les cartulaires, portant son nom, indiquent qu’en 1220, il confirma, en tant que seigneur de Bréthencourt, une donation faite à l’abbaye de Port Royal par Guillaume de Meshaudebout, son vassal.

 

En 1224, un acte indique qu’il avait épousé Briende, veuve de Lambert, seigneur de Lombers, et qu’il donnait à Port Royal 20 sous de rente à prendre sur des biens qu’il possédait à Gometz. Son nom apparaît dans une controverse qui eut lieu la même année entre Corbreuse et St Martin ; il était alors écuyer. A sa mort, il laissa la seigneurie de Beynes en douaire à sa veuve Briende. A une date inconnue, celle-ci céda à ses deux filles, religieuses à Port Royal, une rente de 40 livres sur les bois de Gazeran.

 

7.4. Philippe de Bréthencourt

 

Au traité de Meaux, en 1229, qui mettait fin à la guerre du Languedoc, Philippe, qui s’y trouvait avec son cousin devenu connétable, reçut en fief le Sud de l’Albigeois, sauf Albi qui demeura sous le service de 10 chevaliers. Tout cela faisait partie des domaines des Trencarel ainsi définitivement dépossédés. C’est l’origine du comté de Castres. Il avait épousé Eléonore d’Auxerre, fille d’un empereur de Constantinople et descendant de Louis VI.

 

Ainsi, 150 ans environ après le divorce dramatique de Lucienne et de Louis VI, la famille de Rochefort s’unissait à celle des Capétiens.

 

Cousin du connétable du roi, seigneur de nombreux fiefs parmi lesquels Bréthencourt fait petite figure, Philippe devient un des plus grands personnages de l’entourage du roi, devenu veuf en 1230, et se laisse reprendre à la nostalgie de l’Orient.

 

Mais en 1239, avant de partir avec le roi de Navarre et son cousin Amaury, il règle l’avenir de son fils Philippe. Il le confie pour 7 ans à Guillaume la Chapelle, sans aucun doute prieur de St Martin, à qui il donne en compensation, pour le prieuré, 31 arpents dans le bois de Ribourg. Aussi, peut-on raisonnablement penser que Philippe, qui pouvait avoir 9 ans à l’époque, fut élevé à Bréthencourt (la majorité des nobles étant fixée à 16 ans, cette famille de la Chapelle d’Aunainville est connue depuis 1168, où un Adam de la Chapelle donna aux moines de Cernay sa terre de Provelu, près d’Ablis).

 

Sceau de Philippe II de Bréthencourt (cf sigillographie)

 

Revenu en Orient, Philippe retrouve le climat de son enfance ainsi qu’une nombreuse et puissante parenté, parmi laquelle il faut citer son demi-frère, un Ibelin, fils comme lui d’Helvise.

 

Mais Jérusalem a été reprise par les Infidèles. Dans le pays déchiré par des rivalités de seigneurs et de villes comme Venise, Pise, Gênes, des hommes peu scrupuleux prirent une place de premier plan.

 

A Damiette, avec Louis IX (futur St Louis), Philippe est chargé de s’entendre avec le sultan sur le montant de la rançon du roi. Pour son propre compte, il enlève la ville de Tyr qui devient le plus riche entrépôt des Génois. Le but des croisades était bien dépassé puisqu’il n’hésitait pas à engager des archers musulmans, et il se serait même entendu avec Bathara, chef des Mamelouks, pour reprendre ensemble la ville d’Acre aux Vénitiens, ses ennemis acharnés.

 

Philippe revint une fois en France et déposa en grande pompe sur l’autel de l’abbaye de Joyenval des reliques de St Barthélémy. Bréthencourt était pour lui relativement secondaire.

 

Ayant épousé Marie d’Antioche, descendante des rois d’Arménie, il devint seigneur de Thoron, dont il a pu avoir relevé les murs. Il avait laissé (1254) l’administration de ses fiefs de France et du Languedoc à son fils, Philippe, se réservant toutefois 2 000 livres tournois. Enfin, décidé à demeurer Outre-mer, il abandonne (1268) à Philippe le Jeune tous ses biens. Les enfants du second mariage (2 fils et 2 filles) se contentent des biens de Tyr et de Thoron. Sur sa demande, le roi St Louis reçoit l’hommage de Philippe le Jeune comme si le père avait disparu.

 

Philippe trouva une mort tragique (1269) sous le poignard des envoyés du « Vieux de la Montagne », des Ismaéliens célèbres sous le nom d’ « Haschichins ». Le récit de sa mort par Philippe de Navarre est le suivant : « Bandclar, soudan de Babylone, saveit bien que Philippe de Montfort, seigneur de Sur (Tyr), était sage seignor et que rien ne se fesait entre Chrétiens de Surie que par son sens et savet même comment il mandait lettres et messages aux rois et seignors d’outre mer ». Ses envoyés, déguisés en arabes, viennent à Tyr et demandent le baptême. Cependant, un Syrien chrétien avait trouvé dans leurs bagages « un couteau oinet de venin et connait qu’ils sont des Hassissins ». Mais il se laisse acheter. L’un des Ismaéliens se présente (17 août 1270) à Philippe qui se trouvait dans la chapelle. Au moment où le comte lui remettait un denier pour l’offrande, l’Hassissin lui plante son couteau dans la poitrine. Puis il veut frapper Jean, fils de Philippe, mais celui-ci réussit à lui échapper. Pendant que Guillaume de Piquigny désarme l’assassin, Philippe appelle au secours pour son fils. On accourt à la chapelle, où l’assassin est tué sur place. « Jean vient vers son père qui lève la main pour remercier Dieu et meurt ». Ainsi périt Philippe de Bréthencourt, comte de Castres, seigneur de Tyr et de Thoron. Par une tragique coïncidence, Philippe le Jeune disparaissait à son tour en septembre suivant.

 

Attiré lui aussi par les pays lointains, il avait suivi Charles d’Anjou, frère de St Louis, à la conquête du royaume de Naples, ce qui lui avait rapporté (juillet 1270) le comté de Squillace, en Calabre. Il accompagna de même Charles d’Anjou à Tunis pour y secourir St Louis. A leur arrivée (25 août 1270), St Louis était mort de la peste. La même maladie emporta Philippe (25 septembre suivant). Son coeur fut déposé dans l’église St Vincent de Castres, les Hautes Bruyères étant abandonnées par les Montfort.

 

Il avait épousé Jeanne de Lévis qui fut désignée comme tutrice de ses 3 enfants : Jean, Simon et Eléonore.

 

Jean, comte de Squillace et de Montescagioso, par son mariage avec la fille du chambellan du royaume de Naples, alla lui aussi donner de grands coups d’épée en Terre sainte, en Calabre et en Angleterre, où Simon VI de Montfort, fils de Simon IV, avait tenu tête à Henri III et peut avoir été à l’origine d’un système politique nouveau (cf histoire).

 

De Jean ont émané quelques actes intéressant Bréthencourt et son prieuré. Le plus important (1295) est localisé au château de Roquecourbe, près de Castres (résidence habituelle de cette branche de Montfort). Sur le conseil de son oncle, Gui de Lévis, de son ami, Jean d’Auneau, seigneur de Denisy, et de Jean de Burlats, Jean assigne à sa soeur, pour sa part dans la succession de son père, la châtellenie de Bréthencourt estimée à 400 livres de revenu, ainsi que d’autres terres sises en Languedoc.

 

Par le mariage d’Eléonore avec Jean V, comte de Vendôme, la châtellenie sortit de la famille de Montfort. Par la suite, un arrangement qui fut signé au sujet de la Justice de Bréthencourt (1323). Puis les actes sont rares. Il semble que, pour une famille extrêmement puissante qui côtoie le trône, la châtellenie de Bréthencourt soit un fief insignifiant, laissé à l’administration d’un prévôt.

 

8. La châtellenie de Bréthencourt (sceau de la châtellenie)

 

Faute de documents, on ne peut avoir qu’une image assez floue de la vie à Bréthencourt et dans sa châtellenie. On ignore la superficie exacte du territoire sur lequel s’exerçait la justice du seigneur et où étaient perçus ses droits féodaux. Un terrier (XVIIème) en fait mention. De nombreux droits exigés au XIIIème avaient disparu à cette époque, où la féodalité a décliné. On esquisser cette description à l’aide de ce terrier et de quelques actes de donations qui ont subsisté.

 

La châtellenie comprend le territoire actuel de Bréthencourt, mais s’étend aussi sur Allainville, Hatonville, une partie de Paray, Souplainville, Noir Epinay. Le fief de la Marche en dépend. A l’Ouest, elle englobe le Bréau et s’approche de Provelu, sur le territoire d’Ablis. L’auteur du cartulaire des Vaux de Cernay note que les moines de cette abbaye avaient voulu étendre leur propriété au détriment de Bréthencourt, en utilisant une fausse charte. Jusqu’en 1248, la seigneurie de Long Orme relève de Bréthencourt mais, cette même année, Jean de Montfort, qui devait mourir l’année suivante à Limassol (Chypre) et fût considéré comme un saint, arbitrait une contestation entre Philippe de Bréthencourt et Mahaut. II laissa d’ailleurs Long Orme à cette dernière. C’est ce qui explique le rentrant vers l’Est que dessine la limite du terroir de Bréthencourt et celui d’Ablis, autour de Long Orme, au lieu de suivre le vieux chemin de St Arnoult à Chartres, par Ecury et Auneau, comme c’est le cas en 2 endroits.

 

A l’Est, les contestations n’ont pas manqué, d’autant plus qu’il s’agissait ici des paroisses appartenant à la châtellenie de Dourdan, avec laquelle les rapports furent souvent tendus. II semble qu’à une époque antérieure, les prés de la haute vallée de l’Orge aient servi de pâturages communs aux animaux de Corbreuse, de Ste Mesme et de Bréthencourt.

 

Maîs les seigneuries, et par la suite, tous les autres droits, s’y enchevêtrèrent dune façon d’autant plus extraordinaire que les limites des paroisses ne correspondent nullement à celles des seigneuries. Par exemple, le Moulin de Ville et le Moulin Neuf, quoique sur la rive gauche de l’Orge, sont de la seigneurie de Corbreuse, mais de la paroisse de St Martin. Quant au Moulin du Gué, il appartient à la censive du Bréau. On peut imaginer les conflits qui se sont élevés entre les seigneuries rivales. Le plus important fut celui qui dura de 1180 à 1224, et l’histoire se trouve dans les archives de ND de Paris, propriétaire de la seigneurie de Corbreuse. Ses archives sont mieux conservées que celle de Bréthencourt et plus complètes.

 

Dans un acte de 1167, Simon, comte de Rochefort, accorde des libertés au gens qui habitent sur les terres du prieur de St Arnoult. Mais il se réserve certains droits : en particulier, les gens du prieuré devront obéir aux ordres de Simon et de son fils quand ils seront appelés aux armes pour la défense des châteaux de Rochefort et de Bréthencourt.

 

Le seigneur possède aussi un péage à Bréthencourt, et il a droit de permettre ou non à ses vassaux les ventes et les donations. Entre 1140 et 1180, on le voit d’ailleurs confirmer le don de 2 muids de blé sur la dîme d’Allainville à la léproserie du Grand Beaulieu, par Renaud et Gautier de Garancières, mais il se réserve expressément les droits qu’il tient de la châtellenie de Bréthencourt.

 

La châtellenie possède également ses propres mesures de quantité. Ce sont celles de St Arnoult, mais elles diffèrent de celles de Corbreuse, Dourdan ou Chartres : on utilise la « charrue », soit 9 muids (1 muid = 12 setiers, 1 setier = un peu moins de 50 ares). On employait précédemment « l’ânée », qui a dû être abandonnée au moment (circa 1150) où le cheval devient d’un emploi général. Pour les prés et les vignes (il y en a eu à Bréthencourt), la mesure utilisée est l’arpent, comme en région parisienne et à Dourdan.

 

9. Liste des seigneurs de Rochefort et de Bréthencourt (Auvray)

 

1. Gui de Montlhéry dit « le Rouge ». Epouse Adélaïde, comtesse de Rochefort (1108)

2. Gui de Rochefort (1108-1119 ?)

3. Agnés, sa soeur, épouse Anseau de Garlande (1104 ?)

4. Agnès épouse, en 1120, Amaury de Montfort

5. Amaury IV (1137-1140), mort sans postérité

6. Simon II (1140-1180). Epouse Amicie de Leicester qui, en secondes noces, se marie avec Guillaume des Barres

7. Gui, troisième fils, hérite de Bréthencourt et de Beynes. Epouse Helvis, dame de Silon. Mort en 1229

8. Philippe Ier, fils du premier mariage. Epouse Eléonore d’Auxerre, puis avec Marie d’Antioche. Mort à Tyr en 1269

9. Philippe II, fils du premier mariage. Epouse Jeanne de Lévis. Mort à Tunis en 1270

10. Jean, mort sans postérité en 1301

11. Eléonore, sa soeur. Epouse le comte de Vendôme. Morte après 1323

12. Bouchard VI de Vendôme. Epouse Alix, fille du duc de Bretagne, puis avec Yolande de Montfort, Mort en 1354

13. Jean IV. Epouse Marie de Ponthieu, dame d’Epernon. Mort en 1366

14. Bouchard VII de Vendôme. Epouse Isabelle de Bourbon, fille du comte de La Marche

15. Jeanne de Vendôme, morte en 1373

16. Catherine, sa soeur, se marie avec son oncle, le comte de la Marche. Morte en 1415

17. Deuxième fille. Enlevée par Jean de Croix, seigneur de Paray. Noyée

18. Vente de Bréthencourt à Robert de la Heuse, prévôt de Paris (1413)

19. Claude de Beauvoir reçoit Bréthencourt du roi d’Angleterre (1424)

20. Claude Sanguin, bourgeois de Paris, propriétaire de Bréthencourt (circa 1425)

21. Bernard d’Armagnac reprend possession de Bréthencourt

 

Par la suite, les Sanguin reprirent Bréthencourt. Une de leurs filles épousa Malet de Graville et lui apporta Bréthencourt.

 

Bibliographie

 

Allec (abbé -), « Notice sur Paray-Douaville et description de son église », Imprimerie de Guiraudet et Jouaust, Paris, 1849

Pages 11-12 : « extraits d’un inventaire des titres du prieur de St Martin de Brethencourt, seigneur de Paray.

Mars, 1235. Accord fait par devant Guillaume d’Auneau, entre Alexandre de Longchêne, Geoffroy Jasmin et le prieur de St Martin de Brethencourt, relativement à la taille à lever sur les hommes de Paray.

Août 1294. Vente par les frères Perrin, Guillaume et Colin de la Roche, au prieur de St Martin de Brethencourt, de trois muids de terre, d’une maison et d’un arpent sis à Paray.

9 septembre 1409. Vente, par Guillaume Marcille au prieur de St Martin, d’une maison assise à Paray.

13 juin 1414. Vente, par Thevenin Hardouin et sa femme au prieur de St Martin de Brethencourt, du quart de la mairerie de Paray.

Le revenu du prieur de St Martin de Brethencourt en sa seigneurie de Paray, consistait :

En un champart, à percevoir à lui seul, sur 7 muids 9 septiers 3 minots, 7 perches et demie de terre aux champs, suivant l’accord et partage fait entre les coseigneurs de Paray.

Plus 6 poules, le tiers d’un quart et demi-tiers et un seizième de poule.

27 sous et 47 deniers de cens.

42 minots et demi sur 50 d’avoine, appelés droit d’avenage, pour sa part de ce qui se perçoit entre lui et les coseigneurs ... »

 

Auvray Emile (1890-1980), « Saint Martin de Bréthencourt. Son histoire », 1958 (Imprimerie Vial, mai 1997)

(passim)

 

Douet d’Arcq L., « Collection de sceaux », tome 2, Henri Plon, Paris, 1867

Page 273 : « n° 5009. Bréthencourt (chatellenie de) (1401) Fragment de sceau d’environ 55 mm (Archives de l’Empire, Accords) : écu au lion rampant, accompagné à dextre d’une quintefeuille (légende détruite). Appendu à un acte de Pierre Boucher, garde du séel de la chastellerie de Bréthencourt du 2 octobre 1401 »

 

Ecole des Chartes, Bibliothèque, n° 28, 1867

Page 502

 

Guérard, « Cartulaire de l’église ND de Paris », volume 4, Imprimerie de Crapelet, Paris, 1850

Page 419 : « Sanctus Martinus prope Corborosam, Saint Martin de Bretucourt ou Bretencourt, Seine et Oise, arrondissement de Rambouillet, canton de Dourdan »

 

Guyot Joseph, « Chronique d'une ancienne ville royale. Dourdan, capitale du Hurepoix », Auguste Aubry, Paris, 1869

Page 62 : « L’automne de 1428 est pour Dourdan une date néfaste. Les étrangers [Thomas de Montaigu, comte de Salisbury, récemment créé comte du Perche par le roi d’Angleterre, reçut l’ordre de marcher contre Orléans], vainqueurs impitoyables, se ruant tour à tour sur Bretancourt, Rochefort et toutes les villes voisines dont ils égorgeaient les habitants, arrivèrent un jour devant Dourdan au nombre de 10 000 »

Page 103 : « Jehan de Lescornay, sieur du Mont, se voit remettre (28 janvier 1593) un certificat par M. de Ste Colombe, maréchal des Logis de M. de Sourdis. Ste Colombe atteste que Lescornay « est et a toujours esté bon serviteur du roi » ; que lui-même l’a vu réfugié, lors du siège, dans le château de Brétencourt, appartenant au chancelier Huraut de Cheverny ... »

Page 353 : St Martin de Brethencourt comporte (en 1869) 640 habitants

Page 375 : « Rochefort en Yveline est une des capitales de la féodalité ; c’est la féodalité vivante. Ce n’est pas un village, c’est une ville seigneuriale. Les ruines qui couronnent sa tête, les maisons aux grandes portes armoriées qu’on rencontre dans ses rues montueuses, la fière position de son église, le vaste parc de son château, tout révèle une cité qui a eu de nobles maîtres et qui vit aujourd’hui des souvenirs d’une ancienne histoire. Cette histoire, nous ne l’aborderons pas ici ; elle mériterait un ouvrage spécial. C’est à peine si nous la résumerons en quelques lignes.

Les murailles du vieux château, dont les pans ruinés forment une enceinte bizarre et irrégulière autour du sommet allongé de la colline, rappellent l’ancienne disposition de l’oppidum gaulois. Les possesseurs de la contrée ont dû, dans tous les temps, profiter de ce poste avantageux pour commander le pays, et, bien avant la féodalité, les légendes nous parlent du lieu d’Hibernie, dominant la Rabette sur les confins de Yveline et du Châtrais. Quand, avec la troisième race, les seigneurs de Rochefort commencent à jouer un rôle dans l’histoire, le château et l’église existent sans doute déjà, et la vaste circonscription du doyenné de Rochefort, dans le diocèse de Chartres, atteste bien évidemment l’ancienne importance de la localité. Chef-lieu d’un comté qui embrassait tqut le midi de l’Yveline et une partie de la Beauce, Rochefort appartenait, au XIème siècle, à ces puissants et redoutés seigneurs de Montlhéry, qui avaient dans leurs mains la clef de tous les passages entre Paris et Orléans. Nous avons vu les sanglantes inimitiés des maîtres de Rochefort et du roi Louis le Gros. C’est sur ces entrefaites que la seigneurie passa, par un mariage, aux Montfort, les fiers barons qui, pendant le XII et le XIII siècle, tenaient la couronne de France en échec, en traitant au besoin, comme des puissances, avec le roi d’Angleterre, et promenaient de croisade en croisade leur turbulente et farouche ambition (a). Une femme, la princesse Béatrix, demeura seule, durant près d’un demi-siècle, maîtresse et gardienne de l’héritage des Montfort, et c’est sa fille Jeanne, comtesse de Roucy, qui eut en partage Rochefort, lassant Montfort à sa soeur Yolande (1317).

Aux Roucy, aux la Roche-Guyon, succèdent les Silly. Rochefort, partagé (1556) entre Bertin de Silly, Adrienne d’Estouteville et Jean d’Epinay, passe en 1596 au petit-fils de Catherine de Silly, Hercule de Rohan, et à toute sa race.

On sait les rôles politiques et religieux, les fortunes et les scandales de cette maison de Rohan, de ces princes de Guémenée, ducs de Montbazon, courtisans en faveur, hommes de guerre ou de plaisir. Rochefort a vu et gardé pendant cinq ou six années à peine le dernier monument de leur luxe, le splendide château terminé en 1787 et peu après démoli par les fureurs populaires. Une aile, en face de laquelle on montre encore la « maison du cardinal » forme aujourd’hui l’emplacement du château habité par M. le comte Alfred de la Rochefoucauld ... »

Page 385 : St Martin de Brethencourt : « ce double nom rappelle les deux parties distinctes et voisines d’une même paroisse. Bretencourt, Breteucourt, Bertrancourt (Bertoldi, Berto Curia), est un gros hameau qui est séparé par 1 km environ du village de St Martin ... Il est facile de reconnaître, de prime abord, la position avantageuse du lieu et l’intérêt évident qu’on eu, dans tous les temps, les maîtres de la contrée à posséder et à conserver cette clef de la vallée ... Le château de Bréthencourt est un des plus anciens témoins de l’époque féodale. Pour tenir en échec le vieux château de Dourdan, que Hugues le Grand avait laissé à ses descendants couronnés comme un des forts avancés du nouveau domaine royal, Guy, comte de Rochefort en Yveline, seigneur de Montlhéry, vassal encore indompté du trône, fit construire le château de Bréthencourt vers la fin du XIème siècle. Sur l’un des côtés d’une première enceinte circulaire [sic] assez étendue, un large fossé détache une seconde enceinte, longue de 50 m et large de 30 m, qui contient un donjon rectangulaire. Ce donjon, qui est de la même date, de la même forme et de la même dimension que celui de Chevreuse, est un type de la maison-forte, domus lapidea, dérivée de la salle, ou aula des nations germaniques. Les murailles, qui atteignent à peine 2 m d’épaisseur, étaient soutenus par 14 contreforts, 4 sur chacun des grands côtés, 3 sur les petits. Elles contenaient une salle divisée en plusieurs étages par des planchers que supportaient des murs de refend. Malheureusement, ce donjon curieux, vendu pierre à pierre, a été depuis quelque temps presque entièrement démoli et ne sera bientôt plus qu’un souvenir, ainsi que les deux enceintes de l’ancienne forteresse.

La châtellenie de Bretencourt, qui embrassait un territoire assez étendu et comprenait Ablis et Auneau en partie, suivit le sort de la seigneurie de Rochefort et passa, comme elle, aux Montfort. Devenue, en 1181, l’apanage de Gui, troisième fils de Simon III, elle passa, par sa petite-fille Eléonore, à la maison de Vendôme, qui la posséda jusqu’à la dernière année du XIVème siècle. Tenue alors par Sanguin, bourgeois de Paris, et son gendre Gilles Malet, vicomte de Corbeil, elle eut à souffrir, comme Dourdan, en 1428, du terrible assaut de l’impitoyable Salisbury. Acquise par les Hurault de Cheverny, elle fut revendue, à la fin du XVIème siècle, à la famille de l’Hospital-Ste Mesme. C’est au château de Bretencourt que nous avons vu Lescornay se retirer, en bon royaliste, pendant le siège soutenu à Dourdan contre Henri IV, en 1591.

On montre encore à Bretencourt la place dcs fourches patibulaires, le vieux puits du château avec un chemin souterrain, la place de l’ancienne chapelle Ste Madeleine, devenue le rendez-vous d’une fête, et celle de la chapelle St Jacques, près de laquelle se voient de magnifiques caves. Dans un terrain proche du château, le sol d’un ancien cimetière est facile à reconnaître. Au milieu d’une terre noirâtre, on rencontre des débris et parfois de petites lampes ou godets en terre rouge terminés en pointe.

A St Martin, les souvenirs de l’ancien prieuré sont encore vivants. Près de l’église, dont on remarque la belle tour carrée et quelques sculptures intérieures, une maison porte encore le nom de prieuré. Chapelle communiquant avec l’église, portail, vieilles murailles, caveaux, fontaines, font aujourd’hui partie d’une demeure particulière et sont enclavés dans des jardins. Les célestins d’Esclimont avaient une ferme non loin de là.

Au-dessus de St Martin, les terres de la ferme de la Brosse s’étendent sur le plateau, et Ardenay et Haudebout rappellent d’anciens fiefs pour lesquels rendaient aveu les châtelains de Bretencourt »

 

Hozier xxxx d’-, « Armorial général », ou « Registre de la noblesse de France », volume 7, Complémentaire, Deuxième partie

Typographie de Firmin-Didot frères, Paris, 1868

Page 149 : « famille de Louvencourt, anciens seigneurs de Hancourt, de Pierrecleuée, de Brethencourt, de Pissy, de Ville, de Gournay, d’Inval, du Saulchoy, de Cléry, de Vaulx, de la Cour de fief, du Rilleux, de Flixecourt, de Bettencourt, de Courchon, de Longpré les Corps Saints, &c. En Picardie et en Soissonnais.

Armes anciennes : d’or à 3 têtes de loup arrachées de sable.

Armes nouvelles : d’azur à la fasce d’or, chargée de 3 merlettes de sable & accompagnée de trois croissants d’or, 2 en chef & 1 en pointe. Supports : 2 lévriers, alias 2 lions. Couronne de marquis.

Maison originaire de Picardie, qui fut maintenue dans sa noblesse par plusieurs jugements, en 1701, 1702 & 1703. & fit ses preuve pour la Grande écurie du roi & pour l’ordre de St Jean de Jérusalem, dit de Malte.

Parmi les membres de cette famille anciennement mentionnés dans les chartes & les auteurs, nous citerons :

Quintin de Louvencourt, qui assista en 1106 à la dédicace de l’église d’Arronaise, avec plusieurs chevaliers de l’Amiénois.

Achard de Louvencourt, chevalier, assiste comme témoin avec Renaut de St Valéry en 1144 à une donation faite aux moines d’Authie.

Asselin de Louvencourt, chevalier de l’Amiénois, se croise en 1191.

Beaudoin de Louvencourt & Agnès, sa femme, reconnaissent, en novembre 1223, un don qu’ils ont fait de 28 journeux de terre sis à Louvencourt.

Enguerrand de Louvencourt assiste au siège d’Oisy en 1254.

Enguerrand de Louvencourt, chevalier, grand bailli de Lens en 1346.

Regnaul & Colard de Louvencourt servent comme écuyers en 1355 & 1363.

Le frère aîné de Charles, seigneur d’Hancourt, qui forme le premier degré de la généalogie (ci-après nommé) Clément de Louvencourt, seigneur de Thérouanne & de Castillon, fut l’auteur d’une branche éteinte vers 1700, qui prit ses principales alliances avec les Aguesseau, Biencourt, Cambray, Canteleu, Flesselles, Maupin, St Mesmin, Sacquespée, Trudaine, &c. Plufieurs de ses membres ont joué un rôle important à Amiens. Parmi eux nous citerons Augustin de Louvencourt, prévôt royal d’Amiens & plusieurs fois mayeur & échevin d’Amiens. Il contribua puissamment à faire rentrer cette ville sous l’obéissance de Henri IV qui le confirma dans sa noblesse en 1594.

François de Louvencourt, écuyer, seigneur de Vauchelles & de Bourseville, trésorier de France & général des finances en Picardie, mayeur d’Amiens en 1623 & 1624.

Antoine de Louvencourt, conseiller trésorier général & maître d’hôtel ordinaire du roi en 1633 & 1639, &c »

 

Nayral Magloire, « Biographie et chroniques castraises », tome 1, Imprimerie de Vidal Aîné, Castres, 1833

(page 231)

 

Pradel Ch., « Les antiquitez de Castres de maistre Pierre Borel », Académie des bibliophiles, Paris, 1868

Page 53 : Epitaphe de sa [Jean de Bourbon] femme : « Cy gist tres-haute et vertueuse dame Catherine, fille de tres-puissant messire Jean, comte de Vendosme et de Castres, seigneur de Lusignan et de Brethencourt, et de noble dame Jeanne de Ponthieu, lequel monseigneur le comte fut fils de tres-haut et puissant seigneur messire Bouchard, jadis comte et seigneur des dites terres, lequel fut fils du comte Jean de Vendosme et de madame Alienor, fille du bon comte de Montfort, lequel eut pour espouse madame Alix, fille au grand duc de Bretagne et de la reine d’Escosse. Et madame Jeanne de Ponthieu dessus nommée fut fille du comte d’Aumale et de madame Catherine, fille du comte d’Artois, laquelle madame Catherine fut espouse de monseigneur Jean de Bourbon, comte de la Marche, et de son heritage fut comtesse de Vendosme et de Castres, et dame de Lusignan, d’Espernon et Brethencourt, du Tail, Fromalart, de Cailly, de Clary et Quidebœuf, qui trespassa le vendredi premier jour d’avril 1411 »

 

Richebourg Charles A. Bourdot de -, « Nouveau coutumier général » ou « Corps des coutumes générales et particulières de France et des provinces connues sous le nom des Gaules », tome 3, Chez Michel Brunet, Paris, 1724

Pages 141 et suivantes (Coutumes du comté et baillage de Montfort l’Amaury, etc)

Page 159 : « Aussi sont comparus les manants et habitans des villes et villages desdicts baillages et comté de Montfort. Assavoir ... De Rochefort par maistre Jacques Eschallats leur procureur, assisté du dit Maheas ... De sainct Martin de Brethencourt par Gaulvain Filleul marguillier et proviseur de l’église du dit lieu, assisté du dit Bonichon »

 

Simon (abbé -), « Histoire de Vendôme et de ses environs », tome 1, Henrion-Loiseau, Imprimeur-libraire, Vendôme, 1834

Page 155 : sous Jean VI, dix-neuvième comte de Vendôme. « Jean VI du nom, comte de Vendôme et de Castres, seigneur de Lusignan en Narbonnais, de Brétencour, etc »

Page 159 : sous Bouchard VII, vingtième comte de Vendôme : « ils [les Vendôme] étaient alliés avec les maisons de Ponthieu, de Bretagne, de Montfort, de Royes, de Mayenne, de Dreux, de Châteaudun, de Chabannes, etc »

 

Société archéologique de Rambouillet (SAR), « Mémoires », 1870-1972

Contient : Auguste Moutié, « Le château de Chevreuse et les deux chapelles de Ste Marie Madeleine » (pages 13-31)

 

Société française d’archéologie, « Bulletin monumental », Derache, Paris (Le Brument, Rouen ; chez F. le Blanc-Hardel, Imprimeur-libraire, Caen), 1868

Pages 346-347 : « La noblesse du XIème siècle se contenta d’augmenter la force et la hauteur de la grande salle de son habitation pour se faire un donjon, et de remplacer la palissade d’enceinte par un mur de pierres. Et encore au commencement du XIIème siècle l’enceinte extérieure du Puiset et de plusieurs autres châteaux était une baie formée de forts pieux. Nous avons vu que les remparts de Chaumont, de Courcelles et du donjon de Gisors sont circulaires sans flanquements ; le Château sur Epte n’a d’autres tours saillantes que ses deux portes ; enfin, je peux citer dans Seine et Oise, Rochefort, Brétencourt, la Hunnière, comme offrant des enceintes circulaires ou allongées sans saillies ni redans. Je serais tenté d’en conclure que dans nos provinces, au XIème siècle, tous les châteaux étaient prnés de tours flanquances et qu’on ne les trouvait que dans les remparts des cités gallo-romaines. Il est possible que dans le Midi cette tradition romaine n’ait pas été interrompue ; mais ce qui me fait croire qu’elle ne fut reprise dans le Nord qu’au XIIème siècle, c’est que ce ne fut qu’au XIIIème, suivant M. Krieg, que les châteaux de l’Alsace furent régulièremeut flanqués de tours (Bulletin monumental, t. IX, page 246). M. Viollet le Duc (Dictionnaire d’architecture, t. III, page 105) ajoute même que cette précaution a été négligée dans la plupart des châteaux des bords du Rhin jusqu’au XVème siècle. II est vrai que son opinion est qu’elle a été employée en France et en Normandie dès l’époque carlovingienne. C’est ce que je crois difficile d’admettre.

Ces châteaux suffisaient parfaitement pour arrêter les chevauchées que les barons faisaient réciproquement sur leurs terres, mais ne pouvaient résister à une armée munie des engins de siège dont l’usage se généralisa au commencement du XIIème siècle. M. de Caumont a fait voir que ces progrès datent de la première croisade. Les chevaliers avaient vu, dans cette longue expédition les remparts de Constantinople ; ils avaient dû faire les efforts les plus soutenus et employer des moyens nouveaux pour eux, pour s’emparer de ceux d’Antioche et de Jérusalem ; à leur retour, ils cherchèrent naturellement à utiliser ces nouvelles connaissances pour fortifier leurs châteaux ou pour attaquer ceux de leurs ennemis »

 

Société française d’archéologie, « Congrès archéologique de France, XXXIVème session, Séances générales tenues à Paris en 1867 », Derache, Paris (chez F. le Blanc-Hardel, Imprimeur-libreaire, Caen), 1868

Pages 78-79 : « A la fin du XIème siècle, Guy, comte de Rochefort en Iveline, fit construire un château à Brétencourt, non loin du château royal de Dourdan, qui le menaçait. Il n’en reste que des ruines que l’on est en train de faire disparaître. Sur un côté d’une première enceinte circulaire assez étendue, un large fossé détache une seconde enceinte longue de 50 mètres et large de 30 ; cette seconde enceinte contient un donjon rectangulaire, dont le plan a la même forme et les mêmes dimensions que celui de Chevreuse. La principale différence consiste en ce que le pilier central est remplacé, à Brétencourt, par des murs de refend.

Tous les donjons normands, angevins et anglais doivent dériver d’un type primitif analogue. Sans doute, ils sont plus hauts, plus massifs ; la commodité du logement y est sacrifiée à la nécessité d’une meilleure défense; mais toujours on y retrouve le caractère d’habitation. Ils conservent, comme signe évident de cette origine, les contreforts plats que l’on continuait d’y appliquer par habitude et non à cause de leur utilité. Ces contreforts sont reproduits avec tant de persistance et de régularité, que l’on peut baser sur leur nombre la division des donjons d’habitation.

1. Nous mettrons d’abord de côté tous les donjons rectangulaires sans contreforts, plus communs à l’Etranger qu’en France. Je citerai celui de Gand, représenté par M. Schayes, dans son Architecture en Belgique, et celui d’Ilanz, au canton de Fribourg, en Suisse, beaucoup plus moderne, mais présentant parfaitement le caractère de maison.

2. Les donjons de Chevreuse et de Brétencourt ont quatorze contreforts, quatre sur chacun des grands côtés, trois sur les petits. On retrouve le même nombre et la même disposition à Beaugency, Loudun, Nogent le Rotrou, Ste Suzanne et Clermont en Beauvaisis.

3. Des donjons plus considérables ont un plan carré avec quatre ou cinq contreforts par face. Ainsi, Chauvigny et Boussac en ont seize ; Broue en a vingt »

 

Autre Bréthencourt

 

Il existe d’autres lieux appelés Bréthencourt (ou selon les variantes de ce nom).

 

Caffin Benoît, « Annuaire statistique et administratif du département du Pas de Calais pour 1846 », Brissy, Imprimeur-libraire, Arras, 1846

Page 344. « Sur la commune de Rivière, les hameaux situés sur la rive droite du Crinchon étaient Bellacourt, Bellacordel et Brétencourt »

Page 345. « En 1250, un seigneur de Vimy, nommé Dargicourt, propriétaire de la dîme de Brétencourt, en donna une portion pour aider à la construction, en ce hameau, d’une chapelle, sous l’invocation de St Eloi, et où se célébraient 3 messes par semaine.

En 1731, le titulaire de ce bénéfice était un chanoine d’Arras nommé Guillemain. Il fut attrait par devant les tribunaux par M. de Briois, alors avocat général, seigneur de Brétencourt, pour se voir condamner à célébrer les 3 messes dans la chapelle, et non ailleurs, comme l’avaient fait ses prédécesseurs dont il suivant l’exemple.

...

La terre de Brétencourt avait appartenu à la famille de Warluzel dont les armes ont longtemps figuré sur les murailles de la chapelle »