Montfort l'Amaury

(29 / 06 / 2012)

 

4. Notices particulières

 

4.1. St Rémy l’Honoré : prieuré des Hautes Bruyères (Rabourdin)

 

Ville où se trouve le prieuré royal (ou abbaye) des Hautes Bruyères, qui devint le second lieu de sépulture de la maison de Montfort, à la suite d’Epernon.

 

Le prieuré royal des Hautes Bruyères [1], ou de Haute Bruyère, fut fondé (1112-1114) pour Bertrade de Montfort, épouse en premières noces de Foulques « le Réchin », duc d'Anjou, et, en secondes noces, de Philippe Ier, roi de France.

 

4.1.1. Situation et description

 

Le prieuré, situé sur la commune de St Rémy l’Honoré, est accessible en quittant la RN 10 de Paris à Chartres, entre Coignières et les Essarts le Roi, par une petite route serpentant sur la droite (donc vers l'Ouest).

 

* situation des Hautes Bruyères par rapport aux Essarts (le Roi) et au Fargis (Auffargis) et détail du plan du prieuré, selon l’Atlas de Trudaine (1745-1780) : « Chemin de Versailles à Montfort l’Amaury, ce chemin forme un embranchement à gauche sur la grande route de Bretagne, plus un embranchement depuis Montfort l’Amaury jusqu'à St Leger. Portion de route du bois de Montfort et St Léger » jusqu'à St Léger en Yvelines (« St Léger » ) (source : Archives de France, base ARCHIMED, F/14/’8448, planche 31).

 

La propriété est entourée d’un mur sur sa plus grande partie. Il est aujourd'hui constitué d'un grand parc contenant une ferme et une demeure privée du XIXème.

 

* portail de l’église du prieuré des Hautes Bruyères (1775) (source : BnF).

 

Un plan des anciens bâtiments fut établi (1691) par Jean Rosé, arpenteur royal, puis repris (1943) par A. N. Rabourdin :

 

* plan de Rosé et Rabourdin réinterprété (le prieuré en 1691) ;

 

* plan d'ensemble simplifié (situation du prieuré en 1943).

 

Façade de l’enceinte du prieuré (vue de droite à gauche) (photographie des années 1990) :

 

* porche d’entrée, niche et armoiries. A droite du porche d'entrée de la ferme, on observe en effet, dans le mur, une porte murée surmontée du blason (classé MH) représentant les armoiries du couvent : trois fleurs de lys (écu aux armes de France anciennes) surmontées d'une crosse ouvrant à droite, le tout entouré de deux branches de feuillage.

 

* angle situé à droite de la façade ;

 

* zone centrale de la façade (bâtiments habités) ;

 

* zone gauche de la façade, avec mur de clôture. Des contreforts plats adossés à la remise (ancienne grange du XIIIème) sont visibles sur la droite. La toiture de la remise a été détruite par un incendie (1778) et remplacée par un toit moderne ;

 

Intérieur de l’enceinte du prieuré (photographie des années 1990) :

 

* pignon de la remise (à gauche, après le porche) ;

 

* tourelle (guette) située au sommet du pignon. La statue visible sur le côté droit de la tourelle pourrait être celle de Simon IV de Montfort : selon une hypothèse de J. Labrot, il est possible qu'une sorte de pèlerinage « populaire » ait eu lieu aux Hautes Bruyères après la mort du « chevalier du Christ » (juin 1218) ;

 

* carte postale ancienne et détail de la statue (attribuée par l'éditeur à St Louis) ;

 

* linteau de l’ancienne porte d’entrée. Ce linteau est situé sous la tourelle précédente et appartient au pignon de la remise : une vierge drapée, gravée au trait sur la pierre du linteau, est représentée en position de majesté, devant une table comportant 2 cierges. La porte et son tympan sont protégés (classement MH du 25 / 01 / 1934).

 

Les structures monumentales de l’ensemble des bâtiments du prieuré peuvent être reconstituées à l'aide de diverses informations : une description des lieux lors de la vente de l'abbaye, comme bien public, à la Révolution ; le plan précédent de Jean Rosé (1691), extrait de l'ouvrage de A.N. Rabourdin ; des cartes anciennes du voisinage (carte des Chasses du Roy, 1765, et carte de Cassini, 1785) ; enfin, l'étude archéologique de la disposition actuelle des vestiges.

 

* reconstitution de François Scheidbach (colorisée par l'auteur) ;

 

* peinture par Mehmet Pinar (artiste-peintre, Venterol, 26 - Drôme).

 

4.1.2. Histoire

 

Fille de Simon de Montfort (premier du nom), seigneur d'Epernon, et d'Agnès d'Evreux, Bertrade (1070-1117), orpheline à 15 ans, « la plus belle femme du royaume » avait été « livrée » (1089) par son oncle, Robert dit « Courte Heuse », duc de Normandie, à Foulques IV, dit « le Réchin » (« de mauvaise humeur »), comte d'Anjou, en échange de plusieurs châteaux. De cette union naquit un fils, Foulques, qui devint roi de Jérusalem.

 

Lassée de ce mariage, Bertrade proposa à Philippe Ier, roi de France (1052-1108) de l'épouser (soit elle chercha à le séduire, soit le roi l'avait remarquée). A la suite d'une rencontre (4 juin 1092), Bertrade s'échappa de l'emprise de Foulques. Pour essayer de la reprendre, celui-ci attaqua Epernon, défendu par Simon II « le Jeune », comte de Montfort et frère de Bertrade. Simon balaya la troupe de Foulques, mais repoussa aussi l'attaque menée de flanc par son frère, Amauri III, seigneur de Houdan, qui, aidé par des Anglais de Courte Heuse, espérait lui ravir le comté de Montfort.

 

Philippe Ier et Berthe de Hollande (ou de Frise) (et non pas de Bertrade de Montfort) : détails d’un manuscrit français (XIVème) (source : BnF).

 

Urbain II excommunia Philippe Ier et Bertrade de Montfort à 2 reprises (Guy Breton). Mais il n'eut pas la volonté de renouveler cette sanction, malgré le manque de parole de Philippe et de Bertrade : en effet, étant en conflit avec l'empereur d'allemagne, le pape avait besoin de l'aide de Philippe.

 

Après diverses péripéties, Bertrade fut couronnée reine. Son sceau la représente vêtue d'une robe à manches longues et larges, tenant une fleur de sa main droite, un faucon posé sur son poing gauche, ses cheveux retombent sur ses épaules, la tête coiffée d'une couronne à trois fleurons. L'inscription est « SIGILLUM BERTRADE DEI GRATIA FRANCORUM REGINE ». Le couple revint dans le giron de l'Eglise seulement en 1106.

 

Bertrade eut 3 enfants de Philippe : l'aîné, Philippe, le cadet, Fleur ou Florus, dont on ne sait pas grand chose, enfin Cécile, qui épousa le comte de Tripoli. Certains auteurs leur attribuent même un quatrième enfant.

 

L'influence de Bertrade sur Philippe semblait très grande. Il ne défendit même pas son fils Louis, le futur Louis VI le Gros, contre Bertrade : cette dernière détestait Louis car elle voulait que son propre fils, un Montfort, succède sur le trône de France. Selon certaines chroniques, Bertrade fut même soupçonnée d'avoir voulu empoisonner Louis.

 

Philippe Ier, déjà malade depuis plusieurs années, mourut brusquement (29 juillet 1108) à l'âge de 56 ans, après avoir régné 48 ans (depuis 1060). Bertrade dût alors se réfugier à l'abbaye de Fontevrault pour éviter le ressentiment de Louis VI.

 

Quelque temps après (1112), Amauri III demanda à Louis VI de fonder avec lui un prieuré aux Hautes Bruyères à l’intention de Bertrade. Cette terre, située à l'extrémité du comté de Montfort, à la limite du Parisis, appartenait au domaine royal et avait été donnée en dot par Philippe à Bertrade. C’est alors que le prieuré des Hautes Bruyères fut institué. L'inimitié entre Louis VI et Bertrade n'était peut-être pas aussi tendue que ne l'ont décrite certain scribes, ou encore la retraite de Bertrade dernière signifiait pour Louis une mise à l'écart définitive de sa belle-mère.

 

Louis VI épousa d'abord, pour des raisons politiques, Luciane de Rochefort (en Yvelines), dont il divorça pour épouser ensuite Adélaïde de Maurienne. Luciane fut, elle aussi, enterrée aux Hautes Bruyères.

 

4.1.3. Liste des prieures des Hautes Bruyères

 

On n'indique ici que les noms des personnages directement liés à Montfort (source : Rabourdin).

 

4.1.3.1. Bertrade de Montfort (1114-1117 ou 1128 ?). A ses côtés se trouvaient :

 

4.1.3.1.1. Ermengarde, comtesse de Bretagne, fille (en premières noces) de Foulques le Réchin et de Lancette de Beaugency. Elle avait épousé (1092) Alain Fergent, comte de Bretagne, auquel elle donna 2 fils : Conan et Geoffroy « le Roux ». Elle était donc la belle fille de Bertrade, mais elles étaient cependant presque du même âge et vivaient ensemble à la cour du comte d'Anjou.

 

4.1.3.1.2. Jeanne Payenne, nièce de Bertrade.

 

4.1.3.1.3. Denise de Montfort, fille d'Amaury III, prieure en 1123 (1129-1157).

 

4.1.3.1.4. Elisabeth, sa soeur, qui avait été mariée à Raoul de Toénie (Tosny). Elisabeth de Bardoul-Montfort, veuve après quelques années de mariage, entra au couvent et y mena une vie très rude. Elle quitta les Hautes Bruyères pour diriger le monastère d'Acquigny, en Normandie, lui aussi de l'ordre de Fontevrault, qui fut fondé par son fils, xxxx, seigneur de Conches et de Toénie. Elle y mourut en 1132.

 

4.1.3.2. Quelques siècles plus tard, Marie Louise Célestine Mérode de Montfort fut prieure (n° 203, selon Rabourdin) de 1761 à 1765, dépositaire de 1766 à 1772, prieure de 1774 à 1778, discrète en 1781 et dépositaire de 1785 à 1786. Morena (Grand armorial de France) semble la faire appartenir à la famille de Lévis-Mirepoix (notice 21721), puisqu'il y est fait état d'une certaine Marie Ghislaine, comtesse de Mérode (cf aussi Montfoort, aux Pays-Bas).

 

4.1.4. Obituaire des Hautes Bruyères

 

Les premiers seigneurs de Montfort étaient d'abord enterrés à Epernon, au prieuré de la Trinité de Seincourt, fondé (1032) sur la paroisse de Hanches. Celui-ci fut remplacé (1053) par le prieuré St Thomas, qui fut rattaché à l'abbaye de St Martin de Marmoutiers, à Tours. A partir de la fondation des Hautes Bruyères, l'église, la salle capitulaire, le cloître et le cimetière (situé en contrebas de l'église vers la vallée) devinrent les lieux de sépulture de la famille de Montfort ainsi que d'autres personnages.

 

Le nécrologe des Hautes Bruyères est perdu. Molinié et Longuay ont publié dans les « Obituaires de la province de Sens » un manuscrit du XVIIème qui reproduit une liste de sépultures, relevée sur une copie de l'obituaire. Cette liste paraît rédigée dans une langue datant du début du XIVème : « Ce sont li hoirs de Montfort, qui gisent à Haute Bruyère, au châpitre ou au moustier et de ceux qui gisent en autres églises, dont nous faisons les anniversaires ». Elle mentionne les faits suivants.

 

4.1.4.1. Bertrade fut inhumée dans le choeur de l'église. Sa tombe était recouverte d'une dalle de marbre noir sur laquelle était une plaque de cuivre rouge ciselée. La tombe était encore visible lors de la destruction du couvent (1794), mais l'inscription, à demi effacée, n'a pas été conservée.

 

4.1.4.2. Amaury III fut le premier seigneur de Montfort à être enterré à Hautes Bruyères (1137), sous le chapitre situé au fond de l'église.

 

4.1.4.3. Amaury IV, son fils, qui lui succéda, mourut (1140) sans laisser de postérité. Il n'y a pas de mention de son enterrement aux Hautes Bruyères, pourtant vraisemblable.

 

4.1.4.4. Simon III, deuxième fils d'Amaury III, mourut en 1180 mais fut enterré dans la cathédrale d'Evreux. Amicie de Leicester, sa femme, avait épousé en secondes noces le chevalier Guillaume des Barres. Elle fut enterrée dans la salle capitulaire des Hautes Bruyères. Son effigie au trait fut représentée sur sa tombe, accompagnée de l'inscription suivante :

 

« Hic quiescit Amicia, qhondam comitissa Montfortis de Licestriae, cujus anima cum fidelibus Dei requiescat, Amen. Obit autem tertio nonas octobris »

(inhumation du 5 octobre 1216).

 

4.1.4.5. A sa mort, Simon IV de Montfort fut d’abord enterré dans une chapelle absidale de St Nazaire, basilique située à Carcassonne (11-Aude). Cette chapelle fut reconstruite plus tard en style ogival. La « pierre tombale » de sa sépulture y fut retrouvée en 1845. Après une attente de 6 ans à St Nazaire, ses ossements furent ramenés (1224) dans l'église des Hautes Bruyères et déposés à droite du maître-autel. Sur la dalle funéraire, son effigie fut représentée au trait et l'inscription suivante fut gravée à ses pieds :

 

« Simon iste comes. Fidei protector, Regis Militiae fames fuit. Hic discretio legis »

 

A un autre endroit, on pouvait lire :

 

« Dantur facto casuque cadum iterato Simoni sublato, Mars, Pâris atque Cato »

 

Cette pierre tombale, dont les inscriptions furent très effacées par le passage des fidèles, s'effondra au XVIIème. Quelques coups de pioche ont mis à jour les corps de Simon et de sa femme Alix, encore enveloppés dans du taffetas rouge, le comte à droite, la comtesse à gauche, dans un cercueil en bois de chêne à l'état pulvérulent. On releva les corps, on leur donna une nouvelle sépulture et le poète Claude Rabet écrivit sur la dalle une épitaphe qui rappelle la phrase latine précédente :

 

« Ce Simon, comme Mars fut de guerre un orage

Comme Pâris fut beau, Comme Caton fut sage,

Si qu'alors qu'il mourut, on disait d'une voix tous trois

Etre avec lui mort encore une fois »

 

* « Pierre tombale » de St Nazaire, à Carcassonne ;

 

* certaines inscriptions précédentes se retrouvent dans le texte d’une gravure de l’époque romantique qui représente Simon IV, gravure inspirée de la peinture (carton) de Simon Vouet (cf Bourdeilles, 24-Dordogne).

 

4.1.4.6. Alix de Montmorency, femme de Simon IV, décéda en février 1226.

 

4.1.4.7. Le comte Gui de Sagette, frère de Simon IV, décéda en 1229.

 

4.1.4.8. Le comte Gui de Bigorre, fils de Simon IV et père de Pétronille, dame de Rambouillet, qui fut tué au siège de Castelnaudary, gisait aux pieds de son père.

 

4.1.4.9. Amaury VI, fils aîné de Simon IV, continua la guerre contre les Albigeois mais finit par abandonner ses droits sur les terres du Sud au roi de France. Il ramena (1224) le corps de son père, Simon IV, aux Hautes Bruyères. Selon certains auteurs, le corps aurait été « cousu dans une peau de boeuf » ; selon d’autres, la coutume au Moyen Age était de bouillir le corps afin de conserver seulement les ossements. Amaury partit ensuite en Terre Sainte, mais il fut fait prisonnier au Caire. Lors de son retour, il mourut à Otrante (Italie). Son corps fut enterré, selon certains à St Pierre de Rome, selon d'autres à St Jean de Latran. Amauri légua son coeur aux Hautes Bruyères : les religieuses le placèrent (3 août 1241) dans une pierre taillée à son image, que l'évêque de Chartres, Aubri, déposa à gauche du maître autel de l'église prieurale, avec l'épitaphe suivant :

 

« Hic jacet in templo comitum generosa propago

Ecce fit exemplo nati genitoris imago ».

 

Sa femme, Béatrice d'Albon, mourut en décembre 1243.

 

* peinture de Henri Scheffer, qui a aussi été reprise sous forme de gravure, représentant le chevalier Amauri en haubert, recouvert de la tunique des croisés. Légende :

 

Montfort (Amaury, IVe du nom, Comte de)

Novembre 1230 Connétable de France † 1241

[Note : Amaury est numéroté comme étant le quatrième du nom].

 

4.1.4.10. Jean, leur fils, mourut de maladie en l'île de Chypre. Aussitôt après sa mort, il fut invoqué comme bienheureux et une église de Limassol aurait même pris le nom de St Jean de Montfort.

 

4.1.4.11. Béatrice de Montfort, fille unique de Jean, épousa Robert de Dreux qui mourut le 14 décembre 1282. Elle-même passa les dernières années de sa vie au prieuré des Hautes Bruyères, où elle mourut le 9 mars 1312. Sa sépulture portait l'épitaphe suivant :

 

« Ci-gist le corps de Madame Béatrice, jadis comtesse de Montfort et de Dreux, qui trespassa à la Roberdière, l'an de grâce 1310 (sic).

Priez tous que Diez par sa grace bone merci li face. Amen »

 

On remarque ici que la langue est française : en effet, on commença à écrire en français vers 1270, tandis que des textes latins tardifs se trouvent encore vers 1295 (cf charte lapidaire de St Arnoult, attribuée à Simon IV de Montfort).

 

Marie, la fille de Béatrice, qui avait épousé Mathieu de Montmorency, avait un service funéraire aux nones de mars, depuis 1311.

 

A partir de cette date, on n'enterra plus de seigneurs de Montfort aux Hautes Bruyères. Mais les prieures continuèrent à être enterrées dans le choeur de l'église, les religieuses dans le cloître, les religieux et gens de passage dans le cimetière du couvent.

 

La liste précédente n'est pas complète, car les enfants des comtes de Montfort furent nombreux. On n'y trouve donc guère que la filiation directe des titulaires de la terre de Montfort l’Amaury.

 

Entre 1311 et 1547 (date à laquelle le prieuré reçut en dépôt le coeur et les entrailles de François Ier, décédé cette année-là), période qui englobe la guerre de Cents Ans, on ignore l'histoire du prieuré. François Ier avait toujours gardé le souvenir de Fontevrault où il séjourna (1507) à l'âge de 13 ans. Il avait alors reçu sur le front une pierre lancée par-dessus le mur de clôture, ce qui faillit lui coûter la vie. Mais les soins de Gaucher de Ste Marthe, médecin de l'abbesse, Renée de Bourbon, finirent par le rétablir : ceci explique sa grande amitié pour les religieuses du lieu.

 

4.1.5. Le cartulaire des Hautes Bruyères

 

Les seigneurs de Montfort ne possédaient pas de chancellerie organisée (Rhein) : les actes qu'ils émettaient étaient souvent rédigés par les bénéficiaires eux-mêmes.

 

On a connaissance d'un acte parmi les plus anciens : il s'agit d'une donation d'Amaury III (1123), laquelle a disparu. Par suite, l'acte le plus ancien actuellement connu date de 1133. Le cartulaire des Hautes Bruyères contenait la copie des actes passés par le couvent, mais il a aussi disparu. D'autre part, les archives du couvent ont été classées (1791) par Claye, notaire à Garancières, et réunies dans 100 cartons, qui ont également disparu. M. Husson, chatelain du Mesnil St Denis (début du XXème) affirma au comte de Dion que ces documents seraient passés en Angleterre. Si les grandes lignes du chartrier des Hautes Bruyères ont pu être aujourd'hui reconstituées, c'est en recoupant les informations provenant (a) des cartulaires de Fontevraud, (b) des cartulaires de Beaurain, transformé en château du Mesnil St Denis par les Habert, et (c) du tabellionné de Montfort (lequel contient de nombreux documents, baux, etc, que Dion a recopiés dans des notes manuscrites figurant aux archives des Yvelines).

 

L'acte fondamental qui permet de dater le prieuré est une bulle d'Alexandre III concernant Fontevraud (1164) : à la fondation du prieuré (1113), Amaury III apporta personnellement des droits ou exemptions de droits relatifs à la forêt de Montfort (appelée forêt de Rambouillet seulement depuis Napoléon Ier).

 

Foulques V, comte d'Anjou, fils de Bertrade et de Foulques le Réchin, donna (1118) un moulin à Chinon. Une bulle de Calixte II (1119) confirma la donation des Hautes Bruyères. Simon de Montfort donna (1120) la terre d'Altaris. Denise de Montfort, fille d'Amaury III, entra au couvent (1123). Amaury fit alors de nouveaux dons :

 

(a) le moulin à eau de Beynes, dit moulin de l'Etendard (cf famille l'Etendard de Beynes), situé sur la Mauldre, sauf certains droits possédés par le prieuré St Laurent de Montfort ;

 

(b) le moulin à eau de Bardelle, dont les fondations semblent encore exister, dans l'enclos compris entre la rivière, le Lieutel et la ferme actuelle de Bardelle. A gauche de la route de Montfort à Maule (partie de l'ancienne route romaine de Beauvais à Orléans), on trouve une grande cave voûtée à laquelle on accède par quelques marches. Ce bâtiment fut autrefois incendié et serait actuellement recouvert de végétation ;

 

(c) les produits de la chasse et les droits de minage d'Epernon. Pour percevoir ces droits, furent construits les actuels Pressoirs (Emile Ledru, Bulletin de la Société d'Archéologie de Rambouillet, tome VIII, 1887) : bâtiment à moitié souterrain, de 32 m de long, aux murs avec contreforts, intérieur en sorte de crypte en pierre du pays (grès), dont les voûtes ogivales sont soutenues par deux rangées de piliers à chapiteaux trapus, de 2 m de haut. Ce bâtiment était désigné (chartes de 1245) sous les noms de « maison des religieuses de Haute Bruyère » ou de « cellier de Haute Bruyère ».

 

Amaury se servait probablement de ce lieu comme rendez-vous de chasse, où le train de vie paraissait digne de la cour royale. Il réservait au prieuré de St Laurent de Montfort l'épaule droite de tout gibier dès lors que la chasse partait des Hautes Bruyères. Les femmes appréciaient la chasse au vol (sur son sceau, Bertrade est représentée l'épervier au poing).

 

Elisabeth de Montfort se retira (1123) aux Hautes Bruyères et son fils, Raoul de Toénie, donna au couvent, pendant la vie de sa mère, les revenus de la paroisse d'Acquigny, dont il était seigneur.

 

Foulque V donna (1127) au couvent un péage (au pont de Chinon), à cause de l'exclusion de sa mère, Bertrade (qui était donc alors vivante) : « Hoc donum factum est apud Baugencium castrum ».

 

Agnès de Montfort, dame de Meulan, donna (1158) de vastes terrains incultes sur les bords de la Seine, entre Les Mureaux et Verneuil.

 

* plan de Meulan selon l’Atlas de Trudaine (1745-1780). « Route de Paris à Rouen ». Portion de route de Thun près de Meulan jusqu'à Juziers la Rivière (source : Archives de France, base ARCHIMED, F/14/’8447, planche 53).

 

Mahaut, deuxième femme de Simon III, comte d'Evreux, fut gravement malade (1158) et soignée aux Hautes Bruyères. Pour implorer sa guérison, son mari donna à la léproserie du Grand Beaulieu, à Chartres, la terre de la Louvière (dessin de la BnF), qu'il possédait près de Rambouillet.

 

A partir du XIIIème, il semble que les donations se portent plutôt sur l’abbayes des Vaux de Cernay et sur celle de Grandchamps, nouvellement fondée. Gui de Montfort, seigneur de Rochefort, donna (1202) cependant au couvent les novales (terres nouvellement mises en cultures) de Beynes.

 

Un parchemin original (1208) (17 cm x 12 cm), appartenant à M. Robert Ranville, rapporte divers dons faits au couvent par Amicie de Leicester (avec une très belle écriture gothique, un lien en soie rouge scellé de 2 sceaux). Ce document fut copié par Dion (1856).

 

Un acte (1216) de Simon de Montfort en faveur du couvent.

 

Charte d'Amaury de Montfort (1222) confirmant les droits des religieuses sur la forêt de Montfort.

 

Procès (1245) entre les Hautes Bruyère et St Thomas d'Epernon, au sujet du minage du 10ème marché, droit que possédaient les moines de St Thomas et n'avaient pas été respecté par le frère Raoul, serviteur des religieuses du couvent. Le procès eut lieu devant l'official de Chartres (24 novembre 1246) puis renvoyé au 14 décembre 1247. Finalement, les religieuses furent condamnées aux dépens.

 

Au XIVème, les dons furent encore plus rares. On retiendra notamment les suivants. Béatrice donna (février 1303) une rente annuelle sur la prévôté de Montfort pour célébrer l'anniversaire de sa mère et le sien. François, duc de Bretagne et comte de Montfort, versa (1356) une rente au couvent.

 

Au XVème, pendant la guerre de Cents Ans, la désolation règne dans le pays. L'armée du duc de Bourgogne et l'armée anglaise de Salisbury vinrent camper dans la forêt (1348). On ne sait si le couvent abritait encore des religieuses. Le duc de Bretagne réduisit (1412) une rente destinée au couvent. Le gruyer de l'Yveline maintint (22 mars 1497) les religieuses dans leurs droits, ce qui semble indiquer que la vie y était redevenue normale.

 

Un acte de François Ier (6 mai 1537), dans lequel les religieuses sont aussi maintenues dans leurs droits, fait référence à « la conté de Montfort l'Amaury » et aux « comtes dudit Montfort en Yveline » (ceci suggère que le lieu pouvait alors être appelé « le Mont Fort »). Dans cet acte, Montfort est aussi écrit Monfort (« ladite forest de Monfort en Yveline »).

 

L'histoire des siècles suivants est décrite par Rabourdin. Ainsi, à l'occasion de l'échange intervenu entre Versailles (possession des Luynes-Chevreuse) et Montfort (possession royale), en vue de construire le palais de Versailles, les commissaires à l'échange confirment (1707) les religieuses dans leurs droits sur la forêt de Montfort. Plus tard, un bail (1er juillet 1746) contient la mention « Bailly de Monfort », puis « notaire royal audit Montfort ».

 

Les Hautes Bruyères furent donc détruites à la Révolution (1794). Un plan (an VI) appartenant (comme celui de Jean Rosé de 1691) à un certain Rousselier, témoigne de la transformation (1798) du prieuré en maison d'agrément. A cette époque, la demeure actuelle était déjà construite, avec les pierres provenant du prieuré, en partie sur l'emplacement de l'ancienne salle capitulaire. Le domaine fut racheté (1835) par la famille Videl, dont descendait la famille Rousselier.

 

4.1.6. Autres informations liées aux Hautes Bruyères

 

L'église de St Rémy l'Honoré contient 8 reliques, ainsi que la pendule du clocher, tous objets provenant du prieuré.

 

Les forêts de Civry et de Mulcent (dépendances du prieuré).

 

Au Tremblay sur Mauldre, le « banc d'oeuvre » provient des Hautes Bruyères.

 

Simon IV de Montfort, revenant de Terre Sainte, avait rapporté à Rambouillet un morceau de la vraie croix, qui fut donné au couvent des Hautes Bruyères, soit entre 1202 et 1209 (campagne contre les Albigeois), soit en 1224 (lorsque sont fils, Simon V, ramena le corps de son père). Ce morceau fut enchassé dans une croix reliquaire :

 

« Ce jourd'hui, 26 janvier 1780, nous, frère Jean Henri Legon, religieux de Fontevrault et visiteur des couvents de France, étant à Hautebruière, avons retiré d'une croix autrefois donnée par les comtes de Montfort, la partie de la vraie croix l'avons déposée dans un papier, puis dans une boîte de sapin, ficellée et cachetée du sceau de la communauté, avons signé le présent certificat  et l'avons fait signer par les RR. MM.. prieure et dépositaire.

 

Signé : F. Legon, visiteur, Soeur de Thorigné, prieure, Soeur de Mérode de Montfort, dépositaire. Sceau. »

 

Lorsque les religieuses quittèrent les Hautes Bruyères pour trouver asile à Rambouillet, elles emportèrent le reliquaire et le déposèrent (13 brumaire An XII = 5 novembre 1803) à l'église de Rambouillet, où il demeure toujours.

 

4.1.7. Autres monuments comparables

 

On peut remarquer des analogies entre le prieuré des Hautes Bruyères et d’autres édifices cisterciens d’Ile de France. Ainsi, Christiane Lehé a signalé des similitudes entre les Hautes Bruyères et l’actuelle ferme de Fourcheret : notamment, avec l’église et la grange qui sont incluses dans le périmètre de cette ferme.

 

La ferme de Fourcheret, actuellement propriété de l’Institut de France, dépendait de l’abbaye de Chaalis, dans l’Oise (http://w1.institut-de-france.fr/index2.php?arbo=123&page=424). On peut ainsi comparer les informations suivantes avec celles du prieuré des Hautes Bruyères :

 

* panorama Nord Sud ;

 

* panorama Est : A, B, C ;

 

* façade Est (A, B) avec contreforts plats vers son centre ;

 

* cour intérieure et église.

 

4.2. Cernay la Ville : abbaye des Vaux de Cernay

 

C’est le neveux de l'abbé Guy des Vaux de Cernay (nef de l'église et sa grande rose), Pierre des Vaux de Cernay, qui écrivit l'Historia Albigensis (Histoire des albigeois). Cette histoire décrit les événements de la croisade contre les Albigeois menée par Simon IV de Montfort entre 1209 et 1218 (date de sa mort).

 

4.2.1. Cartes postales anciennes :

 

* porte d'entrée du domaine de l’abbaye ;

 

* l'église de l'abbaye : nef, grande rose ;

 

* la salle des moines : croisées de la voute ;

 

* fontaine dans le parc.

 

4.2.2. Photographies récentes (2007) :

 

* porte d’entrée et bâtiments conventuels : A, B, C ;

 

* église de l’abbaye : façade, grande rose et petites roses ;

 

* l’église contient les pierres tombales de divers abbés : Thibault de Marly, Simon de Rochefort. Autres personnages : A, B, C ;

 

* salle des moines (croisées de la voute) : A, B ;

 

* fontaine dans le parc du domaine : A, B.

 

4.3. Terres ayant été liées à Montfort l’Amaury au Moyen Age (cf § 4)

 

4.3.1. Auffargis

 

Fief dont les titulaires étaient les seigneurs de Fargis. L’une des rues d’Auffargis s’appelle aujourd’hui « rue des comtes de Montfort ».

 

* situation du bois de Fargis par rapport au Perray, selon l’Atlas de Trudaine (1745-1780) (source : Archives de France, base ARCHIMED, feuille 8447, planche 28).

 

4.3.2. Bazainville

 

Ancien fief des Montfort (XIIIème).

 

4.3.3. Beynes

 

Très ancien site fortifié, puis château fort (XIIIème), donné par Robert le Pieux à Amaury Ier de Montfort (1020-1060). Beynes possède une château mentionné en 1176, qui appartint aux Montfort.

 

Une association pour la sauvegarde du château de Beynes (http://www.chateaudebeynes.org/), très active, en a dégagé les substructures et restauré en parties certains éléments du donjon.

 

* plan sommaire du donjon : ;

 

* façades : ;

 

* tours : ;

 

Une famille Etendard de Beynes a donné un compagnon qui participa à la croisade menée par Simon IV de Montfort en Albigeois.

 

Armes des Etendard de Beynes : « d'argent au lion de sable, à l'épaule chargée d'un écu de sable à 3 fasces de gueules ».

 

4.3.4. Les Bréviaires

 

Fut une possession des comtes de Montfort (XIIIème).

 

4.3.5. Clairefontaine en Yvelines

 

Cette ville fut le siège de l'abbaye royale de ND de Clairefontaine, fondée (1100) par Simon II de Montfort, puis donnée aux moines Augustins et finalement ruinée à la Révolution.

 

4.3.6. Conflans Ste Honorine

 

Cette ville joua le rôle de « port franc » sur la Seine pour la seigneurie de Montfort, ainsi que de tête de pont de la rive gauche (conflans = confluent = cum fluere). Le château fort (XIème) à donjon carré surveillait le plateau et la Seine.

 

Elle fut la seigneurie des comtes de Beaumont (XIème), des Montfort (dont Simon IV, XIIIème) et des Montmorency (XIVème).

 

Restent la tour Montjoye (IMH, Xème) et des vestiges de l'ancienne forteresse.

 

* donjon : façades extérieures : A, B, C ;

 

* donjon : intérieur : A, B ;

 

* falaises aux environs du donjon, vers l’arrière par rapport à la rivière.

 

L’église St Maclou contient la pierre tombale d’un seigneur de Montmorency (source : copyright du Service des archives photographiques, Médiathèque du Patrimoine, CNMHS, photographie de Félix Martin-Sabon prise avant 1896), ainsi que le sarcophage d’un chevalier, dont la sculpture le représente avec un lion aux pieds (source : ditto, photographie de Clérambault).

 

4.3.7. Dannemarie

 

Etait autrefois une dépendance du comté de Montfort.

 

4.3.8. Denonville

 

Au Sud du comté de Montfort, dans la Beauce, cette seigneurie fondée en 994 fut dans la dépendance de Montfort. Château (1770) récemment restauré.

 

4.3.9. Epernon (cf Nogent le Roi, Epernon, en Eure et Loir))

 

4.3.10 Gaillon sur Montcient

 

La ville possède une église (MH, XIIème) construite par Agnès de Montfort.

 

4.3.11. Gambais

 

Fief des seigneurs de Montfort (Xème-XIIIème), la ville contient encore des vestiges de la forteresse (XIème). L'église (IMH) fut fondée par Robert le Pieux.

 

4.3.12. Gressey

 

Cette terre dépendait (entre le XVIIème et la Révolution) du baillage de Montfort.

 

4.3.13. Grosrouvre

 

Ville placée, au Moyen Age, sous la juridiction de Montfort.

 

4.3.14. Hargeville

 

Ses seigneurs (mentionnés en 1230) étaient vassaux des seigneurs de Montfort.

 

4.3.15. Hermeray

 

Fut (XIème) une propriété de la chatellenie d'Epernon. La paroisse fut donnée par Amaury de Montfort au prieuré St Thomas d'Epernon, qui la garda jusqu'à la Révolution.

 

4.3.16. Houdan

 

Seigneurie importante dépendant de Montfort : le château initial fut construit (1065) par Amaury (Ier) de Montfort (cf bataille de Hastings, 1066). Le donjon quadrilobé subsistant (1125-1132) date d'Amaury III de Montfort.

 

Donjon de Houdan : carte postale ancienne ; état actuel.

 

4.3.17. Lévis St Nom

 

Gui de Lévis, compagnon d'armes de Simon de Montfort pendant la campagne albigeoise, était aussi surnommé « maréchal de la Foi ». Il reçut en fief le Mirepoix (81) : sa pierre tombale est située à Conflans Ste Honorine (collégiale).

 

4.3.18. Millemont

 

Lieu remarquable en raison de ses substructions gallo-romaines en du lieu-dit « Montpinçon ».

 

4.3.19. Montchauvet

 

Fut une terre concédée par l'abbé de St Germain des Prés à Louis VI le Gros et Amaury III de Montfort au début du XIIème. Elle prit alors rapidement de l'importance. Subsistent les vestiges du donjon érigé par Louis VI et la porte de Bretagne (IMH), ancienne porte fortifiée.

 

4.3.20. Mulcent

 

4.3.21. Nogent le Roi (cf Nogent le Roi, Epernon)

 

4.3.22. Orgeval

 

Son église (IMH), placée sous le vocable de St Pierre et St Paul, fut construite (1152) par Agnès de Montfort, comtesse de Meulan.

 

* charte de Galeran II, comte de Meulan, énumérant les donations faites au prieuré de Gournay, dépendant de St Martin des Champs de Paris : c’est Gui le Rouge, seigneur de Montlhéry, qui, devenu seigneur de Gournay (circa 1063), y avait fondé un prieuré qu’il donna (circa 1079) à l’abbaye de St Martin des Champs. Grande charte en parchemin rédigée en latin (1165). Sur les 4 sceaux d'origine en cire verte ne subsistent que 2 sceaux abîmés sur les bords pendants, l'un à l'effigie de la comtesse Agnès, épouse de Galeran de Meulan et l'autre à celle de Robert leur fils (source : base Archives nationales, base ARCHIM, AE/II/168).

 

4.3.23. Le Perray en Yvelines

 

Propriété des seigneurs de Montfort (1204), elle dépendit aussi de la paroisse des Bréviaires. Puis elle devint (1635) une coseigneurie avec les Fargis.

 

* le Perray, plan schématique selon l’Atlas de Trudaine (1745-1780) (source : Archives de France, base ARCHIMED, feuille 8447, planche 28).

 

4.3.24. Ponthévrard

 

Possession des seigneurs de Monthléry, puis des comtes de Montfort, jusqu'à ce que leur domaine soit réuni à la couronne (1532).

 

4.3.25. Prunay le Temple

 

Etait une seigneurie des Montfort à l'époque féodale. On peut y voir une ferme de la Commanderie du XIIIème, avec chapelle désaffectée et ancien puits.

 

4.3.26. Rambouillet

 

La terre de la Louvière était un fief appartenant aux Montfort.

[Remarque pittoresque : la ville de Rambouillet est située à quelques 18 km au Sud - Sud Est de Montfort l’Amaury. Or il existe un village appelé Rabouillet (66730), dans les Pyrénées Orientales, situé à environ 4 km à l’Est de Montfort sur Boulzane, dans l’Aude (11)]

 

4.3.27. Richebourg

 

Baillage dépendant du comté de Montfort (XIVème). Cette seigneurie passa (XVème) à la maison de Luxembourg-Ligny.

 

4.3.28. Rochefort en Yvelines (cf notice détaillée)

 

4.3.29. St Arnoult en Yvelines

 

L'église de St Arnoult contient un document rare : la représentation sur pierre d’une charte de franchise accordée par Simon IV de Montfort à la ville. Il s’agit donc d’une « charte lapidaire », gravée au trait sur une pierre fixée au mur, à droite après l'entrée (photographie de mars 2012). Elle se présente sous forme de dyptique, la partie droite écrite en lanque vulgaire (ancien français), la partie gauche en latin. Selon l'abbé Pierre Léchauguette, ancien président de la Société archéologique de St Arnoult, le texte français est le suivant :

 

« Je, Simon IV, seigneur de Montfort, par la Providence de Dieu, bénédiction et charité de vie à tous ceux qui ces présentes lettres verront. Salut en Notre Seigneur. Sachant tous que, désirant parvenir au comble de nos désirs, mus de pitié et pour la rémission de nos péchés et ceux de nos prédécesseurs, avons donné et octroyé en pure et perpétuelle et libre aumone droit franc et quitte aux manants et habitants de Saint Arnoult en Yvelines tous pâturages et usages en notre forêt de Bullion, de Sonchamp et de Saint Arnoult en pleine forêt. Et afin que ce soit chose ferme, nous avons fait sceller la présente par notre scel... Fait à Quimper Corentin en l'an de Notre Seigneur mil deux cent un ».

 

Un sceau à double queue, aux armes de Montfort (lion à queue fourchue), est apposé en bas de la charte, sur le panneau gauche, le contre-sceau étant au même niveau sur le panneau droit.

 

L'abbé Léchauguette l’avait étudiée et croyait sa teneur authentique. Il précisait néanmoins que la pierre aurait été gravée au XVIème pour « rappeler » aux habitants de St Arnoult la teneur de la franchise accordée par leur seigneur.

 

Rhein pense que cette pierre reproduit l'acte d'une donation (1201) faite par Simon, seigneur de Montfort, aux habitants de St Arnoult, des droits d’usage dans ses forêts : « Actum Kart. (sic) anno Domini millesimo CCmo primo ». Cependant, E. Coyecque (Archives historiques, tome II, 1891, page 305) estime que cette charte lapidaire est un faux du XVIème (ou une très mauvaise copie d’un acte antérieur refaite à cette époque). En effet :

 

(a) il contient une erreur : le copiste a traduit le mot latin « Kart » par Quimper Corentin (Quimper, en Bretagne). Or, c’est l’abbréviation de Carnotum, qui signifie Chartres, nom lui-même dérivé d’une peuplade, les « Carnutes ». De plus, il ne semble pas que cette charte figure dans les documents, connus aujourd’hui, contenant la chancellerie de la famille de Montfort : notamment, les cartulaires ou nécrologes des Vaux de Cernay, de Porrois (Port Royal), de ND de la Roche (à Lévis St Nom), de St Thomas d’Epernon, des Moulineaux (Poigny la Forêt), de St Martin des Champs, des Hautes Bruyères, etc.

 

(b) la coexistence du latin et du français, sous forme dite « vulgaire », est relativement rare, déjà dans les écrits de l'époque, mais davantage encore sur les statues, épitaphes, mentions, etc. On commence à écrire en langue vulgaire à partir d’environ 1260, donc bien après 1201, tandis que l'on cesse d'écrire en latin vers 1280-1290 (cf études sur les langues vernaculaires) ;

 

(c) Simon IV est mort à Toulouse (25 juin 1218). La numérotation des membres d'une même famille selon l'ordre d'exercice du titre porté par eux est généralement plus tardive que le XIIIème. Hormi le cas des très grandes familles (royales, princières ou ducales), ce type de numérotation est le fait d'historiens ultérieurs et n'était donc vraisemblablement pas appliqué à la maison de Montfort au XIIIème (mais il aurait peut-être pu l’avoir été au XVIème) ;

 

(d) en raison de leur forte ressemblance, le sceau représenté sur la charte pourrait être celui de Simon V de Montfort (l'anglais) aussi bien que celui de son père Simon IV. Rhein pense cependant que ce sceau est bien celui de Simon IV. Les attaches du père avec St Arnoult était plus fortes que celles de son fils, lequel céda d’ailleurs (1239) tous ses droits en France à son frère, le connétable Amaury VI, avant de s’installer en Angleterre, où il avait été rétabli par Henri III dans le titre de comte de Leicester possédé par son père.

 

4.3.30. St Léger en Yvelines

 

Possession du domaine royal, elle fut fréquentée par Robert le Pieux, Louis VI Le Gros et Philippe Auguste.

 

Ce dernier fit don (début XIIIème) du château et de toute la forêt des Yvelines à Amicie de Montfort. Ces biens restèrent alors dans cette famille, puis dans celle de Bretagne jusqu'en 1499 (second mariage d'Anne de Bretagne).

 

* plan de St Léger et détail du village, selon l’Atlas de Trudaine (1745-1780). « Chemin de Versailles à Montfort l’Amaury, ce chemin forme un embranchement à gauche sur la grande route de Bretagne, plus un embranchement depuis Montfort l’Amaury jusqu'à St Leger ». Portion de route du bois de Montfort et St Léger jusqu'à St Léger en Yvelines » (« St Léger ») (source Archives nationales, base ARCHIM, 1/2 planche, F/14/’8448, planche 31).

 

Subsistent les vestiges du château primitif (Xème) et du château XVIème, dit « château de Charles IX ». L’une des très rares iconographies peut encore être trouvée, sous forme assez floue, sur la fresque peinte de la Galerie des cerfs du château de Fontainebleau (cf 77 - Fontainebleau).

 

4.3.31. St Martin de Bréthencourt

 

Anciennement située à la frontière entre Montlhéry - Rochefort et Montfort, en face de Dourdan, c'était un fief capétien. La seigneurie a notamment dépendu de la chatellenie de Rochefort, puis du comté de Montfort et enfin de celui de Vendôme : description du château et historique.

 

 

Note en renvoi

 

[1] in Bulletin des Amis du Vieux Saint Germain n° 41 (actes du colloque tenu à Saint-Germain en Laye en 2003, édité par l’association en 2004)

http://www.amisvieuxsaintgermain.org/

 

 

Les Amis du Vieux Saint Germain, Maison des Associations, 3 rue de la République, 78100 Saint-Germain en Laye