Les
seigneurie et château de Bréthencourt
L’antique château de Bréthencourt
surveillait les plaines de
1. Le château
Le site féodal (source : Google Maps) est sur un
promontoire de
Aujourd’hui, le château de Bréthencourt est une ruine qui disparaît dans la végétation :
* photographies de l’Ouest Sud Ouest : A, B ;
* photographie du Sud Sud Est ;
* photographie dûe à A. Garriot (in Auvray) ;
* cartes postales anciennes (source : Auvray) : A, B.
Le château d’eau actuel aurait été construit sur les fondations de l’ancienne porte principale de la forteresse.
Selon une description du château (Dion, 1886) (cf plan des ruines), le château médiéval pouvait se décrire comme suit :
(a) un fossé épousait d’abord le tracé du promontoire : c’était peut-être le fossé de l’ancien castrum romain. Il renferme aujourd’hui un établissement rural ;
(b) à l’intérieur de cette
première enceinte, une seconde est formée d’un mur dont il ne reste que la
partie Ouest sur la moitié de sa longueur primitive. Là, subsiste encore un
chemin de ronde. A l’extrémité, on distingue les fondations du mur et d’une
seule tourelle. Il s’agit d’une construction assez archaïque : ce mur,
sans tours de flanquement, ressemble à celui de l’ancien château de Rochefort,
lequel pouvait provenir d’une forteresse gauloise. La porte de cette enceinte,
encore visible, montre des piliers de
(c) à l’intérieur se voit encore un puits intact, avec manivelle et tour, mais aujourd’hui comblé en partie ;
(d) plus à 1’Ouest, touchant
presque au mur extérieur par l’un de ses angles, s’élève encore à plus de
Après 700 ans d’existence, le château de Bréthencourt devint une carrière, dont le maître-maçon Brault utilisait les pierres pour la construction. Lorsque la porte fut démolie, un écusson en pierre a été trouvé, portant les armes des Hurault de Cheverny, qui furent propriétaires de Bréthencourt (XVIème). L’écusson fut enchâssé dans la muraille du château de Dourdan, près du donjon. Cette pierre est aujourd’hui visible sur le perron de l’escalier extérieur du Musée de Dourdan.
Une ressemblance entre les donjons de Bréthencourt et de Chevreuse a été avancée (Moutié). On peut aussi remarquer que le seigneur de Chevreuse, à la fin du XIIème, était Milon, le propre frère de Gui. Il est possible que les deux châteaux aient eu la même architecture. Mais il existe encore d’autres donjons rectangulaires en France : Nogent le Rotrou, Beaugency, Loches.
Un plan (Archives Nationales) de
Corbreuse, commune située à quelques
2. Origines du comté de Rochefort
Cette origine est inconnue, comme son nom lui-même. Cette seigneurie ne comptait qu’une vingtaine de paroisses, mais portait un rang, celui de comté, digne des grands feudataires : comtés de Flandre, Anjou, Champagne, Chartres ou Blois.
Il n’y a pas eu de « pays de Rochefort », car la région des Carnutes fut divisée en 6 pays : Pincerais (Poissy), Chartrain (Chartres), Dunois (Châteaudun), Blésois (Blois), Dreugesin (Dreux), Vendômois (Vendôme).
Donné à Eudes, fils de Robert le Fort (roi de 888 à 898), le comté d’Etampes resta dans la descendance des « duc de France ». Pour administrer des domaines étendus entre Loire et Seine, ceux-ci nommèrent des vicomtes, lesquels ne tardèrent pas à agir vis à vis des ducs de France comme ceux-ci avaient agi envers le roi : tout en étant ses vassaux, ils cherchèrent à acquérir une indépendance maximum. D’où un émiettement des pouvoirs caractéristique de la féodalité. Cependant, le comté d’Etampes resta intimement lié aux Capétiens car il se trouvait dans des zones stratégiques où le domaine royal était resté le plus compact, malgré diverses aliénations successives.
Tout en conservant ce comté entre leurs mains, les Capétiens nommèrent un vicomte à Etampes et à Rochefort, respectant ainsi la division entre diocèses de Chartres et de Sens. Celà justifierait le nom de « partie chartraine de l’Etampois » attribué au doyenné de Rochefort par certains historiens. Bertrand, évêque du Mans, parle aussi du « village de Bullion sis au pays d’Etampes » (testament du 27 mars 625).
Prévôté royale, Dourdan continua cependant à rendre ses comptes à Etampes assez longtemps.
Il n’existe aucune mention d’un comté ou d’une vicomté de Rochefort avant Gui le Rouge. Néanmoins, l’obituaire de Longpont, prieuré fondé au pied de la butte de Montlhéry par les parents de Gui, parle curieusement de « Gui, vicomte, et de sa femme comtesse ». Gui portera seulement plus tard le titre de comte.
3. Le comté de Rochefort
3.1. Le contexte politique et militaire
Gui de Montlhéry, comte de Rochefort, surnommé « le Rouge », fait entrer Bréthencourt dans l’Histoire. Gui est un personnage de premier plan sous Philippe Ier et Louis VI le Gros. Il appartient à la famille des Montlhéry que 200 ans de troubles (invasions normandes, luttes entre les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens) ont hissé de simples fonctionnaires royaux au rang de châtelains ambitieux, passant sans transition de l’obéissance à la rébellion.
Ces Montlhéry passaient pour descendre du légendaire Thibault « Fil étoupe » (ses cheveux ressemblaient à du lin), ce qui semble dénoter une origine germanique. Ce garde de la forêt de l’Yveline sut, dans l’anarchie des débuts de la féodalité, profiter de l’impuissance du pouvoir central pour s’approprier des biens qu’il était censé défendre. Le château-fort, quasi-imprenable, qu’il avait érigé sur la butte de Montlhéry, contrôlait l’axe essentiel unissant le domaine royal entre Paris et Orléans. Par une habile politique de mariages, la famille avait mis la main sur les sites stratégique les plus remarquables.
Les Montlhéry possédaient 7 châteaux autour de Paris (cf carte de situation) : Gournay sur Marne, Montlhéry, Chevreuse, Châteaufort, Gometz le Châtel, Rochefort (provenant de la femme de Guy, Adélaïde) et Bréthencourt, dernier à être construit. Erigés sur des sites difficilement accessibles à l’époque, ces donjons massifs verrouillaient les antiques voies romaines et contrôlaient le trafic restreint qui existait alors entre Paris et une France inorganisée.
Par son mariage avec l’héritière de Rochefort (avant 1063), Gui avait ajouté une pièce maîtresse à son héritage, car Rochefort était inséré entre le domaine royal et le comté de Chartres. Il était proche de la famille du Puiset, célèbre et turbulente, dont le seigneur était alors son beau-frère, Hugues Blavons (ie « le Bleu »).
3.2. Délimitation du comté
Allongé du Nord Est au Sud Ouest, axé sur une route vitale, ancienne voie gallo-romaine de Paris à Chartres, le comté ne comporte qu’une vingtaine de villages.
Rochefort, sa capitale, est probablement un ancien « oppidum » gaulois, une des premières forteresses qui séparait Carnutes et Parisiis. C’est peut-être aussi l’antique « Hibernio » dont parle la légende de St Arnoult.
(a) au Sud Est, le comté s’arrêtait à la lisière de la forêt de Dourdan ;
(b) au Sud, les limites sont imprécises : la haute vallée de l’Orge fut le théâtre de conflits de juridiction et de pâturages. En Beauce, les fiefs relevant de Rochefort semblent s’échelonner le long de la voie de Blois à Poissy, passant par Allaines et Ablis ;
(c) à l’Ouest, le comté jouxte le Pincerais. La situation y est confuse, car depuis Robert, les ancêtres des Montfort ont bâti sur un domaine royal le château du même nom. Pourvus de la charge de gruyer de l’Yveline, ils acquerront des fiefs, réunis plus tard, sous Philippe Auguste, en comté de Montfort, mais ils ne sont encore que des vassaux relativement dociles.
(d) au Sud Ouest, le comté de Rochefort est contigu à celui de Chartres. Cette puissante famille de Chartres, fidèle aux ancêtres d’Hugues, à qui elle devait sa fortune, enserre le domaine royal grâce à ses fiefs en Brie, et elle anime les révoltes.
Auneau est partagé entre Chartres et Rochefort. La « Vieille cour », à Auneau, relève de Rochefort, et St Arnoult est un simple bourg qui ne deviendra ville forte qu’au temps de François Ier. Ablis est à cette époque, comme aujourd’hui, un carrefour important de voies commerciales et stratégiques.
(e) dans le comté même, la situation n’est pas très claire. On distinque entre domaine propre du seigneur et territoire sur lequel s’exerce son autorité, en principe tenue du roi. Faute de terrier (sorte d’ancien cadastre), il est impossible de connaître l’étendue du domaine direct mais, à l’intérieur du comté, comme l’avaient fait les rois successifs, le seigneur de Rochefort a dû distribuer des fiefs à ses hommes, à ses chevaliers, fiefs assortis d’une solde, sans lesquels il n’aurait pu les maintenir sous son autorité.
(f) on doit aussi déduire de ce comté les biens de l’Eglise, qui échappent théoriquement à son autorité. Dans cette région de l’Yveline, les abbayes ont été largement dotées, si bien que Suger en parle comme d’une « Terre aux saints ».
4. Gui le Rouge
Deuxième fils de Gui Ier de
Montlhéry et d’Hodierne, dame de Gometz et en partie de
Gui le Rouge n’a laissé que quelques traces : une donation, un diplôme, 2 lettres de Yves (évêque de Chartres), quelques mentions par Suger et Orderic Vital. Le cartulaire de l’abbaye de St Benoît sur Loire (abbaye de Fleury) indique qu’il entre en possession du comté de Rochefort par son mariage avec Adélaïde. Il commence par abuser de ses droits seigneuriaux en exigeant de mauvaises « coutumes » sur des terres de Sonchamp appartenant à Fleury. Mais l’abbé de St Benoît intervint directement auprès de Philippe Ier qui appréciait l’abbaye bénédictine (ou il repose). Mais le roi devait aussi avoir des égards pour les Montlhéry, qui pouvaient facilement lui interdire le passage par Linas. Un traité passé à Melun (1067) entre Gui et les moines de Sonchamp, est révélateur : devant les évêques de Chartres, Auxerre, Paris, et Orléans, et en présence de la reine Anne, fille du Grand duc de Russie, Gui, « à la demande du roi et par amour pour lui », obtient le pardon de l’abbé et des moines de Fleury.
Un acte postérieur montre qu’il agit avec la même désinvolture à Bréthencourt. Là aussi, « la vigne du Seigneur prospérait ». Selon l’histoire de Marmoutiers, des moines de ce fameux monastère s’étaient installés à Bréthencourt, à la demande des habitants. Agissant comme à Sonchamp, Gui aurait distribué des terres d’Eglise à ses chevaliers tout en retenant sa part.
Gui, après la mort de son père, hérita
du château de Gometz. Par sa mère, il hérita en outre de la moitié du fief de
On ignore quels furent les ancêtres ainsi que la vie d’Adélaïde. Elle a dû épouser Gui avant 1063 et mourir avant 1090 (1099 ?), car Gui contracta un second mariage, et qu’un fils, Hugues de Crécy, né de ce mariage, était déjà sénéchal en 1106, et devait donc avoir alors au moins 18 ans. Adélaïde de Rochefort apparaît dans le cartulaire de ND de Paris (12 octobre) : elle avait donné au chanoine de Notre Dame (circa 1090) une tapisserie ainsi qu’une maison à Dreux, située en face de l’église.
Devenu veuf d’Adélaïde (circa 1090 ou 1099), Gui épousa Elisabeth de Montdidier,
veuve de Bouchard, comte de
Corbeil. Ceci autorise une datation approximative de la fondation du prieuré de
Bréthencourt puisque Adélaïde, assistait à la cérémonie.
Gui et Elisabeth eurent 5 enfants parmi lesquels Hugues de Crécy, au
caractère violent (il étrangla son propre cousin). La chronique de Morigny en
laisse le portrait suivant : « Homme audacieux et prompt aux coups de main, dissimulé en toutes choses,
tyran des pauvres, assassinant le laboureur pour le voler, lié avec les ennemis
du roi, furieux comme un ministre du diable. Il
portait partout la dévastation ». Hugues de Crécy
mourra à Cluny.
Gui le Rouge prit part à toutes les révoltes seigneuriales avec son beau-frère, Hugues du Puiset.
Pour neutraliser un vassal si
dangereux (Suger), Philippe Ier le préposa aux affaires du
royaume afin d’obtenir la tranquillité dans le comté
(châteaux de Rochefort, Châteaufort,
Bréthencourt, etc) tout proches.
Une paix et un service auxquels
ils n’étaient pas accoutumés. Il devient même sénéchal du royaume.
En 1091, Gui est un vassal fidèle à son roi, Philippe Ier. Il l’aide en
servant d’intermédiaire entre Philippe Ier et l’évêque de Chartres, le futur St
Yves. Une partie de bras de fer entre Yves et Philippe eut lieu à propos de son
mariage avec Bertrade de Montfort (cf 78-Montfort l’Amaury). Yves fut enfermé (1093) pendant près d’un an, par les soins de Gui, au château du
Puiset. Libéré, Yves ne fléchit pas. Il adressa à Gui le Rouge 2 lettres,
respectueuses dans la forme,
mais intraitables dans le fond. Philippe, excommunié à plusieurs reprises, se
soumit (pour la forme).
Guy prit part aux Croisades en Orient, mais on ne sait ce qu’il y a
réalisé. Il est présent au
combat d’Amasis (1101), puis il passa avec les survivants à Constantinople et
rentra en France (1104), « chargé d’honneur, de gloire et, ce qui ne gâte rien, de biens » (Suger).
Afin de s’attacher davantage les services et la fidélité de Gui, Philippe
Ier fit épouser son fils (le futur roi Louis VI) avec Lucienne, née du second
mariage de Gui.
Gui résigna (1106) son poste de sénéchal entre les mains de son fils Hugues, qui n’a pas encore 18 ans. L’année suivante, le comte de Rochefort est chargé de recevoir le pape Pascal II, désireux de mettre fin à la querelle du St Siège avec le roi Philippe, de qui il désirait l’appui dans sa lutte contre les Allemands. Mais le Concile de Troyes (1107) allait mettre fin à la fortune de Gui le Rouge. Jouant alternativement contre les uns et les autres de ses grands vassaux dont il nétait jamais sûr, Philippe, poussé sans doute par les Garlande, obtint de Pascal II l’annulation du mariage de Louis et Lucienne. Hugues y perdit son poste de sénéchal au profit des Garlande rentrés en grâce, et la guerre s’alluma. Mais Louis, vainqueur à Goumay, échoua devant les forteresses de Chevreuse, Montlhéry et Bréthencourt. D’après Souchet, chanoine de Chartres et historien du XVIIème, Lucienne, récemment mariée avec Guichard de Beaujeu, défendit victorieusement Bréthencourt contre son ancien mari.
Gui le Rouge mourut (avant 1108) on ne sait où. Il fût enterré au prieuré
de Gournay sur Marne qu’il avait fondé.
Généalogie
simplifiée
liant
les familles de Montlhéry, Rochefort et
Montfort
(a) Guy de Montlhéry. Epousa Hodierne,
dame de Gometz et de
(b) Guy le Rouge. Epousa (1) l’héritière de Rochefort.
D’où :
(c) Agnès. Epousa Anseau de Garlande (+1118,
Le Puiset). D’où :
(d) Agnès de Rochefort. Epousa (1115) Amaury
III de Montfort. D’où :
(da) Amaury IV (+1137 ou 1140, SP)
(db) Simon III (+1180), comte d’Evreux et de
Rochefort, seigneur de Montfort. Epousa Amicie de Leicester. D’où :
(dba) Amaury V, comte d’Evreux
(dbb) Simon IV de Montfort, comte de Toulouse
(+1218,Toulouse). Epousa Alix de Montmorency. D’où :
(dbba)
Amaury VI, connétable de France (+1241, Otrante, enterré au Vatican)
(dbbb)
Simon V, comte de Leicester (Angleterre) (+1265, Evesham). Epousa
Eléonore, soeur d’Henri III d’Angleterre
(dbc) Guy de Bréthencourt, comte de Castres
(+1227,Varilles). Epousa Helvise d’Ibelin, dame de Sidon.
D’où :
(dbca) Philippe Ier de Montfort (+1269 ou
1270, Tyr). Epousa (1) Eléonore de Courtenay, d’où Philippe II de Montfort, qui
épousa Jeanne de Lévis ; (2) Marie d’Antioche, fille de Rupin, roi
d’Arménie, d’où descendance à Jérusalem et à Chypre
5. Gui de Rochefort
A la mort de Gui le Rouge,
le comté de Rochefort passa à son fils Gui, dont on sait peu de choses, mais
qui paraît avoir été, comme son
père, un vassal agité. Sa soeur,
Agnès, épousa (circa 1104), au moment où la fortune des Rochefort était à son apogée, Anseau de Garlande, fils d’une
famille souvent rivale. Ce
devait être un mariage de raison car leur fille, autre Agnès, épousera (1120)
Amaury III de Montfort, frère de la fameuse Bertrade.
Gui, avec son demi-frère Hugues et son cousin du Puiset, prend part à toutes les guerres féodales. Il est au siège de Toury, défendu par son prévôt, Suger. Il est assiégé (1144) dans le château du Puiset par son propre beau-frère, Anseau de Garlande. Il y fut peut-être tué. M. Lefèvre, historien de Janville, place à cette époque la donation de Gui à l’abbaye de St Jean en Vallée dont il n’avait pas respecté la propriété. Pour obtenir le pardon des moines, il leur lègue (don approuvé par sa demi-soeur Béatrix) une « asnée » de terre [mesure de surface pouvant être cultivée par un âne dans l’année], soit environ 7 arpents ou 295,4 ares. Un des témoins fut l’évêque de Chartres, Geoffroy de Lèves, nommé (1116) après la mort de St Yves. La mort de Gui a dû se produire après cette date.
Dans le cartulaire de Longpont, on le recommande aux prières des fidèles, et l’un des témoins se nomme Heluinus, prévôt de Bréthencourt, Cest la première mention que nous avons de l’existence d’une prévôté à cet endroit.
Mais la donation de Gui fut contestée par un nommé Arnoul de Rancières : ses prétentions n’étaient pas aussi injustes que ne l’affirmaient les moines, pusqu’ils lui donnèrent 50 sous afin qu’il se désistât de sa demande.
Gui ne laissant aucune postérité, le comté de Rochefort passa à Agnès, épouse d’Anseau de Garlande, sénéchal et favori de Louis VI.
Par une curieuse circonstance, une fille d’Amaury, seigneur de Montfort et comte de Rochefort, issu d’un mariage antérieur (Amaury se maria trois fois), épousait Hugues de Crécy, oncle d’Agnès, qui devenait ainsi le gendre de sa nièce.
6. Les Garlande et Bréthencourt
La famille des Montlhéry avait succédé pendant une dizaine d’années à la famille des Garlande, sa rivale dont la puissance s’accroît sous Louis VI.
Anseau de Garlande épousa Agnès de Rochefort (circa 1104) et remplaça son beau-frère, Hugues de Crécy, au poste de sénéchal. Fidèle sujet de Louis VI, il mourut d’un coup de lance au quatrième siège du Puiset, coup porté par Hugues, le propre cousin germain d’Agnès. Il laissa une fille, appelée Agnès comme sa mère. Son frère, Guillaume, hérita de la fonction de sénéchal, mais disparut (circa 1120).
Etienne fut le plus célèbre des
Garlande. Elu évêque de Beauvais (1100), il fut sévèrement traité par Yves qui
écrivait : « Les clercs de
Beauvais ont élu Garlande Etienne comme évêque, un clerc illettré, adonné au
jeu et à d’autres distractions mauvaises pour obéir au roi [Philippe Ier] et à sa fameuse compagne [Bertrade de Montfort] qui,
cause d’un adultère public, a été rejeté de l’Eglise par le légat du Pape,
archevêque de Lyon ».
Devenu confident de Louis VI, Etienne, quoique resté dans 1’Eglise comme archidiacre de ND de Paris, cumulera les postes clefs de chancelier et de sénéchal.
La chronique de 1’abbaye de Morigny n’hésite pas à dire qu’il recevait des
présents pour parler au roi en faveur de l’abbaye rivale de St Benoît sur Loire.
C’est peut-être en souvenir de la protection de Bertrade qu’il fit épouser
Agnès, héritière de Rochefort, à Amaury de Montfort, comte d’Evreux. Agnès, âgée d’à peine 16 ans, devenait ainsi
la troisième épouse d’Amaury et apportait dans cette nouvelle famille, et pour environ de 200 ans,
l’héritage de Gui le Rouge.
7. Les Montfort et Bréthencourt (cf aspects historiques
et notices particulières)
7.1. Amauri III
Après quelques années de
rébellion, Amaury de Montfort se rallia à Louis VI. Les deux avaient un même ennemi :
le puissant duc de Normandie et roi
d’Angleterre. Mais un revers de fortune accabla (1127) Etienne de Garlande :
ayant perdu la confiance du roi, il prétendit cependant donner sa place de
sénéchal à son neveu de Montfort. Devant le refus du roi, Garlande et Montfort
se révoltèrent. Mais Louis VI enleva le château de Livry et une guerre s’ensuivit
pendant 3 années. On ignore si Louis
revint à Rochefort et à Bréthencourt. Sept ans plus tard, Amaury
décédait après une vie
mouvementée, et allait reposer à
l’abbaye des Hautes Bruyères, fondée pour Bertrade par les Montfort.
7.2. Simon III
Simon III de Montfort succéda bientôt à son frère Amaury III, mort sans postérité, dans la
lutte qui allait reprendre entre les Capétiens et les Anglo-Normands. Simon se
tourna vers ceux-ci et, malgré la foi jurée à son roi, livra à l’ennemi ses
châteaux de Montfort, Epernon, Rochefort et Bréthencourt. La frontière
anglo-normande suivait alors la lisière de la forêt de Dourdan.
Simon resta toute sa vie fidèle au roi d’Angleterre. Fait prisonnier à Aumale par Philippe d’Alsace, il dut (selon l’usage féodal) se racheter aux dépens de ses sujets de Rochefort, Bréthencourt et ailleurs. Il assista à la réconciliation de Louis VII et d’Henri II, puis rentra en grâce près du roi de France. Après sa mort (1137), il fut inhumé à Evreux.
Le cadet obtint la seigneurie de Beynes et la châtellenie de Bréthencourt.
Quoique mouvant toujours de Rochefort, la châtellenie de Bréthencourt allait connaître une histoire un peu plus indépendante.
Suivant un usage féodal, la veuve d’Amaury, Amicie de Leicester, épousa Guillaume des Barres, connu pour sa conduite à Bouvines. Le nom de Guillaume des Barres figure incidemment dans un témoignage recueilli au cours d’un procès entre Corbreuse et Bréthencourt, en 1224.
7.3. Gui de Montfort
Le troisième fils, Gui, héritier de Bréthencourt, était sans doute mineur à la mort de son père, car il ne lègua rien à la cathédrale d’Evreux pour l’entretien des lampes qui doivent brûler perpétuellement sur le tombeau de Simon III. II est probable aussi que, pendant sa minorité, sa mère et son beau-père administrèrent Bréthencourt.
Sceau de Gui, troisième fils de Simon III (cf sigillographie)
Gui suivit (1190) en croisade Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion (Dion). Un incident arriva pendant une escale en Sicile : Guillaume et Richard luttaient par jeu, mais Richard fut battu. Furieux de cet affront, il exigea le départ de Guillaume. Mais Philippe Auguste tenait à garder Guillaume des Barres, et il dut aller supplier Richard afin de le faire revenir sur sa décision. Après avoir pris part au siège d’Acre, Gui et Guillaume rentrèrent en France avec le roi. Au tournoi d’Ecri, en Champagne (1198), Guy se croisa à nouveau et partiten Orient avec son frère Simon IV de Montfort.
Les croisés qui prennent la route de Venise (1202) n’ont pas assez d’argent pour payer le passage en Terre sainte. Pour obtenir l’aide des Vénitiens, ils durent s’engager à reprendre aux Hongrois la ville de Zara. C’est devant cette localité que s’ébauche la renommée fera des Montfort, et notamment celle de Simon.
En effet, au nom du pape, Gui,
abbé des Vaux de Cernay, défend fermement aux croisés de s’attaquer à la ville,
tenue par des chrétiens. La plupart des chevaliers entendent tenir leur parole
envers
Mais son frère Gui ne le suivit
pas. En effet, Gui s’unit à l’une des plus anciennes famille franques établies
dans le Levant, les Balian d’Ibelin qui, comme d’autres familles, s’étaient
adaptés au milieu oriental : « une
grande dame veuve, Helvis ou Héloïse, dame de Saète [Sidon] se
maria avec un grand homme venu de
France. Philippe naquit dans un « casal » près de Saete, nommé Serfent. A l’âge de
cinq ou six ans, il perdit sa mère,
et son père l’emmena en France , où il fut élevé et il devint un grand cavalier » (selon Amadi, historien
italien).
$$$
Son frère Simon, devenu le chef de la croisade contre les Albigeois, appela Gui en Languedoc. Une singulière anecdote nous apprend comment Simon avait été entraîné dans cette véritable croisade, mais cette fois, contre un peuple chrétien. Le légat du pape, Castelnau, ayant excommunié le comte de Toulouse qui se montrait trop favorable à l’hérésie cathare, fut assassiné par un officier du comte. Philippe Auguste se gardant d’intervenir, le pape leva une véritable armée destinée à chasser le comte de Toulouse de sa terre et à confisquer ses biens. Un des personnages, chargé d’entrainer des seigneurs à cette fin, était l’abbé des Vaux de Cernay, qui connaissait bien Simon, dont il était le voisin et l’obligé.
L’abbé revevenait un jour d’une visite auprès duc de Bourgogne. Celui-ci avait remis des lettres dans lesquelles il demandait au comte de Rochefort (et non de Montfort, comme l’écrit Pierre) de s’engager avec l’année du Christ contre les hérétiques. Au cas où il recevrait une réponse favorable, il lui faisait de grands dons et lui en promettait d’autres encore. Le dit abbé « trouve le Comte dans l’église de Rochefort, ville forte de son domaine, occupé de certaines affaires. Comme l’abbé lui demandait de venir à part pour lui montrer la lettre du duc, le comte traverse le choeur et, poussé par une inspiration divine, saisit le psautier qu’il trouve sur le lutrin. Il l’ouvre intentionnellement, posant le doigt sur la première ligne, il dit à l’abbé Expliquez ce passage. Le psaume de l’Ecriture était celui-ci : Dieu a ordonné à ses anges de te protéger dans toute tes voies, contre la pierre. Que ce fut là disposition providentielle. La suite de cette histoire l’a amplement confirmé » ajoute l’historien, et surtout, Simon en était entièrement convaincu.
La croisade en Albigeois (cf ) (ajouter ce qui suit)
Amaury ne put conserver l’héritage de son père. Après avoir signé une trêve avec le comte de Toulouse, il revint en France en 1223, tellement dépourvu d’argent qu’il fut obligé de laisser son oncle Gui en gage à des marchands d’Amiens à qui il avait fait un emprunt. Cependant, l’intervention du roi Louis VIII en Languedoc allait remettre les Montfort en possession du Sud de l’Albigeois, avec Castres et le château de Roquecourbe.
Gui revint en Languedoc avec le roi qui lui confia la garde du Narbonnais. En 1227, guerroyant dans le comté de Foix, il est tué par une flèche devant Varilles. Son corps fut ramené en France et inhumé à l’abbaye des Hautes Bruyères parmi les sépultures des Montfort, sous le nom de Gui de Sagette ou de Sidon.
Quelques actes dispersés dans les cartulaires, portant son nom, indiquent qu’en 1220, il confirma, en tant que seigneur de Bréthencourt, une donation faite à l’abbaye de Port Royal par Guillaume de Meshaudebout, son vassal.
En 1224, un acte indique qu’il avait
épousé Briende, veuve de Lambert, seigneur de Lombers, et qu’il donnait à Port Royal
20 sous de rente à prendre sur des biens qu’il possédait à Gometz. Son nom
apparaît dans une controverse qui eut lieu la même année entre Corbreuse et St Martin
; il était alors écuyer. A sa mort, il laissa la seigneurie de Beynes en
douaire à sa veuve Briende. A une date inconnue, celle-ci céda à ses deux
filles, religieuses à Port Royal, une rente de
7.4. Philippe de Bréthencourt
Au traité de Meaux, en 1229, qui mettait fin à la guerre du Languedoc, Philippe, qui s’y trouvait avec son cousin devenu connétable, reçut en fief le Sud de l’Albigeois, sauf Albi qui demeura sous le service de 10 chevaliers. Tout cela faisait partie des domaines des Trencarel ainsi définitivement dépossédés. C’est l’origine du comté de Castres. Il avait épousé Eléonore d’Auxerre, fille d’un empereur de Constantinople et descendant de Louis VI.
Ainsi, 150 ans environ après le divorce dramatique de Lucienne et de Louis VI, la famille de Rochefort s’unissait à celle des Capétiens.
Cousin du connétable du roi, seigneur de nombreux fiefs parmi lesquels Bréthencourt fait petite figure, Philippe devient un des plus grands personnages de l’entourage du roi, devenu veuf en 1230, et se laisse reprendre à la nostalgie de l’Orient.
Mais en 1239, avant de partir
avec le roi de Navarre et son cousin Amaury, il règle l’avenir de son fils
Philippe. Il le confie pour 7 ans à Guillaume
Sceau de Philippe II de Bréthencourt
(cf sigillographie)
Revenu en Orient, Philippe retrouve le climat de son enfance ainsi qu’une nombreuse et puissante parenté, parmi laquelle il faut citer son demi-frère, un Ibelin, fils comme lui d’Helvise.
Mais Jérusalem a été reprise par les Infidèles. Dans le pays déchiré par des rivalités de seigneurs et de villes comme Venise, Pise, Gênes, des hommes peu scrupuleux prirent une place de premier plan.
A Damiette, avec Louis IX (futur St Louis), Philippe est chargé de s’entendre avec le sultan sur le montant de la rançon du roi. Pour son propre compte, il enlève la ville de Tyr qui devient le plus riche entrépôt des Génois. Le but des croisades était bien dépassé puisqu’il n’hésitait pas à engager des archers musulmans, et il se serait même entendu avec Bathara, chef des Mamelouks, pour reprendre ensemble la ville d’Acre aux Vénitiens, ses ennemis acharnés.
Philippe revint une fois en France et déposa en grande pompe sur l’autel de l’abbaye de Joyenval des reliques de St Barthélémy. Bréthencourt était pour lui relativement secondaire.
Ayant épousé Marie d’Antioche,
descendante des rois d’Arménie, il devint seigneur de Thoron, dont il a pu
avoir relevé les murs. Il avait laissé (1254) l’administration de ses fiefs de
France et du Languedoc à son fils, Philippe, se réservant toutefois
Philippe trouva une mort tragique
(1269) sous le poignard des envoyés du « Vieux de
Attiré lui aussi par les pays lointains, il avait suivi Charles d’Anjou, frère de St Louis, à la conquête du royaume de Naples, ce qui lui avait rapporté (juillet 1270) le comté de Squillace, en Calabre. Il accompagna de même Charles d’Anjou à Tunis pour y secourir St Louis. A leur arrivée (25 août 1270), St Louis était mort de la peste. La même maladie emporta Philippe (25 septembre suivant). Son coeur fut déposé dans l’église St Vincent de Castres, les Hautes Bruyères étant abandonnées par les Montfort.
Il avait épousé Jeanne de Lévis qui fut désignée comme tutrice de ses 3 enfants : Jean, Simon et Eléonore.
Jean, comte de Squillace et de Montescagioso, par son mariage avec la fille du chambellan du royaume de Naples, alla lui aussi donner de grands coups d’épée en Terre sainte, en Calabre et en Angleterre, où Simon VI de Montfort, fils de Simon IV, avait tenu tête à Henri III et peut avoir été à l’origine d’un système politique nouveau (cf histoire).
De Jean ont émané quelques actes
intéressant Bréthencourt et son prieuré. Le plus important (1295) est localisé au
château de Roquecourbe, près de Castres (résidence habituelle de cette branche
de Montfort). Sur le conseil de son oncle, Gui de Lévis, de son ami, Jean
d’Auneau, seigneur de Denisy, et de Jean de Burlats, Jean assigne à sa soeur,
pour sa part dans la succession de son père, la châtellenie de Bréthencourt
estimée à
Par le mariage d’Eléonore avec Jean
V, comte de Vendôme, la châtellenie sortit de la famille de Montfort. Par la
suite, un arrangement qui fut signé au sujet de
8. La châtellenie de
Bréthencourt (sceau de la châtellenie)
Faute de documents, on ne peut avoir qu’une image assez floue de la vie à Bréthencourt et dans sa châtellenie. On ignore la superficie
exacte du territoire sur lequel
s’exerçait la justice du seigneur et où étaient perçus ses droits féodaux.
Un terrier (XVIIème) en fait mention. De nombreux droits
exigés au XIIIème avaient
disparu à cette époque, où la féodalité a décliné. On esquisser cette
description à l’aide de ce terrier et de quelques actes de donations qui ont subsisté.
La châtellenie comprend le
territoire actuel de Bréthencourt, mais s’étend aussi sur Allainville, Hatonville,
une partie de Paray, Souplainville, Noir Epinay. Le fief de
A l’Est, les contestations n’ont pas manqué, d’autant plus qu’il s’agissait ici des paroisses appartenant à la châtellenie de Dourdan, avec laquelle les rapports furent souvent tendus. II semble qu’à une époque antérieure, les prés de la haute vallée de l’Orge aient servi de pâturages communs aux animaux de Corbreuse, de Ste Mesme et de Bréthencourt.
Maîs les seigneuries, et par la suite, tous les autres droits, s’y enchevêtrèrent dune façon d’autant plus extraordinaire que les limites des paroisses ne correspondent nullement à celles des seigneuries. Par exemple, le Moulin de Ville et le Moulin Neuf, quoique sur la rive gauche de l’Orge, sont de la seigneurie de Corbreuse, mais de la paroisse de St Martin. Quant au Moulin du Gué, il appartient à la censive du Bréau. On peut imaginer les conflits qui se sont élevés entre les seigneuries rivales. Le plus important fut celui qui dura de 1180 à 1224, et l’histoire se trouve dans les archives de ND de Paris, propriétaire de la seigneurie de Corbreuse. Ses archives sont mieux conservées que celle de Bréthencourt et plus complètes.
Dans un acte de 1167, Simon, comte de Rochefort, accorde des libertés au gens qui habitent sur les terres du prieur de St Arnoult. Mais il se réserve certains droits : en particulier, les gens du prieuré devront obéir aux ordres de Simon et de son fils quand ils seront appelés aux armes pour la défense des châteaux de Rochefort et de Bréthencourt.
Le seigneur possède aussi un péage à Bréthencourt, et il a droit de permettre ou non à ses vassaux les ventes et les donations. Entre 1140 et 1180, on le voit d’ailleurs confirmer le don de 2 muids de blé sur la dîme d’Allainville à la léproserie du Grand Beaulieu, par Renaud et Gautier de Garancières, mais il se réserve expressément les droits qu’il tient de la châtellenie de Bréthencourt.
La châtellenie possède également ses propres mesures de quantité. Ce sont celles de St Arnoult, mais elles diffèrent de celles de Corbreuse, Dourdan ou Chartres : on utilise la « charrue », soit 9 muids (1 muid = 12 setiers, 1 setier = un peu moins de 50 ares). On employait précédemment « l’ânée », qui a dû être abandonnée au moment (circa 1150) où le cheval devient d’un emploi général. Pour les prés et les vignes (il y en a eu à Bréthencourt), la mesure utilisée est l’arpent, comme en région parisienne et à Dourdan.
9. Liste des seigneurs de Rochefort et de Bréthencourt (Auvray)
1. Gui de Montlhéry dit « le Rouge ». Epouse Adélaïde, comtesse de Rochefort (1108)
2. Gui de Rochefort (1108-1119 ?)
3. Agnés, sa soeur, épouse Anseau de Garlande (1104 ?)
4. Agnès épouse, en 1120, Amaury de Montfort
5. Amaury IV (1137-1140), mort sans postérité
6. Simon II (1140-1180). Epouse Amicie de Leicester qui, en secondes noces, se marie avec Guillaume des Barres
7. Gui, troisième fils, hérite de Bréthencourt et de Beynes. Epouse Helvis, dame de Silon. Mort en 1229
8. Philippe Ier, fils du premier mariage. Epouse Eléonore d’Auxerre, puis avec Marie d’Antioche. Mort à Tyr en 1269
9. Philippe II, fils du premier mariage. Epouse Jeanne de Lévis. Mort à Tunis en 1270
10. Jean, mort sans postérité en 1301
11. Eléonore, sa soeur. Epouse le comte de Vendôme. Morte après 1323
12. Bouchard VI de Vendôme. Epouse Alix, fille du duc de Bretagne, puis avec Yolande de Montfort, Mort en 1354
13. Jean IV. Epouse Marie de Ponthieu, dame d’Epernon. Mort en 1366
14. Bouchard VII de Vendôme. Epouse
Isabelle de Bourbon, fille du comte de
15. Jeanne de Vendôme, morte en 1373
16. Catherine, sa soeur, se marie
avec son oncle, le comte de
17. Deuxième fille. Enlevée par Jean de Croix, seigneur de Paray. Noyée
18. Vente de Bréthencourt à Robert
de
19. Claude de Beauvoir reçoit Bréthencourt du roi d’Angleterre (1424)
20. Claude Sanguin, bourgeois de Paris, propriétaire de Bréthencourt (circa 1425)
21. Bernard d’Armagnac reprend possession de Bréthencourt
Par la suite, les Sanguin reprirent Bréthencourt. Une de leurs filles épousa Malet de Graville et lui apporta Bréthencourt.
Bibliographie
Allec (abbé -), « Notice sur Paray-Douaville et description de son église », Imprimerie de Guiraudet et Jouaust, Paris, 1849
Pages 11-12 : « extraits d’un inventaire des titres du prieur de St Martin de Brethencourt,
seigneur de Paray.
Mars, 1235. Accord fait par devant Guillaume d’Auneau, entre Alexandre
de Longchêne, Geoffroy Jasmin et le prieur de St Martin de Brethencourt,
relativement à la taille à lever sur les hommes de Paray.
Août 1294. Vente par les frères Perrin, Guillaume et Colin de
9 septembre 1409. Vente, par
Guillaume Marcille au prieur de St Martin, d’une maison assise à Paray.
13 juin 1414. Vente, par Thevenin Hardouin et sa femme au prieur de St
Martin de Brethencourt, du quart de la mairerie
de Paray.
Le revenu du prieur de St Martin de Brethencourt en sa seigneurie de
Paray, consistait :
En un champart, à percevoir à lui seul, sur 7 muids 9
septiers 3 minots, 7 perches et demie de terre aux champs, suivant l’accord et
partage fait entre les coseigneurs de Paray.
Plus 6 poules, le tiers d’un quart et demi-tiers et un seizième de
poule.
27 sous et 47 deniers de cens.
42 minots et demi sur 50 d’avoine, appelés droit d’avenage, pour sa part de ce qui se perçoit entre lui et les coseigneurs ... »
Auvray Emile (1890-1980), « Saint Martin de Bréthencourt. Son histoire », 1958 (Imprimerie Vial, mai 1997)
(passim)
Douet d’Arcq L., « Collection de sceaux », tome 2, Henri Plon, Paris, 1867
Page 273 : « n° 5009. Bréthencourt
(chatellenie de) (1401) Fragment de sceau d’environ
Ecole des Chartes, Bibliothèque, n° 28, 1867
Page 502
Guérard, « Cartulaire de l’église ND de Paris », volume 4, Imprimerie de Crapelet, Paris, 1850
Page 419 : « Sanctus Martinus
prope Corborosam, Saint Martin de
Bretucourt ou Bretencourt, Seine
et Oise, arrondissement de Rambouillet, canton de Dourdan »
Guyot Joseph, « Chronique d'une ancienne ville royale. Dourdan, capitale du Hurepoix », Auguste Aubry, Paris, 1869
Page 62 : « L’automne de 1428 est pour Dourdan une date
néfaste. Les étrangers [Thomas de Montaigu, comte de Salisbury, récemment créé
comte du Perche par le roi d’Angleterre, reçut l’ordre de marcher contre
Orléans], vainqueurs impitoyables, se ruant tour à tour sur Bretancourt, Rochefort et toutes les villes voisines dont ils égorgeaient les
habitants, arrivèrent un jour devant Dourdan au nombre de 10 000 »
Page 103 : « Jehan de Lescornay, sieur du Mont, se voit
remettre (28 janvier 1593) un certificat par M. de Ste Colombe, maréchal des
Logis de M. de Sourdis. Ste Colombe atteste que Lescornay « est et a
toujours esté bon serviteur du roi » ; que lui-même l’a vu réfugié,
lors du siège, dans le château de
Brétencourt, appartenant au chancelier Huraut
de Cheverny ... »
Page 353 : St Martin de Brethencourt comporte (en 1869) 640
habitants
Page 375 : « Rochefort
en Yveline est une des capitales de la féodalité ; c’est la féodalité
vivante. Ce n’est pas un village, c’est une ville seigneuriale. Les ruines qui
couronnent sa tête, les maisons aux grandes portes armoriées qu’on rencontre
dans ses rues montueuses, la fière position de son église, le vaste parc de son
château, tout révèle une cité qui a eu de nobles maîtres et qui vit aujourd’hui
des souvenirs d’une ancienne histoire. Cette histoire, nous ne l’aborderons pas
ici ; elle mériterait un ouvrage spécial. C’est à peine si nous la
résumerons en quelques lignes.
Les murailles du vieux château, dont les pans ruinés forment une
enceinte bizarre et irrégulière autour du sommet allongé de la colline, rappellent l’ancienne
disposition de l’oppidum gaulois.
Les possesseurs de la contrée ont dû, dans tous les temps, profiter de ce poste avantageux pour commander le pays, et, bien
avant la féodalité, les légendes nous parlent du lieu d’Hibernie, dominant
Aux Roucy, aux
On sait les rôles politiques et religieux, les fortunes et les
scandales de cette maison de Rohan, de ces princes de Guémenée, ducs de
Montbazon, courtisans en faveur, hommes de guerre ou de plaisir. Rochefort a vu
et gardé pendant cinq ou six années à peine
le dernier monument de leur luxe, le splendide château terminé en 1787 et peu
après démoli par les fureurs populaires. Une aile, en face de laquelle on
montre encore la « maison du cardinal » forme aujourd’hui
l’emplacement du château habité par M. le comte Alfred de
Page 385 : St Martin de Brethencourt : « ce double nom
rappelle les deux parties distinctes et voisines d’une même paroisse. Bretencourt, Breteucourt, Bertrancourt
(Bertoldi, Berto Curia), est un gros hameau qui est séparé par
La châtellenie de Bretencourt, qui embrassait un territoire assez
étendu et comprenait Ablis et Auneau en partie, suivit le sort de la seigneurie
de Rochefort et passa, comme elle, aux Montfort. Devenue, en 1181, l’apanage de
Gui, troisième fils de Simon III, elle passa, par sa petite-fille Eléonore, à la maison de
Vendôme, qui la posséda jusqu’à la dernière année du XIVème siècle. Tenue alors
par Sanguin, bourgeois de Paris, et son gendre Gilles Malet, vicomte de
Corbeil, elle eut à souffrir, comme Dourdan, en 1428, du terrible assaut de l’impitoyable
Salisbury. Acquise par les Hurault de Cheverny, elle fut revendue, à la fin du XVIème siècle, à la famille de l’Hospital-Ste Mesme. C’est au
château de Bretencourt que nous avons vu Lescornay se retirer, en bon royaliste,
pendant le siège soutenu à Dourdan contre Henri IV, en 1591.
On montre encore à Bretencourt la place dcs fourches patibulaires, le
vieux puits du château avec un chemin souterrain, la place de l’ancienne
chapelle Ste Madeleine, devenue le rendez-vous d’une fête, et celle de la
chapelle St Jacques, près de laquelle se voient de magnifiques caves. Dans un
terrain proche du château, le sol d’un ancien cimetière est facile à
reconnaître. Au milieu d’une terre noirâtre, on rencontre des débris et parfois
de petites lampes ou godets en terre rouge terminés en pointe.
A St Martin, les
souvenirs de l’ancien prieuré sont encore vivants. Près de l’église, dont on remarque la belle tour carrée et
quelques sculptures intérieures, une maison porte encore le nom de prieuré. Chapelle communiquant avec
l’église, portail, vieilles murailles, caveaux, fontaines, font aujourd’hui
partie d’une demeure particulière et sont enclavés dans des jardins. Les
célestins d’Esclimont avaient une ferme non loin de là.
Au-dessus de St Martin, les terres de la ferme de
Hozier xxxx d’-, « Armorial général », ou « Registre de la noblesse de France », volume 7, Complémentaire, Deuxième partie
Typographie de Firmin-Didot frères, Paris, 1868
Page 149 : « famille
de Louvencourt, anciens seigneurs de Hancourt, de Pierrecleuée, de Brethencourt, de Pissy, de Ville, de Gournay, d’Inval, du Saulchoy, de
Cléry, de Vaulx, de
Armes anciennes : d’or à 3 têtes de loup arrachées de sable.
Armes nouvelles : d’azur à la fasce d’or, chargée de 3 merlettes
de sable & accompagnée de trois croissants d’or, 2 en chef & 1 en
pointe. Supports : 2
lévriers, alias 2 lions. Couronne de marquis.
Maison originaire de Picardie, qui fut maintenue dans sa noblesse par
plusieurs jugements, en 1701, 1702 &
1703. & fit ses preuve pour
Parmi les membres de cette famille anciennement mentionnés dans les
chartes & les auteurs, nous citerons :
Quintin de Louvencourt,
qui assista en 1106 à la
dédicace de l’église d’Arronaise, avec plusieurs chevaliers de l’Amiénois.
Achard de Louvencourt,
chevalier, assiste comme témoin avec Renaut de St Valéry en 1144 à une donation faite aux moines
d’Authie.
Asselin de Louvencourt,
chevalier de l’Amiénois, se croise en 1191.
Beaudoin de Louvencourt
& Agnès, sa femme,
reconnaissent, en novembre 1223, un
don qu’ils ont fait de 28 journeux de terre sis à Louvencourt.
Enguerrand de
Louvencourt assiste au siège d’Oisy en 1254.
Enguerrand de Louvencourt,
chevalier, grand bailli de Lens en 1346.
Regnaul & Colard de
Louvencourt servent comme écuyers en 1355 & 1363.
Le frère aîné de Charles, seigneur
d’Hancourt, qui forme le premier degré de la généalogie (ci-après nommé) Clément de Louvencourt, seigneur de
Thérouanne & de Castillon, fut l’auteur d’une branche éteinte vers 1700,
qui prit ses principales alliances avec les Aguesseau, Biencourt, Cambray, Canteleu, Flesselles, Maupin, St Mesmin, Sacquespée, Trudaine, &c.
Plufieurs de ses membres ont joué un rôle important à Amiens. Parmi eux nous
citerons Augustin de
Louvencourt, prévôt royal d’Amiens & plusieurs fois mayeur & échevin
d’Amiens. Il contribua puissamment à faire rentrer cette ville sous
l’obéissance de Henri IV qui le confirma dans sa noblesse en 1594.
François de Louvencourt,
écuyer, seigneur de Vauchelles & de Bourseville, trésorier de France &
général des finances en Picardie, mayeur d’Amiens en 1623 & 1624.
Antoine de Louvencourt,
conseiller trésorier général & maître d’hôtel ordinaire du roi en 1633
& 1639, &c »
Nayral Magloire, « Biographie et chroniques castraises », tome 1, Imprimerie de Vidal Aîné, Castres, 1833
(page 231)
Pradel Ch., « Les antiquitez de Castres de maistre Pierre Borel », Académie des bibliophiles, Paris, 1868
Page 53 : Epitaphe de sa [Jean de Bourbon] femme : « Cy
gist tres-haute et vertueuse dame Catherine, fille de tres-puissant messire Jean, comte de Vendosme et de Castres,
seigneur de Lusignan et de Brethencourt,
et de noble dame Jeanne de Ponthieu,
lequel monseigneur le comte fut fils de tres-haut et puissant seigneur messire
Bouchard, jadis comte et seigneur des dites terres, lequel fut fils du comte
Jean de Vendosme et de madame Alienor, fille du bon comte de Montfort, lequel
eut pour espouse madame Alix, fille au grand duc de Bretagne et de la reine
d’Escosse. Et madame Jeanne de Ponthieu dessus nommée fut fille du comte
d’Aumale et de madame Catherine, fille du comte d’Artois, laquelle madame
Catherine fut espouse de monseigneur Jean de Bourbon, comte de
Richebourg Charles A. Bourdot de -, « Nouveau coutumier général » ou « Corps des coutumes générales et particulières de France et des provinces connues sous le nom des Gaules », tome 3, Chez Michel Brunet, Paris, 1724
Pages 141 et suivantes (Coutumes du comté et baillage de Montfort l’Amaury,
etc)
Page 159 : « Aussi sont comparus les manants et habitans des
villes et villages desdicts baillages et comté de Montfort. Assavoir ... De
Rochefort par maistre Jacques Eschallats leur procureur, assisté du dit
Maheas ... De sainct Martin de Brethencourt
par Gaulvain Filleul marguillier et
proviseur de l’église du dit lieu, assisté du dit Bonichon »
Simon (abbé -), « Histoire de Vendôme et de ses environs », tome 1, Henrion-Loiseau, Imprimeur-libraire, Vendôme, 1834
Page 155 : sous Jean VI,
dix-neuvième comte de Vendôme. « Jean VI du nom, comte de Vendôme et de
Castres, seigneur de Lusignan en Narbonnais, de Brétencour, etc »
Page 159 : sous Bouchard
VII, vingtième comte de Vendôme : « ils [les Vendôme] étaient
alliés avec les maisons de Ponthieu, de Bretagne, de Montfort, de Royes, de
Mayenne, de Dreux, de Châteaudun, de Chabannes, etc »
Société archéologique de Rambouillet (SAR), « Mémoires », 1870-1972
Contient : Auguste Moutié, « Le château de Chevreuse et les deux chapelles de Ste Marie Madeleine » (pages 13-31)
Société française d’archéologie, « Bulletin monumental », Derache, Paris (Le Brument, Rouen ; chez F. le Blanc-Hardel, Imprimeur-libraire, Caen), 1868
Pages 346-347 :
« La noblesse du XIème siècle
se contenta d’augmenter la force et la hauteur de la grande salle de son
habitation pour se faire un donjon, et de remplacer la palissade
d’enceinte par un mur de pierres. Et encore au commencement du XIIème siècle
l’enceinte extérieure du Puiset et de plusieurs autres châteaux était une baie
formée de forts pieux. Nous avons vu que les remparts de Chaumont, de
Courcelles et du donjon de Gisors sont circulaires sans flanquements ; le
Château sur Epte n’a d’autres tours saillantes que ses deux
portes ; enfin, je peux citer dans Seine et Oise, Rochefort, Brétencourt,
Ces châteaux suffisaient parfaitement pour arrêter les chevauchées que
les barons faisaient réciproquement sur leurs terres, mais ne pouvaient
résister à une armée munie des engins de siège dont l’usage se généralisa au
commencement du XIIème siècle.
M. de Caumont a fait voir que ces progrès datent de la première croisade. Les
chevaliers avaient vu, dans cette longue expédition les remparts de
Constantinople ; ils avaient dû faire les efforts les plus soutenus et
employer des moyens nouveaux pour eux, pour s’emparer de ceux d’Antioche et de
Jérusalem ; à leur retour, ils cherchèrent naturellement à utiliser ces
nouvelles connaissances pour fortifier leurs châteaux ou pour attaquer ceux de
leurs ennemis »
Société française d’archéologie, « Congrès archéologique de France, XXXIVème session, Séances générales tenues à Paris en 1867 », Derache, Paris (chez F. le Blanc-Hardel, Imprimeur-libreaire, Caen), 1868
Pages 78-79 : « A la fin du XIème siècle, Guy, comte de
Rochefort en Iveline, fit construire un château à Brétencourt, non loin du château royal de Dourdan, qui le menaçait.
Il n’en reste que des ruines que l’on est en train de faire disparaître. Sur un
côté d’une première enceinte circulaire assez étendue, un large fossé détache
une seconde enceinte longue de
Tous les donjons normands, angevins et anglais doivent dériver d’un
type primitif analogue. Sans doute, ils sont plus hauts, plus massifs ; la
commodité du logement y est sacrifiée à la nécessité d’une meilleure défense;
mais toujours on y retrouve le caractère d’habitation. Ils conservent, comme
signe évident de cette origine, les contreforts plats que l’on continuait d’y
appliquer par habitude et non à cause de leur utilité. Ces contreforts sont
reproduits avec tant de persistance et de régularité, que l’on peut baser sur
leur nombre la division des donjons d’habitation.
1.
Nous mettrons d’abord de côté
tous les donjons rectangulaires sans contreforts, plus communs à l’Etranger
qu’en France. Je citerai celui de Gand, représenté par M. Schayes, dans son Architecture en Belgique, et celui d’Ilanz, au canton de Fribourg, en Suisse, beaucoup plus moderne, mais présentant
parfaitement le caractère de maison.
2. Les donjons de Chevreuse et de Brétencourt ont quatorze contreforts, quatre sur
chacun des grands côtés, trois sur les petits. On retrouve le même nombre et la
même disposition à Beaugency, Loudun,
Nogent le Rotrou, Ste Suzanne et Clermont en Beauvaisis.
3. Des donjons plus considérables ont un plan carré avec quatre ou cinq
contreforts par face. Ainsi, Chauvigny et Boussac en ont seize ; Broue en a
vingt »
Autre Bréthencourt
Il existe d’autres lieux appelés Bréthencourt (ou selon les variantes de ce nom).
Caffin Benoît, « Annuaire statistique et administratif du département du Pas de Calais pour 1846 », Brissy, Imprimeur-libraire, Arras, 1846
Page 344. « Sur la commune de Rivière, les hameaux situés sur la rive droite du Crinchon étaient Bellacourt, Bellacordel et Brétencourt »
Page 345. « En 1250, un seigneur de Vimy, nommé
Dargicourt, propriétaire de la dîme de Brétencourt, en donna une portion pour
aider à la construction, en ce hameau, d’une chapelle, sous l’invocation de St
Eloi, et où se célébraient 3 messes par semaine.
En 1731, le titulaire de ce bénéfice était un chanoine d’Arras nommé
Guillemain. Il fut attrait par devant les tribunaux par M. de Briois, alors
avocat général, seigneur de Brétencourt, pour se voir condamner à célébrer les
3 messes dans la chapelle, et non ailleurs, comme l’avaient fait ses
prédécesseurs dont il suivant l’exemple.
...
La terre de Brétencourt avait appartenu à la famille de Warluzel dont les armes ont longtemps figuré sur les murailles de la chapelle »